• L’aube se lève. Au bord du fleuve, une petite plage de sable. Le vieux sage l’a choisie pour sa méditation matinale. Avant de s’installer sur sa natte, pour protéger son bol de riz des insectes et de la chaleur, il a creusé un petit trou dans le sable et, après avoir couvert le bol d’une feuille de bananier, il recouvre le tout avec du sable.

    Maintenant seul un monticule de la taille d’une taupinière indique l’endroit où le récipient est ensablé. Puis ayant immobilisé son corps et son mental, le maître plonge dans les profondeurs de son être. Sa concentration est si profonde qu’il n’est plus conscient de ce qui se passe autour de lui.

    Entre-temps le soleil s’est levé. Quelques disciples arrivent et voient le maître en méditation. Eux aussi installent leur natte. Voyant le petit tas de sable près du sage et ignorant pourquoi il l’a fait, ils l’imitent, bien qu’ils n’aient pas de bol, pensant que c’est un acte magique qui, ajouté à la méditation, leur apportera l’illumination.

    D’autres adeptes arrivent, on les oblige à faire de même, et bientôt toute la plage est parsemée de pseudo-taupinières.

    N’obtenant pas le résultat espéré avec la technique du tas de sable, déçus, un à un ils s’en vont en silence, comme ils sont venus. Le sage qui avait commencé le premier, est aussi le dernier à finir.

    Quand il ouvre les yeux, il voit la plage parsemée de petits tas de sable et met longtemps, longtemps, à retrouver son bol.


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