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Par biribibi le 15 Août 2010 à 15:43
Ce document est du domaine de l'apophatisme (théologie négative) qui consiste à nier ce que Dieu n'est pas. Le cogito de Descartes René Descartes, en raisonnant avec méthode et doute, parvient à la conclusion suivante : je pense donc je suis. La pensée, le langage sont corrélés avec l'être. Cette conclusion est semblable à celle que j'ai traitée dans la page sur la connaissance : le langage et l'être sont UN. L'être est le langage La définition ici de l'être est le sujet conscient et non les faits en tant qu'objets.
Si l'être et le langage sont un, alors si l'être est inconnaissable et que le langage est connaissable, alors les faits sont distincts du langage et le langage n'est pas l'être. Argument rejeté car cela contredirait le cogito ergo sum. Si les faits et le langage sont connaissables, alors l'être est connaissable. Argument rejeté car l'être est métaphysique et inconnaissable. Si les faits sont connaissables et que l'être est inconnaissable, alors l'être n'est pas un fait. Le langage n'est pas un fait. Le langage pourrait être a priori inconnaissable, c'est-à-dire inépuisable. Argument retenu. Le langage est inépuisable comme les mathématiques, et dès lors on peut imaginer tous les concepts. L'imagination n'a bien donc aucune limite. Théorème : le nombre de concepts imaginables est supérieur au nombre de faits possibles.
Sur les arguments ontologiques de l'existence divine Admettons que l'ontologie et la métaphysique soient connaissables. Si nous rencontrons des incohérences ou des contradictions dans la tentative de démontrer l'existence de Dieu, alors la preuve par l'absurde peut conduire à la réfutation des arguments ontologiques de l'existence divine. La connaissance naît de l'expérience. Sans expérience de la vie, nous n'apprendrions rien, sans expérience de la souffrance nous ne pourrions pas connaître l'empathie, ni devenir mûr. Ce point sera expliqué plus bas. L'argument ontologique sur l'existence de Dieu le plus connu est celui de Descartes. Descartes argumentent en deux propositions seulement pour donner une conclusion favorable à l'existence divine.
Proposition 1 : Dieu est parfait.
Proposition 2 : la perfection existe. Conclusion : donc Dieu existe. Ce syllogisme est structurellement correct du point de vue logique. Cependant, affirmer que Dieu est parfait va au-delà de l'axiome, c'est un dogme dont la véracité est inconnaissable. Toutefois, on va continuer le raisonnement en admettant l'hypothèse que Dieu est connaissable… La perfection ne peut pas exister, parce que si elle existait, la conséquence serait que si la nature est parfaite, alors elle ne souffre d'aucune erreur ni défaut. Or la nature est un processus évolutif et muable. Si la nature était parfaite, l'absence d'erreurs abolit l'idée d'évolution et de hasard ainsi que de libre arbitre. Si la perfection existait, la connaissance ne pourrait jamais être acquise, et bien des choses n'existeraient pas si la perfection existait.
Un raisonnement simple permet de comprendre pourquoi la perfection est impossible : - Soit A la perfection, alors ¬A est l'imperfection (la négation) ; - A et ¬A sont deux ensembles disjoints ; - Le principe du tiers exclu énonçant que si A est vraie alors sa négation est fausse est réciproquement si ¬A est vraie alors A est fausse, on peut écrire la chose suivante : - Si un objet est parfait, alors il n'inclut pas l'imperfection (principe du tiers exclu), mais n'incluant pas cette dernière il est donc imparfait, au sens qu'il ne possède pas la propriété d'imperfection. - Ceci implique que la perfection n'existe pas.
Autre raisonnement sur le concept de perfection : Si la perfection réunit tout ce qui est vrai, beau, éternel, et toutes les qualités positives, on suppose qu'elle n'admet aucune erreur, ni la mort, ni rien de négatif. Si les erreurs n'existaient pas pour permettre la perfection, qu'obtiendrions-nous ? Dans la théorie de l'évolution de Darwin, les espèces vivantes procèdent par essais : si ça marche, elles survivent, si ça ne marche pas elles disparaissent. Les erreurs peuvent parfois stimuler l'évolution, grâce notamment à la mort qui permet de recycler la matière organique, ainsi que les risques pris par des animaux qui peuvent permettre une meilleure adaptation aux milieux. Sur le plan de la psychologie humaine, les erreurs permettent de forger la personnalité individuelle grâce à l'expérience de la vie. Les erreurs sont une forme d'apprentissage. Les erreurs s nt une source de sagesse. Maintenant, revenons au concept de perfection : ni mort, ni erreurs, cette absence de qualités négatives serait-elle bonne pour la vie et la survie ? Il semble que non. Sans les erreurs, il n'y aurait pas d'évolution, et les espèces stagneraient et s'éteindraient sans pouvoir s'adapter. Sans erreurs, chaque être humain n'apprendrait rien de la vie, et resterait immature. Si la perfection existait, la vie ne serait pas possible. Or la vie existe, donc la perfection n'existe pas. Réfléchissons, si la perfection existait, il n'y aurait que du beau, du vrai, du sain. Mais si les qualités négatives étaient exclues et inexistantes, comme la laideur, la maladie et la souffrance, la perfection serait-elle capable d'empathie, de compassion, de respect et d'altruisme ? La perfection entraîne un problème éthique : nous respectons les hommes parce qu'ils peuvent souffrir (physiquement de maladies, ou moralement à cause de leurs différences) ou mourir. Si personne n'était sujet à la souffrance ni à la mort, le respect et l'empathie seraient-ils des concepts connus ? Exemple : Je frappe mon voisin, il a mal. Il souffre. La règle morale dit de ne pas faire à autrui ce qu'on ne voudrait pas qu'on nous fasse. Simplement parce que l'irrespect entraîne la souffrance. L'empathie permet de respecter autrui parce que nous, en tant qu'humains, pouvons souffrir comme nos semblables. Ensuite, supposons que je frappe un être qui ne connaisse ni la souffrance ni le moindre mal (un ange, un extraterrestre, un fantôme…). Il reste indifférent et ne considère pas la violence comme une aggression. Donc le concept de respect lui est inconnu s'il n'a jamais eu l'expérience de la douleur.La perfection physique qui rend un être insensible à la douleur le rend imparfait sur d'autres aspects. Nous le voyons, chaque qualité positive a besoin de son contraire pour exister. Si nous tentions de ne réunir que les qualités positives en excluant les attributs négatifs pour avoir la perfection, nous obtiendrions des contradictions. En effet, la perfection c'est toutes les qualités : le respect, l'empathie, le bonheur, etc. Mais il suffit d'y ajouter l'éternité, la santé absolue, pour entrer en contradiction avec l'empathie et le respect. Si la perfection pure existait, elle ne pourrait donc pas réunir la totalité des qualités positives. Pour conclure, l'intelligence est-elle une qualité positive ? Les biologistes savent que l'intelligence est propre à tous les animaux prédateurs, comme l'homme, les araignées, les chiens, les chats… L'intelligence permet d'élaborer des stratégies pour capturer des proies difficiles. Est-il moralement mal de tuer, même pour se nourrir ? Si c'est mal de tuer, alors c'est mal d'être intelligent. Si c'est bien d'être intelligent, c'est bien de tuer. On le voit, la perfection absolue entraîne nécessairement des contradictions.
Sur une autre formulation de l'argument ontologique En reprenant autrement l'argument ontologique de Descartes, nous prenons de nouvelles propositions. Nous savons que la perfection n'existe pas sans l'imperfection, donc Dieu ne peut pas être totalement parfait. Si Dieu était fondamentalement parfait, ce serait un non-sens. Supposons toujours que Dieu existe. Si Dieu est parfait et que la perfection n'existe pas, alors Dieu n'existe pas. Si Dieu n'est pas parfait et que la perfection n'existe pas, alors Dieu existe mais celui-ci est imparfait, et ne peut pas être un dieu. L'argument ontologique peut être critiqué sous une autre forme : le problème du mal. * si Dieu existe, il est tout puissant et bon ; * si Dieu est tout puissant, il a le pouvoir de supprimer le mal ;* s'il est bon, il doit vouloir détruire le mal ; * or, le mal existe ; * donc Dieu n'existe pas. Cependant, les théologiens peuvent s'y opposer par cet argument : * Dieu est tout puissant et bon * Dieu permet que le mal existe * Donc Dieu a une raison morale de permettre l'existence du mal. On voit que, jusqu'à maintenant, s'il est impossible logiquement de prouver l'inexistence de Dieu, il est également malaisé de tenter de prouver son existence.
Sur le problème des attributs divins Les théologiens du christianisme ont “décrit” (par je ne sais quelle voie d'accès à cette connaissance) des attributs de Dieu. En effet, on peut relever que parmi les attributs de Dieu, il y a l'immuabilité et l'unité (c-à-d. être non composé de parties). Si Dieu est UN, et strictement UN, cette propriété d'unité absolu exclut la multiplicité. Comment alors attribuer des propriétés morales qui s'ajoute à un être ? En effet, il ne serait plus UN. Si les théologiens peuvent nous affirmer quels sont les attributs de Dieu (immuabilité, unité), cela signifie que Dieu est connaissable. Il serait alors factuel. Qu'est-ce que l'immuabilité ? C'est l'absence de mouvement. Si Dieu est connaissable, il peut être analysé. En thermodynamique, dans toute matière discontinue (par exemple, notre matière), l'immobilité absolue des atomes est un phénomène qui a une définition. L'immobilité complète des atomes, l'immuabilité matérielle, c'est la température du zéro absolu, et une entropie nulle et définitive. L'entropie nulle indique qu'il n'existe qu'un seul état possible pour la matière immuable. La matière immuable peut exister, et atteindre le zéro absolu (-273,15 °C), ce sera le cas au terme d'un temps infini quand notre univers se sera refroidi à l'extrême. Dans un système immuable, il n'y a aucune température ni entropie. Il n'y a aucun échange d'énergie. On peut même parler d'absence de rayonnement de type “corps noir”. Une matière composée d'atomes, comme on vient de l'évoquer, ne produit aucune lumière. Quel rapport avec Dieu tout ça ? On a entendu dire que Dieu est immuable et unique. A quoi ressemble donc de la matière qui n'est pas composée d'une multitude d'atomes ? Prenons donc un univers peuplé d'un atome unique, un atome solitaire et isolé autour duquel il y a le vide. Le système ici n'a qu'un seul état possible, son entropie est nulle. Cependant, puisqu'il n'est pas possible de définir un mouvement, c'est un non- sens d'évoquer le concept de température dans cet exemple. En effet, le mouvement est une propriété qui a besoin d'un référentiel. Un mouvement relatif n'est perceptible que si on étudie le déplacement d'un objet par rapport à un autre. Un atome unique et immuable constitue un non-sens, on ne peut pas avoir une entropie nulle et avoir un non-sens thermique. L'entropie est un rapport de variation de quantité d'énergie sur une variation de température.
Sur le non-sens de l'immuabilité En résumé, dire que quelque chose est unique et immuable est une absurdité, un non-sens. Cela s'applique aux attributs de Dieu. Dieu est donc inconnaissable et la théologie chrétienne se base sur des dogmes erronés. De plus, l'immuabilité de la matière discontinue (composée d'atomes) implique la température la plus basse (le zéro absolu). L'immuabilité est donc très froide, exempt de lumière. L'immuabilité est donc ténèbres, du point de vue thermodynamique. Dieu et le diable sont-ils une seule et même personne ? De plus, sans échange d'énergie, comment l'information peut-elle circuler de Dieu vers les hommes ? Dieu est donc inconnaissable. A moins que Dieu et l'Homme soient une seule et même personne (cela lèverait la contradiction).
Conclusion
Théorème 1 : un corps ne peut être à la fois immuable et non composé de parties.
Théorème 2 : l'immuabilité interdit toute notion d'énergie et d'information, et sans information aucune révélation divine n'est possible. Le concept d'immuabilité contredit l'origine divine de la Bible. En relativisant, nous pourrions supposer qu'un “dieu” existe, mais dont on ne peut rien dire parce qu'il est inconnaissable. L'agnosticisme est la seule conséquence d'une tentative de connaissance de “dieu”. Pour les religions monothéistes, Dieu désigne un être suprême, créateur de notre univers et doué de la perfection absolue. L'existence d'un dieu des religions monothéistes est contestable, source de contradictions et de non-sens. Nous avons évoqué l'absurdité de la perfection absolue et de la création à une époque cosmologique où le temps naît avec l'univers. En résumé, nous ne saurons jamais s'il existe un dieu ou pas, mais nous pouvons déclarer que le dieu décrit par les religions monothéistes est la plus grande mystification de l'histoire de l'humanité.
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Par biribibi le 13 Novembre 2009 à 08:47
La prodigieuse aventure de la vie est marquée par une montée progressive vers la réalisation d’une conscientisation de plus en plus affirmée. Cette évolution est guidée par une intelligence créatrice émanant de l'univers entier. De poussières d'étoile nous voilà Homme capable d'élan mystique.
Et nous ne sommes pas arrivés au bout du chemin. Nous pouvons avancer que l’espèce humaine est destinée à franchir un jour le seuil.
Certains pensent que l’être humain aurait deux consciences, l’une physique et cérébrale, l’autre spirituelle utilisant le cerveau comme relais. Celà signifie-t-il qu' il existe-t-il un domaine accessible par l’intelligence, et un domaine supérieur, correspondant à des niveaux différents de conscience? Certains pourraient y accèder : mystiques, croyants, chercheurs spirituels, chamanes, voire drogués... à des degrés divers Par ailleurs, une étude allemande de 2002 suggère que d’autres neurotransmetteurs, notamment les opioïdes (connus pour jouer un rôle important dans la sensation de douleur) pourraient être impliqués dans la cognition religieuse. Ainsi le "spirituel" aurait une origine purement chimique, donc matérialiste. L’esprit ramené à la matière. Il ressort de ces travaux que l’homme paraît "programmé pour croire en Dieu". Notre cerveau est doté d’un mécanisme biologique et psychologique inné qui nous rend sensible à l’idée d’existences divines. D’autre part, "notre perception intuitive du réel étant innée, sa transgression par les croyances religieuses provoque une réaction émotionnelle forte". Dit autrement, par l’évocation de ces transgressions contredisant notre entendement, nous sommes amenés "à leur attribuer un pouvoir explicatif supérieur".
Que nous apprend donc l'article « Notre cerveau est programmé pour croire » ? Que tout apparemment dans notre cerveau nous pousse à croire. Il est ainsi écrit : « notre étonnante aptitude à croire en quelque chose de supérieur trouve sa source, non au ciel, mais dans notre cerveau ». Et notre cerveau, quant à lui, où trouve-t-il son origine ? Et s'il est programmé, qui en est le programmateur ?S'il est une question qui divise , c'est bien celle de la conscience. Qu'est-ce que la conscience ? De quoi s'agit-il ? Où se cache-t-elle ? Dans le cerveau, hors du cerveau.
La conscience est le sentiment que l’on a d’être soi-même, différent de l’extérieur de soi, c’est la certitude immédiate de constituer une entité unique et particulière. Cette conception intègre une existence physiologique multiple et complexe : nous sommes composés de millions de cellules individuelles bien que solidaires, luttant chacune pour leur propre vie, ce qui assure la permanence de l’ensemble, et cet ensemble est " autre chose ", supérieur à la somme des cellules élémentaires.
Le vrai problème reste celui-ci : nous construisons " ce qui nous entoure " à l’aide de nos circuits neurocérébraux, sans avoir la possibilité de savoir si cette représentation est " vraie " ou " fausse ". Nous possédons donc un récepteur intérieur, mais QUI regarde ce récepteur ? Nous avons bien tous l’intime certitude (intuitive) de l’existence en nous d’un être à la fois intérieur et extérieur, qui est MOI. La conscience
Mais qu'elle réalité découvrirons nous derrière ce seuil et comment le franchir?
Les dernières recherches démontrent que certaines régions du cerveau sont associées à l'expérience religieuse. Notre cerveau serait structurellement apte à produire et capter le monde spirituel. Mais notre cerveau nous permet-il d 'aller plus loin et de pénétrer ce monde spirituel ?
De poussière d'étoile nous sommes devenus Homme. Et demain ?Nous disposons actuellement des outils requis pour étudier comment sont provoquées les différentes formes d'états de conscience altérés et ce qui se passe dans le cerveau lorsque ils se produisent. Des progrès rapides faits par plusieurs centres de recherches et universités dans ce domaine amènent l'émergence d'une nouvelle branche de la neurologie nommée "neurothéologie" qui met en oeuvre des professionnels qualifiés et une technologie de pointe pour étudier ce qui se passe dans le cerveau lorsque les humains vivent une "expérience mystique" et comment certaines pratiques rituelles et certaines drogues (enthéogènes), peuvent faciliter ou provoquer sa venue.
Des scientifiques d'horizons divers n'hésitent plus à mettre contemplatifs et moines bouddhistes dans le cylindre de leurs IRM et sous l'œil de leurs caméras à positons. Et découvrent comment le cerveau produit l'extase et invente la transcendance.
L'émergence de ce nouveau champ de la science divise ceux qui croient à un plan spirituel entre ceux qui craignent que cela réduise l'expérience mystique à un simple artefact du cerveau et ceux qui maintiennent que nous en sommes seulement à la découverte du chemin que Dieu a prévu dans notre cerveau pour permettre à certains d'entre nous de l'atteindre directement.
La fusion "extatique" avec Dieu, n’est pas l’apanage des chrétiens. Les bouddhistes avec la méditation, et les soufis musulmans avec leurs transes connaissent les mêmes phénomènes. Des travaux récents de neurobiologistes font apparaître que le cerveau est structuré pour que l’homme adhère à l’idée du divin. "Au coeur de la propension à la foi, il y aurait ... la sérotonine, une substance qui, dans le cerveau, transmet l’information d’un neurone à l’autre".
Dans les années 90, des travaux avaient montré que la sérotonine pouvait provoquer des états similaires à ceux causés par les drogues psychédéliques (ex : le LSD) comme la modification de la perception, les hallucinations ou le sentiment de fusion avec le monde... "soit ni plus ni moins que les sensations que les mystiques disent éprouver au cours de leurs états extatiques". L’équipe suédoise de la neurobiologiste Jacqueline Borg a montré que plus le taux de sérotonine était élevé, plus la religiosité des sujets de son expérimentation était avérée. La scientifique conclut : "le système de production de sérotonine pourrait bien être vu comme l’une des bases biologiques de la croyance religieuse, même si le résultat de l’étude doit encore être précisé avec des travaux menés sur un panel de volontaires plus large.
D’autres recherches sur la structure du cerveau ont révélé une zone du cortex, le cortex pariétal supérieur qui fonctionne au ralenti lors du fameux sentiment de fusion mystique avec le monde. Ce rôle a été mis en évidence par le neurobiologiste Andrew Newberg lorsqu’il a analysé l’activation cérébrale de moines tibétains bouddhistes en état de méditation. Ce ne serait pas la seule zone du cerveau concernée. Les recherches du neurobiologiste américain Michael Persinger suggèrent "que la stimulation électromagnétique des lobes temporaux, ces aires localisées au niveau des tempes, déclencherait la sensation d’avoir à ses côtés une présence divine. Ces aires pourraient donc être impliquées dans l’aptitude à ressentir une présence divine."
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Par biribibi le 6 Novembre 2009 à 12:40
Bien que vivant dans un monde insensé, par l'esprit nous-nous créons de toutes pièces un monde de finalités, un monde mental où tout doit avoir un sens, une signification. Nous donnons des noms aux objets, aux personnes, aux animaux, à nos concepts… Certes, ce n'est pas pour autant que le monde matériel recèle en lui-même du sens, mais nous attribuons aux choses et aux êtres des objectifs, des finalités suivant nos besoins, et nous concevons, construisons, bâtissons, avec ces éléments définis.
C'est ainsi que furent construits les langages où chacun de leurs mots a un sens, une signification dont les dictionnaires s'efforcent d'établir. Et ces langages sont basés sur le principe de la finalité, de la " cause finale ", car c'est l'idée que nous voulons exprimer qui motive notre discours : nous construisons nos phrases, notre texte, nous développons nos propos en vue de…
Non seulement le langage est basé sur le principe de la finalité, mais toutes nos activités le sont également. En fait nous donnons du sens à la vie, et notre vie n'a de sens que celui que nous lui donnons.
Chaque individu donne un sens à son existence et crée son propre monde mental. Un monde fait de souvenirs, d'expériences vécues, de jugements, d'appréciations, de sens donnés à ce qu'il voit, à ce qu'il subit, à ce qu'il fait, à ce qu'il va faire, à sa propre vie…. Un monde d'une importance vitale, car en lui se forge et repose la personnalité, l'existence.
Étymologiquement le mot existence a un sens plus étendu que le mot être. Il vient du latin exsistencia ("ex" et "sistere"). Il évoque le mouvement et signifie partir de ce que l'on est (ex) pour s'établir (sistere). En ce sens l'homme est et existe. Car, conscient de ce qu'il est et de ce qu'il peut devenir, il modifie volontairement son état. Toutefois, ce passage d'un état vers un autre ne doit pas s'arrêter. Le mouvement doit être transcendant, volontaire et constant. "L'existant" est celui qui, sans cesse, conscient de son être et de ses possibles futurs, choisit librement ce qu'il veut devenir et exprime ses choix en les réalisant.
Voilà ce que nous apporte le monde mental, le monde du sens : il nous apporte l'existence.
C'est étrange ! Car, si notre individualité, notre identité, notre existence même, ne peut se développer que grâce à notre " machine à produire du sens ", alors nous vivons par l'esprit. Ou plutôt nous vivons une double vie : une vie organique, animée, et une vie intime faite de convictions, de volonté, de sens, de conscience. Vue sous cet angle, nous serions plus des esprits, que des êtres physiques.
Même si nous savons que notre liberté est apparente. Même si nos finalités ne sont que l'exploitation plus ou moins volontaire d'expériences causales. Notre vie d'être humain conscient est dans l'esprit, le monde du sens.
Considérons notre mode de perception. Que connaissons-nous des choses ? Ce qu'elles sont réellement ou les effets qu'elles produisent sur nous par le biais de nos sens ? Lorsque nous regardons un objet que voyons-nous ? Ce qu'il est réellement, ou bien les effets de la lumière que celui-ci réfléchit sur notre rétine ? Lorsque nous passons nos doigts sur lui, que perçoit et analyse notre cerveau ? L'objet ou les effets que nos sens nous transmettent ?
Tout ce que nous savons du monde passe par nos sens. Et ce que nous connaissons et analysons de lui n'est que son empreinte plus ou moins nette laissée, grâce à nos sens, sur nos facultés perceptives.
À tel point, que si nous perdons notre sensibilité, nous perdons nos récepteurs d'informations et, pour nous, le monde matériel disparaît. De même, si altérons nos sens ou si nous avons des idées préconçues, comme des pierres dans un bloc d'argile, nous avons une empreinte déformée des objets et nous sommes trompés dans notre perception.
Ce que nous connaissons de notre univers n'est qu'informations délivrées par nos sens. Nous vivons, par l'esprit, dans un monde d'informations. Et notre processus de compréhension est un processus de traitement de l'information.
Comme un scaphandrier dans un océan, nous avons une vie distincte de celle qui nous entoure. Et, chose étrange, ces deux mondes sont très différents.
Par exemple, sur le plan matériel, lorsque nous partageons un bien, nous en donnons une partie. Si je partage 500 € et vous en donne la moitié, j'en perds 250. C'est simple et sans appel. C'est le principe d'équivalence. Il est universel dans le monde physique. Pourtant, en ce moment même, je partage, que dis-je, je donne dans ces quelques lignes des idées sans pour autant les perdre. Je les mets en commun avec vous afin d'avoir votre avis. Car, partager des idées, des opinions, des sentiments, des émotions, n'entraîne aucune perte, bien au contraire.
Prenons un second cas qui montre bien cette différence entre le matériel et le mental. Notre démocratie française a pour magnifique devise : Liberté, Égalité, Fraternité. Elle sous-entend, que tous les hommes naissent libres et égaux en droits. Et l'on est tenté de croire qu'il est possible de créer les conditions favorables pour que cet épanouissement de la Liberté, de l'Égalité, et de la Fraternité, soit réel.
Cependant, malgré toute notre bonne volonté et tous nos efforts, cela restera toujours utopique. Jamais nous ne parviendrons à créer un monde juste, car ce monde physique n'obéit pas à nos principes spirituels. Certes, il y a dans la nature ce principe d'équivalence évoqué plus haut et que l'on peut symboliser par une balance avec ces deux plateaux bien équilibrés. Mais ce principe est aveugle et bien qu'il lui soit très proche, il n'est pas la justice qui est une volonté ferme et attentive de rendre à chacun ce qui lui est dû. Il n'y a pas de volonté, pas de dessein dans le monde physique. De plus, celui-ci ne tient pas compte des aspects affectifs, moraux, intellectuels… Et aucun homme, aucun organisme humain, ne peut posséder cette volonté ferme et attentive, cette capacité de connaître ce qui est dû à chacun, ni ce pouvoir suprême de le lui rendre . Or, sans justice, il n'y a ni liberté, ni égalité, ni fraternité.
Est-ce à dire que nous devons baisser les bras, abandonner tout espoir de justice ? Certainement pas ! Celle-ci est un idéal, et, comme tous les idéaux, c'est un concept inaccessible, basé, non pas sur le principe causal mais sur celui de la finalité. Or, sans idéal, nous perdons tout élan, toute motivation, toute inspiration, tout sens de la vie.
Comme un scaphandrier, nous sommes immergés dans un océan matériel extraordinaire qui nous émerveille. Mais notre vie à l'intérieur de notre scaphandre est différente de celle que nous percevons par les hublots de nos sens. Elle n'obéit pas aux mêmes lois. Elle est faite de sens, de volonté, d'idéaux. Par elle nous franchissons les frontières physiques. Nous goûtons à des notions idéales, des notions de justice, d'éternité, d'absolu…
Nous comprenons pourquoi parler de religion n'est pas chose facile. On touche à des convictions profondes en rapport étroit avec le sens que nous donnons à notre vie, à notre existence.
D'autre part, la dualité esprit/matière crée la confusion.
En effet, ceux qui s'appuient sur le principe causal rejètent, à juste titre, l'existence de dieu. C'est une constatation, dieu n'existe pas dans ce monde physique. En revanche, ceux qui ressentent, plus ou moins consciemment, le sens que génère l'esprit, se mettent à espérer en des idéaux, en l'incorruptible, en l'absolu, en un dieu esprit.
Pour nous, le sens c'est la vie. Par l'esprit nous-nous créons de toutes pièces un monde de finalités, un monde mental où tout doit avoir un sens, une signification. Nous avons la capacité intrinsèque de créer le sens de notre vie et ce faisant, nous-nous créons nous-mêmes. Nous avons la vie en nous.
Sur ce plan, comme le disent certains, nous sommes des dieux, car, non seulement nous donnons sens à toute chose, mais surtout, nous donnons un sens à notre vie, nous-nous donnons l'existence. En effet, puisque le propre de l'esprit c'est de donner du sens, si dieu il y a, il est esprit. Il est créateur dans la mesure où il donne du sens, où il donne un nom, une finalité, une raison d'être, à toute chose.
Rarement la notion de dieu est exposée ainsi. La plupart des croyants expliquent leurs dieux de façon complexe, obscure, dogmatique, contradictoire, avec tout un chapelet de traditions, de rites plus ou moins curieux, plus ou moins absurdes, plus ou moins abêtissants (pour ne pas dire plus), de contrevérités et de mystères où la raison se perd. Ce qui est un comble, pour un dieu esprit qui doit éclairer et donner du sens.
Alors, dieu existerait-t-il spirituellement ?
N'oublions pas que nos pensées, nos conclusions, ne sont que le résultat d'expériences personnelles mémorisées. Nous avons l'illusion de jouir de la liberté de pouvoir donner une finalité à nos actes. Mais nous ne sommes que ce que l'univers nous permet d'être.
Comment ce monde matériel sans cause, ce monde insensé, a-t-il débouché sur des êtres comme nous, des esprits vivant de finalités, capables de s'engendrer ?
Il y a là une inversion de principe...
2 commentaires -
Par biribibi le 6 Novembre 2009 à 12:13
Nous sommes tous soumis à la force de gravitation, croyants ou athées.
De cette constatation irréfutable, m'est venue l'idée de confronter tout événement de la vie et de la nature en général à l'idée de croyance ou non croyance en un dieu quelconque.
A l'échelle de l'homme, les souffrances, les plaisirs se vivent sans distinction, certaines croyances se méfiant même de tout plaisir de crainte d'avoir à subir des châtiments divins.
Des millénaires de mythologies et de sacrifices inutiles n'ont pas apporté le moindre bénéfice aux plus pieux d'entre les hommes.
Tsunami, SIDA, guerres, … affectent invariablement tous les individus de toute condition et toute confession. Nulle trace d'un justicier suprême distribuant les bons ou mauvais points en fonction de leur foi ou leur humilité. L'Homme doit imaginer et inventer ses propres justiciers à défaut (superman, …).
C'est d'ailleurs pourquoi les chefs de religion ne peuvent promettre un cadeau qu'après la mort, la belle affaire : aucun mort n'a jamais pu témoigner des bienfaits de la vie éternelle !
Mais revenons aux forces fondamentales : elles agissent sur la nature partout et invariablement depuis au moins le début du Big-bang (peut-être avant). Personne ne peut en modifier les constantes, quelles que soit nos connaissances, même si on peut les mesurer facilement aujourd'hui.
D'après les mythologies, un Dieu créateur a façonné l'univers, mais comment, les textes dits sacrés ne nous l'apprennent pas. En revanche, les forces fondamentales expliquent assez bien le processus de « création » d'abord des astres, puis des composés biologiques de plus en plus sophistiqués.
Il faut tout de même noter qu'il a fallu attendre des milliards d'années pour obtenir la première cellule, ce qui paraît en contradiction avec un « plan intelligent » (pourquoi attendre aussi longtemps ?), d'autant qu'on ne comprendrait pas pourquoi les dinosaures auraient été créés puis détruis et que tous les 100 millions d'années une météorite viendrait éliminer 90 % des espèces ! Ces événements ne collent pas avec le « dessein intelligent » que certains voudraient nous faire avaler !
Il ne faut pas oublier non plus que Einstein, aussi génial qu'il fût, a perdu le pari du déterminisme (Dieu ne joue pas aux dés), ses successeurs ayant réussi à démontrer la part de probabilité en mécanique quantique.
Les lois des probabilités jouent un rôle non négligeable dans l'univers, donc dans la vie de tous les jours, ne serait-ce que pour déterminer l'endroit exact où frappe la foudre, parce que l'ensemble des paramètres participant à la construction d'un fait sont si nombreux que le moindre écart de l'un d'entre eux change le cours des choses (effet papillon). On pourra toujours prétendre après coup que telle ou telle conséquence fait partie du destin, alors que personne n'a jamais rien pu prédire. (On peut simplement par des calculs prédire le retour d'une comète ou l'explosion du soleil en fin de vie ou autre tant que le nombre de paramètres est supporté par nos modèles).
D'où la nécessité de l'adaptation des espèces à la nature changeante, les mieux adaptées survivant aux aléas de la vie, les autres disparaissant inéluctablement, ce que Darwin et d'autres ont mis en évidence.
D'ailleurs, si l'on veut échapper aux catastrophes naturelles, il faut bien développer des techniques de plus en plus complexes découlant des avancées scientifiques bien plus efficaces que les prières ou les sacrifices en tout genre, y compris humains.
Les tenants d'un Dieu créateur ou d'un dessein intelligent n'ont de cesse de freiner l'acquisition des connaissances parce que seule l'ignorance des peuples peut les fortifier dans leur hypothèse. Mais là encore, ils doivent déchanter, car leur Dieu lui-même ne les a pas écouté en accordant aux hommes de science non seulement l'intelligence, mais aussi le courage et la ténacité de chercher les indices et les preuves. On pourrait même penser que « Dieu » est du côté de la science, que les seuls les scientifiques ont la foi, selon la définition qu'on lui donne.
Comme on trouve aussi des scientifiques croyants, on peut alors se demander qu'est-ce qui les sépare ?
Comme le l'ai déjà dit, vous avez les forces qui agissent sur tous, croyants ou athées, mais des sensibilités individuelles font la différence entre le besoin ou non d'une présence transcendante, certains ne pouvant vivre sans, ce qui explique la diversité des religions et des croyances.
Donc l'existence de Dieu ne trouve son explication que dans la vision personnelle par laquelle on perçoit le monde et non par une théorie universelle du Dieu créateur et bienfaiteur, mais pour la beauté du geste on peut dire que les règles fondamentales de la nature, éternelles et universelles représentent le Dieu éternel que les croyants désirent tant.
L'erreur fondamentale est de vouloir personnifier ou humaniser Dieu (Voltaire) ou de vouloir déifier des êtres vivants.
Les philosophes ont proposé au cours de l'histoire autant de théories plus ou moins couronnées de succès, mais ne faisant jamais l'unanimité comme les théories scientifiques.
D'où ma proposition simple expliquant les différentes composantes pour la compréhension de notre univers :
En hommage à Descartes, je parlerai de système à 3 dimensions :
La première concerne les invariants, les forces et constantes de la nature éternelles et universelles, donc non existentielles (ou appartenant au divin si on veut), mais qu'on ne peut jamais modifier, à la fois transcendantes et immanentes.
La deuxième appartenant aux monde des choses et êtres existentiels, donc mortels que ça soient des particules, des étoiles ou des hommes subissant les forces de la première.
La troisième réservée aux individus pourvu d'intelligence leur permettant de développer leur propre culture et règles sociales ou morales.
Avec ce concept vous pouvez placer tout ce qui existe et aussi toutes les idées humaines émises depuis l'antiquité.
2 commentaires -
Par biribibi le 6 Novembre 2009 à 11:57
"Les athées ne croient en rien ..." Combien de fois ai-je entendu cette phrase, ou quelque dérivé ? Et venant aussi bien de Chrétiens, que de Musulmans et même de Païens. Cette affirmation m'a toujours dérangé. En premier lieu, à cause de l'appropriation des mots croire, croyant, croyance. En effet, pour nombre de gens, le croyant est celui qui croit en un dieu, et plus généralement au(x) dieu(x) de la religion "officielle" de l'endroit. Ainsi, quand un gamin de six ans dans une quelconque cour de récré dit à ses camarades catholiques "Non mais moi, je suis pas croyant." il veut dire par là qu'il ne croit pas au dieu des Chrétiens. De même le calife est le "commandeur des croyants", oui, mais croyant signifie là "qui croit en Allah". Alors, est-ce vrai ? Les athées ne croient-ils en rien, n'ont-ils aucune croyance ?
Les vraies questions sont plutôt qu'est-ce qu'une croyance ? Qu'est-ce qu'une religion ? Qu'est-ce qu'un athée, vis-à-vis de tout ça ?
La première chose à faire, à mon avis, est de se mettre d'accord sur la notion de croyance. Notre système de pensée occidental repose sur un système démonstratif. Celui-ci oppose le vrai au faux, et définit que la combinaison d'informations vraies produit une nouvelle information vraie, que l'on peut dès lors inclure dans un raisonnement dit "logique". Exemple célèbre : les deux phrases "Tout homme est mortel." et "Socrate est un homme." sont vraies toutes deux. Par conséquent, la combinaison logique des deux — "Socrate est mortel." — est vraie aussi. On peut dès lors commencer un raisonnement qui aurait pour base la mortalité de Socrate. Dans ce modèle on trouve trois types d'informations considérées comme vraies :
- les faits. Ce sont là des choses indémontrables, qui sont vraies de par leur existence même. Ce qui ne signifie pas que l'interprétation qu'on en fait soit vraie : il est vrai que je vois tous les jours le Soleil se lever à l'Est et aller se coucher à l'Ouest ; mais il n'est pas pour autant vrai que le Soleil tourne autour de la Terre, ce qui semble pourtant être un fait, mais n'en est que l'interprétation.
- les propositions démontrées. Ce sont des affirmations qui ont été avérées à l'aide du système démonstratif sus-mentionné, et qui sont dès lors considérées comme indubitables, à condition que le raisonnement ait été mené rigoureusement.
- les propositions non-démontrées, qui nous apparaissent cependant être vraies. Quand elles ont un aspect fondamental dans un domaine scientifique, on les appelle des axiomes. Sinon, on les appelle des croyances. Ainsi, la validité du modèle démonstratif elle-même est une croyance. C'est un ouroboros.
On peut donc arrêter la définition suivante.
CROYANCE : toute information non démontrée et non factuelle qui apparaît vraie à un individu donné.
À partir de là, il convient de faire un peu de vide, car bien évidemment cette catégorie est très vaste. La seule croyance qui nous intéresse ici, est celle que j'appellerai la croyance divine. En effet, la question fondamentale qui doit être posée, pour catégoriser les humains quant à leur rapport au divin est "Selon vous, le divin existe-t-il ?" Pour bien être d'accord, là encore, il faut s'entendre sur le sens à donner à divin. Je propose la définition suivante :
Est divin tout ce qui permet de donner une explication à ce que le système démonstratif, dans l'état des connaissances, n'a pas su expliquer.
Ainsi, à la question "Pourquoi ma voiture est-elle tombée en panne ?", on peut répondre :
— Dans l'état de mes connaissances, je ne peux pas savoir.
— Parce que le carburateur avait 15 ans.
— Parce que je suis un mauvais croyant, et Allah m'a puni. Allah est grand.
— Parce que Saturne est en conjonction avec Mars dans la maison des Gémeaux.
— Parce que pour maintenir l'équilibre au sein du grand Tout, il fallait que ma voiture tombe en panne pour que celle Matsumoto Akira, citoyen japonais, puisse redémarrer.
— Ce n'est de toute manière que sorcellerie et invention du Diable, que cette machine infernale, et Dieu, dans sa grande magnificence, n'a pas permis qu'elle arpente encore le sol de cette terre. Repentez-vous maudits hérétiques !
Les deux premières réponses ne font pas appel au divin. Les autres, si.
Pour en revenir à la question "Selon vous, le divin existe-t-il ?", il apparaît évident que aucune réponse à cette question ne peut être démontrée logiquement, ni constituer un fait. Toute réponse est donc, selon les définitions données plus haut, une croyance. Il y a selon moi quatre réponses possibles :
- "Oui." Ce sont les théistes. Cette croyance à l'existence du divin est ce que l'on appelle la foi.
- "Non." Ce sont les athées.
- "Il est impossible de trancher." Ce sont les agnostiques modérés.
- "Je m'en fous. Laissez-moi finir mon sandwich." Ce sont les agnostiques radicaux.
Les deux derniers n'amènent plus matière à réflexion. Les athées se répartissent quant à eux entre athées modérés, et athées (dont je suis) que je qualifierais de "congénitaux". Cette distinction tient plus du neurologique que du spirituel. Ainsi, même dans une famille catholique, et envoyé à l'école des bonnes sœurs de cinq ans jusqu'au Bac, l'athée congénital ne parviendra jamais à croire au divin (j'en connais). L'athée modéré, en revanche, a la capacité neurologique de croire au divin : c'est le cas de ces gens qui sont athées depuis petits, mais qui arrivés à la ménopause / andropause virent religieux, voire mystique (j'en connais aussi).
Les théistes, quant à eux, sont beaucoup plus nombreux, et se répartissent en un nombre beaucoup plus important de croyances. On trouvera les polythéistes, pour qui le divin se répartit en plusieurs entités, qu'il s'agisse des animismes, des croyances chamanistes, ou du paganisme latin. En opposition à eux, les monothéistes, pour qui le divin n'est contenu que dans une entité unique, ou affectent de le croire : dans ce cas sont les religions du Livre, qui naissent nécessairement d'une volonté politique, et les constructions philosophiques, telles que le déisme (le divin est unique, mais je me refuse à lui donner une forme, car ce serait le réduire) ou le panthéisme (le divin est tout, chaque chose est une partie du divin). Enfin, un peu particuliers, les superstitieux : ceux-ci cachent le divin sous des oripeaux démonstratifs ; en effet, ils construisent des lois démonstratives, voire des modèles complets (la présence de Vénus dans la maison de la Balance favorise l'amour de ses natifs, dans la maison des Verseaux, elle provoque la tristesse, etc.), sur des axiomes de type divins (les mouvements des astres prédestinent la vie des hommes).
La conclusion que j'en tire est : oui, l'athéisme est une croyance !
Mais la réflexion ne s'arrête pas là. Ce qui gène beaucoup d'athées dans cette affirmation, c'est la confusion et l'amalgame trop souvent faits entre "foi" et "religion". Une fois posé l'axiome de l'existence ou non, du divin, il faut construire un modèle de représentation du monde en fonction de ce choix. Dans le cas d'une réponse positive, il faut nécessairement composer avec ce divin dans son explication du monde. Dans le cas d'une réponse négative, on est libéré des contraintes du divin, mais il faut également se passer de son aide !
C'est là qu'interviennent la religion et la science ! En effet, une croyance de type athée, exige que l'on se passe du divin pour expliquer le monde, et pour se réglementer. C'est pourquoi toute l'explication du monde se construit en utilisant à plein le système démonstratif : une explication n'est pas vraie si elle n'a pas été démontrée ; et il pourra venir plus tard quelqu'un qui montrera que la démonstration n'était pas assez rigoureuse, et qui proposera une explication meilleure, car plus rigoureuse. Tandis que la croyance au divin justifie en elle-même que l'on se passe du système démonstratif : puisque le divin, contraire à la logique par nature, existe, il suffit à tout expliquer, pourvu qu'on le manipule bien, et les explications données seront toujours valables ; pourquoi chercher des explications très compliquées quant à la formation de la planète, quand il suffit de dire que c'est Dieu/Allah/YHVH/Ré/Odin qui l'a créée, par la force de son pouvoir divin ? De même, la loi, dans un système athée, se doit de venir d'un consensus entre les hommes, et non d'une réglementation immuable prétendument divine, que ce soit le Lévitique, la Charî'a, ou la "Loi naturelle". J'en tire la définition suivante :
RELIGION : ensemble de croyances et de lois humaines, toutes justifiées par une croyance première en un divin donné, et de ce fait censées être immuables.
Ces croyances peuvent être de plusieurs ordres :
- croyance quant à la définition même du divin : croyance en Allah, en Odin, aux esprits, au Diable, etc. Définition des attributions, et pouvoirs de chaque entité divine.
- croyance quant à l'environnement : la foudre est produite par un artefact possédé par Zeus, la foudre est l'arme de Teshub, la foudre est la manifestation de la colère de YHVH, etc.
- croyance quant à l'homme : la disparition de Sodome est une punition divine, c'est Hercule qui a fait découvrir les berserkir aux Germains, c'est Cupidon qui par ses flèches rend amoureux, etc.
- croyance quant aux liens entre l'homme et le divin : il faut sacrifier une vache pour plaire à Zeus, il ne faut pas tuer de vache pour ne pas irriter Krishna, il faut faire sa prière à l'heure dite pour contenter Allah, y compris si une vache cherche à vous pousser de son chemin.
Tout cela conduit à des constructions parfois très complexe, comme les livres "sacrés", et bien souvent contradictoires.
Et le problème est rendu encore plus complexe par la mise en place d'églises, que l'on peut définir ainsi :
EGLISE : communauté d'individus visant à se doter d'un pouvoir politico-économique motivé par une religion donnée.
Par exemple, l'Eglise catholique étend sa domination sur les hommes et les états sous couvert d'assurer à tous le salut dans son Au-Delà, en faisant appliquer des lois censées avoir été inspirées par son dieu. De même, le clergé d'Amon-Ré a bâti sa puissance — suffisante pour éliminer un pharaon, censément dieu vivant — et sa richesse, sur la nécessité alléguée de rendre les hommages dus au Soleil, sous peine que celui-ci refuse de se lever.
À partir du moment où une église se met en place, ce qui n'est pas toujours le cas, celle-ci et la religion deviennent bien souvent irrémédiablement imbriquée : en effet, la religion, ce sont les préceptes prônés par cette église, et toute déviation de ce canon devient, non plus une variante, comme avant, mais une hérésie. L'exemple le plus simple est bien sûr la religion / Eglise catholique. Mais cela n'arrive pas toujours : le clergé d'Amon était sans doute possible une église, pourtant, je ne sache pas que la notion d'hérésie ait eu à leur yeux une quelconque pertinence.
Ce sont là les dangers d'une religion, et plus encore d'une église : une religion se mêle de sujets qui sortent de son cadre — le divin — et entend y légiférer. C'est ainsi que — par des interprétations erronées, certes — on en arrive à l'interdiction de pratiques d'ordre strictement privé, comme la sodomie, pour des motifs religieux : le croyant est tenu de respecter ces tabous, sous peine de sanctions religieuses, par exemple l'enfer. Les églises sont encore pires : lorsqu'elles ont une domination suffisante, elles obtiennent le pouvoir de faire appliquer ces interdits, y compris à ceux qui ne sont pas membres de cette église, sous peine de sanction cette fois-ci temporelles et bien tangibles, par exemple la castration.
En conclusion, oui, l'athéisme est une croyance, mais il n'est pas une religion, et a fortiori pas une église. La différence est importante, et ne doit pas être oubliée.
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