• Depuis l’aube de la civilisation, l’humanité contemple le ciel avec un enchantement mêlé d’effroi. La nature crée puis elle détruit. Cette duplicité a polarisé notre vision du cosmos. Confrontés à l’imprévisibilité des phénomènes naturels et à leurs manifestations contradictoires, nous en avons attribué la responsabilité aux dieux. Bref, nous avons déifié la nature.

    Toutes les cultures ont tenté d’expliquer le mystère de l’existence du monde. Notre tradition scientifique ne fait pas exception. Les hypothèses de la recherche présentent d’ailleurs de surprenantes similitudes avec les suggestions avancées par les mythes. A cette différence près: la recherche scientifique évince les explications qui ne cadrent pas avec l’observation, tandis que la foi suffit à cautionner le mythe.

    Les mythes de la Création se rangent en deux catégories: ceux pour lesquels le cosmos est apparu à un moment précis marquant le début de l’histoire, et ceux pour lesquels le cosmos a toujours été là. Les premiers partagent une conception linéaire du temps: le récit a un début, un milieu et, dans l’enseignement chrétien, une fin. Pour les seconds, le temps ne compte pas ou bien il est cyclique. A l’intérieur de ces deux catégories, règne une diversité foisonnante. Les mythes «sans Création» offrent deux variantes: soit le cosmos est éternel et incréé, comme dans le jaïnisme indien, soit il est cyclique, continuellement créé et détruit, ce qui, dans la tradition hindoue, est joliment symbolisé par la danse de Shiva.

    Les mythes «avec Création» sont de loin les plus courants. Tantôt, ils mettent en jeu une ou plusieurs divinités qui créent le monde, comme dans la Genèse judéo-chrétienne. Tantôt, le monde se façonne à partir du néant, sans intervention divine. C’est ce qu’expriment les Maoris de Nouvelle-Zélande en chantant: «A partir du rien l’engendrement, à partir du rien l’accroissement…» Enfin, dernier cas de figure: le monde sort spontanément d’un chaos primordial dans lequel coexistaient l’ordre et le désordre, l’être et le non-être.

    L’idée d’une Création-événement, d’essence religieuse, imprègne la pensée scientifique depuis sa naissance dans la Grèce antique du vie siècle avant notre ère. S’interrogeant sur les mécanismes physiques qui ont produit le monde et contrôlent ses évolutions, de nombreux philosophes grecs ont postulé l’existence d’un principe d’organisation fondé sur un dessein rationnel. Platon parle d’un «démiurge», Aristote d’un «premier moteur non mû». Platon, héritier fidèle de la tradition pythagoricienne, conçoit l’univers comme une manifestation du Nombre, agencé et combiné pour créer les harmonies perçues par les sens. La Création-événement compte moins, au fond, que la capacité de la raison à appréhender le fonctionnement de la nature. Dans sa quête d’un sens rationnel, le philosophe accède, en fait, à un plan plus élevé: celui de l’esprit du démiurge. Comprendre la nature, c’est comprendre Dieu, ou la raison divine.

    Avec la Renaissance et l’avènement de la science moderne, cette tradition a resurgi en Occident. Tous les grands savants de la «révolution copernicienne» étaient, à des degrés divers, imprégnés de religion. Ils ne dissociaient pas leur œuvre scientifique de leur foi. Copernic, lui-même, chanoine de la cathédrale de Frauenberg, en Pologne, cherchait simplement à concilier l’agencement des sphères célestes et cet idéal platonicien du mouvement circulaire parfait, à vitesse constante. Sa conception du système solaire réalisait un élégant compromis entre l’ancien et le nouveau – un œil sur Platon, un autre sur les principes esthétiques de son temps. Il avait d’ailleurs dédié son grand ouvrage, De revolutionibus orbium cœlestium, au pape Paul III, dans l’espoir que l’Eglise admettrait la nécessité de réinterpréter les Ecritures à la lumière de la nouvelle astronomie.

    La révolution copernicienne triomphe grâce aux œuvres de Giordano Bruno et surtout à celles de Galilée et de Kepler. Ce dernier était profondément influencé par la tradition pythagoricienne et sa mystique du nombre, qui voit, dans la géométrie, la clé de l’harmonie cosmique. Ses trois lois du mouvement des planètes montrent comment un grand esprit parvient à des résultats en se fondant sur un système de croyance tempéré par l’analyse des faits.

    Les célèbres démêlés de Galilée avec l’Eglise catholique étaient, eux aussi, le résultat de sa foi. Pieux et (trop) sûr de lui, Galilée se donnait pour mission de réorienter la théologie chrétienne en prêchant aux dignitaires de l’Eglise l’importance de la cosmologie nouvelle. Le choc était inévitable. En 1633, Galilée dut abjurer le système copernicien. Mais dès 1687, Isaac Newton formulait ses trois lois du mouvement et sa théorie de la gravitation universelle, ce qui facilitera l’acceptation rapide de l’héliocentrisme. Pour Newton, l’extension infinie et la conception sublime du cosmos manifestent la gloire de Dieu.

    Au xxe siècle, l’univers courbe s’impose. Cette nouvelle conception est issue de la théorie d’Einstein. Celle-ci montre que la matière et l’énergie peuvent incurver l’espace et modifier l’écoulement du temps, dotant l’un et l’autre d’une plasticité sans précédent. Ce que corrobore Edwin Hubble de façon spectaculaire, quand il établit, en 1929, l’expansion de l’univers. La question des origines revient hanter la science. Si l’univers est en expansion, il a donc existé un moment où la totalité de la matière était comprimée en un tout petit volume. L’univers a bien eu un commencement.

    Pourtant, une ultime dissension vient troubler cet unanimisme: l’université de Cambridge propose une «théorie de l’état stationnaire», selon laquelle l’univers n’a jamais eu de début dans le temps. Mais quand on découvre, dans les années soixante, que l’ensemble du cosmos baigne dans un rayonnement de micro-ondes, la cosmologie doit se résoudre à abandonner ce modèle. Celui du big-bang, plus compatible avec l’ensemble des données scientifiques, s’impose alors.

    La science peut-elle résoudre l’énigme immémoriale de la Création? Elle n’hésite plus, depuis les années 70, à proposer des modèles physiques pour décrire l’origine du cosmos. Mais chacun d’entre eux se heurte au même obstacle technique: on ne dispose d’aucune théorie capable d’intégrer les fantastiques quantités d’énergie qui prévalent aux premiers instants de l’histoire cosmique. En attendant mieux, tous nos modèles restent de simples «récits scientifiques de création», qui laissent filtrer, recyclés dans le jargon scientifique, des thèmes ancestraux. Selon certaines versions, l’univers naît du «rien», c’est-à-dire d’un vide quantique peuplé de toutes sortes de fluctuations éphémères d’énergie. Selon d’autres, le chaos préside aux origines, avant que n’émerge un cosmos ordonné en trois dimensions.

    Certains de ces modèles formulent des hypothèses sur les propriétés mesurables de l’univers, lesquelles, en retour, permettent d’affiner la représentation. Mais ces mêmes mesures peuvent aussi bien justifier des modèles concurrents. A ce stade, un «bon» modèle serait, à la fois, compatible avec les observations et ouvert aux changements. La recherche scientifique est un processus continu – elle ne délivre pas de vérités définitives, seulement une approche de la vérité.

    Dans son état actuel, la science n’est même pas en mesure de répondre aux questions concernant ses propres fondements: pourquoi l’univers se conforme-t-il aux lois que nous avons découvertes et pas à d’autres? Nous ne le savons pas. Et cette incomplétude suggère une nouvelle forme de complémentarité entre la science et la religion. La religion n’est pas là pour combler les lacunes de notre savoir. C’est l’une des forces motrices de l’inspiration scientifique. Dans notre effort pour connaître, nous révélons notre vraie nature, aiguillonnée par cette même expérience du mystère qui frappait nos ancêtres d’une terreur sacrée.


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    Jusqu’au milieu de ce siècle le Bouddha était considéré par certains auteurs comme un mythe solaire et non comme un personnage ayant réellement existé. Aujourd’hui son existence historique n’est plus mise en doute, nombre de documents épigraphiques et de découvertes archéologiques l’attestent.

    De nos jours le Bouddha est encore souvent classé parmi les “grandes figures des mythologies” ! Ceci exemplifie la difficulté à catégoriser le bouddhisme, tout au moins dans sa version originelle.

    Il apparaît que les mythes, tout comme les symboles, ne sont pas atemporels, leur lecture étant liée à une civilisation, une époque et un peuple. Que signifie par exemple la mythologie hindou pour un occidental et même pour un indien contemporain ? Dans notre optique, qui est celle du pratiquant, la question est de rechercher en permanence l’utilité pragmatique de ce qui est présenté dans le bouddhisme, à la lumière des principes et préceptes de base et en se fondant sur une herméneutique bien comprise. Le bouddhisme originel n’encourage aucune spéculation ou superstition et est dépourvu de tout langage mystique ambigu ; néanmoins, pour être signifiant au sein d’une contexte socioculturel bien spécifique (l’Inde du VIe siècle avant notre ère) il lui a été nécessaire d’inclure des légendes et symboles prévalant dans ce contexte. Mais ces emprunts ne sont que des “moyens habiles” (upâya) permettant de présenter l’Enseignement en des formes et des termes accessibles. L’idiosyncrasie de l’Enseignement du Bouddha étant constamment de donner à chacun la nourriture qui lui convient et au moment approprié.

    Les légendes entourant la vie du Bouddha, telle qu’elle est présentée dans les textes canoniques et postcanoniques du bouddhisme, masquent la réalité d’un personnage sur lequel nous connaissons en fait fort peu de choses. Ces légendes se sont tout particulièrement greffées sur les trois principaux évènements de sa vie – sa naissance, son Éveil et sa mort (“extinction”) – évènements commémorés par tous les bouddhistes du monde à la pleine lune de mai. Existe-t-il un sens caché à ces légendes ? Répondre par l’affirmative serait aller à l’encontre d’une caractéristique fondamentale de l’Enseignement du Bouddha (que nous distinguons ici sciemment du “bouddhisme”, construction tardive) : l’absence de tout signifié occulte à découvrir au-delà de ce qui est exposé clairement par le Bouddha. Il est fort probable que, répondant à une habitude de l’époque consistant à utiliser les expression poétiques et figurées, la relation de la vie du Bouddha dans un langage poétique, la présence d’ornementations, d’exagérations, ont permis la préservation de ces récits jusqu’à nos jours.

    La production des premières images anthropomorphiques du Bouddha et les premières tentatives d’un récit quasi historique de sa vie semblent contemporaines, et les succès de cet art sont perceptibles pendant le règne de l’empereur Kaniska (IIe siècle de notre ère) de l’empire Kusana. Il n’est pas facile d’expliquer la naissance de cette volonté de posséder une image manifestée du Bouddha ainsi qu’une biographie complète alors que pendant cinq siècles et plus, le besoin ne s’en était pas fait sentir. La dévotion envers un idéal transcendant s’est peu à peu mué en une dévotion plus personnelle, exprimée dans l’art et dans la littérature.

    Il est néanmoins regrettable que tous ces emprunts opacifient le message originel et la tentation est forte d’étudier le bouddhisme (et les autres courants religieux) comme une pièce de musée, privée de vie derrière une vitrine, d’un point de vue purement extérieur (scientifique diraient certains !). Cette attitude transforme trop souvent l’Enseignement du Bouddha en une construction mythologique complexe sans intérêt pour la réalité existentielle de l’homme actuel.

    Selon le calendrier bouddhique, utilisé encore dans de très nombreux pays et notamment au Laos, la naissance de Bouddha remonte à très exactement 543 ans avant JC. Les historiens sont unanimes quant à l’effective existence d’un homme, Gautama (aussi appelé Siddhârta, ou Sakyamuni), qui aurait dédié sa vie à la recherche d’une transcendance, reniant les esprits et les Dieux.

    En son temps, cet homme alla à l’encontre même des principes de destin ou de jugement divin. Il voulait remettre le corps et l’esprit de l’homme entre ses propres mains, à une période où non seulement il existait une très forte ascendance des castes sur la vie des hommes, mais où il pouvait lui-même, de part sa naissance, bénéficier de tous les avantages que lui donnait droit son sang.

    Siddhârta est né à Kapilavastu (ou a Lumbini, comme on le pense maintenant, au nord de l’actuelle Bénarès (ville située au nord de l’Inde, sur le versant indien de l’Himalaya), dans le royaume de Maghada où régnait alors le Brahmanisme ou Hindouisme.

    De fabuleuses légendes entourent la naissance de l’enfant, qui reçut le nom de Siddhârta, ou "celui qui a réalisé son but". Né dans une famille de Raja du clan des Sakya, il jouit d’une enfance particulièrement sereine, paisible, sans histoire, promis au destin de prendre la suite de son père. Entouré, choyé surprotégé autant par sa mère (Maya) que par son père (Suddhodana), Siddhârta n’est pourtant pas heureux ; et en grandissant, il sentira jusqu’à l’angoisse de la fragilité des choses, l’amertume de tout ce qui meurt.

    Il se marie à 17 ans, avec sa très jeune et très jolie cousine Yashodara, fille du prince d’un pays voisin. C’est à cette époque que le futur Bouddha découvre les 4 plaies majeures de l’homme (au cours de 4 promenades qu’il aurait faites autour du palais) : la maladie, la vieillesse, la mort et la pauvreté. L’idée maîtresse du bouddhisme "trouver une voie pour sortir de la souffrance humaine" va s’imposer à lui, et ne le quittera plus.

    Siddhârta a 29 ans, et sa femme vient de lui donner un fils, Rahula. Cette naissance lui apporte-t-elle la confirmation qu’une nouvelle "chaîne" le lie à cette existence tissée de souffrances et de mort avec laquelle il souhaite rompre ? Tout est-il que la décision du grand départ s’impose à lui, qui l’amènera à parcourir durant 7 années la vallée du Gange, rencontrant divers maîtres, se formant à la pratique du Samadhi (la méditation).

    Sa réputation de sagesse et son rigoureux ascétisme lui attachèrent alors 5 disciples qui le suivirent comme un maître. Ainsi, celui qu’on commençait à appeler Sakyamuni, autrement dit "le moine silencieux des Sakya", allait par les chemins, écoutant beaucoup, meurtrissant son corps par d’inhumaines privations, dormant sur des épines, jeûnant jusqu’aux limites extrêmes, s’essayant à toutes les tortures de soi pour n’être qu’un esprit à la recherche d’une totale concentration délivrée des contingences humaines.

    C’est alors, rompu par ce régime forcé, exténué, à bout de force, qu’il prend soudain conscience que là n’est pas le chemin de la délivrance. Pas plus que la vie luxueuse qu’il a menée en son palais, la vie d’errance et la terrible ascèse n’est pas satisfaisante. Ainsi sera la première des révélations, la fameuse "voie du milieu".

    Siddhârta reconnaît que les privations excessives ne mènent nulle part et prend conscience qu’il doit satisfaire aux besoins élémentaires. Il recommence donc à se nourrir frugalement... perdant instantanément l’aura qu’il avait auprès de ses disciples, qui l’abandonnent sur le champ. Siddhârta est maintenant seul, désespéré... on place la tentation du Bouddha (par le démon Māra, qui envoya ses filles séduire Bouddha) à ce moment-là, sous l’arbre Bodhi, tentation qu’il vaincra. L’éveil peut se produire, donnant lieu à 7 jours d’extase selon la tradition ; Sakyamuni découvre alors les 4 vérités.

    Il part alors pour Varanasi (Bénarès), où il retrouve les 5 disciples qui l’avaient quitté, à qui il va prononcer son premier sermon appelé "La Mise en mouvement de la Roue de la Loi". Il leur donnera l’ordination : la première communauté, la Sangha, des moines bouddhistes est formée. Dès lors, celui qu’on doit désormais nommé "le Bouddha suprême" n’aura de cesse de parcourir l’Asie, simplement vêtu de la robe jaune, le crâne rasé, mendiant son bol de riz, couchant à la belle étoile ou sous les hangars de potiers à la saison des pluies...

    Le Bouddha sera bientôt suivi de nombreux adeptes, riches et pauvres, simples paysans, parias et rois. Au sein de sa communauté règne la plus stricte égalité, la seule hiérarchie reconnue étant celle de l’ancienneté ; à l’intérieur de la communauté, il n’existera plus de caste. C’est une véritable révolution que propose Sakyamuni... Il sera même créé des monastères de femmes, chose tout à fait inconcevable à cette époque là.

    Au cours des 40 années de voyage qui le mèneront des contreforts de l’Himalaya aux rives du Gange, Bouddha croisera de nombreux religieux de sectes hostiles, mais il est dit qu’il demeura égal pour tous, ses amis comme ses ennemis, car d’ennemis il n’en a point... Il rencontrera son traître en la personne de son cousin Devatta qui rêve de le supplanter à la tête de la communauté et qui tentera à de nombreuses reprises de l’assassiner. Il doit aussi supporter la presque disparition des siens. Le clan des Sakya est anéanti parce que le fils de Bimbisara, qui a fait assassiner son père pour régner à sa place, veut assouvir une vengeance personnelle et dans ce but fait massacrer toute la famille sans épargner ni femmes ni enfants.

    L’heure de la mort approche. Pour la dernière fois il se met en route. Les étapes sont courtes car le Maître est fatigué. Il est entouré de nombreux disciples, dont le fidèle Ananda. Il franchit le Gange, là où s’élèvera plus tard la ville de Pataliputra (actuellement Patna), poursuivra jusqu’à Vanugrama où il frôle la mort, terrassé par une terrible crise de dysenterie, pour enfin s’arrêter sur la route de Kusinagara.

    Il est épuisé. Il s’allonge sur le côté droit, la tête en direction du nord et le visage tourné vers l’ouest. C’est là qu’il prononcera ses dernières paroles : à un prêtre d’une autre secte insistant pour le voir, il donnera l’ordination ; et ce, malgré l’institution rigoureuse des 4 mois de noviciat que Bouddha a pourtant exigée (exemple même du devoir d’interprétation de la règle, considérer l’esprit et non la lettre, miser sur les qualités des hommes...) ; à Ananda, il rappellera encore que seule la Règle est le maître de toute chose. Puis il rentrera en médiation et passa de l’extase à la délivrance.

    Il s’éteindra à l’âge de 80 ans, aux alentours de 480 avant notre ère. L’événement aurait eut lieu à la pleine lune du mois de Kârttika (novembre) selon la tradition sanscrite, ou celle du mois de Vaisâkha (avril-mai) comme la naissance et l’Eveil si l’on en croit les textes traditionnels pâli. Son corps fut brûlé selon la coutume, et des honneurs royaux lui furent rendus.

     


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  • L'islam n'est pas né dans un environnement de vertes prairies, de clairs ruisseaux et de douces collines. Son berceau est le désert aride d'Arabie où les chameaux parcourent parfois de vastes distances sans pouvoir se nourrir. Les puits sont si rares que les hommes ou les bêtes peuvent mourir de soif. Ce milieu hostile, les habitants de cette région, les Arabes, le redoutent d'autant plus qu'ils pensent que des génies malfaisants (les djinns) se cachent partout ; aussi sont-ils particulièrement superstitieux. Tous, aussi bien les nomades sous les tentes que ceux qui demeurent dans les rares cités caravanières ou à l'ombre d'oasis, vivent en groupes selon le mode tribal. Une tribu comporte plusieurs clans, chacun composé d'un certain nombre de familles. Tout individu est obligatoirement rattaché à un clan ; même l'esclave affranchi doit bénéficier, provisoirement ou de façon définitive, de la protection d'une famille. On ne peut vivre seul et libre en Arabie, à moins d'être un de ces ermites chrétiens terrés dans le désert.

    Contrairement aux apparences, ce désert n'est pas vide. Il est traversé par des caravanes remontant vers la Syrie ou descendant jusqu'au Yémen. Depuis le IVe siècle, l'Arabie est entourée de royaumes chrétiens, que ce soit au nord, celui de l'empereur byzantin, ou au sud, celui de l'empereur éthiopien. Au Yémen, des tribus arabes se sont aussi converties au christianisme. Or, ce dernier est souvent hétérodoxe dans la mesure où diverses doctrines concernant la nature du Christ n'ont cessé de fleurir. À Éphèse, en 431, les évêques réunis en concile œcuménique ont condamné le christianisme nestorien qui affirme deux natures séparées dans le Christ. En 451, au concile de Chalcédoine, ils ont déclaré erroné le christianisme monophysite qui voit dans le Christ la seule nature divine. Les chrétiens monophysites restent toutefois nombreux en Égypte et en Abyssinie (Éthiopie).

    Un grand nombre d'évêques, de prêtres et de moines avaient en effet trouvé refuge dans le désert syrien pour échapper aux persécutions perpétrées par l'Église byzantine contre les hérétiques. Les Arabes du centre de l'Arabie, qui conduisent les caravanes vers la Syrie ou le Yémen, s'étonnent sans doute de ces ermites solitaires qui ne s'enflent pas d'orgueil, ne se battent pas et ne possèdent rien. Leur religion ne leur sert pas à acquérir des biens. À l'opposé, les Arabes païens rendent un culte à des puissances protectrices, dans des endroits « protégés » et sacralisés. Ils leur sacrifient des chameaux pour se les concilier. Pour ces hommes du désert, les « divinités » qui protègent doivent être puissantes. Les pierres, du fait de leur résistance, les arbres, à cause de leur rareté, leur servent de demeures. Une ville d'Arabie, La Mecque, dirigée par la tribu des Quraychites, doit son importance à un cube de pierre qui sert de domicile à un grand nombre de ces puissances tutélaires auxquelles, de partout, on vient en pèlerinage offrir des sacrifices. Outre un lieu de rassemblement connu dans toute l'Arabie, elle est aussi une ville refuge qui accorde le droit d'asile à quiconque le demande, arabe ou non. Le moine chrétien Nestorius, persécuté pour ses positions hérétiques consistant à voir dans le Christ deux natures séparées – la nature humaine et la nature divine – serait venu se réfugier à La Mecque au Ve siècle.

    C'est seulement depuis les années 1950 que des études sérieuses sur l'histoire critique de l'ISLAM ont été entreprises. Jusque là, des islamologues s'étaient contentés de répéter, sous une apparence érudite et savante, des légendes sans fondement sur la naissance de l'Islam, à partir "d'anecdotes qui loin d'éclairer la signification du texte, la ternissent plutôt, embarrassent l'intelligence des gens simples et ébranlent leur foi." (Riza TEFLIK, Beyrouth 1947).
    Voici les étonnantes découvertes des travaux irremplaçables, réalisés sur le texte même du CORAN, d'Hanna ZAKARIAS, du père BERTUEL, de Patricia CRONE et Mikaël COOK, ainsi que ceux du F. BONNET, AYMARD et de K. HRUBY. Pour ce faire, il fallait des dizaines d'années de travail par des érudits capables de comprendre et traduire le CORAN, en connaissant à fond l'hébreu, le grec, l'araméen ... et l'arabe primitif. 

    A l'époque où allait apparaître la nouvelle religion, ce qui s'était passé en occident, quelques générations plus tôt, se produisit en orient.
    Les germains, les francs, les burgondes, les wisigoths, peu à peu installés en Gaule par exemple, se sont séparés de la domination de Rome et de Byzance, tout en proclamant leur allégeance à l'Empire : il n'y eut donc pas de massacres, ni de guerres d'invasion, ni de sang versé dans la population, mais seulement quelques batailles ponctuelles contre des légions romaines affaiblies et restées sur place.
    De même, au septième siècle, après l'affaiblissement dû aux barbares, notamment les vandales et avec la plus grande guerre contre la Perse, on assiste à une décadence des deux belligérants. De sorte que les chefs des tribus arabes christianisées et nestorianisées (le nestorianisme est une hérésie chrétienne commune en Perse à l'époque), et installées dans toutes les régions que nous considérons aujourd'hui comme arabes (Syrie, Égypte, Palestine, Mésopotamie etc.), ont pris leur indépendance.
    En moins de dix ans, sans résistance des peuplades locales, sans invasion, sans guerre, ils s'assurent la prise de pouvoir à Antioche et à Jérusalem.
    Le même phénomène se produit dans l'actuelle Turquie, en Asie mineure, où le dernier des Sassanides Chosroès II, avait organisé une guerre de conquête en Égypte, était revenu par Jérusalem pour piller la ville de la Vraie Croix , ce qui, après 615, avait provoqué la miraculeuse réaction de l'empereur Héraclius qui, malgré la faiblesse dramatique de ses légions, aboutit à la victoire romaine.
    La mort de Chosroès II, les querelles dynastiques qui s'ensuivirent, permettent aux tribus arabes sur place de prendre là aussi le pouvoir.

    C'est dans ces débuts du septième siècle que les forces religieuses, présentes en Syrie et en Palestine, entreprennent de donner une culture spirituelle à cette nouvelle recomposition.
    C'est surtout les juifs de la synagogue ébionite qui espèrent rallier le monde arabe à la conquête de Jérusalem, pour le retour du Peuple élu, dans la Ville Sainte.
    Le christianisme est, quant à lui, affaibli, loin de ses sources, enténébré par des doctrines qui le vident de sa substance (Arianisme, Nestorianisme).
    La prédication de la LOI de MOÏSE (Torah) aux arabes de Yathrib (Médine) et Thakif (La Mecque), par un auteur inconnu, rabbin génial, ébionite, installé en Arabie, date de cette époque. Les arabes étaient déjà chrétiens, il s'agissait de les ramener à la Torah de Moïse, et les détourner de la foi en la Divinité de JÉSUS CHRIST (alayhis salâm)
    A l'époque où commence "la Prédication" contenue dans le futur livre de l'ISLAM, la Mecque constituait un carrefour de biens, d'hommes et d'idées de grande importance.
    Avant ces guerres incessantes entre Byzance et l'Asie Mineure, les trafics de l'orient passaient au nord du désert de Syrie. A cause de ces troubles continuels, les trafics d'or, d'encens, de bêtes et de richesses diverses, passèrent par le sud, à partir des rives de la Mer Rouge : la Mecque était devenue une nécessité commerciale.
    Après les victoires islamiques de la deuxième moitié du septième siècle, Bagdad ( en Perse) ouvre, à nouveau les routes anciennes de la vallée de l'Euphrate, et la Mecque retombera dans la ruine, ainsi que toute sa région.
    L'importance de la Mecque n'aura été que passagère, mais suffisante en durée et en intensité, pour permettre la naissance de l'épopée religieuse de l'ISLAM...

    Sans reprendre les explications des articles précédents nous pouvons les résumer en précisant comment ces découvertes s'enracinent dans le texte du coran lui-même... à condition de l'avoir préalablement remis en ordre.
    OTMAN, le troisième calife après la mort de MAHMET, a sélectionné quelques répliques des proclamations de l'apôtre de l'Islam et les a disposées dans un désordre chronologique tel qu'il faut le travail des islamologues pour remettre les sourates dans l'ordre générique où elles on été exprimées. Tout le monde s'accorde sur la base de principes irréfutables sur la chronologie de Modelke (pour ne citer que lui).
    Ce qui importe ici c'est de savoir ce que l'on peut en tirer :
    Dans la première période de cette composition (première période dite mecquoise) de 47 sourates (sirah), les mots, les phrases, les tournures, tout est la transcription d'un judaïsme enseigné en Arabie : c'est un rabbin qui parle dans un jargon mi-hébraïque, mi-araméen.
    L'écriture de la sourate 1, par exemple, est un système graphique en langue talmudique (Talmud : textes juifs de la Synagogue). La théorie musulmane faisant sortir l'arabe littéral du dialecte mecquois comme norme linguistique, ne tient pas scientifiquement : MAHMET n'est pas l'auteur de ces paroles !

    L'auteur est un rabbin : il a reçu l'Écriture de la Providence de Dieu et ce bien-aimé Muhammad a " accueilli la Torah (juive) et l'Évangile " (c'est-à-dire les apocryphes gnostiques des juifs ébionites) (cf. : sourate III ver. 33 et 7).
    Ayant rappelé dans la sourate II, les exigences de la Torah, il prêche sur Marie, Jean-Baptiste et Jésus, dans la sourate III.
    Le retour (sourate II) sur l'Ancien Testament comporte plus de 2000 versets bibliques et d'innombrables réflexions midrashiques (traditions interprétatives des rabbins juifs).
    Le premier corollaire sera la guerre sainte (sourate II, 190 versets) pour la conquête de Jérusalem ( II, 208)
    et le relèvement de la Maison, c'est-à-dire le Temple ( Al Bayt : de l'hébreu El Beit, maison de Dieu ), du Lieu d'Abraham ( Maqamu Ibrahima : II, 125 et suite - II,144 et II, 94-97), car, c'est à Jérusalem qu'Abraham sacrifia Isaac !
    Il faut y accomplir un pèlerinage ( Hijju, II,196 et suite) pour restaurer le Royaume de Dieu (II, 243 et III, 97)
    C'est dans ce but que l'instructeur de l'apôtre arabe "a quitté, comme le fit Abraham sa tente" pour 'poster des fidèles pour le combat'(III, 121).
    Chef de l'expédition sarrazine, qui se joignit à la coalition judéo-perse de 614, il a conduit les enfants d'lsmaël à la conquête du pays (la Terre promise - sourate II,11 et II,168), jusqu'aux Portes de Dieu (II,158 et 169).
    Ils ont "déferlé d'Arabie" (II,198) sont entrés dans la ville de Jérusalem (II,208).
    A cette victoire, à cet élan de conquête, succède une brisure, un calvaire (Qarhun) à cause d'embûches tendues, de trahisons fomentées par la perfidie des enfants d'Israël. (III,99-118-119-122-140-179).
    Les enfants d'Ismaël, on le comprend, sont dans le murmure (III,152), sont dispersés (III,123), et expulsés d'Israël. (III,195)
    C'est alors que l'auteur rédige cette sourate III pour raffermir le courage des hésitants tirant de l'échec même une promesse de retour, de restauration (III,124 à 129).

    Il reste à noter que le coran, récité par les musulmans, ne contient en ces premiers passages aucune trace du nom du prophète Mahmet, ni aucune mention de l'ange Gabriel, pas plus que d'un quelconque récit d'une apparition divine à un arabe ! Ne retenons ici que ce qui concerne MOHAMED.
    Les croyants récitent les textes anciens et croient entendre :
    MHMD a reçu de Dieu sur la montagne la révélation.
    Mais, ce terme MHMD est un participe passé signifiant le bien-aimé (de Dieu sous-entendu).
    Ils voient encore leur fondateur aux passages où l'on trouve AHMAD (sourate 61,6) qui veut dire Précieux. Or, la traduction littérale montre que LE PRÉCIEUX n'est autre que MOÏSE qui, en effet, a reçu de Dieu la Révélation de la Loi, directement, sur la montagne (SINAÏ).
    Le Précieux est précisément le surnom que les midrash talmudiques donnent à Moïse.

    Nous résumerons l'histoire de l'épopée arabo-islamique, après la mort de Mahmet, avec ABU BAKR, puis à sa mort, OMAR à l'époque des conquêtes de Syrie, Irak, Iran et Égypte, et ensuite, OTMAN au début des guerres civiles. Ce troisième calife prend peur et cristallise le coran, comme nous l'avons expliqué en prenant soin d'extirper toute trace des origines juives des sourates.
    A sa mort, Ali prend le pouvoir. Des luttes fratricides éclatent entre la famille d' Otman (les ommayades) et la famille d'Ali, aboutissant à des massacres : Ali, puis Hussein, et toute la famille du prophète sont assassinés.
    Les califes ommayades vont se succéder. en affermissant les conquêtes et en étouffant la dimension religieuse. En 749, ils sont renversés par la tendance religieuse spirituelle et les califes abbassides prennent le pouvoir.
    C'est alors que les traditionalistes (MUHADDITIN) vont recueillir les HADDITH (paroles) c'est-à-dire les traditions orales sur Mahmet. Les islamologues savent bien que ces traditions étaient corrompues par d'innombrables glissements des traditions apocryphes, servant aux abus des dirigeants, et autres intéressés des périodes tyranniques ommayades ! Mais peu importe ! La SUNNA est composée ( de 760 à 820 ).
    Pour la première fois, on peut découvrir une vie de MAHOMET, des apparitions de l'ange Gabriel, des transports sur une jument mystique du Prophète à Jérusalem, et toute une multitude de détails assez choquants.  On peut dire que la religion islamique date de cette époque, qui signe l'abandon définitif de l'origine réelle du coran au judaïsme ébionite.
    Autant le Livre de l'Islam, inspiré par le rabbin, est anti-chrétien, autant la Sunna inspirée par les traditionalistes arabes, est antijuive.
    Pour remplacer Moïse, il fallait bien diviniser Mahmet et lui inventer une vie légendaire et sacrée ! Et tous les écrits, échappés au massacre culturel de toutes les archives, entre les années 650 et 68O, et précieusement conservés chez les jacobites, les nestoriens, les samaritains, ces textes, antérieurs à la Sunna, à propos de Mahmet, montrent bien qu'il s'agit là d'une pure invention !

     


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  • Origines de l'Hindouisme, aussi appelée "religion védique".

    L'Hindouisme, contrairement à d'autres religions, n'a pas de fondateur précis. Les historiens sont très divisés quant aux origines de cette religion, concernant notamment la véracité d'une invasion aryenne, soutenue par certains et controversée par d'autres. Toutefois, voici ce que disent en général les encyclopédies: c'est environ vers 2000 ans avant JC, que les Aryens, peuple du Moyen Orient, envahissent l'Inde par le Nord et développent cette religion qui est déjà présente sur le terrain, mais sous une forme rudimentaire et sans fondement véritable. Ils découvrent qu'à partir du fleuve de l'Indus, des rituels relativement similaires se pratiquent sur l'étendue indienne. L'Indus sera par conséquent utilisé pour dénommer toutes les populations au delà de ce fleuve, et donnera des termes comme "indien" ou encore "hindou". Les Aryens, ou Indo-Européens, s'établissent au Nord et au centre, repoussant les Dravidiens -peuple local indien- à l'extrême Sud. Ce sont exactement les sages inspirés des tribus aryennes qui vont donner la valeur totale de cette religion en Inde en promouvant des textes sacrés révélés par les Dieux. Ces textes sacrés hindous consistent en plusieurs recueils fondamentaux comme les 4 Vedas, les 108 Upanishads, les 18 Puranas et la Bhagavat Gita.

    Qu'est-ce que l'Hindouisme ?

    Il faudrait parler de l'Hindouisme plus comme un mode de vie plutôt qu'une religion. La base de l'Hindouisme repose sur la "conscience de soi", en 2 sens: le soi "individuel", et le soi "universel". Le soi individuel est l'image de soi-même au sens propre: honnêteté, avidité, sincérité, cruauté, hypocrisie, charité et tant d'autres. Ce soi individuel est l'âme conditionnée par la matérialité: la passion et l'ignorance. Il débouche sur un comportement déterminé par le regard des autres et par les sentiments futiles. Pour l'Hindou, les sentiments futiles qui provoquent la passion et l'ignorance sont: l'amour particulier (amour ressenti exclusivement pour la famille et amis) et l'amour superficiel (désir d'argent, de pouvoir, d'esthétique).

    Le soi universel quant à lui est la question du rôle de l'homme dans le monde, savoir pourquoi il vit. C'est ici qu'interviennent les divinités qui guident les croyants vers leur destin. Il y a ici un rapport étroit avec le "soi individuel". L'Hindou doit passer du soi individuel au soi universel. (On dit "soi", car il n'existe pas de "moi" et de "mien", ce qui insinuerait qu'il y ait une personnalité et possession. Or, les êtres vivants sont en constante réeincarnation, et ne sont donc pas intègres et par conséquent ne peuvent rien posséder. C'est pourquoi on fait référence au "soi", infime partie de Dieu qui réside dans chaque être vivant.) Le but de tout Hindou est alors le suivant: atteindre le Nirvana, c'est-à-dire l'extinction complète de l'âme pour ne plus revenir souffrir dans ce monde. Pour ce faire, il faut atteindre le soi universel à travers l'amour universel d'une part, qui s'applique à toute la nature (et non à travers l'amour particulier, qui concerne un cercle de personnes), et d'autre part à travers l'apaisement des désirs futiles. On donc à faire ici à une religion anti-matérialiste.

    Pourtant, les Hindous différent énormément dans leur manière de pratiquer la religion, on dit de surcroît que l'Inde est un pays très diversifié. Pourquoi ? Tout simplement parce que l'Hindouisme, sans fondateur précis, n'a pas de dogmes particuliers, si ce n'est qu'il faut respecter les règles morales et éviter les superstitions. Les 4 Védas, principal écrit de l'Hindouisme, se proposent comme une recommandation, et non comme une doctrine. Raison pour laquelle il y a plusieurs voies pour avoir la bénédiction divine. Certains choisiront une vie de famille dévouée, alors que d'autres mèneront une vie d'ascète loin de toute influence matérielle et humaine pour se consacrer uniquement à la méditation divine, tandis que d'autres encore profiteront des plaisirs de la vie, estimant qu'il serait ingrat de refuser ce que Dieu a offert aux hommes.

    Société

    Tous les Hindous ne sont pas égaux en droits. En effet, la religion a une mauvaise tendance à diviser les croyants selon des classes sociales, appelées CASTES. Le système des castes serait à l'origine une instauration des Aryens, et il est toujours présent aujourd'hui. A l'origine, seules 4 castes étaient instaurées: Les Brahmanes, qui sont les prêtres et les enseignants, auxquels les autres castes doivent le plus grand respect, ensuite les Kshatriyas -"soldats chasseurs" en sanskrit- qui regroupent les guerriers et les souverains, puis les Vaysas, se constituant d'artisans et d'agriculteurs, et enfin les Shudras: les serviteurs. Hiérarchie fortement similaire avec l'Europe de l'Antiquité à la Renaissance: l'Eglise, les Rois, les paysans, et les esclaves.

    Aujourd'hui, il y a plus de 3000 castes ! L'une des castes les moins favorisées est celle des Intouchables. Beaucoup de castes ne leur adressent pas la parole ni n'ont de relations avec elle. Ces 3000 castes sont des divisions de la caste des Vaysas, représentant un gros pourcentage des Hindous. Ces nombreuses subdivisions sont dûes à l'émergence de nouveaux métiers depuis la Renaissance jusqu'au 19ème siècle, car en général la caste est indissociable du métier.

    Pourquoi diviser la société en castes ? La réponse à cette question se trouve dans le concept du "Dharma", mot sanskrit qui signifie "Devoir religieux", ou encore "Obligation morale". Ce qui signifie que chacun a un destin propre, selon ses croyances, ses incarnations précédentes, son travail, son groupe ethnique et linguistique. Plus on est pieux dans la vie actuelle meilleure sera la caste lors de la prochaine incarnation, jusqu'au Nirvana. Toutefois, il est possible qu'un Intouchable parvienne directement à l'extinction de l'âme suivant ses actions dans sa vie. Autrement dit, la caste n'accorde pas d'importance aux signes de richesse, mais à la pureté de l'âme: un Brahmane peut très bien être un gueux, mais il est Brahmane car il a une grande foi et une connaissance de Dieu.

    Religions dérivées

    Autre point capital à savoir: l'Hindouisme a donné naissance à 2 religions :

    premièrement, le Bouddhisme, fondé par Siddharta Gautama Shakyamuni, -(qui n'est autre que Bouddha lui même)- vers 500 av. J-C, qui rejette le système des castes des Vedas car tout le monde doit avoir un statut égal, et qui reprend le concept du cycle des Réeincarnations duquel il faut se délivrer par l'action désintéressée et la méditation, car vivre et revivre dans ce monde d'objets est source de souffrances. Le bouddhiste doit se plier aux 5 interdictions: violence orale (mensonges et insultes), violence physique, vol, débauche, et usage d'intoxicants.


    et deuxièmement le Jaïnisme, fondé par Mahavira, (contemporain de Bouddha), qui prêche la non-violence envers tout élément de la nature. (Gandhi était d'origine jaïne). Le Jaïn doit observer les 3 piliers suivants: la juste croyance (avoir la foi dans la doctrine jaïniste), le juste savoir (se connaître soi-même et le monde de la nature), et la juste action (non violence physique et verbale, non désir matérialiste, charité et jeûne.) Mahavira rejette également le système des castes, source d'inégalité.


    Ces deux principaux courants sont apparus suite au système des castes, qui rendait certaines personnes jouissant de droits basiques que n'avaient pas les autres, ce qui était contraire à la morale religieuse. Depuis, les Hindous divergent dans leurs manières de penser, ils se bâtissent chacun une croyance tirée d'un mélange de l'Hindouisme, du Bouddhisme et du Jaïnisme. (Bouddha et Gandhi sont des figures sacrées en Inde).


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  • 1. Le culte polythéiste des premiers Juifs.

    Avant de devenir monothéistes, les peuples des royaumes de Juda et de Canaan croyaient à l’existence de nombreux dieux et déesses agissant sur l’ensemble de la nature et des activités humaines. Leur dieu suprême est El, dieu du ciel, divinité analogue à l’Allah préislamique, au dieu Il des Babyloniens et au dieu El des Ougarites. Une variante de son nom est Eloha, dans la Torah par exemple, et il est souvent désigné, notamment à Jérusalem, sous le nom d’El Elyon, « El le Très-Haut ». Mais il apparaît comme un dieu souverain lointain, dieu de la morale mais peu soucieux de rendre service à l’humanité. Il règne sur le Mont-Lel et est le père des dieux. Il a pour épouse la déesse Elat, féminin d’El, appelée également Asherah, et qui est donc la souveraine du ciel.

    Son fils Baal, dieu de l’orage, de la guerre, mais aussi de la fécondité masculine, est le dieu principal des premiers Juifs. Son nom signifie « le Seigneur » mais son nom originel, relativement tabou, est Adad, analogue au dieu akkadien de l’orage, Bel Hadad. Il est accompagné de son épouse, Ashtoreth, déesse de la fécondité, que l’on connaît à Babylone sous le nom d’Ishtar, mais aussi de sa soeur, la déesse guerrière Anat. C’est avec elle que Baal combat contre ses nombreux ennemis. Son adversaire principal est Lotan, ancêtre du Léviathan, qui représente le serpent du monde, le dragon apportant le chaos. Il finira par le vaincre avec l’aide d’Anat.

    Son autre adversaire privilégié est Mavet (ougarite Môt), démon semeur de mort. Mavet tuera Baal au combat mais celui-ci renaîtra grâce à son épouse Ashtoreth, qui ira le chercher au royaume des morts. Il faut rapprocher ces évènements du mythe d’Adonis. Adonis, c’est à dire Baal Adad, a été tué par un sanglier, qui est en fait le dieu Mavet, mais qui fut interprété par les Grecs comme le dieu guerrier Arès, jaloux de l’amant d’Aphrodite. Dans ce mythe, Aphrodite, déesse grecque de l’aurore, est amalgamée avec Ashtoreth, du fait d’une ressemblance linguistique mais par forcément parce qu’Aphrodite serait une déesse d’origine sémitique. Enfin, Baal doit affronter le cruel dieu de la mer mais aussi dieu du mal, Yam.

    Mais il existe de nombreux autres dieux comme Eshmun, dieu de la médecine, Arsay, déesse de la terre, Ishet, déesse du foyer et peut-être avatar juif de l’égyptienne Isis. Les dieux égyptiens d’ailleurs pénètrent en force dans le panthéon des premiers Juifs. Ainsi Osiris apparaît sous le nom d’On et Horus sous celui d’Houroun. On trouve aussi un dieu de la guerre et de la peste, Resheph, un dieu du Soleil du nom de Baal Shams, « Seigneur Soleil », analogue au syrien Baal Shamin, à l’arabe Chams et au babylonien Shamash, et un « Vulcain » juif, Koshar, qui fournit des armes aux dieux, en particulier à Baal. A l’exception d’El, les dieux vivent aux côtés de Baal sur le Mont Zaphon, « l’Olympe » juif. Ils sont souvent anthropomorphiques mais parfois également zoomorphiques. Ainsi Ashtoreth est parfois une vache, Baal un taureau, Shams un aigle.

    2. Evolution du judéo-paganisme chez les Juifs d’Egypte.

    L’Egypte connut, aux environs de 1850 B.C, une invasion sémitique, celle des Hyksôs. Il s’agissait essentiellement de soldats cananéens mais aussi, sans doute, des bandes de pillards assyriens et arabes, les Habiru, d’où viendrait le nom d’Hébreux. Cette armée triomphe de celle des Egyptiens et ces peuples s’installent aux postes de pouvoir. De 1730 à 1580 B.C, les rois sont donc des Sémites et de même l’est toute l’aristocratie. Le dernier roi sémite sera Apopi III, nom à rapprocher du serpent du chaos égyptien, Apep (Apophis). Vers 1580, les Egyptiens, ayant reçu vraisemblablement une aide des Libyens, se soulèvent et reprennent le pouvoir. Leurs anciens maîtres Hyksos passent du statut de dominateurs à celui de soumis.

    Entre 1580 et 1250, date à laquelle les Sémites sont expulsés d’Egypte, la religion des Cananéens d’Egypte évolue profondément. L’élément déterminant est peut-être la religion révolutionnaire du roi Amenhotep III (Akhénaton) introduisant le culte du dieu solaire unique, Aton, et qui règna de 1372 à 1354. Le personnage de Moshe (Moïse), dont on ne sait s’il est réel ou mythique, aurait peut-être été de la famille d’Akhénaton si l’on accepte le mythe selon lequel il serait égyptien. Mais il faut reconnaître que le premier judaïsme a bien peu de rapports avec le culte d’Aton, dont le nom, même déformé, est inexistant dans les textes religieux juifs. Quoi qu’il en soit, les dieux cananéens, El, Baal et Ashtoreth notamment, voient leur culte régresser en Egypte au profit d’un culte nouveau, celui d’Elohim. Ce nom, qui signifie mot à mot « les Dieux », désigne une nouvelle divinité, unique, à la fois dieu du ciel et de la justice, comme El, et dieu de l’orage et de la guerre comme Baal. Les déesses sont rejetées du fait de l’androcentrie de ce nouveau culte. Il n’y a pas d’épouse d’Elohim alors que le vieux dieu suprême El en avait une. Et tous les dieux fusionnent en un seul, à l’exception d’Helel, dieu de l’étoile du matin, qui fusionnant avec Baal Seth, devint Sathan. Il y a donc un dieu unique, de nature orageuse et effrayante, le contraire d’un dieu bienveillant comme Baal, à la tête d’une armée d’anges et ayant pour faire ses basses besognes un ange déchu maléfique, Sathan. Et ce dieu ne se prête pas aux syncrétismes; c’est un culte raciste dans une terre étrangère et au sein d’un peuple qui, pour des raisons historiques et nationales, les hait. Notamment, les Cananéens sont rejetés parce qu’ils aiment sacrifier à leurs dieux, puis à leur dieu unique, des béliers. Or le bélier est un animal sâcré des Egyptiens puisqu’il symbolise le dieu du ciel Ammon-Rê. Cette impiété religieuse déplaît profondément aux autorités égyptiennes. De plus, le culte d’Elohim inquiète davantage les Egyptiens, déjà échaudés par les délires d’Akhénaton. Il semble bien que le nationalisme égyptien de Ramsès II associé à la colère des prêtres d’Ammon, aient abouti à une mesure d’expulsion. Les Juifs d’Egypte retournent alors en Canaan où ils retrouvent une population juive demeurée polythéiste. Des guerres de religion s’ensuivent alors et une politique de conversion. Mais pendant plusieurs siècles, les rois juifs demeurent païens. Il semble bien que David comme Salomon aient été polythéistes et que les monothéistes triomphants s’attribuèrent ces personnages historiques en les présentant faussement comme des fidèles d’Elohim, qui sera ensuite appelé Yahweh, du mot araméen yavu, « divinité ».

    3. Yawhistes contre Judéo-païens.

    En retournant en Canaan, les Juifs monothéistes prennent le nom d’Hébreux, c’est à dire de fils d’Heber, nom qui provient sans doute de celui des Habiru. Ils s’opposent alors aux Juifs païens qui y habitent. De nombreuses guerres religieuses et des conversions forcées ont dû avoir lieu, comme le montre la Bible. Mais l’opposition biblique entre Hébreux et Cananéens est purement mythique, les Cananéens n’étant pas autre chose que des Juifs. Les dieux se concurrencent alors. Yahweh est intégré par les Juifs païens; il devient alors le messager de Baal. De leur côté, les Yahwistes récupèrent l’imagerie des autres dieux. Ainsi il s’amalgame avec le dieu cananéen El Elyon, le dieu de Jérusalem, et dès lors devient le dieu suprême de la capitale cananéenne. Il devient aussi le protecteur de la Judée, débaptisée pour devenir Israël, « allié du dieu El ». Les ennemis de Baal deviennent les ennemis de Yawheh. Au lieu de voir en Baal le tueur du dragon Lotan et celui qui a vaincu le dieu marin Yam, c’est désormais Yawheh qui accomplit ses exploits. Quant aux déesses, les Yahwistes n’en reconnaissent au départ aucune mais laissent finalement une place cultuelle, modeste, à la « Grande Reine du Ciel », Elat Asherah, épouse d’El.

    Très vite, les rabbins et les prêtres de Baal s’affrontent violemment. Les rabbins veulent également interdire la prostitution sâcrée en l’honneur d’Ashtoreth. Ils se caractérisent par une grande rigueur morale, introduisant la notion de pêché de chair et celle de mal. Ils refusent alors les cultes extatiques des déesses sémitiques, les cultes de la fertilité en l’honneur de Baal. Ils s’opposent également à l’alcool et voient dans la femme la source du pêché en détournant le mythe polythéiste de la création, Eve donnant la pomme à Adam et condamnant ainsi l’humanité. Or le mythe originel fait d’El le créateur du monde et la pomme est le symbole de l’immortalité. Ce mythe montrait donc l’ascension mythique d’un héros au rang de dieu, à l’image d’Héraclès qui mangeat une pomme d’or du jardin des Hespérides. Quant à l’Eden, il s’agit en réalité des « Champs Elysées » judéo-païens qui s’opposent au Scheol, équivalent de l’Hadès grec. Quant au serpent, il rappelle la déesse babylonienne du chaos, représentée sous la forme d’un serpent, Tiamat, et qui fut tuée par Marduk, c’est à dire par Bel.

    Récupérant en les détournant les mythes cananéens, les Yawhistes progressent dans la société juive comme le feront plus tard les Chrétiens dans l’empire romain. Toute crise leur est profitable. Les rabbins jouent la carte nationaliste et impérialiste et appellent à la guerre sainte contre les Egyptiens, les Hittites, les Philistins, les Phéniciens et les Assyriens. Babylone triomphe de la Judée et déporte les élites juives en Mésopotamie. Celles-ci deviendront yahwistes et en revenant en Canaan, donneront tout pouvoir aux monothéistes. Il est clair que David et Salomon étaient des rois païens, fervents fidèles de Baal et d’Ashtoreth, et qui furent yahwisés par ceux qui rédigèrent la Bible. Mais au VIème siècle, les rois sont désormais fidèles de Yahweh. Et Baal, assimilé au Bêl de Babylone, ville dont le nom signifie d’ailleurs « porte de Baal », est alors définitivement démonisé. En réalité, son culte ne disparaîtra définitivement que lors de la christianisation de la Palestine. L’empereur Julien rencontrera ainsi des Juifs païens au IVème siècle de notre ère.


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