• C'est souvent que l'on évoque le soleil, dispensateur d'énergie et astre généreux qui alimente nos panneaux solaires; nous avons dailleurs déja envisagé d'autres formes d'exploitation de cette énergie suggérée par d'anciennes traditions ou monuments.

    Et la lune ? Son importance a été majeure dans le passé.... et l'enjeu qu'elle représente pour l'avenir l'est aussi. Et nous retrouvons aussi deux visions différentes de l'exploitation que nous pourrons en faire dans l'avenir...

    Un retour sur l'importance de notre moon.
    Nous savons que les molécules d'eau sont sous l'influence des forces gravitationelles, et, la lune, deuxiéme astre le plus visible de la Terre, représente une force de gravité.

    Les phénoménes de marrés en est l'illustration la plus courante, même si les solides aussi, sont influencés par la force gravitationelle de la lune. Le soleil, aussi représente une montée des océans, mais l’attraction gravitationnelle de la Lune est deux fois et demie plus forte que celle du Soleil malgré sa masse importante, en raison de la distance.
    Voyons de quelle facon cette influence touche absolument tout ce qui se passe sur notre bonne planéte:

    Les forces de marées sont des forces gravitationnelles, et donc elles répondent à la loi de la gravitation universelle, laquelle stipule que les corps s'attirent en fonction inverse de la distance qui les sépare.
    La Lune exerce sur la Terre une attraction différentielle.
    -->Les forces d'attraction exercées par la Lune sur divers points de la Terre sont matérialisées par des flèches sur le dessin ci-dessous. Elles ont des intensités différentes car la distance de chaque point à la Lune est différente. On dit que la Lune exerce sur la Terre une attraction différentielle (...) Comme le système Terre-Lune est en équilibre, cette force est exactement équilibrée par une autre : la force centrifuge que produit le mouvement orbital du système. Cette force est répartie de façon égale entre tous les points de la Terre. En chaque point, on a donc une force variable exercée par la Lune, et une autre, fixe, résultant du mouvement orbital
    .

    Un heureux hasard a l'apparition de la vie, car cette influence a permis de créer plusieurs conditions favorables sans lesquelles nous ne serions certainement pas la a en discuter.
    Sur l'axe de rotation deja:

    Laissé à lui-même, nous savons que l’axe de rotation de la Terre serait chaotique sur l’ordre de centaines de millions d’années ; les pôles se promèneraient ainsi sur la surface du globe, modifiant irrémédiablement le fragile équilibre de la biosphère par de terribles changement climatiques. Par contre, couplé avec un important satellite, tel que la Lune, l’axe de rotation de la Terre est stabilisé comme une toupie peut l’être avec un gyroscope.

    Mais aussi;
    Le puits gravitationnel que constitue la Lune a sans doute contribué à la sécurité des formes de vie sur Terre car elle attire à elle les astérïdes errants qui croisent quelquefois l’orbite terrestre. Notre satellite naturel nous protège donc en partie de ce matériel, dont la collision peut entraîner de sérieux dommages sur la biosphère.
    Et enfin réaliser que cet équilibre incroyable a permi la vie telle que nous la connaissons;
    La Lune, en provoquant des marées hautes, a contribué à créer des habitats marins côtiers et des régions marécageuses qui ont permis à la vie de naître et de se développer. Dans un monde aux marées beaucoup moins importantes (environ un tiers de ce qu’elles sont avec la présence de la Lune), le brassage plus faible des matières en suspension au sein de l’océan et les zones réduites de plages auraient probablement retardé retardé l’apparition de la vie en lui offrant moins de niches biologiques.

    Nous devons donc a cet astre des conditions de stabilité rares permettant la vie, mais aussi, sa continuité dans le temps... sa sauvegarde.

    Continuons: a l'image de la sonnate au clair de lune, les accords majeurs s'alternent avec les accords mineurs ; cet astre représente pour les traditions anciennes, la perpétuelle alternance des cycles, la possibilité de renaissance qu'elle illustre.

    Voici de quelle facon la lune fût associée a la nature féminine des choses. Souvenons-nous qu'une tradition était se synchroniser les cycles menstruels des femmes sur les cycles de la lune. Et pour cause;

    La lune est intimement associée à la forme féminine de l'espèce humaine, ce dont témoigne le fait que le cycle de 28 jours de la lune correspond en gros au cycle de 28 jours des menstrues. Les quatre phases de la lune sont symétriques à celle du cycle menstruel : la phase préovulatoire correspond à la lune croissante; l'ovulation à la pleine lune; la phase prémenstruelle à la lune décroissante et la menstruation à la nouvelle lune. Le mot luimême de « menstrue » dérive du latin mensis, mois (qui est l'étymologie du terme anglais moon, qui désigne la lune). La mesure du temps par les phases de la lune a été à l'origine du calendrier. Celui-ci a été modifié depuis lors en un calendrier solaire, mais les religions juive, chrétienne et islamique continuent à calculer les dates de leurs grandes fêtes d'après le calendrier lunaire.

    Et peut-être un prémisse a une divinité lunaire:

    Deux auteurs, Penelope Shuttle et Peter Redgrove, se sont livrés à une étude révélatrice de l'héritage historique et culturel de la menstruation. Ces auteurs considèrent la menstruation comme une authentique force évolutionniste. Selon eux, l'idée de la menstruation et de son « sang sage » sont précieux et puissants, et la phase menstruelle du cycle est la période durant laquelle les femmes sont capables d'entrer en relation profonde avec l'énergie imaginative et créatrice et d'agir comme initiatrices aux domaines cachés de l'être.

    Et sur la synchronisation entre menstruations et lune;

    Pour une femme, la meilleure manière de se sensibiliser au cycle lunaire est assurément de l'associer à son propre cycle menstruel. Celui-ci peut n'être pas exactement de 28 jours et il peut n'être pas parfaitement lié aux phases de la lune, l'ovulation ne se produisant pas forcément au moment de la pleine lune et l'écoulement de sang n'ayant pas obligatoirement lieu à la nouvelle lune; nous avons quelques indices qu'il en était ainsi autrefois, mais l'abondance de lumière artificielle autour de nous, combinée avec les conditionnements qui nous ont déconnectés de nos corps, a changé cela.

    Maintenant sur les premiers dieux lunaires, les sumeriens l'établisse a Ur;

    Comme l’on croyait à cette époque que les éléments cosmiques étaient doués d’un esprit animé, on leur rendait un culte et ce, depuis les âges les plus anciens de l’histoire de l’humanité. On croyait également que chaque dieu était lié à un territoire particulier qu’il protégeait. L’histoire du dieu Lune commence avec l’arrivée des Sumériens en Mésopotamie. Les Sumériens étaient des gens relativement pacifiques qui avaient créés des cités-états autonomes et indépendantes. Chacune avait son roi et son dieu. L’union entre toutes se faisait au niveau d’un même panthéon qu’ils se partageaient et où le dieu de chaque ville était représenté. C’est ainsi qu’on établit le dieu Lune dans la ville d’Ur

    Mais chose amusante, le dieux deviendra la déesse Sin et revêtera l'attribut de la fécondité.

    Mais quand, en 2350 av. J.C. Sargon d’Akkad envahit l’ensemble des cités-états sumériennes et qu’il étend sa domination d’Élam à la Syrie, il décide de faire de la ville d’Ur, la capitale de son empire. Le dieu Lune devient alors le dieu principal. Sargon garde l’écriture cunéiforme des Sumériens mais il change le nom des dieux. Le dieu Nannar devient ainsi le dieu Sîn, un dieu masculin représenté par le croissant de lune et la pleine lune devient un dieu féminin qui porte le nom de Ningal, reliée à la fécondité.Sîn vient de l’akkadien En-zu qui signifie « le Seigneur sait ». Sous sa forme inversée, nous obtenons Zu-en, d’où la contraction : Sîn

    Nous comprenons mieux le lien et l'importance de cet astre plusieurs religions .

    L'importance de la lune toutefois s'étends au repérage dans l'espace: le 18 éme siécle utilisera les mesures astronomiques -Éclipses de lunes, distances lunaires- pour déterminer les longitudes.

    Chose anecdotique; les méthodes de distances lunaires, malgré leur manque de fiabilité, fonctionnaient en tout temps et ne nécessitaient pas les systémes de navigation tel que celui du Titanic... qui , ce fait est désormais connu, sombra dans l'océan en raison d'une nuit sans lune ne laissant aucune chance pour échapper a l'iceberg.

    Au-dela;

    La crise actuelle pourrait trouver solution ... sur la lune.
    Au moment ou l'homme se questionne sur la survie de son espéce, et se demande ou il peut aller chercher ce qu'il a sur-consommé, la lune apparait au XXIé siécle comme une étape vers l'exploitation d'autres planétes. C'est ici le point énervant.

    Technologique dans le sens ou la NASA envisage d'utiliser comme banc test pour les prochaines étapes de la colonisation du Système Solaire qui passeront par l'envoi de missions habitées vers la planète Mars. Sur la Lune, les astronautes valideront mais surtout éprouveront les instruments et les nouvelles technologies envisagés pour l'envoi d'hommes vers Mars.L'espace interplanétaire entre la Terre et la Lune sera également utilisé par la NASA. Bien qu'il présente un intérêt scientifiques somme toute assez limité, son utilisation pour des expériences de vols habités est d'ores et déjà envisagée. La proximité de la Lune, il faut moins de trois jours à un vaisseau terrestre pour la rejoindre, apporte une certaine sécurité (communication, retour de secours). Il sera utilisé pour apprendre comment explorer une planète et voir quelles sont les meilleures approches pour combiner au mieux l'activité humaine et robotique de l'exploration planétaire.

    Se confronte a la vision 'naturelle' des anciens sur l'utilité de la lune, la vision destructrice de l'homme moderne. Le sous-sol lunaire est en effet interessant;

    Bien que de composition ordinaire, la Lune renferme dans son sous-sol des ressources énergétique et des éléments à même de soutenir la présence humaine dans l'espace. En raison de sa proximité avec la Terre et de ses ressources, la Lune peut être utilisée comme une base logistique et d'approvisionnement pour l'activité humaine dans l'espace. L'installation de l'homme sur la Lune favorisera l'expansion de l'activité humaine et robotique bien au-delà de l'orbite basse. Pour cela, il est impératif de développer et maîtriser des technologies d'extraction des ressources lunaires, capable de soutenir la présence de l'homme dans des régions qui lui sont par natures hostiles.

    Mais aussi , l'eau:

    Tout indique que l'eau se trouve vraisemblablement en quantité dans les régions polaires lunaires. Les scientifiques estiment que chaque pôle abriterait environ 10 milliards de tonnes, quantité suffisante pour lancer une navette spatiale entièrement remplie de combustible, chaque jour pendant 39 ans. Notre capacité à fabriquer du carburant sur la Lune permettra un accès fiable et régulier à l'intérieur du système Terre / Lune, région où se situera l'ensemble de nos infrastructures orbitales et lunaires.

    Et une idée interessante tout de même, celle de l'energie solaire:

    Energie solaireLa Lune qui ne possède pas d'atmosphère n'a donc pas de couverture nuageuse et sa faible vitesse de rotation en fait un endroit idéal pour l'installation d'infrastructure de production d'énergie solaire. Ainsi, il sera possible de distribuer cette énergie, en la rayonnant notamment, non seulement sur la Terre mais également vers des infrastructures orbitales situées entre la Lune et la Terre. L'intérêt de la maîtrise de cette technologie est double. D'une part il s'agit d'une énergie abondante et propre mais surtout en alimentant de la sorte les infrastructures orbitales et en soutenant l'activité humaine, elle permet d'éviter l'installation de grands panneaux solaires sur ses infrastructures.

    Energie libre et propre qui rappel le PS10 ou d'autres versions photovoltaiques.

    Mais l'homme garde ses tendances.
    La lune ne nous appartient-elle pas ? Bein si ! pourquoi ? parce-que.

    Pour 61 € l’hectare TTC, on peut d’ores et déjà acheter sur Internet une parcelle de terrain nu sur la Lune. Pour ce prix là, vous aurez un joli titre de propriété émis par une mystérieuse Lunar Embassy, mais aucune garantie d’être propriétaire de quoique ce soit. Car même si la Lunar Embassy affirme avoir vendu plus de 2 millions de parcelles depuis 20 ans, aucune institution sérieuse n’a jamais reconnu la validité des titres émis.

    Admirez l'inconscience dans toute sa splendeur


    votre commentaire

  • Développement durable, un concept ambigu


    Le concept de développement durable fut introduit par la Commission Mondiale sur l'Environnement et le Développement (CMED) des Nations Unies présidée par l'ancien premier ministre de Norvège, madame Gro Harlem Brundtland. Le rapport de la Commission, intitulé “Notre avenir à tous”, date de 1987. Vingt ans ont passé, soit le temps nécessaire de prendre une nouvelle génération à bord de la définition:

    Le développement dit durable entend répondre aux “besoins” du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre à leurs propres “besoins”.

    Le succès rencontré par la notion de développement durable réside dans l'ambigüité du concept et l'absence de prescriptions pour son application. Il est:

    • Énigmatique sur le but poursuivi, principalement axé sur la satisfaction des “besoins” de générations successives;
    • Muet sur les outils nécessaires à sa mise en oeuvre.

    Certes, les différents plans proposés à différentes échelles s'attachent peu ou prou à préciser les objectifs à atteindre et les moyens à mettre en oeuvre, mais toujours dans un cadre de référence évasif. Il y a autant de projets de développement durable que de niveaux géographiques, de sociétés ou de systèmes économiques différents. D'où, une dispersion des moyens et une prolifération de définitions en relation avec la multitude des situations existantes.

    Leur seul point commun réside dans l'accent mis sur les relations inter générationnelles et, par conséquent, le long terme. Tout serait parfait si les questions environnementales ne concernaient que le long terme. Évidemment, ce n'est pas le cas. Il suffit de penser à la population côtière ou riveraine du Bengladesh ou encore aux personnes souffrant d'asthme dans nos villes pour s'en rendre compte. Par contre, les plans mis en place pour redresser la barre n'auront réellement d'effets que sur le long terme. D'où, la tentation de reporter l'application effective de décisions à plus tard, c'est-à-dire sur le dos des générations futures qui recevront ce lourd fardeau en partage.

    Or, tout comme dans notre propre vie, chaque heure perdue l'est à jamais. La crise pétrolière de 1973 fut un avertissement sur l'épuisement des ressources non renouvelées de la planète et non une crise de l'énergie. Plus de 30 ans ont passé et la situation ne s'est guère améliorée. Alors, en ce 20e anniversaire d'un développement qui dure toujours, du moins sur le papier, n'est-il pas temps de s'éveiller et de prendre véritablement conscience des conditions de vie que nous léguerons aux générations futures ?

    Les objectifs du développement durable

    La définition du développement durable de la CMED sert toujours de référence. Elle met avant tout l'accent sur la satisfaction des “besoins”: Le développement durable entend répondre aux “besoins” du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre à leurs propres “besoins”.

    Les “besoins” des hommes naissent des exigences du corps: nourriture, habillement, abri, sommeil, chaleur etc. Ils recouvrent tout ce qui est indispensable à la vie physique. Les “besoins” sont peu nombreux car naturels, légitimes et bien réels. Ils se distinguent des “désirs” qui eux relèvent du mental et sont en conséquence innombrables, imaginaires et artificiels.

    Il va de soi que la définition du développement durable fait référence aux “besoins” légitimes plus aisés à satisfaire que les “désirs” artificiels. Une société fondée sur les “désirs” est à coup sûr vouée à être non durable car ils sont trop innombrables pour pouvoir être satisfaits.

    Or, nos sociétés comblent les “désirs” d'une partie non négligeable de leurs populations sans répondre pour autant aux “besoins” des plus pauvres. Est-ce qu'un développement dit durable pourrait remédier à cet état de fait ? Et à qui incomberait une telle tâche ?

    Certainement pas à l'économie puisque cette dernière ne vise qu'à satisfaire une demande solvable. Et le propre des personnes dans l'incapacité de satisfaire leurs “besoins” est justement d'être insolvables.

    Plus sûrement au social, mais nul besoin de développement durable pour cela. À tout moment, les pouvoirs publics peuvent décider de faciliter l'accès des laissés pour compte au logement, à une nourriture équilibrée et à un minimum de sécurité.

    Alors, que viennent faire ces “besoins” dans une telle définition ? Ils devraient être satisfaits avant même de se préoccuper de développement durable. C'est le moins que nous puissions attendre d'une société dite civilisée (du latin “civilis”, qui concerne les citoyens, tous les citoyens).

    À moins que la définition ne recouvre aussi les “besoins” d'air pur, d'eau fraîche, d'espace etc. de tout être vivant qui ne serait rien sans l'air qu'il respire, l'eau qu'il boit, la nature environnante etc. Auquel cas, elle ne devrait pas se limiter aux seuls “besoins” des êtres humains, mais être étendue à la faune et de la flore. Toutefois, la définition du développement durable ne semble pas pointer dans cette direction.

    La notion ambigüe de “besoins” a au-moins le mérite de soulever des aspects économiques, sociaux et environnementaux qui, pris ensemble, confluent vers un même but: le développement durable.

    Comme le montre le schéma précédent, nature sauvage et société naturelle ne font pas partie de la durabilité. Leur régression est l'un des traits les plus marquants du monde actuel et entrainera à coup sûr une perte irréversible de diversité culturelle et biologique. À la différence des forêts tempérées, les forêts tropicales ne jouent pas un rôle déterminant dans le cycle du carbone, mais constituent un immense réservoir de biodiversité qu'il conviendrait de préserver pour répondre aux “besoins” des générations futures. Cependant, il ne s'agit là que d'un voeu pieux car, développement durable ou pas, la perte de diversité culturelle et biologique est inéluctable.

    Si le développement durable cherche à concilier au mieux les objectifs économiques, sociaux et environnementaux, il ne peut cependant répondre aux “besoins” spécifiques à chacune de ces sphères.

    Les outils du développement durable

    Les outils du développement durable doivent naturellement faciliter l'alliance entre les objectifs économiques, sociaux et environnementaux. Ils sont nombreux et divers et peuvent s'appliquer à tous les niveaux, de l'international au local. Ils vont de l'Agenda pour le 21e siècle au commerce équitable en passant par de nouveaux modes de production, de transport et de consommation, en un mot de nouveaux modes de vie.

    Le schéma précédent montre que l'économique s'appuie sur le social et le social sur l'environnemental. L'économie occupant le plus élevé des trois étages, les forces du marché ont naturellement été appelées à la rescousse pour remédier aux dommages qu'elles avaient elles-mêmes causés. Tout comme “l'économie sociale” auparavant, “l'économie environnementale” est venue suppléer les carences de l'économie néo-classique (“l'économie pure”). Toutefois, “l'économie sociale” et “l'économie environnementale” ne font pas plus partie de la durabilité que la nature sauvage et la société naturelle (voir le schéma ci-dessus). “L'économie environnementale” ne saurait dès lors constituer la pierre angulaire du développement durable.

    Un des points fondamentaux de “l'économie environnementale” est d'apprécier la valeur des “biens et services” fournis par la nature et de trouver les mécanismes du marché capables de l'intégrer dans les décisions économiques. Cela passe notamment par:

    • L'incorporation effective des dommages causés à l'environnement (coûts externes) dans les prix. Cela est particulièrement vrai pour le secteur des transports où aucune véritable concurrence entre les divers modes n'est possible sans vérité des prix;
    • L'instauration d'écotaxes sur les polluants ou les ressources naturelles compensées par une baisse des taxes sur le travail ou des cotisations sociales de façon à ne pas accroître la charge fiscale globale;
    • Les échanges marchands de permis de polluer;
    • L'intégration de la performance environnementale dans la comptabilité des entreprises;
    • Etc.

    Même doté de tels instruments, le marché ne sera pas en mesure de résoudre nombre de questions environnementales:

    • Comment pourrait-il enrayer le déboisement des forêts tropicales et la perte irréversible de biodiversité quand ses intérêts à court terme sont à l'opposé ?
    • Comment le seul accroissement du prix des carburants et/ou des taxes sur les véhicules pourrait-il réduire le trafic routier ? Les conducteurs achèteront des véhicules moins gourmands que l'industrie automobile s'empressera de mettre sur le marché et ce sera tout bénéfice pour la “croissance”. Ou bien, ils réduiront leurs dépenses dans d'autres secteurs de l'économie pour continuer à rouler.
    • Comment imaginer que le marché va contribuer à une alimentation plus équilibrée quand tout le mode de vie va à l'encontre d'une alimentation saine et grève le budget de la santé ?
    • Comment croire que le marché va préserver les terres arables indispensables pour alimenter une population mondiale toujours croissante quand les gains tirés de ces terres agricoles, surtout au voisinage des villes où réside la moitié de la population mondiale, sont bien en-deçà de ceux que laissent miroiter la construction immobilière ?
    • Etc.

    Le marché ne pourra non seulement résoudre ces questions, mais bien souvent les aggravera en raison de la relation hiérarchique entre les trois étages. L'économique repose sur le social, le social sur l'environnemental et le premier étage soutient tout l'édifice. Plutôt que d'évaluer la nature à l'aune du marché, ne serait-il pas préférable que le marché soit “économe de la nature”, des ressources naturelles afin de les préserver pour les générations futures ? Or, l'homme s'est coupé de la nature et ce fait a influencé sa perception de l'environnement et de la durabilité. En effet, la définition du développement durable n'offre aucune représentation des relations entre l'être et le milieu dans lequel il vit. Dans ces conditions, comment pourrait-il savoir ce qui doit être préservé et comment y parvenir ?

    Bien plus, les trois étages sont hiérarchisés et étroitement inter liés. Toute modification dans la sphère économique a des répercussions dans les sphères sociale et environnementale qui, en retour, feront écho dans la sphère économique. Ces répercussions en chaîne sont plus ou moins directes, plus ou moins fortes et plus ou moins rapides selon la nature des relations d'interdépendance entre les trois sphères. Ainsi, des décisions économiques qui modifient la teneur des gaz à effet de serre de l'atmosphère pourraient avoir des conséquences sur la biodiversité, l'utilisation des sols, la santé des êtres vivants et des écosystèmes etc. qui, à leur tour, se répercuteraient sur la sphère économique. Il s'ensuit qu'il est impossible d'isoler les décisions économiques de leur contexte social et environnemental. Seule une approche globale peut véritablement être durable.


    votre commentaire
  •  


    La nature recouvre deux facettes qui co-existent en tout être:

     

    • La nature propre de l'individu représentant son côté intérieur ou actif;
    • L'ensemble des influences du milieu environnant au sein duquel l'être se manifeste et qui constitue son côté extérieur ou passif.

    La réalisation de tout être résulte de l'interaction de ces deux éléments. Bien que considéré comme extérieur, le milieu environnant fait partie intégrante de l'être et isoler nature intérieure et extérieure conduit à séparer deux facettes indissociables. Et pourtant, telle est bien l'attitude de l'homme aujourd'hui qui considère l'environnement comme un élément totalement étranger à même d'être traité ou maltraité à volonté. En procédant ainsi, l'homme traite ou maltraite une part de lui-même sans se rendre compte des répercussions sur son être. Cet aspect est d'autant plus important que l'environnemnt est de nos jours l'objet d'une multitude de prélévements et d'impacts de la part de l'homme. Or, seule une approche globale est susceptible de réconcilier l'être avec lui-même et le monde.


    votre commentaire

  • Les contrastes d'opposés et l'union des contrastes constituent le trait le plus manifeste révélé par la nature. Le schéma général et unitaire de la vie à peine entrevu, toutes les parties apparaissent inéluctablement fortement inter dépendantes. Inversement, la perception des relations entre les parties ne peuvent que dévoiler une unité sous-jacente les contenant toutes. De manière analogue, l'être humain est inconcevable sans l'empreinte de l'unité. En quoi consiste l'unité de la nature ou de l'être humain reste la voie incontournable pour comprendre la diversité de leur manifestation qui, dans nombre de traditions, dérive des systèmes d'éléments.

    Les divers systèmes d'éléments représentent les principes de base de l'ordre le plus bas de la manifestation, l'ordre physique ou substantiel. Dans la plupart des traditions, ils se composent de quatre éléments plus un, leur unité ou état indifférencié. Les éléments n'existent pas en dehors de l'unité et l'unité garantit que toutes les transformations s'effectuant entre eux sont proprement équilibrées. Cette vision se retrouve dans les différentes traditions qui établissent une distinction entre la Nature ou l'unité de l'état indifférencié et la nature ou la diversité des états manifestés.

    La diversité de la nature résulte de processus de génération-destruction au sein des écosystèmes. Toutefois, livrée à elle-même, cette diversité pourrait rapidement se transformer en chaos. Assurer l'équilibre entre les processus de génération-destruction s'effectue selon deux voies:

    • L'intégration de ces processus dans l'unité du système;
    • les échanges de matière, d'énergie et d'informations avec l'extérieur.

    Prendre ces échanges en considération indépendamment de l'unité du système ne peut que produire des ruptures d'équilibre dans l'environnement. Découvrir comment ces processus s'insèrent harmonieusement au sein de l'unité, comprendre comment choses et êtres travaillent de concert est la seule voie qui garantisse l'équilibre au sein de la nature en général et de nous-mêmes en particulier.

    Les divers systèmes d'éléments

    Les éléments représentent les principes fondamentaux de la manifestation de l'ordre le plus bas, celui du monde physique. Comme tels, ils ne font pas référence aux éléments chimiques propres à la science, mais à des états de manifestation de l'ordre substantiel.

    • La tradition grecque distingue quatre éléments (Feu, Eau, Air, Terre), disposés selon les points cardinaux ou les saisons associées. La tradition Alchimique, dérivée de la grecque, a ajouté un cinquième élément, appelé Éther ou “quintessence”, bien qu'il ne soit pas une essence, mais une substance. Contenant tous les autres éléments dans un état indifférencié, il trouve sa place au Centre.
    • La tradition indienne comprend les mêmes éléments que l'Alchimique, mais disposés différemment. L'Éther au Centre; trois d'entre eux (Feu, Eau, Terre) situés le long d'un axe vertical en conformité avec leur mouvement ascendant ou descendant; le dernier, l'Air, associé à un axe transversal comme le suggère son mouvement.
    • La tradition chinoise fait aussi référence à cinq éléments, mais non identiques: la Terre située au Centre et les autres (Feu, Eau, Bois et Métal) disposés selon les points cardinaux ou les saisons.

    Les éléments du travail

    La tradition Grecque établit une distinction entre les principes actifs (Feu et Air) et les principes passifs (Eau et Terre). Afin de représenter la génération de toute la manifestation, les éléments sont disposés selon deux axes associant les principes opposés: un vertical (Feu, Eau) et un horizontal (Air, Terre).

    La distinction entre les éléments apparaît plus clairement au sein de la tradition indienne où le Feu participe d'un mouvement ascendant, l'Air d'un mouvement transversal tandis que l'Eau et la Terre sont en relation avec un mouvement descendant. L'ascension signifie se mouvoir en direction du Ciel (le Principe actif pur), la descente se déplacer vers la Terre (le Principe passif pur) et le mouvement transversal maintenir l'équilibre entre le Ciel et la Terre. L'Éther, l'état indifférencié de l'ensemble des éléments, symbolise le fluide immobile résidant au Centre et se répandant dans toutes directions associées aux éléments (Nord, Sud, Est, Ouest).

    Dans la tradition chinoise, le Bois symbolise le mouvement centrifuge tandis que le Métal caractérise le mouvement centripète. Naturellement, il serait inconcevable que les éléments puissent agir indépendamment de leurs relations au yin et au yang. Conformément à leur représentation spatiale, le Feu et le Bois, localisés au Sud et à l'Est, sont yang par rapport à l'Eau et au Métal, situés au Nord et à l'Ouest, qui eux sont yin.

    L'imbrication du yin et du yang dans le symbole yin-yang nous aide à comprendre pourquoi les éléments ne sont pas fixes, mais font partie d'un processus dynamique. En fait, ils se génèrent et se détruisent l'un l'autre continuellement en accord avec les constants changements en ce monde:

    • Au cours de la phase de génération, le Bois engendre le Feu qui, devenu cendres, engendre la Terre; la Terre génère le Métal dans son sein; le Métal chauffé engendre la vapeur qui devient Eau en se refroidissant; l'Eau engendre le Bois.
    • Durant la phase de destruction, le Bois craquelle la Terre; la Terre absorbe l'Eau; l'Eau éteint le Feu; le Feu fait fondre le Métal le Métal fend le Bois.

     

    Dans la tradition chinoise, la Terre est bien évidemment en relation avec la nature. Néanmoins, une question doit être soulevée. Comment la Terre peut elle d'une part contenir tous les éléments à l'état indifférencié et d'autre part être l'un d'eux au cours du processus de génération-destruction ? En fait, il est possible d'appréhender la Terre à deux niveaux. Située au Centre, elle symbolise l'état premier et indifférencié de la Nature, source de notre nature contrastée et manifestée. Partie prenante de la nature manifestée, elle participe au même titre que les autres éléments au processus de génération-destruction. Qui peut le plus peut le moins. La Terre symbolise à la fois les aspects “actif” (Nature) et “passif” (nature) du monde substantiel, ce que la tradition du Moyen Âge dénommait la nature “naturante” (naturans) et la nature “naturée” (naturata).

    Le processus de génération-destruction n'est rien d'autre qu'une succession de cycles de vie et de mort. Toute destruction ou mort dans un état de manifestation est toujours suivie d'une ré-génération ou re-naissance dans un autre en attendant qu'un autre cycle prenne la relève. Une succession indéfinie de cycles source de la diversité de la nature. Une diversité contenue en puissance dans le Centre où toutes les oppositions sont pleinement intégrées dans l'unité de la Nature.

    Au cours de la manifestation de la nature, la Terre ou l'Éther vient en premier, suivi des éléments les plus actifs pour terminer par les plus passifs. Sur la voie du retour à l'état indifférencié, la Terre ou l'Éther vient en dernier après les éléments les plus actifs précédés des plus passifs. Ce retour par degrés à l'état parfaitement équilibré constitue le premier pas sur le chemin conduisant du monde “substantiel” au monde “essentiel”.

    Que pouvons-nous en retirer au sujet de l'environnement ?

    Concernant l'environnement, la relation entre le Centre ou l'unité de la Nature et la diversité de la nature manifestée se reflètent dans l'unité fonctionnelle de base de l'écologie, l'écosystème. L'écosystème consiste en une communauté indépendante d'êtres vivant en relations étroites au sein d'un milieu physique (sol, eau etc.). Il peut être aussi petit qu'une mare de jardin et aussi grand que la biosphère, l'écosystème de la planète terre.

    Tous les écosystèmes dépendent entièrement du milieu par l'intermédiaire de flux continus:

    • De substances essentielles à la vie et qui obéissent à des cycles bien connus de génération-destruction. Leur bilan est rarement équilibré au sein des écosystèmes, en particulier urbains. Aussi, des compensations doivent s'effectuer entre eux comme, par exemple, entre écosystèmes aquatique ou marin et terrestre.
    • D'énergie, en particulier l'énergie radiante du soleil. Captée par les organismes auto trophiques, essentiellement les plantes vertes et le phytoplancton, l'énergie est convertie sous d'autres formes pour être stockée dans les molécules organiques.
    • D'informations régulatrices. Les êtres vivants ont développé des processus informatifs variés sur leur milieu (thermiques, hygrométriques, chimiques, électromagnétiques, gravitationnels, vibratoires, mécaniques etc.). Grâce à ces processus, des messages sont captés, interprétés et reçoivent une réponse appropriée.

    La diversité des espèces au sein d'un écosystème crée des interdépendances que traduit souvent la variété des chaînes alimentaires. En tant que producteurs primaires de toute chaîne alimentaire, les plantes servent de nourriture aux herbivores occupant un rang plus élevé dans la chaîne (consommateurs primaires). Les herbivores constituent des proies pour les carnivores d'un rang encore plus élevé dans la chaîne (consommateurs secondaires) etc. Les plantes non utilisées, laissées aux décomposeurs, retourneront au milieu après recyclage.

    Il est évident que les plantes, localisées au début d'une chaîne alimentaire, ne peuvent qu'abonder comparativement aux grands prédateurs en fin de chaîne. En conséquence, chaque chaîne alimentaire prend l'aspect d'une pyramide alimentaire. Sa base est occupée par les plantes, les niveaux intermédiaires par les diverses espèces animales et le sommet par un type unique de grand prédateur. Dans ces conditions, nous comprenons mieux comment l'homme est à même de troubler les équilibres écologiques à l'instar de toute perturbation externe dépassant un seuil au-delà duquel les changements deviennent irréversibles. Ce n'est pas par hasard que les interventions de l'homme perturbent le principal facteur externe de la stabilité relative des écosystèmes, le climat. Le changement de climat peut avoir d'importantes conséquences car la relative stabilité de l'écosystème favorise la diversité des espèces par le biais de l'expansion des niches écologiques et plus un écosystème est diversifié, plus il sera en mesure de répondre de manière appropriée aux défis du milieu.

    Les écosystèmes représentent des centres secondaires du Centre principal, la biosphère. Leur manifestation prend l'apparence de constants balancements entre processus de destruction et de génération régularisant la vie des espèces:

    Quelques processus de génération-destruction d'un écosystème


    Dans les conditions naturelles, tous ces processus sont équilibrés au sein de l'unité de l'écosystème. Considérer la diversité des processus de génération-destruction hors de leur unité finit en une série indéfinie de ruptures d'équilibre. D'autant plus qu'un écosystème n'est pas clos, mais ouvert, où flux entrants et sortants contribuent à maintenir en équilibre les différents processus de génération-destruction. Génération, destruction et maintien (de l'équilibre) sont les trois facettes de la conservation de la vie des espèces


    votre commentaire
  • Introduction

    En dépit de la mondialisation, la planète n'a jamais été aussi fragmentée qu'aujourd'hui. En particulier, les aspects sociaux, environnementaux et économiques de cette expansion ne sont pas intégrés. Les considérations sociales et environnementales elles-mêmes sont toujours scindées en emploi, conditions sociales, santé, éducation etc. pollution de l'air, de l'eau, du sol et ainsi de suite alors que leurs inter relations sont évidentes. Elles font parties d'un tout. Et que dire de l'être lui-même morcelé en de multiples personnages (personne au travail, membre de la famille, charmeur, lunatique, rêveur, joyeux, dépressif etc.) et, néanmoins, qualifié d'individu (de “individuum” ou indivisible).

    La vue fragmentée de l'environnement reflète la fracture de la nature propre de l'être, essentiellement entre le temporel et le spirituel. Incapable d'accéder à sa propre unité, il ne peut percevoir l'unité du monde et, par conséquent, observer la célèbre recommandation, “Penser globalement, agir localement”, pour les raisons suivantes:

    • Le mental humain est utilisé et entraîné à définir, analyser, diviser, classer etc. À synthétiser parfois, mais certainement pas à globaliser. Seule l'intuition directe, celle au-delà et non en deçà du mental, la pure intelligence (de “intellegere” ou comprendre, i.e. prendre ensemble) est à même d'accéder à la vue globale.
    • Toutes les actions humaines ont des conséquences que l'être est totalement incapable de prévoir et d'évaluer et qui ne sont certainement pas localisées dans l'espace et dans le temps.

    Aussi, le spectacle des désastres quotidiens sur cette planète nous montre clairement que l'homme actuel est probablement plus enclin à “penser localement et agir globalement” que jamais.

    Pour sortir de cette situation délétère, il est vital de dépasser la fracture au sein de l'être lui-même. Pour y parvenir, un meilleur équilibre entre les vues temporelle et spirituelle est nécessaire afin de devenir véritablement un individu (de “individuum” ou indivisible, un). Réconcilier l'être avec sa véritable nature ainsi que sa nature intérieure avec la nature extérieure l'aiderait à se rapprocher de la vision globale . Alors, la nature extérieure n'aurait plus besoin d'être sauvée, seulement d'être respectée. La nature secourue à coups de milliards n'est qu'une nature en détresse. La nature authentique fonctionne toute seule sans aucune aide.

    Profondément ancrés dans une vision globale du monde, les symboles peuvent nous aider à mieux comprendre les représentations du tout et leurs relations contextuelles avec les parties.

    Unité et polarité

    Toutes les forces motrices de la nature extérieure et humaine trouvent leurs racines dans une tension intermédiaire entre opposés. Il n'y aurait pas de lumière sans obscurité, de courage sans peur, de joie sans peine, de grandeur sans faiblesse et d'homme sans femme.

    De même que l'homme et la femme peuvent se réconcilier au plan exotérique (extérieur ou temporel), nos propres composantes masculine et féminine peuvent fusionner au plan ésotérique (intérieur ou métaphysique). En effet, les tensions entre opposés ne sont pas condamnées à perdurer, elles peuvent muer en complémentarités et les compléments devenir Un. Dès lors, les opposés sont unifiés dans l'Unité première. Inversement, la polarisation de l'Unité donne naissance à l'émergence d'opposés qui, en réalité, ne font qu'un.

    L'Unité dans la multiplicité et la multiplicité dans l'Unité peuvent être mieux comprises à partir de l'exemple d'un simple cercle. Bien que nous considérions des concepts tels que “début” et “fin” comme opposés, chaque point de la circonférence du cercle peut être perçu à la fois comme un commencement et une fin. De plus, si nous dessinons deux cercles concentriques et un rayon commun, nous observons que tout point du plus “petit” correspond à un point du plus “grand” et inversement. Ainsi, les deux cercles ont le “même” nombre indéfini de points et, en réalité, ne font qu'un. Seule l'illusion dualiste de notre mental qui privilégie la mesure quantitative (“petit” ou “grand”) par rapport à l'aspect qualitatif (le “même” en principe), nous les fait voir comme distincts. En fait, tous les cercles concentriques ont le même centre qui représente “l'Unité” s'étendant également dans toutes les directions à l'image des vibrations pulsées à partir d'une source unique.

    De façon similaire, la tradition hindoue dit que “vie et mort sont une même chose”. Cela signifie que ces deux états opposés, mutuellement interdépendants, sont deux facettes d'une même réalité qui est une. En effet, mort et vie correspondent à la fin d'un cycle et au début d'un nouveau.

    La polarité fondamentale : Ciel et Terre

    Depuis les temps immémoriaux, les êtres humains ont scruté le ciel pour obtenir des réponses aux questions soulevées sur terre. Il s'ensuivit que la première polarisation de l'Unité, notamment dans la tradition chinoise, fut forgée à partir du Ciel symbolisant “l'Essence” et de la Terre représentant la “Substance”.

    En tant que symbole solide et stable, la Terre est souvent représentée par un carré entouré d'un cercle concentrique décrivant le Ciel comme dans les anciennes pièces de monnaie chinoise. Dans cette représentation, l'intérieur du cercle (Ciel) contient l'extérieur du carré (Terre). Au sein de la région intermédiaire, là où le Ciel “intérieur” rejoint la Terre “extérieure”, les influences céleste et terrestre se rencontrent et s'équilibrent pour produire les “dix mille êtres”, i.e. tous les êtres manifestés.

    De par sa forme circulaire, le Ciel s'étend également dans toutes les directions sans en favoriser aucune. Au contraire, la Terre carrée privilégie les quatre directions en relation avec les points cardinaux du point de vue spatial ou les cycles variés liés à une perspective temporelle (saisons, âges de l'humanité, lunaisons etc.).

    En architecture, la Terre est naturellement représentée par un cube chapeauté par un dôme hémisphérique symbolisant le Ciel et dont la base peut être circulaire or octogonale. L'expression traditionnelle concise: “Le Ciel couvre, la Terre supporte” décrit les rôles des deux principes complémentaires. Ils sont respectivement supérieurs et inférieurs à l'ensemble de la manifestation caractérisée par la ligne de séparation circulaire ou octogonale. L'octogone fait référence aux directions des points cardinaux et intermédiaires et symbolise le plein développement de la manifestation.

    La verticale qui joint le sommet du dôme au centre de la base du cube représente “l'Axe du Monde” le long duquel influences céleste et terrestre se rencontrent. La clé de voûte surmontant le dôme, dénommée aussi “faîte du Ciel”, symbolise l'Unité, le Principe d'où rayonnent la polarité Ciel/Terre et l'ensemble de la manifestation. Au cours de la construction, la clé de voûte apparaît comme le couronnement de l'édifice et son achèvement ultime.

    Tout en marchant autour de l'édifice, vous voyez toute la construction se déplacer apparemment en sens inverse par rapport à son axe fixe. Le vertex de l'axe symbolise, dans la tradition chinoise, le Principe “non-agissant” (Wu-wei), la “Grande Unité”, le Tout source du principe actif, masculin, positif, lumineux ou yang (Ciel) et du principe passif, féminin, négatif, obscur ou yin (Terre).

    Toutes ces caractéristiques (actif et passif, positif et négatif etc.) doivent être comprises comme des polarités du Tout. Le Yi-king dit qu'il n'y a pas de yin sans yang ni de yang sans yin comme l'illustre l'imbrication des parties blanche et noire du fameux symbole yin-yang. La “Grande Unité” maintient l'équilibre entre les influences céleste et terrestre, active et passive, positive et négative, masculine et féminine etc. Aussi, les polarités de l'Unité ne devraient jamais être considérées séparément, sinon elles risquent de perdre leur étroite interdépendance et la faculté de jouer leur rôle de complémentaires.

    Que pouvons-nous en tirer au sujet de l'environnement ?

    Tout comme le Ciel et la Terre, tous les opposés se complètent l'un l'autre au sein de l'Unité ou du Tout. Inversement, le Tout se manifeste, se polarise sous la forme d'opposés qui ne trouvent leur signification profonde qu'en Celui-ci.

    Une telle vision se fonde sur le “paradigme de l'unité du monde” où les dualismes ne s'opposent plus, mais s'entretiennent l'un l'autre dans un tout. Cette vue résulte d'une raison pertinente: le tout contient quelque chose de plus que ses parties. Par exemple, chez les êtres vivants, la capacité de s'adapter et de se développer ou la faculté de créer une pluralité d'états variés et dynamiques.

    Considérons quelques exemples relatifs à l'environnement et à la santé:

    • Les niveaux autorisés de pesticides dans les denrées alimentaires sont définis indépendamment pour chacun d'eux. Toutefois, les normes ne reflètent pas la réalité. La plupart des aliments contiennent en effet un cocktail de substances chimiques dont l'effet global peut être plus important que la somme des impacts des composants considérés séparément. Or, les études de toxicologie prennent rarement en compte ces effets de synergie sur les êtres vivants et les écosystèmes.
    • Les insectes ont développé la production de nombre d'hormones sexuelles appelées phéromones. Ajouter aux phéromones des composants similaires synthétisés, inactifs par eux-mêmes, peut accroître l'activité sexuelle. Inversement, substituer des composants synthétisés aux phéromones conduit à une chute brutale de cette activité. Il doit y avoir, dans les phéromones, quelque chose de plus que les propriétés des substances chimiques pour expliquer ce phénomène.
    • Dans le vers à soie, un mélange de substances est actif même si chacune d'elles ne l'est pas. Cela va à l'encontre de la vue commune consistant à isoler un principe actif au sein de l'un des composants.
    • Similairement, un extrait de feuille d'artichaut révèle plusieurs propriétés (diurétiques sur les reins et variées sur la sphère hépatique). La recherche des substances responsables de ces effets a conduit à isoler six constituants principaux. Cependant, aucune de leurs combinaisons partielles n'était totalement efficace. Seule leur association complète possédait les mêmes propriétés que l'extrait.

    De nouvelles propriétés, non révélées par les parties constituantes, émergent de leur association. Cela évoque les mots fameux du scientifique et philosophe Blaise Pascal: “Le tout est plus que la somme des parties” ou “Toute chose étant causée et causante, aidée et aidante, médiatement et immédiatement, et toutes (choses) s'entretenant par un lien naturel et insensible qui lie les plus éloignées et les plus différentes, je tiens pour impossible de connaître les parties sans connaître le tout, non plus que de connaître le tout sans connaître les parties”. La vie est un tout où les parties, au lieu de suivre des voies différentes, travaillent de concert. Les parties résultent de la désintégration du tout, le tout constitue le couronnement de l'intégration des parties. Un ensemble de composants devient un tout par le biais de leurs interactions mutuelles et de leurs relations avec leur environnement commun. Prendre en compte ces inter relations signifie passer d'une approche fragmentée à une vision holistique.

    De plus, dans le domaine de la science et de la recherche, cela implique de passer d'une approche “analytique” étudiant les éléments séparés dans des “conditions de laboratoire” à une approche davantage “holistique” investiguant les systèmes vivants dans leur ensemble et dans des “conditions naturelles”. C'est la seule voie pour comprendre réellement les impacts de nos modes de vie sur la santé de la biosphère et des populations composant nos sociétés.


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique