• La prodigieuse aventure de la vie est marquée par une montée progressive vers la réalisation d’une conscientisation de plus en plus affirmée. Cette évolution est guidée par une intelligence créatrice émanant de l'univers entier. De poussières d'étoile nous voilà Homme capable d'élan mystique.

    Et nous ne sommes pas arrivés au bout du chemin. Nous pouvons avancer que l’espèce humaine est destinée à franchir un jour le seuil.
    Certains pensent que l’être humain aurait deux consciences, l’une physique et cérébrale, l’autre spirituelle utilisant le cerveau comme relais. Celà signifie-t-il qu' il existe-t-il un domaine accessible par l’intelligence, et un domaine supérieur, correspondant à des niveaux différents de conscience? Certains pourraient y accèder : mystiques, croyants, chercheurs spirituels, chamanes, voire drogués... à des degrés divers Par ailleurs, une étude allemande de 2002 suggère que d’autres neurotransmetteurs, notamment les opioïdes (connus pour jouer un rôle important dans la sensation de douleur) pourraient être impliqués dans la cognition religieuse. Ainsi le "spirituel" aurait une origine purement chimique, donc matérialiste. L’esprit ramené à la matière. Il ressort de ces travaux que l’homme paraît "programmé pour croire en Dieu". Notre cerveau est doté d’un mécanisme biologique et psychologique inné qui nous rend sensible à l’idée d’existences divines. D’autre part, "notre perception intuitive du réel étant innée, sa transgression par les croyances religieuses provoque une réaction émotionnelle forte". Dit autrement, par l’évocation de ces transgressions contredisant notre entendement, nous sommes amenés "à leur attribuer un pouvoir explicatif supérieur".

    Que nous apprend donc l'article « Notre cerveau est programmé pour croire » ? Que tout apparemment dans notre cerveau nous pousse à croire. Il est ainsi écrit : « notre étonnante aptitude à croire en quelque chose de supérieur trouve sa source, non au ciel, mais dans notre cerveau ». Et notre cerveau, quant à lui, où trouve-t-il son origine ? Et s'il est programmé, qui en est le programmateur ?

    S'il est une question qui divise , c'est bien celle de la conscience. Qu'est-ce que la conscience ? De quoi s'agit-il ? Où se cache-t-elle ? Dans le cerveau, hors du cerveau.

    La conscience est le sentiment que l’on a d’être soi-même, différent de l’extérieur de soi, c’est la certitude immédiate de constituer une entité unique et particulière. Cette conception intègre une existence physiologique multiple et complexe : nous sommes composés de millions de cellules individuelles bien que solidaires, luttant chacune pour leur propre vie, ce qui assure la permanence de l’ensemble, et cet ensemble est " autre chose ", supérieur à la somme des cellules élémentaires.

    Le vrai problème reste celui-ci : nous construisons " ce qui nous entoure " à l’aide de nos circuits neurocérébraux, sans avoir la possibilité de savoir si cette représentation est " vraie " ou " fausse ". Nous possédons donc un récepteur intérieur, mais QUI regarde ce récepteur ? Nous avons bien tous l’intime certitude (intuitive) de l’existence en nous d’un être à la fois intérieur et extérieur, qui est MOI. La conscience

    Mais qu'elle réalité découvrirons nous derrière ce seuil et comment le franchir?

    Les dernières recherches démontrent que certaines régions du cerveau sont associées à l'expérience religieuse. Notre cerveau serait structurellement apte à produire et capter le monde spirituel. Mais notre cerveau nous permet-il d 'aller plus loin et de pénétrer ce monde spirituel ?

    De poussière d'étoile nous sommes devenus Homme. Et demain ?

    Nous disposons actuellement des outils requis pour étudier comment sont provoquées les différentes formes d'états de conscience altérés et ce qui se passe dans le cerveau lorsque ils se produisent. Des progrès rapides faits par plusieurs centres de recherches et universités dans ce domaine amènent l'émergence d'une nouvelle branche de la neurologie nommée "neurothéologie" qui met en oeuvre des professionnels qualifiés et une technologie de pointe pour étudier ce qui se passe dans le cerveau lorsque les humains vivent une "expérience mystique" et comment certaines pratiques rituelles et certaines drogues (enthéogènes), peuvent faciliter ou provoquer sa venue.

    Des scientifiques d'horizons divers n'hésitent plus à mettre contemplatifs et moines bouddhistes dans le cylindre de leurs IRM et sous l'œil de leurs caméras à positons. Et découvrent comment le cerveau produit l'extase et invente la transcendance.

    L'émergence de ce nouveau champ de la science divise ceux qui croient à un plan spirituel entre ceux qui craignent que cela réduise l'expérience mystique à un simple artefact du cerveau et ceux qui maintiennent que nous en sommes seulement à la découverte du chemin que Dieu a prévu dans notre cerveau pour permettre à certains d'entre nous de l'atteindre directement.

    La fusion "extatique" avec Dieu, n’est pas l’apanage des chrétiens. Les bouddhistes avec la méditation, et les soufis musulmans avec leurs transes connaissent les mêmes phénomènes. Des travaux récents de neurobiologistes font apparaître que le cerveau est structuré pour que l’homme adhère à l’idée du divin. "Au coeur de la propension à la foi, il y aurait ... la sérotonine, une substance qui, dans le cerveau, transmet l’information d’un neurone à l’autre".

    Dans les années 90, des travaux avaient montré que la sérotonine pouvait provoquer des états similaires à ceux causés par les drogues psychédéliques (ex : le LSD) comme la modification de la perception, les hallucinations ou le sentiment de fusion avec le monde... "soit ni plus ni moins que les sensations que les mystiques disent éprouver au cours de leurs états extatiques". L’équipe suédoise de la neurobiologiste Jacqueline Borg a montré que plus le taux de sérotonine était élevé, plus la religiosité des sujets de son expérimentation était avérée. La scientifique conclut : "le système de production de sérotonine pourrait bien être vu comme l’une des bases biologiques de la croyance religieuse, même si le résultat de l’étude doit encore être précisé avec des travaux menés sur un panel de volontaires plus large.

    D’autres recherches sur la structure du cerveau ont révélé une zone du cortex, le cortex pariétal supérieur qui fonctionne au ralenti lors du fameux sentiment de fusion mystique avec le monde. Ce rôle a été mis en évidence par le neurobiologiste Andrew Newberg lorsqu’il a analysé l’activation cérébrale de moines tibétains bouddhistes en état de méditation. Ce ne serait pas la seule zone du cerveau concernée. Les recherches du neurobiologiste américain Michael Persinger suggèrent "que la stimulation électromagnétique des lobes temporaux, ces aires localisées au niveau des tempes, déclencherait la sensation d’avoir à ses côtés une présence divine. Ces aires pourraient donc être impliquées dans l’aptitude à ressentir une présence divine."


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    Le rêve

     

    Forme d'activité cognitive, insolite et mystérieuse, constituée d'images pour la plupart visuelles, mais aussi, parfois, d'ordre tactile, olfactif, gustatif, moteur et sonore. Le rêve s'avère indispensable au maintien de l'équilibre psychophysique : nous rêvons tous, même si certains d'entre nous ne s'en souviennent pas à leur réveil.

    S'il est vérifié que le rêve emprunte aux activités de veille et aux préoccupations de l'individu, la plupart de leurs contenus, souvent extraordinaires, conservent un grand mystère quant à leurs origines.

    Le rêve, qui se produit en principe sans la volonté du dormeur, constitue le modèle de l'expérience non mortelle de l'au-delà : le dormeur reçoit la visite d'un messager, tel Oneiros dans l'Odyssée, qui vient s'exprimer au nom du monde des dieux et des héros, ou accomplit un voyage dans ce monde divin et se réveille en racontant ce qu'il y a vu.
    Le caractère allégorique de certains rêves expriment aussi quelques analogies avec les Expériences de Mort Imminente : sensation de voler, paysages magnifiques, rencontres de personnages étranges ou de familiers décédés... .

    La machine à guérir

    Les rêves sont dans de nombreuses cultures une des voies de la guérison et de ïa sagesse. Pour les Grecs et les Egyptiens, les songes pouvaient révéler l'origine et le traitement des maux physiques et mentaux. En Sibérie, sur le continent américain et en Afrique, les croyances veulent que les chamanes, en visitant d'autres mondes par les rêves, trouvent des remèdes aux diverses affections dont souffrent les personnes qui s'adressent à eux. Dans les traditions arabes, de la Chine ancienne, hindoues et bouddhistes, les rêves sont censés transmettre des indications et des avertissements concernant à la fois la vie intérieure et le monde extérieur.
    De la même façon, les psychologues contemporains considèrent que les rêves les éclairent sur les causes des névroses.
    Pour Jung notamment, les rêves pouvaient orienter et favoriser le processus de guérison de la psyché, du corps et de l'esprit. Les théories plus récentes de l'autothérapie utilisent les rêves pour découvrir les métaphores personnelles ensevelies susceptibles de contribuer à la guérison et de faciliter le développement personnel.
    La psychosynthèse, qui associe des traitements destinés à favoriser l'intégration des différentes facettes de la personnalité, exploite les découvertes révélées dans les songes. Les rêves fournissent également, dans une certaine mesure, la matière première des thérapies fondées sur la créativité artistique qui aident, au moyen de la musique, du théâtre et de la peinture, les patients à extérioriser les aspects jusqu'alors refoulés ou non exprimés de leur personnalité.

    La machine à rêver

    Les Occidentaux, qui sont moins patients et plus facilement séduits par le pouvoir de la technologie, se servent parfois de « machines à rêves» qui surveillent les premières étapes du sommeil paradoxal. Ces machines utilisent de faibles impulsions électriques pour indiquer aux dormeurs, sans les réveiller, qu'ils sont en train de rêver. La théorie sous-jacente est que le rêveur continuera à rêver, mais ce sera un rêve lucide. Les résultats obtenus sont variables. Certains constatent que même avec peu d'entraînement elles fonctionnent bien, mais !a question est de savoir si les « machines à rêves» sont en mesure de provoquer des rêves lucides de la qualité de ceux stimulés par le bon exercice de la méditation. Il est probable qu'elles peuvent créer les conditions nécessaires à l'« illumination intérieure», mais elles n'ont nullement les moyens d'apporter un contenu. Il est fondamental d'être patient.

    Pour Patricia Garfield, docteur en psychologie et spécialiste de l'étude des rêves, un rêve lucide est « tout simplement un rêve où l'on a conscience de rêver -- conscience allant de la simple réflexion : " ce n'est qu'un rêve ", à l'affranchissement de toutes les contraintes corporelles, spatiales et temporelles ». Elle ajoute encore que le rêveur peut interférer volontairement sur le déroulement de son rêve et utiliser pleinement ses ressources psychiques. Le rêve lucide laisse entrevoir la possibilité d'un contrôle du rêve par le rêveur lui-même.

    En 1913, le chercheur néerlandais Frederick Van Ecden, rêveur lucide prolifique, appelle «rêve lucide» celui ou nous restons parfaitement conscients. Si nous apprenons comment reconnaître que nous rêvons, nous pouvons maîtriser nos rêves, créer l'environnement de notre choix et, dans certains cas, «visiter» des lieux effectifs pour nous y acquitter d'une mission convenue.

    Le rêve lucide est une des phases incontournables pour permettre à la conscience de quitter le corps dans les expériences de «sortie du corps». Dans un rêve lucide, la conscience peut se déplacer à son gré dans des lieux de l'astral, univers créés par la pensée et l'imagination. En revanche, dans le cadre des expériences de sortie du corps, la conscience demeure au plan terrestre en contact avec la réalité physique, incluant le plus souvent l'enveloppe corporelle de son propriétaire. Entre ces expériences et le rêve lucide le partage est souvent difficile.

    Les bouddhistes tibétains enseignent que le rêve lucide est une pratique qui permet de se préparer à la maîtrise de notre vie dans l'au-delà, où l'environnement serait comparable au monde des rêves. Ainsi, il serait possible de se libérer du cycle illusoire de la vie et de la mort.
    Evans-Wentz, " découvreur" du Bardo Thödol, publia une traduction dans laquelle étaient exposés les principes du yoga de l'état de rêve. Celui-ci est destiné à contrôler la substance du rêve et à l'orienter vers le thème choisi ; généralement le Nirvana. Le disciple entrevoit alors la " Claire Lumière " de " Cela qui est ", la réalité ultime dont la nature est la vacuité.

    Le psychologue américain Charles Tart nous suggère d'utiliser le sentiment de liberté du rêve lucide pour rechercher ou créer un homme, ou une femme, d'une grande sagesse, susceptible de nous donner des conseils sur notre développement psychologique ou spirituel. Cette création peut être l'incarnation de notre propre sagesse inconsciente, mais elle doit être porteuse d'informations d'une authenticité et d'une profondeur inaccessibles à la conscience.
    Les thérapeutes occidentaux affirment depuis longtemps que le rêve lucide est une étape essentielle au développement intérieur. L'aptitude à maîtriser le contenu d'un rêve, nécessaire à l'exploration de la véritable nature de la conscience, constitue également une excellente discipline mentale qui renforce notre perception d'un aspect de nous-mêmes qui échappe encore aux sciences modernes.

    Le rêve du Chaman

    Les traditions chamaniqucs ont leur propre forme, très prisée, de rêves lucides qui donnent l'occasion aux chamanes de visiter le monde de l'esprit, d'y rencontrer les ancêtres tribaux, d'y apprenre des chants invoquant la puissance et d'y trouver un compagnon qui guidera le rêveur dans la vie éveillée.

    Pour les chamanes, le rêve et l'art de rêver sont très importants. Le rêve est une réalité aussi déterminante que notre vie éveillée, et en contrôlant les rêves ils agissent sur la réalité. En fait ils ne font pas de distinction, considérant notre vie comme un rêve que l'on peut modifier. Dans le livre de Carlos Castaneda, L'Art de rêver, Don Juan définit "rêver" comme un passage à l'infinité. Rêver est pour les sorciers une manière pratique de se servir des rêves ordinaires. "Rêver ne peut être qu'une expérience. Rêver ne signifie pas seulement avoir des rêves. Par l'acte de rêver, nous pouvons percevoir d'autres mondes, que nous pouvons assurément décrire. Mais nous ne pouvons pas décrire ce qui nous les rend perceptibles. Néanmoins nous pouvons sentir comment rêver ouvre ces autres royaumes. " Ainsi les chamanes, qui cumulaient plusieurs fonctions, pouvaient utiliser l'état de rêve pour guérir une personne, ou l'exorciser. D'après Jeremy Taylor, il s'agit de ce qu'on appelle le rêve lucide, et le pouvoir de guérison des ces rêves est très puissant. Voici un exemple de rêve chamanique raconté par Jeremy Taylor (cf. Where people fly and water runs uphill, Warner Books). Il fit ce rêve alors qu'il travaillait comme thérapeute auprès de jeunes autistes et schizophrènes :

    "Je me retrouve flottant dans un espace flou et gris. Eric, un des jeunes les plus perturbés et les plus violents, apparaît devant moi, riant en roulant les yeux comme quelqu'un de fou. Je le regarde pendant un long moment, puis je commence à voir son aura. Il est d'une drôle de couleur rose et il s'étend autour de lui jusqu'à une distance d'environ 20 pouces. L'aura ondule lentement et change de forme, comme un nuage de gaz. Je remarque qu'il y a d'étranges piquants noirs tout autour de lui. Ils ont à peu près un pied de long et un demi pouce d'épaisseur à leur base, là où ils sont attachés à son corps. Je me sens terriblement fatigué, j'ai envie de dormir. Comme je combat ma fatigue, je me dis qu'il serait absurde de dormir puisque je dors déjà. Je réalise alors que je suis en train de rêver.
    Maintenant je regarde Eric plus attentivement. S'agit-il d'une projection de moi-même, d'un aspect de moi ? C'est ce que je pense, mais j'ai pourtant le sentiment qu'il y a plus que cela. Mon épuisement augmente, et mon esprit est confus et lent. Pourquoi mon rêve m'offre-t-il cette image d'Éric couvert de piquants ? Quel est le sens thérapeutique de ce rêve ?
    Je réalise que peu importe le sens du rêve, ces piquants ne devraient pas être là. Alors je me dis que quoiqu'ils représentent, je devrais les enlever. Je me déplace vers Eric et je lui dis télépathiquement que je vais "déraciner" les piquants de son aura. Je commence donc à arracher, déraciner les piquants avec mes mains, et déraciner est le terme exact car si je ne fais que les casser j'ai le sentiment qu'ils repousseront . Il faut donc les déraciner pour s'en débarasser.
    Je viens à bout d'enlever tous les piquants, et je ressens un immense soulagement. Alors je m'éloigne d'Éric et je quitte le rêve."

    Le lendemain matin, alors qu'il n'avait raconté ce rêve à personne, J.T croise Eric qui bondit vers lui, très fâché, et lui crie : "Tu m'as volé quelque chose la nuit dernière !" J.T lui répond que la nuit dernière il dormait dans son lit, mais l'autre insiste : "Tu as enlevé quelque chose de moi ! Rends-le moi !"
    J.T lui demanda de quoi il s'agissait. Eric ne pouvait répondre. Alors J.T lui demanda comment il se sentait. Surpris, Eric répondit qu'il se sentait bien. Alors J.T lui dit : "Voilà qui est plutôt inhabituel, n'est-ce pas ? Peut-être que tu ne veux pas vraiment ravoir ce que tu as perdu la nuit dernière ?" Ils se regardèrent un long moment, puis Eric acquiesca.
    Voilà une expérience de rêve lucide chamanique qui montre bien comment le chamane peut utiliser l'art de rêver pour accéder à une autre énergie afin modifier la réalité. Ainsi plutôt que de considérer les rêves lucides comme des expériences amusantes, on devrait explorer leur potentiel de guérison, dans la même optique que les chamanes guérisseurs, pour notre bien et le bien de la communauté.

    Dans l'Antiquité,

    les Grecs pensaient que les rêves étaient envoyés par les dieux. Les songes porteurs d'un message important passaient sous des portiques de corne, tandis que les autres entraient par des portes d'ivoire. Avant de s'endormir, les Grecs demandaient au dieu de leur choix de leur transmettre des rêves favorables

    Dans l'Egypte antique, les rêves étaient considérés comme des prédictions envoyés par les dieux. Dans la bible, Joseph, fils de Jacob, interprétait les rêves du pharaon. Ce dernier rêvant de sept vaches grasses suivies de sept vaches maigres qui les dévoraient. Joseph compris que sept années de récoltes seraient suivies de sept années de années de famines. Le pharaon fit stocker du grain permettant aux égyptiens de survivre durant la famine.


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  • Les représentations de l'au-delà illustrent la tentative de 1 ' homme pour donner du destin après la mort une idée plus familière, plus tangible. Elles vont des visions fantastiques d'un monde infernal, tel celui de la Divine Comédie, aux images grandioses de l'ascension au paradis ou à la cité divine des joies célestes. D'une part, nous avons la souffrance absolue aux enfers, avec tous les tourments qui l'accompagnent , tandis qu ' on montre, de l'autre, l'élévation de l'âme à la dimension suprême de la pureté et du spirituel.

    La " soif du mort " ou les " flammes de l’enfer " sont des notions provenant des régions orientales ou méditerranéennes où les populations souffrent de la sécheresse et de la chaleur. Il est significatif de constater que, par contre, pour les populations nordiques, les souffrances de l’enfer sont provoquées par des marais gelés, des brouillards glacés, le froid qui mord... Ce qui peut expliquer pourquoi des peuples différents ont élaboré des concepts si dissemblables de l'au-delà. Certaines sociétés primitives ont progressivement adopté le concept d'un domaine céleste semblable à notre vie terrestre, tandis que la théorie de la réincarnation et de la transmigration de l'âme s'est imposée en Afrique et en Asie. Quant aux Pères de l'Église, ils sont irrémédiablement divisés entre les tenants de la résurrection physique et ceux de la résurrection de l'âme.

    L'au-delà de l'Egypte pharaonique

    L'au-delà est la « vraie » réalité à laquelle on ne s'éveille qu'à la mort après un jugement des morts et d'une séparation définitive entre « élus » admis au paradis d'Osiris et « réprouvés » plongés dans divers enfers.
    Avec la momification, l'Egypte pharaonique a poussé à l'extrême l'idée que la vie après la mort dépend d'une certaine intégrité physique. Conçu comme le domaine souterrain que le dieu-Soleil (Rê) traverse en barque d'ouest en est durant la nuit, l'au-delà est un monde « proche » ; l'existence n'y diffère pas radicalement de la vie terrestre. Pourtant une dichotomie décisive se fait jour : sous ce soleil de minuit, c'est le côté agréable des activités terrestres qui l'emporte (l'amour, les chants, les banquets), tandis que les travaux pénibles échoient à des remplaçants magiques (les ouchebti, figurines abondantes dans le mobilier funéraire). L'être ainsi transfiguré (Akh) n'est plus le simple prolongement de son personnage terrestre mais une entité complexe, formée du corps et de divers principes (l'ombre, le Ba, le Ka, etc.) qui viennent l'animer magiquement dans la tombe.

    Le peuple hébreux

    Le peuple hébreux connaissait dès les origines la croyance à une certaine vie posthume dans l'au-delà, mais sous forme d'une existence obscure, inerte et sans consistance : « Dans le pays des ténèbres et de l'ombre de la mort » (Jb 10, 21). Le schéol est le lieu des morts, de tous les morts. Il n’est pas question de résurrection, en particulier de celle de la chair ! Le degré de culpabilité morale d’un humain n’est pas pris en compte ! Aussi le sage Qohéleth conseille-t-il de profiter surtout de ce monde-ci et de la vie d'ici-bas : « car il n'y a ni œuvre, ni pensée, ni science, ni art dans le séjour des morts » (cf. Jb 9). Du Schéôl au Livre d' Hénoch. - Le terme de Schéôl désigne ce lieu souterrain semblable aux descriptions de l'au-delà rapportées dans les écrits mésopotamiens, où les trépassés vivent comme des larves dans un état léthargique, où l'on ne connaît pas de distinction entre les bons et les méchants, où il n'existe ni récompense ni punition. Le Schéôl est semblable à l'Hadès des Grecs ou à l'Aralou des Babyloniens. Dans ce royaume des morts (cf. Is 14) les morts ne peuvent même pas louer Dieu qui est le Dieu des seuls vivants (ps 6 ; 30-10 ; 88-6).

    Sous l'influence peut-être du mazdéisme de l'occupant perse, la croyance en une vie éternelle et heureuse se fait jour, spécifique, réservée aux justes, accompagnée d'une « certaine résurrection de la chair ». La vie dans l'au-delà devient fruit d'une récompense (ou d'une punition) personnelle, alors que durant longtemps le Dieu des Hébreux récompensait ou punissait d'abord collectivement le peuple, vertueux ou pécheur. Israël attendait en effet surtout pour l'avenir le triomphe temporel sur ses ennemis, comme récompense de son comportement en tant que nation. Mais l'expérience cumulée des désastres nationaux successifs et celle du martyre des héros du peuple (Dn 12,1-3) amènent les croyants à repousser dans un futur plus lointain l'avènement du nouvel Ordre des choses par l'intervention d'un Messie libérateur. Elle renforce l'idée d'une résurrection personnelle des justes qui ont lutté et donné leur vie pour l'avènement du Règne de Dieu toujours attendu et espéré. Car « les âmes des justes sont dans la main de Dieu » (Sg 3, 1). Et Daniel (12, 2) lance son cri prophétique : aux temps de la fin « plusieurs de ceux qui dorment dans la poussière s'éveilleront, les uns pour la vie éternelle, les autres pour la honte éternelle ». De même Job (19,26 ;Ez 37). Il n'est cependant pas précisé encore qui ressuscitera, les juifs seuls ou tous les hommes.

    La Grèce antique

    Les dieux de la Grèce antique habitent le sommet de l'Olympe, la plus haute montagne de Grèce. Là-haut, sur l'Olympe, les dieux s'aiment, se querellent, surveillent le monde et interviennent auprès des mortels au gré de leur fantaisie, tantôt pour les aider et tantôt pour leur nuire. Zeus (Jupiter), maître de la Terre et du Ciel, préside rassemblée des dieux et des immortels. Hadès (Pluton), frère de Zeus, est le maître des Enfers. Ces dieux de l'Olympe avaient pris la succession de générations antérieures. Gaia, la Terre, la première des déesses, avait donné le jour, par l' intermédiaire de son fils Ouranos (Uranus), à la race des Titans. Ceux-ci, entraînés par Cronos (Saturne), s'étaient emparés du pouvoir que détenait Ouranos, mais ils furent à leur tour défaits par leurs propres enfants, conduits par Zeus, le fils de Cronos. Une fois les Titans vaincus, Zeus et ses frères, Poséidon et Hadès, tirèrent au sort pour savoir qui régnerait sur le Ciel, la Terre et les Enfers.

    La tradition celte

    L’expérience de la condition terrestre et de ses peines est ainsi projetée sur ce que peut être la vie après la mort. La tradition celte parle d'un « autre monde », empli de magie, de mystère et de danger, que l'on peut pénétrer par des grottes ou des lacs, et qui se situe parfois au couchant. En dépit des périls encourus pour y accéder, il se révèle, en fin de compte, un pays de jeunesse et de bonheur éternels.

    Le loka des JAÏNES

    Suivant LES écritures JAÏNES, Mahâvîm et les autres tîrthankara ont, par leur accession à la délivrance, découvert la nature de l'univers, en sanskrit le loka, Les moines jaïns ont déployé beaucoup d'efforts pour comprendre le loka, et la cosmographie est devenue une branche élaborée de leur scholastique. Le loka, extrêmement vaste, comprend trois grandes sections. Tout en bas, il y a les huit enfers, de plus en plus insupportables. Au sommet, il y a une série de ciels de plus en plus clairs. Au-dessus du plus haut se trouve la demeure des âmes parfaites . Au milieu, c'est le mâdhya loka, le monde médian, une bande étroite où les continents et les océans prennent place concentriquement. Parmi eux, seuls le continent de Jambûdvîpa et un continent et demi dans son voisinage rendent l'existence humaine possible. Vers la fin de l'époque médiévale, il devint courant de représenter le loka sous une forme humaine. De telles images sont objet de révérence et rappellent aux jaïns qu'il importe de bien user d'une chose aussi rare que la naissance humaine.

    L'au-delà tibétain

    L'au-delà tibétain est peuplé de nombreux dieux, génies, démons et saints qui entravent ou facilitent le destin de l'âme. Celui-ci suit le samsara, cycle de renaissances dont il faut s'échapper pour atteindre au bonheur véritable. Cette libération nécessite l'exercice du Bardo-Thödol, méditation concentrée sur une « conscience de mort » qui donne une vision mystique de l'au-delà. La conscience s'échappe alors du sommet de la tête, et se projette dans la lumière éblouissante du paradis.

    La Chine traditionnelle

    <texte>Dans la Chine traditionnelle, les eaux jaunes coulant depuis les quatre directions cardinales se rejoignent au nord où elles s'engouffrent sous la terre, royaume des morts et demeure du yin. Le yang, principe de vie, y a sa retraite. Il anime ces eaux souterraines qui jaillissent dans des fontaines sacrées où les aïeux héroïques recueillent les âmes des défunts pour les emmener dans la cour céleste du souverain d'En-Haut. Elles s'y réincarnent au début du printemps.</texte><texte>

    </texte>Le « pays des morts »

    La représentation d'un au-delà « proche » est ou a été majoritaire dans toutes les sociétés traditionnelles. Le « pays des morts » possède une sorte de localisation géographique plus ou moins précise : derrière telle montagne, au fond de tel fleuve, là où le soleil se couche, etc. Ses habitants font parfois de brèves incursions dans notre monde. Inversement, certains vivants, comme les sorciers et les chamanes, sont censés pouvoir s'y rendre en transe, par exemple pour y chercher un agonisant et le ramener dans le monde des vivants.


    Le paradis terrestre de l'ancienne Egypte est situé dans l'au-delà où les âmes peuvent jouir sans mélange d'une existence comparable à la vie terrestre, mais idéalisée et transposée. La demeure des morts est située dans l’Occident lointain, au-delà de l’Océan.

    Pour les Assyriens, l’enfer était un endroit peuplé de monstres effroyables. . Pour les Mésopotamiens, dans le récit de Gilgamesh, le royaume des morts est sous une double montagne, en Occident lointain. Les mythes mélanésiens font souvent référence à des événements prenant place dans un « monde-miroir » souterrain.

    Pour les Toradja d'Indonésie, l'au-delà est divisé en deux mondes, celui des ancêtres et des morts, situé à l'ouest, et celui des dieux et des vivants, concentré à l'est. Selon le mythe, le premier est né du ciel qui engendra les ancêtres et le premier homme ; le second est né de la terre qui enfanta la déesse du riz et celle de la prospérité. L'est et l'ouest sont réunis par la fête du Merok, offrande de remerciements aux dieux.
    <texte></texte>

    <texte>L'au-delà des Yakoutes ou des Toungouses de Sibérie est un monde peuplé d'esprits, notamment ceux des rois de la taïga, comme l'ours ou le tigre. Les chamanes parcourent les espaces à leur recherche, priant par exemple la f lèche de leur arc d'intercéder auprès de l'ours pour qu'il leur accorde le sacrifice du renne. </texte>


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  • Le roi Gradlon de Cornouaille possédait de nombreux navires qu'il utilisait pour faire la guerre aux lointains pays du Nord. Stratège hors pair, il gagnait la plupart des batailles et pillait les vaincus, cumulant ainsi de nombreuses richesses.

    Mais un jour, ses marins fatigués de tous ces combats refusèrent d'assiéger un château. Le roi les laissa repartir en Cornouaille et il resta seul dans le Nord. Quand il fut seul il vit une femme rousse : Malgven, la reine du Nord, se tenait devant lui. Elle lui dit : « Je te connais, tu es courageux et adroit au combat. Mon mari est vieux, son épée est rouillée. Toi et moi allons le tuer. Ensuite, tu m'emmèneras dans ton pays de Cornouaille. » Ils tuèrent le roi du Nord et enfourchèrent Morvarc'h (« cheval de mer » en breton), le cheval magique de Malgven. Il était noir, crachait du feu par ses naseaux et était capable de galoper sur la mer. Ils rattrapèrent les navires de Gradlon.

    Gradlon et Malgven restèrent longtemps en mer, si bien que Malgven donna naissance à une fille, Dahut, mais la reine en mourut. Selon une variante, elle ne mourut pas mais dut quitter les autres occupants du bateau quelque temps après la naissance de Dahut parce que l'heure était venue pour elle de retourner dans son monde.

    Dahut était passionnée par la mer et demanda à son père de lui bâtir une cité marine. Ainsi fut fait et la ville d'Ys fut construite sur le fond de la baie de Douarnenez . Une très haute digue empêchait l'eau d'y pénétrer et seule une porte de bronze, dont la clef était en permanence avec Gradlon, permettait d'entrer ou de sortir de la ville. Ys était la plus belle et la plus impressionnante ville du monde, mais devint rapidement, malgré les sermons de Saint Guénolé, la ville du péché sous l'influence de Dahut (aussi appelée Ahès). Celle-ci organisait des orgies et avait l'habitude de faire tuer ses amants une fois le matin venu, si bien que Dieu décida de la punir.

    Un jour, un chevalier vêtu de rouge vint à Ys. Dahut lui demanda de venir auprès d'elle et un soir, il accepta. Une tempête éclata en pleine nuit, on entendait les vagues frapper avec violence la porte de bronze et les murailles. Dahut dit au chevalier : « Que la tempête rugisse, les portes de la ville sont solides et c'est le Roi Gradlon, mon père, qui en possède l'unique clef, attachée à son cou », à quoi il répondit : « Ton père le roi dort, tu peux maintenant t'emparer facilement de cette clef. » Dahut vola la clef à son père et la donna au chevalier, qui n'était autre que Satan. Le diable ouvrit la porte de la ville. — Une autre version prétend que ce fut Dahut elle-même qui les ouvrit. — Une vague aussi haute qu'une montagne s'abattit sur Ys. Le roi Gradlon et sa fille montèrent sur Morvarc'h, le cheval magique. Saint Guénolé vint près d'eux et dit à Gradlon : « Repousse le démon assis derrière toi ! » Gradlon refusa d'abord, mais il finit par accepter et poussa sa fille dans la mer. L'eau recouvrit Dahut qui devint une sirène. (la légende précise que cette sirène avait une apparence parfaitement humaine et, donc, n'avait pas l'apparence chimérique que l'on attribue aujourd'hui aux sirènes)

    Gradlon se réfugia à Quimper, qui fut sa nouvelle capitale. Une statue équestre de Gradlon fut faite et elle est toujours aujourd'hui entre les flèches de la cathédrale Saint Corentin à Quimper. On dit que les cloches des églises d'Ys peuvent encore être entendues en mer par temps calme. Une légende dit que quand Paris sera engloutie, resurgira la ville d'Ys : Pa vo beuzet Paris, Ec'h adsavo Ker Is (Par Is signifiant en breton « pareille à Ys »).

     

    Interprétation

    On retrouve des récits semblables dans trois grands rameaux de la civilisation celte (les bretons, les gallois et les irlandais). Les légendes se fondant généralement sur une histoire vraie (comme la guerre de Troie par exemple), il est probable qu'une telle catastrophe ait eu lieu lorsque les Bretons, Gallois et Irlandais ne formaient qu'un seul et même peuple.

    Une information intéressante est que, d'après Grégoire de Tours, le roi Childebert Ier portait lui aussi une clef d'or autour du cou.

     

    La place d'Ys dans la tradition

    Depuis son engloutissement par la mer, la ville d'Ys occupe un rôle central dans les légendes bretonnes. On dit qu'Ys renaîtra le jour où une messe y sera célébrée. D'autres légendes mettent en scène la ville engloutie, telle celle où Sainte-Marie du Ménez-Bré ouvre tous les cent ans les flots pour contempler la ville. On notera également que, dans son livre la légende de la mort (receuil de récits et croyances sur la mort), Anatole Le Braz consacre un chapitre à la ville d'Ys.

     

    Ys et Paris

    Une légende dit aussi que les francs, cherchant un nouveau nom pour leur capitale, l'appelèrent Par-Is (Pareille à Ys) parce que ces deux villes, à l'époque, se disputaient le titre de ville d'isis mais que jamais elle n'égala la ville d'Is au temps de sa splendeur.

    Mais l'Histoire nous apprend que cette "légende" est probablement fausse car Paris doit son nom surtout à la tribu gauloise des Parisii, ces derniers ayant pour capitale Lutetia Parisorum, qu'on nomme actuellement "Lutèce", l'ancêtre de Paris. Cela dit, on notera également que, selon Voltaire, cette ville se serait appelée "Parisis" avant de devenir Paris en raison de la venue du culte d'Isis dans cette ville : ce qui va dans le sens de la légende.


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  • Cette légende naît en 1284, en Allemagne, alors que la petite ville de Hamelin est infestée de rats, au grand désespoir de ses habitants et de son maire. Un jour, un joueur de flûte se présente comme étant un exterminateur de rats. Habillé d'un long manteau multicolore, il propose de débarrasser la ville des rats, moyennant finances. Le maire et les habitants de la ville acceptèrent sa proposition avec joie.

    L'homme sort sa flûte et à peine se met-il à jouer que les rats sortent des maisons, enchantés par cette musique. Il les entraîne ainsi en dehors de la ville, jusqu'au Weser, dans lequel ils plongent en masse et se noient. Sa tâche accomplie, l'homme retourne à la ville toucher son salaire mais les bourgeois refusent de le payer. Le flûtiste quitta la ville, le cœur plein d'amertume.

    Il y revint cependant le 26 juin, sous les traits d'un chasseur à l'allure effrayante, portant un chapeau rouge et étrange; pendant que tout le monde était à l'église, il sortit sa flûte de nouveau et commença à jouer dans les ruelles da la ville. Mais cette fois, ce sont les enfants qui arrivent en courant, ensorcelés par sa musique. Il les conduisit par la porte de l'est en continuant de jouer, et ils allèrent jusqu'à la montagne Koppelberg, où il disparut avec eux à jamais.

    Seuls deux enfants revinrent, car ils s'étaient attardés en chemin. L'un d'eux étant aveugle ne pu montrer l'endroit où les enfants étaient, l'autre étant muet ne put dire un seul mot. Un petit garçon étant revenu chercher sa redingote échappa lui aussi au malheur. Certains dirent que les enfants avaient été conduits à une grotte d'où ils ressortirent dans la région de Siebenbuergen. Selon la légende, ce jour-là, 130 enfants disparurent ainsi à jamais.

    Réalité ou fantaisie ?

    La légende du joueur de flûte de Hamelin, histoire enfantine bien connue, a été immortalisée par le poète anglais Robert Browling. Il faut pardonner aux touristes qui visitent Hameln (son véritable nom en allemand) de croire que ce récit est une réalité historique. En effet, deux maisons du XVIe siècle portent des inscriptions rappelant l'enlèvement des enfants du 26 juin 1284, et la légende est régulièrement présentée dans la ville. Dans une certaine rue, même, la Bungenstrasse (qui serait le chemin emprunté par les petits ensorcelés), aucune musique n'est autorisée de peur de courroucer à nouveau le joueur de flûte. Et, jusqu'au XIXe siècle, deux croix se dressaient sur la montagne pour marqué l'endroit où les enfants disparurent.

    Cependant, selon les témoignages écrits, il y aurait là une certaine confusion. Le plus ancien témoignage, qui remonte à 1450, ne relate que la disparition de 130 enfants. Ce n'est qu'au XVIe siècle que la chronique mentionne le joueur de flûte comme charmeur de rats.Selon des récits plus tardifs du XVIIe la date fatidique serait le 22 juillet 1376.

    Bien que la différence jette le doute sur l'authenticité de l'histoire, le fait même qu'elle soit rapportée avec une telle précision porte à croire que la légende a un fond de vérité.

    Ce n'est certes, ni la première ni la seule de son genre. Des récits remarquablement similaires se retrouvent dans le folklore de toute l'Europe et du Moyen-Orient. Mais contrairement aux autres contes similaires, celui de Hamelin donne des dates précises, quoique contradictoires.

    Les échos d'une tragédie

    De nos jours, nombreux sont ceux pour qui la date de 1284 évoque la « croisade des enfants ». En 1212, lors d'une malheureuse tentative pour libéré la terre sainte de l'emprise musulmane, cette « croisade » passe par Hamelin et fait très probablement des recrues. D'innombrables enfants mourront au cour du long et difficile voyage, et aucun d'en reviendra.

    Une autre théorie rattache cette même date à la mort d'un grand nombre de jeune Hamelinois à la bataille de Sedemunde, à la suite d'une querelle locale en 1260. L'un ou l'autre de ces évènements est peut-être à l'origine de la première version du récit.

    Au XIVe siècle, un désastre bien pire va s'abattre sur Hamelin. La Mort Noire – la peste bubonique – fait rage en Europe dès 1345 et jusqu'à la fin des années 1360. Elle est apportée par des rats infestés de puce qui meurent par la maladie. Les puces passent alors aux humains, qui meurent à leur tour. C'est un enchaînement semblable à celui de la légende. Ces souvenirs confus de la Mort Noire expliquerait la date la plus tardive de certains témoignages écrits.

    Des souvenirs d'une autre maladie sont peut-être enfouis dans ce récit. L'on rapporte que les enfants s'en allaient vers la mort en dansant. Il s'agit là, peut-être d'une description symbolique des pitoyables bandes de victimes de la danse de saint Guy, qui parcouraient les campagnes au Moyen Âge. La musique des flûtes devait, croyait-on, calmer les spasmes musculaires incontrôlables donc les victimes étaient affligées.

    Vérité et folklore

    En fait, la légende du joueur de flûte est probablement un amalgame étrange de réalité et de mythe. Le récit original dut prendre de l'importance pour les gens de la ville à mesure que leurs enfants disparaissaient pour une raison où pour une autre.

    Au XIVe siècle, la peste était souvent considérée comme une punition divine infligée à une humanité pécheresse, ainsi qu'en témoigne la dure justice poétique de la légende. Cette croyance, ainsi que le schéma des symptômes de la Mort Noire, l'histoire locale du siècle précédant et d'autres contes étranges à propos de mystérieux enchanteurs d'animaux, se sont peut-être mêlés dans l'imagination des générations successives pour créer le conte actuel.

     


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