• La croyance aux esprits, c'est-à-dire les spectres des morts, est universelle. Dans les sociétés archaïques et beaucoup de civilisations historiques, ces esprits évoluaient dans une grande familiarité avec les vivants. Les grandes religions et des grands dieux les ont relégués au second plan. Le rationalisme les a niés. Depuis le milieu du xixe siècle, ils sont revenus dans le monde moderne : en Angleterre avec le phénomène des maisons hantées ; puis en France et ailleurs avec le spiritisme et les médiums communiquant avec les esprits des morts.
    Selon la croyance aux esprits, ceux-ci se détachent des cadavres et existent dans une sphère propre, une noosphère, pour revenir quand on les invoque. On peut penser, et c'est mon cas, que la puissance du cerveau humain est capable de régénérer une personne qui a disparu, de la rendre concrètement présente comme dans le rêve, et je crois qu'en vertu de cette capacité régénératrice, une communauté d'individus animés par une foi, par une croyance, peut rendre présent l'esprit d'une personne morte qui se manifeste alors « objectivement » et délivre des messages. C'est une réalité effectivement objective, bien qu'elle soit produite par nos subjectivités. Sans nous, les esprits ne se manifesteraient pas et je crois qu'ils n'existeraient pas.
    La présence d'esprits divinisés, ou génies, se manifeste avec les orishas du candomblé brésilien, dieux africains intégrés dans le culte chrétien. Convoqués au cours de cérémonies, ils s'emparent d'un fidèle, l'habitent, parlent à travers sa voix. L'existence des orishas est objective. Mais elle est objective à partir de communautés animées d'une foi subjective.
    Les grands dieux ont, eux aussi, une existence objective à travers la foi collective d'un peuple. Leur puissance est telle qu'ils sont capables de demander aux humains les vénérant de mourir ou de tuer pour eux. C'est-à-dire que nous sommes capables, par nos esprits conjugués, de créer des êtres supérieurs, divins, qui deviennent nos maîtres - bien que nous en soyons les créateurs. Ils sont autoritaires, exigent de nous des hommages incessants, des louanges, de la vénération et en échange, nous nous permettons de leur demander des services.
    Les fidèles croient absolument en l'existence de leur Dieu - et nient celle des dieux des autres religions. Les sceptiques nient l'existence de tous les dieux. Je suis personnellement convaincu de l'existence de tous les dieux auxquels la foi à donné leur substance. Je suis convaincu que ces dieux existeront tant que des humains croiront en eux. Mais je pense que si l'humanité disparaît, les pauvres dieux mourront, comme nous. De la même manière, je suis frappé par les visions des mystiques : les trois petits bergers qui ont vu la Vierge de Fatima, l'émouvante sœur Faustine, la religieuse polonaise qui conversait avec le Christ et la Vierge, Sabbataï Zevi, ce messie juif du XVIIe siècle qui voyait réellement des kyrielles d'anges. Je suis fasciné par le pouvoir extraordinaire de l'esprit humain qui se manifeste ainsi, en créant des entités divines prodigieuses qui, dans des visions hallucinatoires, vont se manifester concrètement.
    Par ailleurs, à toutes ces croyances vécues dans les esprits, dans les génies, dans les dieux, j'ajouterais l'expérience moderne qui a remplacé les Dieux par des Idées-Maîtresses. Beaucoup de ceux qui ont cru se libérer des Dieux sont devenus esclaves d'Idées, à la fois adorées et implacables. Nous avons donné une puissance quasi divine à nos mythes idéologiques. Nous avons été capables de mourir et de tuer pour le communisme, et nous saurons l'être pour la liberté et la fraternité. Soyons fidèles à nos idées, mais ne nous laissons pas dévorer par elles. Restons conscients de la force inouïe dont nous dotons des abstractions. Ayons avec elles un commerce qui soit en même temps de foi et de doute. C'est le principe de Pascal et le tourment de Dostoïevski : il faut maintenir le doute dans la foi, mais aussi savoir sauver la foi dans le doute.

    Edgar Morin est philosophe, sociologue et anthropologue. Son œuvre est considérable.


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  • Origine latine du nom des jours
    Lundi vient de Lunae dies qui signifie "jour de la Lune".
    Mardi vient de Martis dies qui signifie "jour de Mars".
    Mercredi vient de Mercoris dies qui signifie "jour de Mercure".
    Jeudi vient de Jovis dies qui signifie "jour de Jupiter".
    Vendredi vient de Veneris dies qui signifie "jour de Vénus".
    Samedi vient de Sambati dies qui signifie "jour du sabbat".
    Dimanche vient de Dies dominicus qui signifie "jour du Seigneur".


    Origine latine du nom des mois
    Janvier vient de januaris mensis qui signifie "mois de Janus", dieu romain du commencement.
    Février vient de februarus mensis qui signifie "mois des purification".
    Mars vient de martius mensis qui signifie "mois de Mars", dieu romain de la guerre.
    Avril vient de aprilis mensis qui signifie "mois d'Aphrodite",déesse de l'Amour.
    Mai vient de maius mensis qui signifie "mois de Maia", fille d'Atlas et Pléioné, mère d'Hermès.
    Juin vient de junius mensis qui viendrait de Junon, déesse italique ou alors de Junius Brustus, premier consul romain.
    Juillet vient de Julius mensis, mois en l'honneur de Jules César.
    Août vient de Augustus mensis, mois en l'honneur de l'empereur romain Auguste.
    Septembre vient de september mensis qui signifie "septième mois de l'année".
    Octobre vient de october mensis qui signifie "huitième mois de l'année".
    Novembre vient de november mensis qui signifie "neuvième mois de l'année".
    Décembre vient de december mensis qui signifie "dixième mois de l'année".

    Remarques:
    Anciennement, l'année commençait en Mars. Ce qui explique pourquoi septembre, octobre novembre et décembre signifient respectivement septième, huitième, neuvième et dixième mois alors qu'actuellement, l'année civile débutant en janvier, ces mois sont les neuvième, dixième, onzième et douzième mois de l'année.
    Si juillet est dédié à Jules César c'est parce qu'il s'agit du mois de la naissance de cet emprereur qui fut un des réformateurs du calendrier.


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  • Le mot adonis vient d'ADONIS, héros réputé pour sa beauté (un anodis peut désigner un bel homme). Tué par un sanglier, son sang se serait répendu et une fleur en serait née (anodis est le nom d'une fleur).

    Le mot ammoniac vient d'AMMON, divinité égyptienne, que les Grecs avaient assimilé à Zeus. Ils désignaient par ammoniakon les sels recueillis près des temples de Zeus Ammon.

    Le mot amphitryon vient d'AMPHITRYON, personnage dont Zeus pris la forme pour séduire Alcimène, femme du véritable Amphitryon. De cette tromperie naît Hercule. (un amphitryon désigne un hôte, par allusion au dîner donné par Zeus-Amphitryon à Alcimène.)

    L'adjectif aphrodisiaque vient d'APHRODITE, déesse grecque de l'Amour.

    Le mot apollon (qui désigne un bel homme) vient d'APOLLON, dieu grec de la Beauté.

    Le mot argus vient d'ARGUS, géant aux cent yeux. (Un argus est une publication claire et précise, en référence à la clarté des yeux du géant.) (L'argus est aussi un faisan dont les ocelles sur les ailes rapellent les yeux du géant.)

    L'Océan atlantique vient d'ATLAS, le titan qui supportait sur ses épaules la voûte céleste.

    Le mot atlas vient d'ATLAS, titan qui supportait sur ses épaules la voûte céleste. (L'attribution du nom atlas à un recueil géographique serait de Mercator) (L'atlas est aussi une vertèbre cervicale qui soutient la tête)

    Le mot bacchanale désigne une fête célébrée en l'honneur de Bacchus, le dieu romain de la Vigne. (Une bacchanale peut aussi désigner un débauche tapageuse.)

    Le mot bacchante désigne une prêtresse du culte de Bacchus, le dieu romain de la Vigne. (Une bacchante peut aussi s'employer pour une femme sans pudeur.)

    L'adjectif boréal (qui signifie "du Nord") vient de Borée, fils d'un Titan et de l'Aurore, divinité grec du Vent du Nord.

    Le mot cerbère vient du CERBÈRE, chien à à trois tête, gardien des Enfers. (un cerbère désigne un gardien intraitable)

    Le mot céréale vient de CÉRÈS, déesse romaine des Récoltes.

    Le mot chimère vient du grec KHIMAIRA "chimère", monstre à tête de lion, au corps de chèvre et à la queue de dragon. (Chimère peut désigner quelque chose d'insensé.) (On appelle également chimère les organismes issus de manipulations de tissus génétiquement différents.)

    Le mot cyclope vient des CYCLOPES, géants de la mythologie grècques n'ayant qu'un oeil. Ils fabriquèrent la foudre à l'intention de Zeus. (Un cyclope est un petit crustacé n'ayant qu'un seul oeil.)

    Le mot dédale vient de DAÏDALOS "Dédale", architecte légendaire grec, constructeur du labyrinthe de Crète et père d'Icare. (Un dédale est un labyrinthe.)

    L'adjectif dionysaque vient de DIONYSOS, dieu de la Vigne, gai, bon vivant et parfois cruel. (dionysaque qualifie ce qui a rapport à la signification prêtée à Dionysos dans la mythologie.)

    Le mot écho vient de ÉCHO, nymphe des eaux et des bois, personnification de l'écho.

    Le mot égérie de EGERIA "égérie", nymphe qui conseillait Numa Pompilius, roi de Rome. (une égérie est une inspiratrice).

    L'adjectif éolienne vient d'ÉOLE, dieu grec du Vent.

    Le mot épigone des ÉPIGONOS "Épigones", héros grecs qui prirent Thèbes et vengèrent ainsi leurs pères morts lors d'un premier siège de la ville. (Un épigone désigne un successeur.)

    Le mot érotisme vient d'ÉROS, divinité grec de l'Amour.

    Le mot faune vient de FAUNUS, dieu romain des Champs et des Bergers.

    Le mot flore vient de FLORA, déesse romaine de la Végétation et des Fleurs.

    Le mot furie vient des FURIES, divinités des Enfers.

    Le mot géant vient des GIGAS, monstres gigantesques que Zeus dut vaincre pour être le maître des Dieux.

    Le mot griffon vient du GRIFFON, animal à tête et serres d'aigle et corps de lion. (Un griffon désigne une race de chiens ou un vautour).

    Le mot harpie vient des HARPIES, créatures à tête de femme et à corps d'oiseau. (Une harpie peut désigner une femme acariâtre.) (L'harpie est aussi un aigle d'Amérique du Sud.)

    Le mot hélium vient d'HÉLIOS, dieu grec du Soleil.

    Le mot hercule vient du demi-dieu latin HERCULE (HÉRACLÈS en grec) qui dut réaliser douzes travaux. (un hercule désigne un homme très fort.)

    Le mot hermaphrodite vient d'HÉRMÈS (dieu grec du Commerce et messager des Dieux) et d'APHRODITE. (déesse grecque de l'Amour), dont l'enfant, HERMAPHRODITOS, est bisexué. (Un hermaphrodite est un individu bisexué.)

    Le mot hermétisme vient du dieu grec HÉRMÈS, qu'on avait assimilé à Toth, dieu égyptien de l'alchimie. (L'hermétisme désigne l'ensemble des doctrines alchimiques.)

    La fleur hyacinthe (ou jacinthe) vient de HUAKINTHOS, personnage changé en fleur par Apollon.

    Le mot hydre vient de l'HYDRE, serpent de la mythologie grècques ayant sept têtes qui repoussaient mutlipliés au fur et à mesure qu'on les coupaient. ( une hydre désigne un petit invertébré d'eau douce pourvu de 8 à 10 tentacules.)

    Le mot hygiène vient de HYGIA, déesse grec de la Santé.

    Le mot hymen vient de HYMEN, dieu latin du Mariage. (Un hymen désigne un mariage.) (Un hymen désigne la menbrane qui obture le vagin.)

    Le métal iridium vient d'IRIS, messagère d'Héra et de Zeus, personnification de l'arc-en-ciel. (Les combinaisons de l'iridium offrent des couleurs variées, qui rappellent l'arc-en-ciel.)

    Le mot iris vient d'IRIS, messagère d'Héra et de Zeus, personnification de l'arc-en-ciel. (L'iris désigne une variété de quartz qui présente les couleurs de l'arc-en-ciel.) (L'iris est également une plante à fleur.) (L'iris est aussi la partie colorée de l'oeil.)

    La fleur jacinthe ou hyacinthe vient de HUAKINTHOS, personnage changé en fleur par Apollon.

    Le mois de janvier vient de JANUS, dieu romain du Commencent. (Janvier commence l'année.)

    Le jour jeudi vient de JOVIS, génétif du dieu romain JUPITER.

    La plante joubarbe vient JOVIS BARBA, "barbe de Jupiter". (La joubarbe était censée protéger de la foudre, et possédait des fleurs en panicules).

    Le mot laïus vient de LAÏUS, roi légendaire de Thèbes et père d'OEdipe. (Un laïus désigne un discours depuis 1804 où le sujet du premier concours de l'École polytechnique était l'histoire de LAÏUS.).

    Le mois de mai vient de MAIA, divinité italique, fille de Faunus et de Vulcain, assimilée par les grecs à la déesse du même nom, fille d'Atlas et de Pléioné, et mére d'Hermès.

    Le jour mardi vient de MARS, divinité grecque de la Guerre.

    Le mois de mars vient de MARS, divinité grecque de la Guerre.

    L'adjectif martial vient de MARS, divinité grecque de la Guerre. (martial signifiant relatif au guerrier.)

    Le mot méduse vient de la MÉDUSE, l'une des trois Gorgones, aux cheveux en serpents et dont le regard pétrifie. (Une méduse est un animal marin dont les tentacules rappellent les cheveux serpents.).

    Le verbe méduser vient de la MÉDUSE, l'une des trois Gorgones, aux cheveux en serpents et dont le regard pétrifie. (Le verbe signifie frapper de stupeur.)

    Le mot mégère vient de MÉGAIRA, l'une des Érinyes, déesse grec de la Vengeance, assimilées par les Romains aux Furies. (Une mégère désigne une femme acariâtre.).

    Le mot mentor de MENTOR, héros grec, chargé de l'éducation de Télémaque, fils de son ami Ulysse avant le siège de Troie. (Un mentor est un conseiller.).

    Le jour mercredi vient de MERCURE, dieu romain du Commerce et des Voleurs, et messager des dieux.

    Le métal mercure vient de MERCURE, dieu romain du Commerce et des Voleurs, et messager des dieux. (La mobilité du mercure rappelle peut-être celle de la divinité.)

    Le mot mercuriale vient de MERCURE, dieu romain du Commerce et des Voleurs, et messager des dieux. (Une mercuriale était une liste des cours des denrées.)

    Le mot minerve vient de MINERVE, la déesse romaine de la Sagesse et de l'intelligence. (Une minerve est appareil orthopédique qui maintient la tête. Sa fonction peut rapeller le port majestueux de la tête de la déesse.)

    Le mot morphine vient de MORPHÉE, dieu des Songes.

    Le mot muse vient des MUSES, divinités des arts libéraux. (une muse désigne ce qui inspire un artiste.)

    Le mot musée vient, par latin musaeum, du grec mouseion, lieu consacré aux MUSES, divinités des arts libéraux.

    Le mot musique vient des MUSES, divinités des arts libéraux. Elles sont à l'origine de l'art musical.

    Le mot naïade vient des NAÏADES, nymphes des Sources et des Fontaines. (La naïade est une plante aquatique.)

    Le mot narcisse vient de NARCISSE, beau jeune homme qui, séduit par son reflet dans une fontaine, périt d'une passion inapaisable et fut changé en fleur. (Un narcisse désigne un homme trop complaisant envers lui-même.) (Une narcisse est également la fleur en laquelle fut changé le personnage.)

    Le mot néréide vient des NÉRÉIDES, fille de Nérée, nymphes des mers, chevauchant des monstres marins. (Une néréide est un vers marin.)

    Le mot nymphéa vient des NYMPHES, divinités greco-romaines, personnifiant la nature. (Le nymphéa est un nénuphar.)

    Le mot océan vient d'OCÉANUS, divinité marine grecque, fils du ciel Ouranos et de la terre Gaia.

    Le mot odyssée vient de l'ODYSSÉE, poème d'Homère, relatant les aventures d'ULYSSE. (Une odyssée désigne un voyage mouvementé.)

    Le mot oedipe vient d'OEDIPE qui, malgré lui, tue son père et épouse sa mère. (L'oedipe est l'ensemble des sentiments amoureux et d'hostilité à l'égard de ses parents.)

    Le mot orphéon proviendrait d'ORPHÉE, personnage symbole de la création poétique et musicale. (Un orphéon est une fanfare.)

    Le mot orphisme désigne le courant religieux qui voue un culte à ORPHÉE.

    Le mot panique vient du grec panikos, de PAN dieu champêtre, dont l'apparition subite peut être terrifiante.

    Le mot pluriel pénates vient des PÉNATES, dieux romains de la Maison.

    Le mot phénix vient du PHOENIX, oiseau renaissant de ses cendres. (Un phénix peut désigner une personne exceptionnelle.) (Un phénix est aussi un coq du Japon à la queue ornée de longues plumes.) (Le phénix désigne également un palmier ornemental.)

    L'élément chimique plutonium vient de Pluton, dieu grec des Enfers.

    L'adjectif prométhéen vient de PROMÉTHÉE, héros de la mythologie grècque qui est à l'origine de la création de l'homme. (prométhéen qualifie ce qui à foi en l'homme et dont le goût est à l'action.)

    L'adjectif protéiforme vient de PROTÉE, dieu grec marin qui pouvait changer de forme. (Protéiforme qualifie ce qui change fréquemment de forme.)

    Le mot psyché vient de PSYCHÉ, belle jeune fille dont ÉROS, divinité de l'Amour, tomba amoureux. (Une psychée désigne un grand miroir.)

    Le serpent python vient du PYTHON, serpent monstrueux qu'Apollon tua.

    Le mot pythonisse vient du PYTHON, serpent monstrueux qu'Apollon tua. Ce dernier installa ensuite son oracle à Delphes. (Une pythonisse désigne une femme prédisant l'avenir.).

    Le mot pluriel saturnales vient de la divinité romaine Saturne. (Les saturnales désignent des fêtes.)

    Le mot satyre vient de SATYROS, demi-dieu grec, lascif, accompagnant Dyonisos. (Un satyre désigne un exhibitionniste.) (Le satyre est aussi un papillon.) (Satyre est également l'autre nom du champinion phallus.)

    L'adjectif séléne vient de SÉLÈNE, déesse grecque lunaire. (Sélène signifie relatif à la lune.)

    L'élément chimique sélénium vient de SÉLÈNE, déesse grecque lunaire. (L'élément à reçu ce nom par analogie au tellure dont on doit le distinguer et qui, étymologiquement, signifie venant de la Terre.)

    Le mot silène vient de SILÈNE, personnage gonflé comme une outre, père nourissier de Dyonisos. (Le silène est une plante dont le calice des fleurs est gonflé.)

    Le mot sirène vient des SIRÈNES, divinités qui ensorcelaient les navigateurs par leurs chants. (Une sirène désigne aussi un signal sonore d'avertissement.)

    Le mot sosie vient de SOSIA, esclave d'Amphitryon dont Mercure prent la forme.

    Le mot sphinx vient du SPHINX, créature au corps de lion, à tête humaine, et quelquefois pourvu d'ailes. Il posait une énigme qu'OEdipe a résolu. (Le sphinx est aussi une espèce de papillon.)

    Le mot stentor vient de SENTOR, personnage de l'Iliade, qui possède une voix très puissante. (Le stentor est une voix retentissante.)

    L'élément chimique tantale vient de TANTALE, personnage condamné à une soif perpétuelle. (L'élément fut baptisé tantale car il ne peut se dissoudre dans aucun acide.)

    Le mot titan vient des TITANS, divinités primitives grècques, qui au nombre de douze, gouvernaient le monde avant Zeus. (Un titan désigne un géant.)

    L'élément chimique thorium proviendrait de THOR, divinité gerrière scandinave.

    Le mot tortue vient de TARTARE, région des Enfers, dans la mythologie greco-romaine. (La tortue viendrait du Tartare.)

    Le mot triton vient de TRITON, divinité marine, à têÝte d'homme et à queue de poisson, fils de Posséidon et d'Amphitrite. (Le triton est un amphibien.)

    Le mot valkyrie ou walkyrie vient des WALKYRIES, divinités féminines de la mythologie scandinave qui présidaient aux batailles et amenait les guerrier au Walhalla (Paradis). (une valkyrie désigne une femme forte et plantureuse.)

    Le métal vanadium de VANADIS, nom latin de la divinité scandinave Freyja.

    Le jour vendredi vient de VÉNUS, déesse romaine de l'Amour et de la Beauté.

    L'adjectif vénérien vient de VÉNUS, déesse romaine de l'Amour et de la Beauté. (Vénérien se dit des maladies sexuellement transmissibles.)

    Le mot vestale vient de VESTA, déesse romaine du Foyer. Les VESTALES, vouées à la chasteté, devaient entretenir le feu sacré. (Une vestale peut désigner une femme très chaste.)

    Le mot volcan vient de VULCAIN, dieu romain du Feu.

    Le mot vulcanisation vient de VULCAIN, dieu romain du Feu. (La vulcanisation est le traitement du caoutchouc par le souffre.)


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  • Doctrines et croyances

    Les traditions religieuses développent un ensemble de valeurs, des conseils concernant la vie morale et procurent ainsi un enseignement moral, plus ou moins contraignant, censé orienter le croyant et sa communauté vers son « salut » ou sa délivrance et, par conséquent, l'éloigner de l'erreur ou de la souffrance. Cette morale ou éthique religieuse peut développer des règles dans tous les domaines de la connaissance et de la société. Quelle soit normative ou téléologique, la morale religieuse se présente souvent comme une morale absolue ou une « vérité morale » qui présuppose une nature humaine universelle ou une loi naturelle ; on parle alors de réalisme moral. A contrario, elle peut apparaître comme une « construction sociale » qui n'a d'autre bien-fondé que l'intérêt du groupe ou de l'individu.

    La plupart des traditions religieuses donne naissance à des traditions juridiques où l'ordre divin est le garant de la justice. Parmi les codes, lois et instructions religieuses mis en place à cet effet, on peut citer le droit canonique romain, les dix commandements, la Halakha, le Dharma. Au XIXe siècle, le catholicisme a élaboré une doctrine sociale, qui a été mise en pratique dans le catholicisme social.

    Les croyances ne sont pas toujours liées à une religion. Inversement, certains dogmes ou croyances religieuses, comme la réincarnation, peuvent être acceptés isolément sans adhérer au système religieux d’où ils sont empruntés.

    Croyances religieuses, sacré et cohésion sociale

    La religion structure également le rapport à l'autre, humain ou non. Une autre problématique dont traite la religion en tant que facteur de cohésion sociale est celle du pur et de l’impur, et du rapport à son autre, c'est-à-dire, au non-religieux dont elle trace les contours. On peut penser ce rapport en termes essentialistes, ceux de sacré et de profane, ce que font, en fait, tous les théologiens qui n'osent plus parler de leurs convictions que par le détour d'un métalangage. Mais on peut aussi aller plus loin, ne pas s'arrêter là où la théologie le demande, et aborder la religion comme on le fait pour n'importe quel autre aspect de la vie sociale. Dans cette approche, la religion ne se pense plus comme une option mais comme l'un des procédés non-optionnels, universels, par lesquels une société se perçoit, trouve et prend sa place dans le monde.

    L'expérience spirituelle
    Sur un plan subjectif, les religions sont associées à l'expression d'une « expérience spirituelle » (extase mystique, oracle, révélation, éveil) dont on trouve la trace dans la majorité des cultures. Les croyants se fondent sur cette expérience spirituelle pour donner un sens à leur existence (« sens » devant s'entendre dans ses deux acceptions, à la fois comme herméneutique (signification) et comme recherche d'un projet de vie (direction))

    Évolution des formes religieuses

    Anthropologie et formes mythologiques
    Les formes religieuses les plus anciennes, parfois qualifiées de « primitives », sont l'animisme, le fétichisme, le chamanisme. Bien que possédant des similitudes, ces traditions ne constituent pas un ensemble homogène et varient en fonction de la société qui s'y rattache. Bien que documentées pour la période historique, il n'est pas possible d'assigner une origine précise à ces pratiques religieuses.

    Les grands corpus mythologiques remontent pour la plupart à la période de transition entre préhistoire et période historique, la protohistoire. On peut citer comme exemples de mythologies celles de Sumer, de Babylone, les dieux égyptiens, voire la mythologie grecque.

    Ces formes perdurent dans les religions ou spiritualité de différentes zones de la planète : chamanisme d'Eurasie (Nord sibérien), religions d'Afrique, d'Amazonie, d'Océanie, d'Amérique, etc. On peut également citer d'autres religions maintenant quasiment disparues, le plus généralement polythéistes, maintenant classées en mythologie ou religions antiques, originaires principalement d'Eurasie, d'Afrique, ou d'Amérique.

    On peut penser que les cultes anciens de notre ère prennent leurs racines dans ces cultes préhistoriques et ces mythologies

    Éléments des religions

    Univers invisible
    Une religion se fonde sur le domaine surnaturel, un monde de l'esprit, dont la définition peut être variable. La plupart des religions supposent l'existence de relations entre les humains et des forces ou des personnes invisibles, qu'ils soient dieux, anges, démons ou esprits des morts. Le miracle est la manifestation spectaculaire de ces relations, son caractère miraculeux se fondant sur le fait qu'il est impossible à expliquer rationnellement.

    Le croyant qui essaie de communiquer avec ces forces et ces êtres (par une communication fondée sur l'invocation ou l'évocation de l'esprit) peut avoir deux buts :

    il peut chercher à être guidé ou informé - acquérir de l'information - il fait alors appel à l'art divinatoire.

    il peut chercher à se rendre favorable l'action de ces puissances invisibles, par des demandes, prières, ou liturgies propitiatoires.

    Ces pratiques sont probablement l'aspect le plus critiqué par le rationalisme, précisément parce qu'on ne peut les soumettre à la critique expérimentale. L'examen critique d'une telle relation peut se comprendre à deux niveaux. D'une part, la réalité du résultat revendiqué peut être contestable : le « miracle » n'a pas eu lieu, les témoignages sont trompeurs (volontairement ou non). D'autre part, le phénomène extraordinaire d'un thaumaturge n'est pas nécessairement une théurgie (dû à l'intervention d'un esprit extérieur), mais peut être la manifestation de pouvoirs occultes qui sont dans la nature de l'homme mais ne sont pas habituellement maîtrisés (approche de l'occultisme moderne).

    rites, cérémonies
    Les rites sont des signes, symboles et pratiques « en actions », itératifs et stéréotypés, qui unissent les croyants entre eux et avec la ou les puissances supérieures qu'elles reconnaissent. Atténuer les tensions collectives, permettre l'entrée d'un membre dans une communauté ou dans un au-delà, guérir ou lancer une malédiction, les rites tiennent à des fonctions essentiellement sociales et religieuses, de la régulation à l'intronisation. Ils peuvent être inscrit dans des fêtes religieuses.

    Les croyants ou fidèles tendent à se réunir pour des cérémonies et célébrations pouvant comporter des rituels et des prières. Les rites adéquats prennent généralement une forme fixée pour le culte, dont l'ensemble constitue une liturgie.

    Les différentes religions demandent souvent à leurs fidèles d'être en état de pureté avant de pouvoir faire certains actes, comme prier, présider à une cérémonie religieuse, etc. La définition précise de la pureté et la manière de l'atteindre (par exemple par des ablutions) varie avec la religion.

    Bien que les cérémonies ne soient pas nécessairement religieuse - elles revêtent un caractère symbolique et favorise la cohésion sociale y compris dans le domaine profane -

    Exercices spirituels
    Une spiritualité est avant tout une manière d'être en relation avec par la méditation, par la prière, par le mysticisme.

    La plupart des religions proposent une approche spirituelle de type mystique, c'est-à-dire une « approche expérimentale du divin ».

    Le but de l'exercice spirituel dépend naturellement de la doctrine religieuse au sein de laquelle il est pratiqué, mais ces exercices se retrouvent dans toutes les religions, voire en dehors de tout contexte religieux (comme dans la plupart des branches du yoga) : méditations, jeûnes et autres mortifications corporelles, invocations rituelles. Ces exercices ont généralement pour effet, par la répétition, de permettre une meilleure maitrise de l'« esprit » (et notamment de le libérer des distractions corporelles) de former l'âme et éventuellement, d'atteindre des états de conscience atypiques (État modifié de conscience, transes, extases), parfois avec l'aide de psychotropes dans des pratiques chamaniques ou magiques, notamment.

    Ces exercices spirituels sont par nature des pratiques individuelles : ils répondent à une démarche personnelle, toujours volontaire et cette voie n'est le plus souvent suivie que par une minorité, même dans les sociétés religieuses. Ils sont néanmoins généralement intégrés dans une pratique communautaire, que ce soit à travers les rites qui les accompagnent, ou l'existence d'une vie communautaire spécifique (monachisme) destinée à soutenir la volonté du pratiquant et lui épargner toute distraction par rapport à son but spirituel.

    Pour Ignace de Loyola, auteur catholique des Exercices spirituels, il s'agit, « par l’examen de conscience, la méditation, la prière et la contemplation, de chercher et de trouver la volonté de Dieu sur l’organisation de sa vie et le salut de son âme. »

    Symbolisme
    Les religions font grand usage de symboles, le plus souvent particuliers à chacune. Le symbole est en effet un support nécessaire dans le domaine de la métaphysique, du fait que l'objet spirituel ne peut pas être directement vu ou manipulé : le symbole est une représentation de l’absent et de l’imperceptible. Le rituel religieux se fonde ainsi sur la réactivation des symboles.

    Il permet de transférer le discours ou l'action sur un objet sensible spécialement consacré à cette représentation. Le symbole peut être un objet, une représentation picturale (comme le Mandala dans l'hindouisme ou le bouddhisme) ou un concept (comme le mantra, représentation sonore de la divinité), mais également des actes, constitutifs de la liturgie. Une cosmogonie est une façon d'expliquer le monde et son origine (et par là, son organisation « naturelle »), souvent empreinte de symbolisme. Dans les formes les plus anciennes de la religion, les récits mythologiques sont souvent très fortement symboliques.

    Pour les adeptes, un symbole prend (par sa nature même) un caractère sacré, et doit être respecté à ce titre (c'est ce qui conduit à la mise en place des tabous dans les sociétés primitives). En effet, l'utilisation d'un symbole religieux en dehors de son contexte religieux propre (donc dans une contexte profane) constitue littéralement une profanation, événement grave pour le fidèle de la religion, parce qu'il tend à rompre le lien entre le symbole et l'objet spirituel qu'il représente. Une profanation volontaire est généralement considérée comme un blasphème, c'est-à-dire un acte qui manifeste une absence de respect pour le fidèle et sa religion, et appelle des sanctions.

    La gravure sacrée de symboles a été à l'origine des hiéroglyphes (étymologiquement ?ερ?Œς / hierós « sacré » et γλ?φειν / glúphein « graver »), et finalement de notre écriture

    Pour la psychanalyse, et en particulier pour Carl Gustav Jung, la psyché est naturellement religieuse, autrement dit il existe une fonction religieuse à l'origine de la formation des symboles dans la conscience. Dieu est ainsi un archétype : « Dieu est le symbole des symboles! » explique Jung dans Psychologie et religion.


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  • Une religion est un ensemble de rites, croyances généralement théistes, composée de règles (éthiques ou pratiques), de récits, de symboles ou de dogmes adoptés comme conviction par une société, un groupe ou une personne. Par métonymie, la religion peut désigner l'ensemble des croyants, l'éventuelle institution en découlant ou « la religion » en tant que vue d'ensemble des différentes religions. Une religion peut être polythéiste ou monothéiste.

    La religion occupe une place importante dans la culture des sociétés humaines. Les relations réciproques entre religions et composantes de la société sont souvent complexes, voire inextricables.

    Par extension, certaines pratiques générant des cultes, des adorations ou des dogmes, prennent une valeur de religion et entraînent l'usage d'un vocabulaire religieux, par exemple « le temple du football », le culte de l'Être suprême.

    Définitions

    La religion a pu être définie dans des formes très diverses voire se voir refuser une définition pour ne pas enfermer la religion dans une vue monolithique. La plupart des définitions actuelles tentent de trouver un point d'équilibre entre définitions strictes et généralisation excessive.

    L'un des principaux obstacles à la définition est de savoir s'il faut y inclure la notion de divinité. Le second, si des pratiques que des peuples ne considèrent pas comme religieuses doivent être prises en compte et incorporées. Enfin, troisième obstacle, la prise en charge ou non de la nature du sacré à laquelle se sont rattachées de nombreuses approches théologiques.

    Dans la diversité des recherches en sciences humaines, la religion recouvre plusieurs acceptions. Ainsi, comme le remarque Jonathan Z. Smith, le mot religion « est un terme créé par les chercheurs pour leur propre besoin. » En anthropologie culturelle, une religion est une approche organisée de la spiritualité humaine qui a recours usuellement à une série d'explications mythologiques, de symboles, de croyances et de rituels, dans une dimension souvent surnaturelle ou transcendante, qui procure ainsi un sens aux expériences et à l'existence du pratiquant, lui prodiguant une assurance de « Vérité ». On retrouve cet élément de définition culturelle chez les philosophes de la religion, ainsi chez Paul Tillich. La sociologie a pu donner donner des définitions fonctionnalistes. La psychologie s'est appuyée sur l'expérience émotionnelle du croyant sur son rapport intime avec le sacré.

    Le concept de religion et ses limites

    Les concepts qui nous servent à décrire les phénomènes religieux contemporains ne sont pas forcément adaptés à l'analyse de ce qu'ils étaient pour les peuples anciens. Dans les langues anciennes (hébreu, grec et latin) le mot « religion » désignait les cultes ou les pratiques cultuelles propres à chaque civilisation. Son sens actuel est différent par sa prétention à l'universalisme. Ainsi, la notion de religion a pu apparaître comme une « invention » occidentale des temps modernes. Au-delà, pour des auteurs tels que Timothy Fitzgerald, la « religion », est une catégorie intellectuelle inopérante, née d'un désir d'affirmer le caractère transcendant d'une culture mondiale idéale ; en définitive, « il n'y a pas de fondement théorique non-théologique cohérent pour l'étude de la religion comme une discipline universitaire » à l'exception de définitions qui en dernier ressort renvoie à un théisme chrétien.

    Si le terme apparaît au XIe siècle, la théorisation du phénomène, son étude et sa définition moderne apparaissent à la Renaissance, avec les grandes découvertes qui amènent les Européens à s'interroger sur la spécificité du christianisme et sur ses ressemblances par rapport aux religions non monothéistes.

    Étymologie

    Une hypothèse lie le terme à la racine *leig et par là au terme latin religio, dont le nuage sémantique est très riche. Cependant, l'étymologie demeure incertaine et controversée depuis l'Antiquité. Querelle philologique, le questionnement engage aussi le sens même du terme religio. Est-elle ce qui relègue et éloigne ou ce qui relie et permet la communion ?

    Au sens propre, le terme religio signifie « scrupule », « conscience », « engagement », « obligation », puis par sens dérivé, « crainte des dieux », « sentiments religieux », « croyances », « superstitions », « pratiques religieuses » ; enfin « caractère sacré », « objet » ou « chose sainte » (ou « de culte »), « signe sacré », « sainteté ». On trouve cette double étymologie chez Cicéron qui évoque le respect et la crainte face aux forces surnaturelles et le souci d’être scrupuleux dans l'observation des rites. Ainsi le sens latin du terme religio désigne plus une religion objective qu'une foi. Il semble lié à l'aspect ritualiste voire anxieux de la pratique religieuse romaine publique.

    L'étymologie du terme « religion » reste un débat polémique de linguistes et de spécialistes des religions. L'étymon ligare est proposé par les auteurs chrétiens antiques tels Augustin d'Hippone, Lactance (Divinae institutiones), Tertullien ou Isidore de Séville. Ainsi, religio viendrait de religare, « rejoindre » ou « relier », compris généralement comme indiquant la relation de l'humain au divin, mais aussi des humains les uns aux autres, lien à la fois sur le plan de la cohésion sociale et sur celui de l'attachement affectif. Il s’agit d’une signification tardive probablement fondée sur la confusion entre « religo » (de , avoir égard à quelque
    chose) et « religo » (de « ligo », « lier »). Les auteurs romains d'obédience chrétienne comme Tertullien, Saint Augustin, Lucrèce, Isidore de Séville ou Lactance citent l'opinion de Cicéron qui, dans De la nature des dieux, fait remonter le mot au latin religio, dont la racine est un verbe : ligare, donnant religare, soit en français respectivement « lier » et « relier ». Pour Cicéron, le sens du mot contient l'idée de scrupule et d'attention à porter aux actes et aux rites. Le mot est ainsi une création latine tardive et d'origine chrétienne. Avant le christianisme, les langues anciennes, et même le grec antique, ne possédaient pas de mots signifiant le sens actuel de religion. J Rudhart dans Notions fondamentales de la pensée religieuse et actes constitutifs du culte dans la Grèce antique a montré que « notre mot religion n'a pas d'équivalent grec », et que ce constat vaut pour le sanscrit et pour l'hébreu enfin. La « religion » est donc une attache ou une dépendance, un assujettissement du croyant à son culte et à sa divinité. Toutefois, Cicéron note l'autre sens du mot « religio » qui proviendrait du verbe « legere », soit « cueillir, ramasser », dans cette hypothèse « religere » signifierait « recueillir » et « recollecter ». D'après le linguiste Émile Benveniste, le mot renverrait au verbe « religere » qui, dans cette acception, signifierait « revenir sur ce qu'on fait» ou « ressaisir par la pensée ou la réflexion ».

    Les deux étymons ne sont pourtant pas antagonistes. Pour Michel Serres : « Le religieux [est] ce qui nous rassemble ou relie en exigeant de nous une attention collective sans relâche telle que la première négligence de notre part nous menace de disparition. (...) Cette définition mélange les deux origines probables du mot religion, la racine positive de l'acte de relier avec la négative, par l'inverse de négliger. ». Une troisième voie est indiquée par Augustin d'Hippone (De Vera religione), qui suggère l'étymologie archaïque suivante : relegere, « relire », « reprendre », par opposition à neglegentia, « négligence ». Pierre Legendre, s'appuyant sur les travaux de Émile Benveniste et J. Scheid[19], argumente à son tour dans le sens d'une telle interprétation : « Le sens originaire du latin religio se situerait du côté du verbe legere (recueillir, qui a donné lire), non pas ligare (lier).» En d'autres termes, une telle sédimentation du terme indiquerait que religio constitue une figure herméneutique magistrale de la société, un mode d'intelligibilité de la société sur le monde et sur elle-même.

    Le philosophe Jacques Derrida dans Foi et savoir étudie le rapport et la sémantique des deux étymologies. La première filiation, du verbe « relegere », de « legere » signifiant « cueillir et rassembler » renvoie pour lui à l'expérience de la sacralité et de la sainteté, essence même de la religion. Par extension, ce sens renverrait aux traditions écrites et aux enseignements aux sources des cultes, comme les mythes, les textes fondateurs à vocation didactique ou édifiante :

    en hébreu, le mot « Torah » signifie « enseignement » ;

    en arabe, « Coran » signifie « récitation » ;

    au savoir, c'est le sens en sanskrit du mot « Véda » ;

    aux écritures saintes, « Biblia » en grec signifie « livres compilés » ;

    et enfin à la loi, « Dharma » dans l'hindouisme.

    L'autre filiation, du verbe religare, de ligare signifiant lier et relier est elle inventée par les chrétiens et véhicule l'idée d'une religion comme lien social, croyance partagée et universelle dette entre hommes ou entre l'homme et Dieu, pacte entre la divinité et la communauté.

    En Chine et au Japon

    On comprend ainsi qu'il s'agit à la fois des croyances et des cultures d'un groupe humain et des pratiques qui en découlent.

    L'étymologie semble indiquer que la religion relie l'homme à la divinité, et à ses racines originelles, et à la société où il évolue. Ces dimensions (ainsi que le rapport à la mort, implicitement présent dans les cultes des Lares) se retrouvent effectivement à l'origine des religions. Historiquement, dans les sociétés primitives, il n'y a pas de séparation entre le sacré et la société elle-même : la société n'a pas « une religion », c'est la nature même de la société qui est religieuse, la religion est coextensive à la société, et toutes les activités de l'homme qui prennent un aspect transcendant.

    Foi, sens et croyances

    L'expérience religieuse s'articule autour de mythes, de rites, de pratiques et repose sur un assentiment que la théologie chrétienne désigne sous le terme de foi. Cette notion, que l'on peut transposer aux autre formes religieuses, est centrale dans de nombreux cultes. Certaines sociologues, dans la lignée d'Henri Hubert ont pu voir dans la notion de sacrée, un pivot à l'organisation de la religion et en définitive l'élément central de toute explication religieuse du monde : « C'est l'idée mère de la religion. Les mythes et les dogmes en analysent à leur manière le contenu, les rites en utilisent les propriétés, la moralité religieuse en dérive, les sacerdoces l'incorporent, les sanctuaires, lieux sacrés, monuments religieux la fixent au sol et l'enracinent. La religion est l'administration du sacré. » Les religions prennent en charge les questions essentielles, permanentes et récurrentes propres à la condition humaine, au sens de la vie, proposant en particulier des récits mythologiques, cosmogoniques et des espérances face à l' angoisse de la mort et à l'ignorance naturelle relative à l'existence et à l'univers. Elle peut apparaître dans sa recherche de sens comme un élément de cohésion sociale qui se manifeste par une géographie du sacré ou être considéré d'un point de vue personnel et intime comme une expérience spirituelle.

    Conscience de la mort et sentiment religieux

    Pour les anthropologues, la conscience de la mort est constitutive de l'humanité : le rite funéraire est l'indice qui signale l'émergence d'une certaine forme de culture, mais aussi - de manière hypothétique - du sentiment religieux, qui permet de distinguer l'humain des autres anthropoïdes.

    La relation des sociétés humaines à la mort engagent tant des systèmes de valeurs et de croyances, qu'un ensemble de rites, de symboles, de pratiques et de traditions qui inscrivent la confrontation des groupes humains à la mort dans une perspective éminemment religieuse. Si la religion apparaît comme la principale réponse des vivants à la morts, la forme que prend cette réponse peut se manifester avec plus ou moins d'intensité selon les cultures. L'inhumation volontaire peut indiquer l'importance accordée à certains membres de la communauté mais manifeste de même l'apparition de sentiment religieux. Les premières sépultures proprement dites font leur apparition au cours du Moustérien (Paléolithique moyen), il y a environ 100 000 ans . Elles sont liées à l'Homme de Néandertal en Europe et aux premiers homo sapiens au Proche Orient comme l'indiquent les découvertes récentes de la grotte de Es Skhul. Les rites funéraires sont des rites de séparation qui permettent de se détacher du mort par la mise en place d'une image, d'un souvenir (masque mortuaire, effigie, etc.) qui détache le mort de sa dépouille pour lui permettre de trouver une place dans l'imaginaire des vivants. Néanmoins, les rituels ne retiennent pas le mort. En gardant une trace, un souvenir, ils visent aussi à l'exclure de la communauté des vivants. Beaucoup de rites funéraires servent à accompagner l'âme du défunt hors du monde des vivants. Tout est fait pour que le mort ne puisse pas revenir tourmenter les membres de la communauté. Au Sénégal, les Diola lui crèvent les yeux et lui cassent une jambe pour être sûr qu'il ne revienne pas. Toujours au Sénégal, les Senufo insultent le cadavre, le miment en le caricaturant. Tous ces rites cherchent à exclure le mort, à le « congédier » hors du monde des vivants. Pour Louis-Vincent Thomas, les rites funéraires opèrent une double fonction :

    Sur le plan du « discours manifeste », ils règlent le devenir du cadavre, tout en prenant en charge les survivants au travers d’une codification et d'une réglementation rituelle précise.
    Sur le plan du discours latent, « même si le cadavre reste toujours le point d'appui des pratiques, le rituel ne prend en compte qu'un seul destinataire : l'homme vivant, individu ou communauté ; sa fonction fondamentale est de guérir ou de prévenir, fonction qui revêt d'ailleurs de multiples visages : déculpabiliser, réconforter, revitaliser, etc ».

    Explication du monde et récits primordiaux

    La plupart des religions - en partage avec les mythologies - proposent des récits cosmogoniques, voire de la naissance, des combats, des actions ou des dieux et des esprits. Ces récits s'inscrivent dans un temps sacré, volontiers circulaire, réversible ou d'apparence cyclique[33]. Le monde s'organise alors autour d'une figure centrale qui ordonne et sépare le monde du chaos primordial. Ces récits évoquent, en des sens variés la naissance du monde, la cosmologie, l'apparition de l'homme, l'immortalité ou sa quête, l'éternité, la fin du monde. Elle serait l'expression organisée d'un besoin de sens de l'être humain et son désir de comprendre et d'expliquer ce pour quoi aucune explication ne semble se présenter.


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