• La remarquable étude du CNRS (Guillaume LECOINTRE) à propos de l'évolutionnisme et du créationnisme http://www.cnrs.fr/cw/dossiers/dosevol/decouv/articles/chap1/lecointreInter.html, aussi complète soit-elle, n'aborde pas la question de savoir pourquoi les créationnistes sont manifestement imperméables à toute argumentation rationnelle et scientifique.

    Il est vrai qu'à notre échelle moins que centenaire, il est difficile, et même quasi impossible, de se représenter une durée aussi longue que des millions d'années et donc le temps qu'il a fallu pour que la vie apparaisse à la suite de la chute d'un météorite, qu'elle se diversifie et quelle évolue, par adaptations et mutations successives et aléatoires jusqu'à l'être humain.

    A fortiori, on peut comprendre que les prodigieuses capacités du cerveau humain paraissent inconcevables à certains sans l'intervention (ex nihilo ? !) d'un "grand architecte" anthropomorphique, "créateur de l'homme à "Son" image".

    La croyance créationniste, comme réponse immédiate et sécurisante à l'incertitude et aux lacunes actuelles des sciences, est d'autant plus compréhensible que, comme l'a dit avec raison le pasteur évangélique Philippe HUBINON à la RTBF :

    "S'il n'y a pas eu création, tout le reste s'écroule !". En effet, après l'âge d'environ 25 ans environ, il devient rare, voire impossible, d'encore parvenir à remettre en question ses options fondamentales, sans doute pour ne pas se déstabiliser, ou alors par orgueil. Certes, comme l'écrit Guillaume LECOINTRE, "la science est tout simplement non intentionnée. Pour autant, elle n'est peut-être pas dénuée de conséquences vis-à-vis de la philosophie".

    En effet, les observations des neurosciences, en particulier, loin de chercher à prouver l'inexistence de Dieu, tendent néanmoins, me semble-t-il, à prouver son existence imaginaire et illusoire.

    Il ne faut évidemment rien attendre, si ce n'est a contrario, de certains pseudo scientifiques canadiens, largement financés par la Fondation Templeton, pour qu'ils parviennent à prouver scientifiquement l'existence de Dieu ! C'est ainsi que, pour conforter sa propre croyance, Mario BEAUREGARD notamment, a sérieusement cherché dans le lobe temporal droit l'antenne, le récepteur que Dieu y aurait placé pour recevoir sa "Révélation" ! Non seulement il a dû reconnaître qu'il n'y en a pas, puisque tout le cerveau est concerné par l'attitude religieuse, mais il occulte totalement l'influence éducative et culturelle de l'éducation religieuse. Et pour cause : il en a lui-même été une victime (inconsciente ?) ...

    Est-il possible d'émettre des hypothèses explicatives, fussent-elles définitivement très partielles, sur l'origine et la fréquente persistance de la foi, même chez des scientifiques, par ailleurs souvent éminents ? Il n'est bien sûr pas question de vouloir simplifier ou réduire l'extraordinaire complexité du psychisme humain, et en particulier le phénomène religieux, à des "mécanismes" psycho-neuro-physio-génético-cognitivo-éducatifs. Mais cette nouvelle approche permet déjà, à mes yeux, de relativiser la part de liberté individuelle.

    Comme l'a écrit le neurobiologiste Henri LABORIT : "(...) Je suis effrayé par les automatismes qu'il est possible de créer à son insu dans le système nerveux d'un enfant. Il lui faudra, dans sa vie d'adulte, une chance exceptionnelle pour s'en détacher, s'il y parvient jamais.(...) Vous n'êtes pas libre du milieu où vous êtes né, ni de tous les automatismes qu'on a introduits dans votre cerveau, et, finalement, c'est une illusion, la liberté !". Finalement, ce qui importe, ce n'est pas tant CE que l'on pense, mais POURQUOI on le pense.

    C'est un fait d'observation sociologique : statistiquement, la liberté de croire ou de ne pas croire est souvent compromise, à des degrés divers, par l'imprégnation de l'éducation religieuse familiale, forcément affective puisque fondée sur l'exemple et la confiance envers les parents, et confortée par l'influence d'un milieu culturel, unilatéral puisqu'il exclut toute alternative laïque non aliénante et qu'il incite, à des degrés divers, à la soumission à une Vérité exclusive et dès lors intolérante. L'éducation coranique en témoigne hélas à 99,99 %.

    La soumission religieuse s'explique : comme l'avait déjà compris Desmond MORRIS, en 1968, dans "Le Singe Nu", Richard DAWKINS estime, dans "Pour en finir avec dieu", que du temps des premiers hominidés, le petit de l'homme n'aurait jamais pu survivre si l'évolution n'avait pas pourvu son cerveau tout à fait immature de gènes le rendant dépendant, et totalement soumis à ses parents (et donc plus tard à un dieu ... !).

    Comme je l'ai écrit par ailleurs, dès 1966, le psychologue-chanoine Antoine VERGOTE, alors professeur à l'Université catholique de Louvain, a montré, sans doute à son grand dam, qu'en l'absence d'éducation religieuse, la foi n'apparaît pas spontanément, et que la religiosité à l'âge adulte en dépend. Son successeur actuel, le professeur Vassilis SAROGLOU, le confirme. Ce nouveau mécanisme de défense, animiste du temps des premiers hominidés, n'est apparu que grâce à la capacité évolutive du seul cortex préfrontal humain, à imaginer, grâce au langage et par anthropomorphisme, un "Père protecteur, substitutif et agrandi", fût-il de nos jours qualifié rationnellement de "Présence Opérante du Tout-Autre",(A. Vergote).

    Comme on pouvait le prévoir, des neurophysiologistes ont constaté que chez le petit enfant, alors que les hippocampes (centres de la mémoire explicite) sont encore immatures, les amygdales (celles du cerveau émotionnel) sont déjà capables, dès l'âge de 2 ou 3 ans, de stocker des souvenirs inconscients (donc notamment ceux des prières, des cérémonies, des comportements religieux des parents, ..., sans doute reproduits via les neurones-miroirs du cortex pariétal inférieur. Ces "traces" neuronales, renforcées par la "plasticité synaptique", sont indélébiles ...

    L' IRM fonctionnelle confirme que le cortex préfrontal et donc aussi bien l'esprit critique que le libre arbitre ultérieurs s'en trouvent anesthésiés à des degrés divers, indépendamment de l'intelligence et de l'intellect, du moins dès qu'il est question de religion.

    On comprend que, dans ces conditions, certains athées comme Richard DAWKINS, ou certains agnostiques, comme Henri LABORIT, au risque de paraître intolérants, aient perçu l'éducation religieuse précoce, bien qu'a priori sincère et de "bonne foi", comme une malhonnêteté intellectuelle et morale. Bien que les religions, et a fortiori leurs dérives (guerres religieuses, inégalité des femmes, excisions, ...) soient plus nocives que bénéfiques à tous points de vue, il va de soi que la foi restera toujours un droit élémentaire, mais d'autant plus respectable qu'elle aura été choisie en connaissance de cause, plutôt qu'imposée. Les libres penseurs évitent ainsi que les cléricaux leur retournent le reproche que nous leur faisons d'imposer une pensée unique : la laïcité philosophique n'impose évidemment pas l'athéisme !


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  • Pour inventer une religion il nous faut définir le divin. Alors un dieu ou Plusieurs ?

    Bon comme pour tous les Dieux, il leur faudrait de la puissance, de la perfection, de l’éternité, et surtout une énorme dose de prétention sinon ils ne demanderaient pas à être honoré.

    Un dieu c’est plus simple moins de problèmes relationnels entre eux, mais par contre pour les adeptes plus de difficultés s’ils ne sont pas d’accord sur sa représentation ou certains de ses préceptes, alors que plusieurs Dieux permettrait de contenter tout le monde car chaque adepte peut se choisir son préféré ?

    Bon vous avez fait votre choix ? Passons aux symboles graphiques, qui doit être un bon logo accrocheur : les symboles du ciel, croissant, cercles ou étoiles à N branches sont déjà des classiques, bon reste les croix, mais elles sont déjà déclinées dans toutes les variantes, triangles carrés ou cercles ? Mais là aussi, les croyants ont épuisé l'imagination, que reste-il ? Le point passerait inaperçu, la ligne peu convaincante, les pentagrammes; hexagrammes polygrammes sont pris aussi, zut alors que choisir ? Même les mains sont déjà utilisées dans différentes positions, presque tout le bestiaire a été utilisé aussi … qui a une idée ? Je suis preneur…

    Maintenant tout cela est très bien mais il n’y a pas de Dieu sans prophète, messie, messager gourou, etc… Il faut bien un intermédiaire sublimé pour transformer toutes ces inventions en quelque chose de croyable, de sacré, si c’est n’importe qui, qui le dit, ce serait n’importe quoi, alors il faut inventer un sacré personnage, faute de mieux, d’une prétention exceptionnelle avec un ego démesuré pour valider tout cela. Le mieux est de se prendre soi-même (beaucoup l'ont fait même de nos jours) c’est vrai que chacun se sait exceptionnel mais comment le faire savoir aux autres ? Seule solution inventer un visiteur, une révélation, une apparition, un messager, voilà le truc ! Un ange qui est venu me dire que j’étais exceptionnel ! Oh vous ne l’avez pas vu ? Oh quel dommage pas de chance, j’étais tout seul dans ma grotte ! Mais si, mais si, il est venu, il m’a tout dit ce que je devais vous dire ! La preuve ? Je suis en train de vous le dire ! Vous ne me croyez pas, allons venez dans la grotte, regardez ici et là des traces de pas et des traces de flammes ! Bon sang mais c’est bien sur !

    Bon c’est bien aussi d’avoir un texte sacré, là c’est emmerdant car il faut l’écrire et c’est fastidieux, heureusement il ne s’agit pas d’un roman qui se doit d’avoir une certaine cohérence une logique un style, se terminant par une chute de préférence inattendue, bien que parfois cela fasse l’affaire mais il y a plus simple. Chaque matin au réveil rédigez une petite phrase l’essentiel étant qu’elle soit assez vague pour être "interprétable" c’est important ça l’interprétation. Eviter des faits, des objets, des dates ou des chiffres cela gène beaucoup l’interprétabilité, parlez de grands sentiments avec des dialogues ou des anecdotes tirées de votre quotidien, cela fait plus vivant plus réaliste. Mais le truc, la grande astuce est de les nu-mé-ro-ter ! Cela fait tout de suite plus sérieux ! L’ordre n’a que peu d’importance mais le plus important est le numéro ! Imaginez la sagesse qui émanera de celui qui saura citer de mémoire le texte numéro tant de vos écrits ! C’est forcément une grande intelligence pour avoir une telle mémoire, moi je n’aurais jamais pu…

    Bon j’ai mis dans mon étude de marché, dieu, le logo, le gourou, le messager, le texte, la base est là passons aux choses plus réelles :

    Il faut choisir ensuite des rituels, cérémonies collectives et individuelles, par quoi les remplir ? Attention les gestes sont plus importants que les mots, ceux là étant répétés ad nauseum, leur sens importe peu, l’essentiel est qu’ils soient les plus obscurs et le plus contradictoire possible afin de suggérer des réflexions insolubles à l’infinies… par contre les gestes doivent être suffisamment astreignants pour éviter que ces simagrées n’entraîne le fou-rire, il faut épuiser le bonhomme par une savante chorégraphie ou chaque erreur de geste soit péché ! Plus il y aura de tradition plus il y faudra se garder de transgressions…

    Parmi ces traditions l’habit : Car il faut aussi choisir des vêtements ! Trrrrès important les vêtements ! C’est à l’apparence que vous prouverez votre foi ! A quoi bon être croyant si l’on ne peu pas l’afficher publiquement, sans cela vous retomberiez dans l’anonymat stérile et banal, une bonne religion se doit de vous sortir du commun des mortels non ? Il est de bon ton d’ailleurs d’habiller différemment les différents initiés de votre hiérarchie, parce que si vous croyez que leur sagesse peut suffire à les distinguer, bonjour les dégâts !

    A ce propos, le choix des sous-traitants est important, ces demi-gourous qui vont décupler votre message suivant le principe bien connu: transmets ce message à dix personnes de ton entourage, tu seras dix fois plus … (choisir la mention qui vous convient). Pour cela deux solutions, soit vous les désignez solennellement après une sérieuse étude d’aptitude, où la docilité est la première des qualités requises, soit vous les laisser libre de se déclarer sous-chefs eux-mêmes. Pour la première solution cela demande plus de boulot mais vous aurez une certaine sécurité dans la maison, mais si la seconde solution vous offre l’avantage spontanés d’un beaucoup plus grand nombre de commerciaux (tout autre mot serait jugé inconvenant par l’une au l’autre des offres actuellement présentes sur le marché), il y a de fortes chances qu’ils se disputent le cheptel entre eux ! Mieux vaut attendre votre mort pour choisir cette solution.

    A j’oubliais une religion est toujours éternelle pour ses adeptes biens sur, alors il faut se trouver des antécédents sinon elle paraîtrait très vite opportuniste… Alors là facile, il y a tant de livres écrit par tant d’illuminés depuis tant de temps il suffit d’un peu de recherche et on trouvera bien quelque part un mot pour prophétiser ma venue, plus qu’à changer éventuellement mon nom par le nom de celui qui est annoncé et hop le tour est joué ! Ça y est, me voilà prophète d’un nouveau dieu, intronisé en secret par son meilleur messager, annoncé depuis la nuit des temps, porteur d’un message mystérieusement "savant".

    Bon tout est en place ? Ah non… il manque l’essentiel, ce qu’on porte sur son cœur, le plus divin, le plus sublime, le pouvoir absolu, celui qui déplace les montagnes, celui qui ôte tous les doutes, vous avez deviné : Le fric bien sur ! Alors là tout simple, il suffit de la ramasser dans la poche de ceux à qui vous promettez sagesse, savoir, santé, ceux que vous honorez de votre contact et qui sont donc évidemment bien supérieurs à leurs congénères, méprisables d’avoir ignoré votre Dieu, votre grandeur et la sienne par conséquent. Car un disciple sera d’autant plus "honorable" du fait qu’il vit proche de votre ombre ! Alors promettez tout, les connaissances, l’éternité, le paradis, la lune, le paradis, bref ! Faites comme sait si bien le faire tout politique qui veut vivre au dépend de ceux qui croient en ses promesses. Un classique !

    Pour l’argent ne le dites à personne mais j’ai un truc : Enseignez la charité, cela sonne très bien, et chacun de vos disciples pourra s’acheter une meilleure place au paradis en proportion de ce qu’il donne aux pauvres, c’est du plus bel effet et ça ne vous coûte rien mais voilà la cerise sur le gâteau, il vous faut proclamer haut et fort que vous-même, faites vœux de pauvreté ! Alors à quel pauvre croyez-vous que le disciple, assoiffé de reconnaissance, donnera-t-il de préférence son obole pour être bien vu de vous et donc de Dieu ? Voilà vous avez tout compris !

    Mais hélas tout n’est pas parfait ! Il y a des épines, méfiez-vous de vos disciples, ils sont dans le secret des Dieux et finissent souvent par vous piquer votre job un jour ou l’autre…


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  • Il existe des champs de la connaissance que leurs défenseurs appellent "sciences", mais que les scientifiques ne considèrent pas comme "scientifiques". Ont-ils raison ?

    Citons par exemple l'homéopathie, l'astrologie , les pouvoirs "psy", les biorythmes , la sorcellerie, l'alchimie, le créationnisme, l'ufologie ...

    Pourquoi ce rejet pur et simple ? La science ne devrait-elle pas s'intéresser à tout champ de la connaissance dans lequel une investigation est possible ?.

    Il se trouve qu'il y a de bonnes raisons pour cela, et aussi de moins bonnes. Citons par exemple :

    • On a déjà prouvé que "ça ne marche pas". (Bonne raison, à condition que ce soit effectivement prouvé).
    • Ça ne repose sur aucune base physique ou mathématique (mauvaise raison, la psychologie est une science, que je sache)
    • Ceux qui soutiennent cette "science" ne sont pas des scientifiques (sous entendu : des charlatans, ou au mieux, des farfelus) : Mauvaise raison, évidemment.
    • C'est contradictoire avec telle ou telle théorie admise. (Mauvaise raison, une théorie devrait toujours être considérée comme provisoire).
    • Ça ne pas peut être prouvé : Bonne ou Mauvaise raison : qu'est ce qu'on entend par "preuve" ? Normalement on dit qu'on a une preuve si la théorie prédit un phénomène et si des expériences répétables prouvent l'existence du phénomène. Mais l'économie, entre autres, ne vérifie pas cette assertion. Pourtant on affirme que c'est une science. Deux poids, deux mesures ?
    • Ça ne peut pas être infirmé : Bonne raison ! Une théorie doit être "falsifiable" : elle doit proposer des expériences qui éventuellement pourraient prouver que la théorie est fausse.
    • Personne ne se risquerait à étudier sérieusement un tel tissu de c... : Mauvaise raison bien sûr, pourtant c'est parfois la seule !

    Il existe quand même à mon avis certaines pseudo sciences pour lesquelles il existe de bonne raisons de croire qu'elles sont tout simplement fausses et à rejeter. L'astrologie est pour moi dans ce cas, de même que le créationisme. Mais tu verras en parcourant ces pages que lorsqu'on essaye de persuader leurs partisans qu'ils font fausse route, on se heurte à des difficultés innombrables et parfois très subtiles qui montrent que tout n'est pas clair dans le champ des "vraies" sciences. la tâche est rude et demande   un certain courage que bon nombre de scientifiques "pur et durs" n'ont pas.

    Soyez toujours sceptiques ! Lorsque vous lisez quelque chose qui vous étonne, qui vous semble "surnaturel" ou "paranormal",  demandez-vous toujours quel est le "truc". Et souvenez-vous :

    • Inexpliqué n'est pas inexplicable. Une absence d'explication, n'est jamais la preuve du caractère surnaturel d'un phénomène mais seulement de notre incompétence à le comprendre.
    • La charge de la preuve incombe à celui qui l'affirme. Il est impossible de démontrer l'inexistence d'un phénomène. À la question "Pourquoi ne croyez-vous pas aux fantômes ?", il faut donc d'abord demander : "Et vous, pourquoi y croyez-vous ?"
    •  Une affirmation extraordinaire nécessite une preuve sans défaut. Des affirmations sortant du cadre connu doivent s'appuyer sur des vérifications poussées. Pour prouver l'existence d'un Yeti, on ne peut se satisfaire d'une trace dans la neige...
    • L'origine de l'information est fondamentale. "D'où vient l'information ?" et "Qui la rapporte ?" sont deux questions à se poser. 
    • Quantité n'est pas qualité. Plusieurs milliers de personnes peuvent confondre un ballon sonde avec une soucoupe volante. Une expérimentation concluante est toujours plus valable que des milliers d'indices non vérifiés. 
    • La cohérence n'est pas une preuve. Une théorie qui ne se contredit pas elle-même n'est pas pour autant valide. 
    • Les croyances créent des illusions. Notre subjectivité modifie notre perception des événements. On se souvient souvent de ce qu'on a voulu voir et non de ce qu'il y avait à voir ou pas. Il n'y a qu'au Loch Ness que l'on confond des troncs d'arbres avec un monstre.

    L'existence même de ces pseudo sciences est un phénomène fascinant. Elle montre que l'esprit humain n'est pas rationnel et a tendance à croire tout ce qu'on lui dit. Elle montre aussi une aversion d'une certaine partie de la population pour les "vraies sciences", qui n'ont pas le vent en poupe...


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  • De la mythologie aux pseudo-sciences

    L’idée pourtant n’est pas nouvelle. La mythologie antique et le folklore évoquent quantité de mondes souterrains (l’Hadès grec, le Svartalfheim nordique, ou encore l’Enfer chrétien tel que décrit par Dante). Par ailleurs, elle peut sembler assez crédible en ce début du XIXe siècle. Il a fallu près de 2000 ans à l’humanité pour accepter l’idée saugrenue que nous vivions sur une planète sphérique, alors qu’elle soit concave et habitée, pourquoi pas.

    Symmes n’est pas non plus le premier moderne à évoquer cette hypothèse. Un siècle plus tôt, Edmund Halley, scientifique connu pour avoir déterminé la périodicité de la fameuse comète, s’est imposé comme le pionnier de ces théories de la Terre Creuse, en affirmant que notre planète abritait une atmosphère et un soleil intérieur susceptibles d’expliquer les aurores boréales.

    Les spéculations d’Halley rencontreront un succès mitigé jusqu’à ce que, reprises par Symmes, elles enflamment les esprits. Car la déclaration solennelle au Congrès va faire des petits. Emboîtant le pas au vétéran de guerre, toute une flopée d’écrivains et de chercheurs va y aller de sa théorie sur les entrailles du globe.

    C’est par exemple le cas du mathématicien écossais sir John Leslie et de l'écrivain américain William Reed qui signe en 1906 un livre « culte », s'appuyant sur des témoignages d'explorateurs polaires, The Phantom of the Poles. On y apprend que notre planète serait faite de plusieurs sphères concentriques emboîtées les unes dans les autres. Aux deux pôles, d’énormes ouvertures permettraient la circulation de l’air et conduiraient à des royaumes souterrains habités.



    Après avoir ainsi migré de la mythologie vers la science, l’hypothèse voulant que la terre soit creuse et habitée, se réfugiera un siècle plus tard dans le brumeux domaine des « pseudosciences » lorsque la conquête spatiale et l’exploration des pôles démontreront son inanité. Au passage, elle absorbera tout ce qui passe à sa portée : mysticisme indien, extra-terrestres, complot gouvernemental, continents engloutis. L’hypothétique monde souterrain héritera même d’un nom : l’Agartha.

    Contrairement à une idée répandue, le mythe de l’Agartha n’est pas d’origine bouddhique, ni même indienne. Il trouve sa source dans la fiction. Si ce nom exotique naît sous la plume du romancier Louis Jacolliot, c’est à Saint-Yves d'Alveydre que l’honneur revient en 1910, dans son livre Mission de l’Inde, de l’avoir placé sous les monts de l’Himalaya et d’en avoir donc fait un royaume souterrain.

    Ce nouveau continent légendaire connaîtra un succès considérable au point de devenir aux profondeurs de la terre ce que l’Atlantide était déjà à l’océan : le point focal de spéculations mystiques et pseudo-rationnelles. Ainsi, en 1927, René Guénon se propose très sérieusement, dans son livre Le Roi du monde, de « rompre enfin le silence sur cette question de l’Agartha ».

    D’une façon générale, les adeptes de la Terre Creuse s’inspireront d’ouvrages de fictions qu’ils se feront un devoir de prendre au pied de la lettre. Dès le XIXe siècle, des auteurs comme Edgar Poe dans Les Aventures d'Arthur Gordon PymVoyage au Centre de la Terre (1864) ont mis fantastiquement en scène des expéditions au cœur de la planète.



    Porté à l’écran en 1959 par Henry Levin, le livre de Jules Verne bénéficiera de plusieurs autres adaptations dont un téléfilm en trois parties réalisé en 1999 par George Miller et, plus récemment une production à gros budget signée Éric Brevig (2008). Les spéléologues amateurs du film, après une chute de plusieurs milliers de mètres, découvrent un paysage bigarré, peuplé de papillons géants, de poissons anthropophages et de dinosaures. Bien que hautement fantaisistes, ceux qui veulent reconnaître en Jules Vernes un visionnaire plutôt qu’un romancier invoquent généralement cette histoire comme « preuve » de l’existence d’un monde souterrain.

    Moins connu, The Smoky God, de Willis Emerson (1908) est également présenté par les aficionados de la Terre Creuse comme n’étant, à l’instar du roman de Vernes, « pas vraiment une fiction ». Quant au roman Vril, The Power of the Coming Race, d’Edward Bulwer-Lytton (1871), il sera récupéré par les idéologues du nazisme.

    Un autre exemple de cette dynamique de confusion est le « mystère Shaver ». Au milieu des années 40, le magazine Amazing Stories choisit de publier une série de courriers d’un certain Richard Sharpe Shaver, racontant les péripéties d’un peuple maléfique habitant un dédale de cavernes sous la croûte terrestre. L’auteur présente son histoire comme vraie et prétend avoir entendu lui-même des voix émanant du sous-sol. Suite à ces publications, des milliers de lecteurs ont écrit au magazine pour dire que eux aussi ont entendu ces voix…

    Entre temps, la Seconde Guerre mondiale a fait les ravages que l’on sait sous l’impulsion de l’idéologie nazie. En quête d’une hypothèse concurrente de la trop juive théorie de la relativité d’Einstein, Hitler s’intéresse à celle de la Terre Creuse. D’autant qu’à la fin de la Première Guerre, un allemand, Bender, avait repris et développé les théories de Symmes en postulant que nous vivons non sa surface, mais à l’intérieur du globe.

    L'expédition  menée par Rügen en 1942, en Antarctique,aura pour but de démontrer cette théorie. En pointant des radars à infrarouge vers le ciel, les nazis espèrent obtenir des images de la flotte anglaise. L’échec de l’expédition coûtera sa liberté à Peter Bender qui finira sa vie dans un camp de concentration.



    Par ailleurs, les nazis auraient également été en quête de Thulé, la mythique nation aryenne, mais les thèses sur le sujet sont plutôt douteuses. Ainsi, dans Le Matin des Magiciens (1962), Louis Pauwels et Jacques Bergier prétendent qu’Hitler aurait eu des contacts avec les fameux « gouvernants secrets », chers à la théosophie, originaires d’Hyperborée, mais résidant désormais sous l’Himalaya. D’autres auteurs rapportent que les nazis auraient tiré des missiles dans le sol Arctique en espérant les voir ressortir de l’autre côté de la planète…

    À la fin des années 50, un certain Henrique José de Souza, président de la société théosophique brésilienne, suggère que les Ovnis plutôt que de dégringoler du ciel, viendraient en fait de l’« Agarthi », monde intra-terrestre dont la capitale serait Shambhala.

    L’idée connaîtra un certain succès auprès des fans d’ufologie, notamment un certain Raymond Bernard, auteur de The Hollow Earth (1969), ouvrage dans lequel on apprend que les pistes d’envol des soucoupes volantes se situent dans le royaume souterrain de l'Agartha. Ses habitants, très évolués techniquement et spirituellement, utiliseraient l’énergie Vril évoquée par Edward Bulwer-Lytton et seraient les derniers représentants d’une civilisation antédiluvienne qui aurait peuplé les continents disparus de la Lémurie et de l'Atlantide. Lorsque ces terres furent englouties, les rescapés trouvèrent refuge à l'intérieur de notre planète ainsi que sur certains continents. C’est ainsi que l'Égypte comme les empires aztèque, maya et inca seraient en fait des colonies atlantes…



    L’avènement de l’ère spatiale et les nombreuses expéditions polaires n’ont  pas suffi à mettre un terme à la théorie de la Terre Creuse. Aux arguments des scientifiques, notamment l’absence de gravité dans cet hypothétique espace sous la croûte terrestre, les adeptes opposent l’inébranlable théorie de la conspiration, arguant que les photos satellites seraient trafiquées par la NASA pour cacher les ouvertures aux pôles... Et il est vrai que certains clichés présentent d’étranges anomalies. Interprétées par les uns comme des défauts photographiques et par les sectateurs de la Terre Creuse comme la preuve tant attendue que les gouvernements nous mentent…

    Hormis les adaptations de Voyage au Centre de la Terre, les œuvres cinématographiques axées sur la théorie de la Terre Creuse sont rares. Citons l’épisode Le Seigneur du Magma de la série X-Files et le très récemment sorti l’Âge de Glace 3 qui reprend le thème de la survie souterraine des dinosaures. Idée reprise aussi au sein des comics avec la Terre sauvage , foulée par Ka-Zar et les étranges X-Men.

    Plutôt que de remplir l’intérieur du globe de créatures mutantes ou d’humanoïdes, le cinéma et la bande dessinée choisiront plus souvent de les peupler d’humains réfugiés après quelque catastrophe. Ainsi, dans L’armée des douze singes de Terry Gilliam (1995), la surface du globe, devenue impraticable en raison d’un virus mortel, les survivants sont désormais contraints de vivre sous terre. Quant à La Machine à explorer le temps, roman d’H. G. Wells adapté au cinéma par Georges Pal puis par Simon Wells en 2002, il met en scène une race d’esclaves reléguée dans des habitations souterraines, les morlocks, devenus quasiment aveugles à force de ne connaître que les ténèbres.

    Enfin, pour ainsi dire plus « réaliste », citons le film de science fiction de Jon Amiel, Fusion, qui raconte les péripéties d’une équipe de spationautes chargés de sauver de la stase le noyau terrestre et obligés, pour cela, de plonger en son cœur.


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  • Il a été dit beaucoup sur la naissance de la pensée scientifique ainsi que sur les transformations structurelles qu’elle a suscitée au sein de notre monde occidental. L’avènement du concept central de " progrès " a orienté notre quête de la compréhension du monde vers une lecture systématique de tout phénomène, qui visait à "rationaliser" les événements physiques, sociaux, médicaux, émotionnels,... les plus complexes. Cette mise à plat de nos environnements multiples sonnait le glas de toute approche au monde qui mettait l’accent sur la pensée magique, le discours populaire, les rituels prenant naissance dans la nuit des temps, ...

    Les impacts de l’émergence de la pensée scientifique sont d’ordre phénoménal, et ce paradigme du " progrès " a fait éclater les modes traditionnels de fonctionnement socio-économique, en même temps qu’il créait de nouveaux mythes, notamment le mythe du développement (rapport de l’Occident aux pays du Tiers-Monde), ainsi que celui de l’appropriation de tout phénomène recensé par la dite pensée scientifique, en même temps qu’un rejet quasi-systématique de ce qui n’était pas recensable selon les critères dominants.

    Les modèles religieux, parentaux, économiques, ont été bouleversés, et ce grand tremblement collectif intérieur a permis aux sociétés occidentales de rénover leurs approches aussi bien de la nature extérieure que de la nature intérieure de l’Homme.

    l’Homme a cru saisir l’essence du monde par son mental seul. Cette pensée structurante, linéaire, hiérarchisante, quant à la nature des phénomènes, a cependant paru présenter certaines failles lors de la naissance de la physique quantique. Comment en effet continuer à justifier nos visions classique de la réalité, alors que l’on remettait en question des principes aussi fondamentaux que ceux de l’espace et du temps !

    Ère d’information, qu’en faire ?

    Aujourd’hui, l’Homme semble être allé très loin dans son appropriation physique du monde, et son statut de Pygmalion n’a jamais été si puissant même au cœur de notre vie quotidienne. Le transgénie vient traîner sur nos tables, l’informatique et le virtuel structurent nos sociétés, ...bref, la technologie a élargi le champ des connaissances jusqu’à submerger l’Homme d’informations dont on ne sait que faire. Le monde a rétréci sous l’œil de nos médias trieurs et façonneurs, et cette masse de savoirs plus ou moins anecdotiques en a exacerbé les incohérences à l’infini. Une immense mosaïque est là, fruit de nos victoires sur la matière. Et l’Homme est plus que jamais à la quête de son essence. Ne pourrions-nous pas suggérer dans ce contexte, que cette part subtile de l’être reste encore en pleine friche et qu’elle dépasse largement le champ des explorations actuelles ?

    Recherche d’un nouveau paradigme sensible à un monde qui converge

    L’ère de l’information nous oblige à envisager des modes de pensée circulaires, on parle de systémique, de feedback, de pensée dynamique...De plus en plus, cette quête d’un nouveau paradigme atteint les dimensions plurielles de nos sociétés, elle se reflète dans les domaines de l’écologie, de l’éducation, de l’économie, des relations sociales, etc. " Gaia " est perçue comme un tout, en termes non seulement géophysiques mais également d’écologie humaine (relations interculturelles appelées à se multiplier...)

    Le défi d’un monde apparemment fragmenté

    Plus aucun système n’est considéré comme système fermé ; l’économie se vit plus que jamais comme système ouvert sur un environnement qui l’irrigue et dont elle se nourrit. On peut ainsi citer les travaux de Joël de Rosnay sur la "nature des relations entre écosystème naturel et écosystème sociétal " :

    " transmission d’informations, cultures, exclusion compétitive, flux, réservoirs, décisions, marchés, échanges. L’évolution technico-sociétale et l’écosystème économique ne constituent pas le prolongement direct de l’évolution biologique darwinienne. Ils sont d’une autre nature. Des êtres conscients agissent aux nœuds des réseaux, mais les principes symbionomiques sont les mêmes. Ils démontrent l’unité de la nature et surtout indiquent des pistes pour l’action et la construction de l’avenir..."

    C’est, comme l’exprime Joël de Rosnay, le défi d’un monde apparemment fragmenté.

    Dans le domaine de l’éducation, on révise les définitions de l’apprentissage ; en Amérique du Nord la notion évolue de l’ancienne définition de somme de connaissances linéaires et d’informations, vers une capacité de réflexion qui puisse générer une synergie constante des connaissances emmagasinées. Le maître mot y est d’apprendre à apprendre.

    La science occidentale a joué le jeu de l’enfermement culturel

    La transmission, des connaissances, le développement d’habiletés fondamentales et de compétences transversales, à l’aide de ces nouveaux médias, commandent une révision en profondeur de nos propres programmes d’études, de nos modes d’évaluation et de nos pratiques pédagogiques, dans un esprit de formation continue.

    Et encore, cette planète " Gaia " devenue si petite sans pour autant perdre de sa complexité, nous renvoie à des images démultipliées des êtres, par le biais des relations interculturelles qui s’intensifient. Ainsi l’anthropologue hispano-américain Panikkar appelle à une réflexion de fond sur nos modes de fonctionnement occidentaux actuels :

    " Il existe des invariants humains : tous les hommes mangent, rient, ont un corps, dansent, ont une certaine socialité, parlent : mais, il n’y a pas d’universaux culturels c’est-à-dire qu’il n’y a aucune valeur culturelle qui tienne universellement et encore moins à priori... Tous les hommes ont un corps mais différente est la signification qu’ils attribuent au fait d’avoir un corps. Par exemple, où finit mon corps ? "

    Commentaire : la science occidentale a joué le jeu de l’enfermement culturel. Elle fonctionne dans un monde où les cultures sont homogénéisées dans leur approche de la réalité matérielle. La science est pourtant d’abord culturelle, et ce, malgré le discours officiel de ses représentants. Elle n’est pas invariant humain. En revanche et à la suite de Panikkar, ne pourrait-on pas rajouter dans les invariants humains, la quête de la transcendance, besoin commun à toutes les cultures ? Cette science actuelle qui s’octroie le rôle de grille explicative universelle des phénomènes du monde, met délibérément de côté une des dimensions premières de la nature humaine, lors de ses cheminements. Au nom de quoi ?

    Panikkar pose également sur la sellette, le concept de développement : " On devrait se demander quels sont les présupposés anthropologiques du mot " développement ". Qu’arriverait-il, si au lieu de dire développement, on disait " pays en voie d’éveil ou d’approfondissement " ? Même en voulant conserver le terme développement, en le rendant beaucoup plus humain, et plus graduel, nous demeurons toujours à l’intérieur de la même mentalité avec tout ce qui est inconsciemment ou implicitement contenu dans le mot " développement ". Les mots sont conscients et ont une charge de signification supérieure au petit contenu sémantique dont nous sommes conscients.

    Panikkar remet en cause un des sacro-saints principes de base de notre civilisation occidentale, en évoquant la justification de ce qui fait qu’un mot , une catégorie, sont choisis pour en faire un symbole plus ou moins universel qui serve le gouvernement mondial pour les autres cultures. J’ai parlé d’éveil, d’approfondissement, j’aurais pu dire croissance, qui ne signifie pas nécessairement développement, qui peut aussi signifier cancer. Un mot beaucoup plus cher à tant de religions orientales pourrait être celui de " réalisation ", de se " réaliser ". La différence est irréductible et c’est de cette irréductibilité que nous devons tirer des forces pour progresser dans notre connaissance des êtres, non pas par l’homogénéisation. Ne pas chercher à niveler mais plutôt vivre les heurts, les jaillissements comme une dynamique inhérente et fondamentale de la vie.

    Redéfinir notre compréhension du monde en incluant la part de mystère comme dynamique d’évolution

    On pourrait probablement appliquer l’exercice de style à l’ensemble des dimensions de la vie humaine. De cette complexification et apparente fragmentation, de cet univers presque inabordable, c’est pourtant toujours l’homme, le même dont on parle, celui qui sait rêver, chevaucher de vastes imaginaires sans toit ni loi, celui qui sait parfois faire régner l’absurde, celui qui tente aujourd’hui de se recentrer sur le cœur de son être.

    Cet homme est toujours aussi vulnérable, pétri de magie parce qu’il appartient beaucoup plus qu’il ne croit à des dimensions qui le dépassent, et c’est là le cœur du problème. Magie, rapport magique de l’Homme au Cosmos, pensée magique, tous ces dénominatifs ne sont que des concepts béquilles, de pauvres pis-aller, qui nous permettent d’évacuer la plus large remise en question, celle des êtres vivants comme participants de plusieurs dimensions, et ce, pris au sens ontologique du terme.

    Les empreintes, les TREI, sont la trace du mystère de la vie, mystère qui déborde de cadres tronqués de la réalité, les cadres conceptuels scientifiques actuels. Le discours scientifique dominant du vingtième siècle a évacué ces empreintes soit en les abandonnant aux dogmes et aux discours religieux, soit mieux encore, en les traitant par le biais des sciences sociales comme une manifestation anecdotique de ce que l’on nomme la pensée magique.

    Il apparaît évident que dans cette jungle d’entités cybernétiques, surgiront de nouveaux mythes, de nouvelles demeures possédant leurs rituels et leurs maîtres. Mais il y aura en parallèle, détournement des technologies les plus pointues, au profit de cette quête intérieure de l’Homme. Ceci parce que le progrès, l’avancée matérielle ne chapeautent pas ces multiples dimensions de l’être, et ne sont que révélateurs d’une facette de ce grand mystère qui nous habite et qui reste à défricher. Comme l’exprime Marilyn Ferguson :

    " La science de pointe lance un défi : s’il est vrai que notre mémoire est aussi vaste que le montre la recherche, notre conscience aussi étendue, notre cerveau et notre corps aussi sensibles, s’il est vrai que nous pouvons modifier à volonté la physiologie d’une seule de nos cellules, que nous sommes les héritiers d’une telle virtuosité évolutionnaire, alors comment se fait-il que nos performances et notre apprentissage soient si médiocres ? Riches de telles capacités, pourquoi sommes-nous si peu intelligents ?"

    Les empreintes, ou TREI ne représentent que la pointe de l’iceberg d’une réalité d’abord spirituelle de l’Homme, ce qui pourrait expliquer pourquoi les schémas explicatifs des réalités physique et sociale n’ont pas enrayé la force de la quête. La trans-communication est un exemple type de l’utilisation de nouvelles technologies à des fins spirituelles ; la technologie ne sera qu’un outil de plus dans la quête de l’homme vers sa vraie nature. Et parce que la civilisation actuelle est devenue si difficile à capter dans toute sa complexité, ses chemins analytiques, ses découpages kabbalistiques, il y aura de plus belles échappées, des trouées de ciel, des événements inexpliqués, pour nous rappeler collectivement à notre devoir de recherche, pour nous exhorter à ne plus gommer à tout prix l’espace infini qui nous unit au monde.

    Plaidoyer pour de vraies questions

    Quel pourrait être le ciment qui tienne cette convergence, ces chemins transverses que doit emprunter aujourd’hui l’humanité pour appréhender la nature du monde ? N’y aurait-il pas un paradigme qui englobe cette nouvelle prise de conscience, que tout se tient dans tout, que tout est irréductible et différent, en même temps que complémentaire ? N’y aurait-il pas une façon d’extirper l’esprit d’une dimension intellectuelle devenue trop étroite, qui nous permette de hisser les voiles et d’explorer au-delà des limites matérielles auxquelles nous semblons nous heurter ? Quel pays, quelle culture peuvent prétendre imposer un paradigme qui fonctionne pour l’ensemble de l’humanité ? N’y a t il pas moyen de construire cette alliance philosophique et spirituelle Orient-Occident , et d’en extraire une appréhension du monde qui inclue la pensée scientifique sans que cette dernière ne devienne la référence unique de notre approche cohérente au monde ? Et cet éternel regard humain ayant traversé les temps, qui cherche malgré et encore sa source, n’est-il pas le révélateur d’une vérité intérieure encore si peu explorée, à part chez les grands mystiques (religieux ou non) ? Où est ce chemin qui nous manque, ce fil d’Ariane qui permettrait de lier les choses les unes aux autres ? Les empreintes nous ramènent de façon crue à ce manque, à ce moment crucial de notre époque, où il nous faut relire les données, et reconstruire un sens.

    Tant que collectivement, nous remettrons au lendemain les recherches sur la nature fondamentale de notre être, collectivement il y aura soif et insatisfaction, incohérence et souffrance. Les empreintes du mystère de la vie sont là pour nous ramener à des rivages encore inexplorés.


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