• La religion bouddhiste a été fondée au 6e siècle avant JC par un prince Kshatrya, Siddhârta Gautama, en réaction à la religion Hindoue, dominée par les Brahmanes de ce temps. La doctrine originale enseignée par Gautama tirait sa source de l'Hindouisme, mais elle avait complètement écarté les vieilles lois védiques, le système des castes et les rituels contrôlés par les Brahmanes ainsi que la multitude de dieux Hindous. Elle n'accordait aucune importance à la question de savoir si l'univers était infini et éternel ou pas et se préoccupait seulement de comment l'abolition du désir pouvait libérer les individus du chagrin des cycles infinis de la naissance, de la mort et de la renaissance. A ses débuts, le Bouddhisme cherchait le désengagement du monde matériel par la discipline mentale et le contrôle spirituel par les huit voies de, la bonne croyance, les bons objectifs, le bon discours, la bonne conduite, la bonne vie, le bon effort, la bonne pensée et la bonne exaltation. Les enseignements de Gautama ont été transmis oralement pendant plus de deux siècles avant d'être écrits pendant le règne d'Asoka dans les écritures saintes du Tripitaka qui sont la base du bouddhisme Theravada.

    La doctrine Bouddhiste a évolué avec le temps et elle est devenue de plus en plus complexe au fur et à mesure que les moines " embellissaient" et "complétaient" les enseignements de Gautama. Cette tendance vers une plus grande complexité a entraîné, vers la fin du 2e siècle, la scission de l'école schismatique Mahayana qui séduisait mieux les masses que le Bouddhisme Theravada d'origine, plus ascétique.

    L'école Mahayana a réintroduit certaines croyances Hindoues préexistantes pour engendrer une cosmologie bouddhiste impliquant trois royaumes:
    - Arupa-dhatu: le royaume immatériel dont les divinités restent distantes et inactives,
    - Rupa-dhatu: le royaume de la forme où des divinités moins exaltées sont responsables de la re-création de l'univers matériel après son anéantissement périodique et,
    - Kama-dhatu: le royaume du désir, subdivisé en six Gatis ou niveaux, les divinités célestes, les hommes, les asuras, les animaux, les esprits affamés et les êtres de l'enfer.

    Le Bouddhisme Theravada, (aussi appelé Hinayana), a émigré au Sri Lanka et en Asie du Sud-est alors que le Bouddhisme Mahayana balayait l'Inde, jusqu'à ce que les Lois de Manu et la dynastie Gupta aient fait renaître l'Hindouisme et le système des castes en Inde, au cours du 4e siècle après JC. Plus tard, le Bouddhisme Mahayana s'est répandu en Chine, au Tibet, en Mongolie et au Japon, et il a pratiquement disparu de l'Inde.


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  • Les Bambara et la création. Les Bambara vivent au centre de l'Afrique de l'Ouest, autour les parties supérieures des fleuves Niger et Sénégal. L'état Bambara, a prospéré dans les 17ième et 18ième siècles à Ségou et au 19ième siècle à Kaarta, tous deux dans le Mali d'aujourd'hui. Leur langue appartient à la branche Mandé de la famille linguistique Niger-Congo.

    Leur légende de la création dit comment Glan, le "son du vide" a créé Dya, son image miroir et comment leur union a donné Yo, "la pensée réalisée". A son tour, Yo a créé le lourd Pemba, la terre et le léger Faro, le ciel. Faro a fertilisé Pemba avec la pluie et Pemba a produit Mouso Koroni, sa sœur jumelle et femme. Faro, de son côté, a produit des filles jumelles qui ont donné naissance aux humains. Quand Pemba a essayé d'augmenter son pouvoir en s'accouplant avec les femmes humaines, sa femme Mouso Koroni s'est fâchée et a révélé les secrets de Pemba à l'humanité, introduisant ainsi le désordre dans le monde. Pemba a riposté en rendant les hommes mortels et Faro a riposté en créant des génies pour maintenir l'ordre. Les nombreuses versions de cette origine mythique de l'univers ont en commun la lutte éternelle entre la terre et le ciel, le thème de jumeaux cherchant à retrouver l'unité et le thème de l'inceste, admis pour les dieux mais défendu aux hommes.

    L'exercice de leur religion implique six sociétés d'initiation (dyow) à travers lesquelles les initiés progressent pendant qu'on leur enseigne les concepts de la conduite morale de la vie, qui contribuent au bien-être global de l'individu et de la communauté. En passant par ces six niveaux d'éducation, l'initié apprend l'importance de la connaissance et du secret, on lui apprend à faire face à la sorcellerie et il apprend la double nature du genre humain, la nécessité de travailler dur dans la production des récoltes, et les réalités de la survie au jour le jour. Le dyow final, le kore, a pour but de permettre à l'homme retrouver la partie de son esprit que les dieux lui ont dérobé par le processus de réincarnation. Si un homme est incapable de retrouver son esprit pendant plusieurs vies, il sera entièrement absorbé par le dieu et cessera d'exister sur la Terre. Le but de l'initié est alors d'usurper le pouvoir du dieu et de rester sur la terre à subir des réincarnations sans fin.


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  • Les Aztèques et la création. Les légendes aztèques expliquent que les ancêtres de l'homme étaient des demi-dieux nés de la mère terre dans des cavernes autour d'un endroit appelé Aztlan, quelque part au nord du Mexique. Leurs descendants sont devenus les tribus nomades chichimèques, dont certaines se sont joints avec le reste de la civilisation Teotihuacan (200-800 avant JC) pour donner la civilisation Toltèque, basée à Tula (900-1200), sous la protection de Quetzalcoatl, le serpent à plumes, Dieu du vent , et de Tlaloc, le dieu de la pluie.

    Une autre tribu chichimèque du nord, les Aztèques, a erré sur les plateaux centraux pendant des siècles, guidée par Huitzilopochtli, leur Dieu de la guerre. Ils ont adopté plusieurs autres dieux, comme Quetzalcoatl et Tlaloc, au cours de leur quête de leur terre promise. Ils l'ont finalement trouvée en 1345, quand ils ont vu un aigle dévorer un serpent dans les marais du Lac Texcoco. Les Aztèques se sont arrêtés là et ont fondé leur cité de Tenochtitlan qui deviendra Mexico.

    La vision aztèque de la création est très semblable à la cosmogonie cyclique, commune à tous les peuples d'Amérique Centrale, et dont l'origine remonte à l'ancienne civilisation Olmèque qui s'est développée autour de La Venta sur la côte Caribéenne 2000 ans avant JC. Dans la version aztèque, ils faisaient partie du cinquième univers, les quatre univers antérieurs ayant été détruits. Dans le premier, la terre était habitée par des géants mais ils ont tous été dévorés par des jaguars quand le soleil s'est arrêté de briller. Un second soleil est alors apparu mais il a été emporté par un vent violent qui a transformé les hommes en singes. Pendant le troisième soleil les hommes ont été changés en dindons. Le quatrième soleil a été le témoin d'un déluge de 52 ans pendant lequel les hommes ont été transformés en poissons. L'univers actuel, celui du mouvement du soleil, est aussi voué à la destruction car toute existence est instable et précaire.

    Les légendes aztèques disent aussi qu'au commencement, les dieux se sont réunis pour déterminer lesquels d'entre eux apporteraient la lumière à la terre qui était toujours sombre et sans vie. Deux volontaires se sont approchés du feu sacrificiel, le beau Tecciztecatl et le laid Nanauatl qui a sauté dedans sans hésitation et a été transformé en un soleil brillant, alors que Tecciztecatl, qui avait hésité, a été transformé en une lune pâle. Nanauatl brillait vivement dans le ciel mais il ne bougeait pas, et quand les dieux lui ont demandé pourquoi, il a répondu qu'il a avait besoin du sacrifice de leur sang pour bouger. Au début les dieux ont obéi, mais ce fut alors le tour des Aztèques de nourrir le soleil par de fréquents sacrifices humains pour qu'il continue à se déplacer dans le ciel.


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  • La spectaculaire augmentation de la taille du cerveau humain a commencé il y a 2.5 millions d'années et a atteint le volume présent, de 1350 cc, il y a 100 000 ans quand l'Homo Sapiens-Sapiens était encore assez primitif comparé à l'homme moderne. Parmi tous les avantages d'avoir un plus grand cerveau, qui ont pu entraîner l'évolution de l'homme, la faculté d'apprendre en imitant les actes réussis des autres humains, semble avoir été la plus décisive car elle a permis l'accumulation de découvertes et d'inventions. Des connaissances précieuses telles que comment fabriquer des outils en pierre, comment chasser divers animaux et comment utiliser le feu, ont été transmises par imitation bien avant que l'homme n'ait développé le langage. Le partage de la collection accumulée de telles "unités de connaissance" entre tous les membres d'une communauté (par leurs réplication d'un cerveau à un autre), a déterminé le mode de vie (ou culture), de chaque groupe.

    Le développement graduel de la capacité de l'homme de se créer des représentations mentales de son environnement et de les échanger avec ses pairs a été essentiel à sa capacité de fonctionner efficacement en groupe. Un homme qui n'avait jamais vu un éléphant pouvait néanmoins participer à la préparation de la chasse à l'éléphant si un autre homme utilisait le langage pour lui décrire un tel animal. Une fois défini, le nom verbal de l'éléphant introduisait l'image d'un éléphant dans la simulation du monde stockée dans son cerveau. De la même manière, l'univers de cet homme contiendrait des licornes si quelqu'un lui avait dit à quoi ressemblaient les licornes, bien que de tels animaux n'aient jamais existé dans la réalité. La capacité accrue de l'homme à conceptualiser, a entraîné sa capacité à construire dans son cerveau, des mondes virtuels sans aucun rapport de correspondance avec le monde réel qui l'entoure.

    Le gros cerveau de l'homme, et plus particulièrement ses grands lobes frontaux, lui ont donné la capacité d'associer des concepts ensemble et d'approfondir sa conscience de lui-même bien au-delà du moment présent afin de se projeter en avant dans le temps. Sa capacité à créer une "réalité virtuelle" dans son esprit n'était pas aussi élaborée que les simulateurs de vols d'aujourd'hui, mais le résultat était le même: un environnement en trompe oeil où il pouvait tester sans risque les actions à exécuter plus tard dans le monde réel extérieur. Cette capacité à projeter des scénarios d'action imaginaires dans le futur et de les communiquer aux autres membres de son groupe pour coordonner leurs actions plaçait l'homme bien en avant de tous les autres animaux qui n'avaient que leur instinct ou que des réactions accidentellement conditionnées pour les guider. C'était probablement cet avantage décisif qui a permis aux humanoïdes Sapiens-Sapiens d'étendre leur zone géographique en facilitant leur adaptation à des environnements très variés. Cette considérable supériorité explique peut être aussi pourquoi les Sapiens-Sapiens ont pu remplacer complètement ou absorber les Néandertaliens moins doués qui ont disparu il y a environ 50 000 ans.

    Le Cannibalisme est très commun à tous les animaux carnivores et il a survécu parmi les humains jusqu'à une époque relativement récente. Nous avons donc toutes les raisons de penser que nos ancêtres éloignés ne laissaient pas la bonne viande se gaspiller inutilement. Nous avons trouvé cependant que l'Homo Sapiens-Sapiens a commencé à enterrer ses morts il y a environ 50 000 ans, au lieu de les manger ou de les laisser aux autres carnivores. Nous pouvons spéculer que l'enterrement des morts est peut être un signe que l'homme pensait que la mort n'avait pas le même sens pour lui que pour les autres animaux.

    Nous pouvons aussi imaginer que sa conscience accrue de lui-même et sa supériorité sur les autres animaux, ont fait qu 'il était intolérable pour lui de se rendre compte que sa propre mort était aussi irrévocable que celle de tous les autres êtres vivants autour lui. Il n'est pas déraisonnable de penser que l'homme a réagi à ce trauma en utilisant sa capacité conceptuelle extraordinaire pour refuser cette réalité douloureuse en imaginant une autre vie "dans un terrain de chasses heureuses". L'enterrement des cadavres aurait pu n'être qu'un signe du respect des survivants pour le défunt, mais l'inclusion d'outils rares et d'objets utiles dans les tombes implique l'espoir qu'ils soient d'une façon ou d'une autre utilisés par leur ancien propriétaire, en dépit de toutes les attentes raisonnables basées sur l'évidence physique de la chair en putréfaction. Les mèmes de ces croyances irrationnelles d'un monde "surnaturel" idéalisé se sont vite répliqués car ils donnaient l'espérance d'une vie éternelle contre très peu ou pas d'effort.

    La capacité de l'homme à se projeter dans l'avenir a naturellement ouvert le voie aux interrogations sur son passé. Il a dû se demander d'où il était venu, avec tout ce qui était autour de lui, aussitôt que la "réalité virtuelle" dans son esprit a étendu son horizon au-delà du moment immédiat. Il a probablement imaginé toutes sortes de réponses, mais les premières que nous connaissons, ont été enregistrées il y a seulement environ 5000 ans quand il a inventé l'écriture. C'est une très courte période dans l'échelle du temps depuis que nos premiers ancêtres se distingués des primates en marchant debout il y a 5 million d'années. Comparé à l'échelle de la vie d'un homme, cela représente moins d'un mois! Ces chiffres nous rappellent que nos premières hypothèses sur l'origine de l'univers sont encore très récentes. Nous sommes encore très nouveaux au jeu de chercher à comprendre l'univers.

    La conscience de soi de l'homme et son aptitude à manier des "réalités virtuelles" couvrant de longues périodes de temps lui ont donné un énorme avantage sur ses cousins primates dont les cerveaux moins sophistiqués pouvaient modéliser à peine plus que le moment présent. Cet éveil l'a aussi probablement laissé terrifié par l'immensité de l'univers qu'il pouvait maintenant découvrir. Comprendre le comportement des animaux avait été assez simple car il pouvait les comparer à lui-même mais il n'avait pas de telle référence quand il s'agissait de comprendre les forces de la nature qui l'impressionnaient le plus, le soleil, le vent, la pluie et le tonnerre, la fertilité qui crée la vie et la mort qui lui met fin.

    Il était donc naturel pour l'homme d'inventer des références anthropomorphiques pour représenter les forces le plus importantes de la nature dans son modèle subjectif de l'univers. Ainsi il a inventé l'esprit du tonnerre qui était à l'image d'un homme très puissant mais invisible, et il l'a appelé Dieu du tonnerre, Thor ou Zeus, ou Jupiter etc. De même, les forces abstraites comme la fertilité, la mort, l'amour, l'ordre, etc., ont donné naissance à des déesses et des dieux équivalents. Il importait peu qu'il n'y ait pas de tels êtres dans le monde réel pourvu que leurs images dans l'univers subjectif de chaque homme remplisse un vide et rende cet univers opérationnel.

    Dans chaque communauté primitive, les individus les plus doués pour inventer des dieux et déesses appropriés comme références des forces de la nature, et les histoires les plus crédibles sur leur interactions entre eux et avec l'humanité, pouvaient se bâtir une influence considérable parce que les explications réconfortantes qu'ils donnaient réduisaient le niveau d'anxiété et de stress de toute la tribu. Des ensembles de mèmes se soutenant mutuellement (mèmeplexes), qui décrivaient les êtres surnaturels et leur comportement avec une foule de détails pouvaient être facilement propagés et entretenus par des individus astucieux prétendant avoir un accès privilégié au monde spirituel. De telles aptitudes spéciales étaient souvent transmises de père en fils, créant des lignées de "détenteurs-du-savoir" que nous appellerions aujourd'hui chamans, guérisseurs ou prêtres. L'échange de telles "connaissances spéciales" entre les chamans de différentes tribus a naturellement conduit à l'élaboration d'ensembles plus ou moins uniformes de croyances communes aux groupes de tribus partageant la même langue et la même culture. L'essentielle valeur de ces croyances était leur effet sur ceux qui les adoptaient. Les religions étaient nées.

    Les religions semblent avoir été basées à l'origine surtout sur le besoin humain d'un refuge contre les dures réalités de la vie mortelle, et peut-être dans une moindre mesure, sur son besoin de connaissance. Elles ont cependant vite donné naissance à des systèmes sociaux et des structures de pouvoir basés sur les "Vérités Divines" que les rares initiés prétendaient détenir sur la nature de l'univers, et plus important encore, sur un au-delà où la bonne conduite est récompensée et où la désobéissance est punie.


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  • Ce que nous connaissons de notre environnement a fait un bon bout de chemin depuis que l'homme s'est aperçu, il y a des milliers d'années, que la terre était ronde et non pas plate! Une autre avancée majeure est survenue il y a seulement 500 ans avec l'acceptation du fait que la terre n'était pas le centre de l'univers mais seulement une des nombreuses planètes en orbite autour du soleil. Un autre pas nous libérant d'une pensée qui prend des souhaits anthropocentriques pour la réalité, fut de reconnaître que le soleil n'était qu'une des innombrables étoiles qui semblent occuper des positions fixes en arrière plan des mouvements de la terre. Puis nous avons finalement découvert que la plupart des taches scintillantes dans le ciel n'étaient pas des étoiles mais des galaxies: des amas éloignés contenant des millions de "soleils" s'éloignant dans toutes les directions, à des vitesses qui augmentent avec leur distance dans un univers en expansion. La plus grande partie de ce que nous savons, a été découvert au cours du dernier siècle, comme conséquence du développement des théories de la relativité restreinte et générale et de la mécanique quantique.

    En retraçant le processus d'expansion de l'univers à l'envers, nous arrivons à la source d'origine ponctuelle d'où l'espace, le temps, l'énergie et la matière sont apparus à partir de rien avec le "Big Bang", il y a quelques 15 milliards d'années. Ceci n'est qu'une théorie mais elle est bien acceptée par la communauté scientifique parce qu'elle explique tous les faits observables mieux que toute autre théorie. Le point initial, source d'un intense rayonnement énergétique s'est refroidi pendant son expansion, engendrant une variété de particules fondamentales qui se sont à leur tour fondues en hydrogène et en hélium après qu'une inflation soudaine ait encore réduit la température du plasma. Ces gaz ont formé des nébuleuses sous l'influence de leur attraction mutuelle et se sont effondrés en des étoiles où ils ont été transformés en carbone, oxygène et autres éléments lourds par fusion nucléaire. Les étoiles ont alors évolué différemment selon leurs masses. Certaines se sont éteintes quand elles eurent épuisé leur combustible nucléaire et les autres ont explosé, en engendrant des éléments encore plus lourds expulsés en nuages de poussière qui à leur tour s'effondreront sous l'influence de la gravité pour donner naissance à de la matière interstellaire et de nouvelles étoiles.

    C'est de cette façon que notre système solaire s'est formé. Les divers atomes de la terre et de nos corps ont été produits par la fusion de l'hydrogène dans le centre d'étoiles qui sont nées, ont vécu et se sont éteintes il y a des milliards d'années. Les cratères de la surface de la lune nous donnent une idée de la façon que les planètes ont été formées par l'agglomération par collision de matières interstellaires gravitant autour du soleil. La lune a perdu tous les gaz qu'elle avait pu avoir à cause de sa faible masse mais la terre, beaucoup plus massive, a retenu son atmosphère qui contenait initialement surtout du méthane (CH4), de l'ammoniaque (NH3), de l'acide carbonique (CO2), et de la vapeur d'eau. Quand l'intense activité météorique s'est apaisée, il y a environ quatre milliards et demi d'années, le cycle de l'eau des nuages aux océans a effacé les traces impressionnantes qu'on voit toujours sur la lune. Les éléments chimiques lessivés des terres se sont accumulés dans les océans.

    Nous pouvons présumer sans risque d'erreur que tous les composées chimiques qui auraient pu possiblement exister de façon stable dans les conditions de l'époque, ont fini par être formés au cours des cinq cents millions d'années qui ont suivi. L'occurrence naturelle des acides nucléiques n'était donc pas seulement probable; elle était inévitable. Les acides nucléiques tendent naturellement à se joindre entre eux pour former des chaînes, ou polymères, qui croissent à leurs deux extrémités. Éventuellement, de telles chaînes deviennent trop longues et se rompent en des morceaux qui reprennent leur croissance en récupérant de leur environnement les acides nucléiques requis. De cette façon, ces molécules reproduisaient la structure qui les caractérisait. Les premiers réplicateurs étaient nés, il y a probablement quatre milliards d'années. Toutes les molécules réplicatives possibles avaient eu amplement de temps pour faire leur apparition mais celles qui se répliquaient le plus efficacement sont devenues plus nombreuses et avaient plus de chance d'accrocher les acides nucléiques disponibles que les autres molécules concurrentes moins prolifiques. Les copies reproduites n'étaient pas toujours exactes. Les mutations qui étaient moins efficientes tendaient à disparaître mais celles qui présentaient une meilleure adaptation à la "soupe chimique" environnante prospéraient et leurs descendantes se multipliaient pour finir par dominer chacun de leurs environnements respectifs.

    Ces structures chimiques reproductives sont devenues de plus en plus complexes pendant les prochains 500 millions d'années et ont fini par former des membranes pour s'enfermer dans un environnement favorable en contrôlant le passage des éléments chimiques à travers les parois de leur cellule. Ces entités cellulaires, dans lesquelles un grand nombre de diverses molécules complexes interagissaient de façon coopérative, peuvent être appelées les premiers organismes vivants. Elles acquirent une certaine autonomie en isolant l'environnement intérieur de la cellule du monde extérieur. Ainsi protégées à l'intérieur de la cellule, les molécules réplicatives pouvaient continuer à développer des structures complexes qui n'aurait pas pu exister en équilibre avec l'environnement extérieur. Les mutations pendant des milliards d'années ont conduit à la diversité requise pour occuper toutes les niches écologiques disponibles. Les réplicateurs qui produisaient le plus grands nombre de copies des instructions permettant de les fabriquer dominèrent leurs niches respectives et les autres disparurent. Des restes fossiles de grandes colonies de tels êtres unicellulaires ont été datés d'au moins 3.5 milliards d'années.

    Ces êtres unicellulaires furent la seule forme de vie pendant encore 1000 millions d'années au cours desquelles la molécule d'acide désoxyribonucléique (ADN), en double hélice, est devenue le réplicateur de structures héritées prédominant. Ils ont donné naissance à la plupart des bactéries d'aujourd'hui. Il y a environ 2.5 milliards d'années, une branche s'est détachée en intégrant un partenaire symbiotique pour développer de nouvelles façons de traiter l'énergie. Ces nouveaux types d'êtres unicellulaires, appelés eucaryotes, contenaient des structures appelés mitochondries, spécialisées dans la conversion de l'énergie, qui avaient leur propre ADN. Pendant les 1.5 milliards d'années qui ont suivi, les eucaryotes eurent tout le temps requis pour évoluer en une variété innombrable de formes contenant au moins deux jeux de structures héritées. Dans le cas des algues bleu-vert, le chloroplaste coopératif (molécule captant la lumière comme la chlorophylle), utilise l'énergie du soleil pour alimenter les processus cellulaires en énergie, y compris la reproduction du réplicateur hôte.

    Il y a peut-être un milliard d'années, les mutations des instructions génétiques portées par l'ADN ont conduit à la production d'entités pluricellulaires composées de cellules spécialisées travaillant ensemble pour assurer la réplication de leurs gènes communs. Après une longue période de maturation, ce nouveau modèle pluricellulaire de vie a éclaté en une variété infinie de formes, il y a environ 600 millions d'années, occupant toutes les niches écologiques possibles avec une multitude de plantes, d'insectes et de vie animale.

    Selon ce scénario, la forme spécifique de vie qui prévalait dans chaque niche était l'agent le plus efficace pour la reproduction de gènes dans cette niche, à ce moment précis. Les gènes dominants dans chaque niche étaient ceux dont la réplication introduisait des mutations génétiques, entraînant la sélection naturelle des mutants les plus prolifiques dont les gènes étaient alors transmis aux générations futures. L'action de ces trois facteurs sur plusieurs millions de générations a entraîné l'émergence de nouvelles variétés et finalement de nouvelles espèces. Après l'apparition de la vie pluricellulaire, ce processus d'évolution a eu encore 600 millions d'années pour mettre en place les conditions d'émergence des premiers ancêtres de l'homme.

    On pense que le premier proto-hominidé, qui est apparu il y a environ 8 millions d'années, a marché à quatre pattes pendant 3 millions d'années jusqu'à ce que l'Australopithecus Afarensis, dont le cerveau avait un volume de 300 centimètres cubes, a commencé à marcher debout il y a environ 5 millions d'années. Encore deux millions d'années d'évolution graduelle se sont écoulés avant que l'hominidé Australopithecus Africanensis ne laisse des crânes fossilisés montrant un cerveau agrandi de 400 centimètres cubes. Un million d'années plus tard, l'Homo Habilis est venu sur scène avec un cerveau encore plus grand de 600 à 750 centimètres cubes. Nous l'appelons "Habilis" parce qu'il avait appris à utiliser des outils primitifs il y a environ deux millions d'années. Il a été vite suivi par l'Homo Erectus dont le grand cerveau (800 à 900 cc), a commencé à développer des lobes frontaux il y a environ 1.7 million d'années. L'Homo Erectus a graduellement évolué en Homo Sapiens, avec un énorme cerveau de 1200 cc, il y a environ 400 000 ans. Il y a environ 200 000 ans, la branche Neanderthalis de l'Homo Sapiens a commencé à se répandre hors d'Afrique. Il a été suivi, il y a environ 130 000 ans, par l'Homo Sapiens-Sapiens, notre ancêtre. Les mutations du cerveau qui ont apporté les avantages évolutionnaires, favorisant la survive et la reproduction de nos ancêtres éloignés, ont augmenté la taille de leur cerveau jusqu'à plus de trois fois celle des autres grands primates.


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