• Le feu est issu de l’élément primordial qu’est l’éther. Nous ne parlons pas uniquement du physique, celui qui nous brûle quand on le touche, mais cet élément au travers les plans de la création.
    Les propriétés fondamentales de cet élément sont la chaleur et l’expansion qui se manifestent au travers du fluide électrique. Fluide qui d’ailleurs est plus connu sous le nom d’électricité dans notre monde physique. Cet élément représente la lumière qui s’expanse comme le feu.

    Le feu dans le monde physique est bien sur représenté par le feu tel que nous le connaissons ou par l’électricité qui est la manifestation physique du fluide électrique.
    Le feu dans le corps physique est lié à la tête, siège du cerveau, qui commande des impulsions électrochimiques vers le système nerveux et autres...
    Le feu dans les émotions : la colère, la haine,la jalousie, l’hyperactivité, l’enthousiasme...
    Le feu dans le mental : la force de décision, la passion, la volonté...

    Selon les connaissances initiatiques, le feu est rattaché à la couleur rouge et au tétraèdre. Le feu est rattaché à la volonté sous toute ses formes.


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    Cet élément est l’élément le plus pur et le plus subtile de tous. Il est la quintessence des alchimistes. Il est l’origine des 4 autres éléments car il est le principe de toutes choses, l’état primordial de tous les plans de la magnifique création. Il est le treillis originel Divin, sur lequel, toute la création se tisse et se construit par l’inermédiaire des 4 autres éléments. Selon la connaissance initiatique le dodécaèdre et le violet sont rattachés à cet élément.

     


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  • C’est le plus subtil des quatre éléments, insaisissable, d’où l’expression libre comme l’air qui en fait en quelque sorte un symbole de liberté. Mais surtout, se rattachent à l’air - malgré ce qui vient d’être dit - les notions de souffle et de vent. Le mot grec pneuma, qui a donné pneumatique et est issu de la même racine que le poumon et la famille de mots dérivés, signifie souffle et aussi souffle de vie, et chez Platon : souffle divin et esprit divin. Il a été gardé par les auteurs chrétiens de langue grecque pour désigner l’Esprit-Saint.

    Nous respirons l’air et ceci est tellement indispensable à notre vie, que les expressions "souffle de vie" et "rendre le dernier souffle" sont toujours d’actualité. Et dans beaucoup de religions, la divinité "insuffle la vie" pour créer l’être humain, voire pour le ressuciter.

    L’air accumulé au-dessus de nos têtes forme le ciel qui s’oppose en un sens déjà vu, à la terre située sous nos pieds. Le Ciel est souvent considéré comme fécondant chaque années la Terre nourricière. En outre, note Eliade, la simple constatation de la voûte célesteprovoque dans la conscience primitive une expérience religieuse ; et en de nombreuses religions, le ciel est la demeure de l’Etre Suprême. Le ciel, ajoute cet auteur, symbolise la transcendance, la force, l’immutabilité.

    La langue indo-européenne primitive désigne le dieu du ciel par le mot Dyaux, brillant, ciel, jour lumineux, d’où dérivent en grec Zeus, en latin Jupiter (Daus pater). Chez les sumériens le mot Anu désigne à la fois le ciel et le premier des grands dieux mésopotamiens, qui a son temple à Uruk (ou Warka).

    Dans l’art chrétien, le ciel est symbolisé soit par le buste d’Ouranos (ex-dieu du ciel, chez les Méditerranéens), sous les pieds du Christ, comme sur un sarcophage paléochrétien du Vatican, soit par l’arc-en-ciel si fréquent dans les peintures et les mosaïques byzantines, et sur lequel le Christ est volontiers assis.

    Dans des circonstances exceptionnelles, le ciel "prend le deuil", c’est ce qu’explique le Nouveau Testament, à la mort du Christ (ténèbres en plein jour et phénomènes cosmiques). Ce symbolisme a été repris apr les poètesépiques français de la Chanson de Roland : à la mort du héros, les cieux sont en deuil, et la terre tremble sur tout le sol de France.

    L’aigle personnifie l’air ou le ciel ou est symbole d’élévation spirituelle.
    Depuis Icare, le vol dans l’air a toujours tenté l’homme. Quant au rêve de vol durant le sommeil,il "est un des symboles les plus clairs de la psychanalyse" (G. Bachelard), il symbolise, dit-on, les désirs voluptueux.
    L’air, dans son état dynamique, devient le vent.

    LE VENT

    Selon l’épopée babylonienne de la Création, Anu, chef du panthéon mésopotamien, donne au dieu Mardouk les quatre vents qu’il a créés.

    Aux époques grecque et romaine, il est souvent question des vents, divinités secondaires sous les ordres d’Eole, roi des vents. La rose des vents a été vue à propos du symbolisme de la rose. Sur toute l’étendue de l’Empire romain, beaucoup de mosaïques et de bas-reliefs portent l’image de quatre génies symbolisant "les quatre vents" cardinaux, en relation ou non avec les saisons diviniséesw. Ils sont implorés comme génies bienfaisants ou redoutables, adorés aussi comme manifestations de l’Air, principe de toute vie. Ils figurent notamment dans les écoinçons des bas-reliefs mithriaques et sur des stèles funéraires gallo-romaines où quatre visages humains soufflent, les joues gonflées, évoquant simultanément les âmes des morts, le mot latin animus signifiant à la fois souffle et âme.

    Un rappel de ces notions antiques se retrouvera dans le "Poème sur la bataille qui fut faite à Fontenoy" dû a Angelbert :
    " Le vent d’Este, le vent du Sud, le vent d’Ouest et l’Aquilon Pleureront ceux qui ont trouvé la mort dans ce malheur fatal".
    Il s’agit de la bataille de Fontenoy-en-Puisaye en 841 entre les quatre héritiers de l’empeureur Louis le Pieux.

    Les quatre vents n’appartiennent pas seulement au paganisme. Dans une promesse de résurrection, Ezéchiel prophétise ainsi : "Viens des quatre vents, Esprit, souffle sur ces morts et qu’ils vivent" (Ez. XXXVII, 9). Les quatre vents sont sculptés sur des chapiteaux romans, par exemple à la face occidentale du 5e pilier méridional de la nef de La Madeleine de Vézelay, sous l’aspect de quatre personnages tenant un cône percé ou un soufflet.

    A l’intérieur du célèbre Baptistère des Orthodoxes, à Ravenne, sont représentés quatre trônes à baldaquins, portant chacun une croix : c’est l’unique trône du Christ qui apparaît aux quatre vents. Les quatre trônes alternent avec des absides contenant chacune un évangile ouvert sur un autel : la parole de Dieu est une, amis écrite en quatre interprétations parles évangélistes et s’en va aux quatre vents nourrir le monde entier, selon saint Irénée.

    La cathédrale de Gérone (Espagne) contient uen oeuvre romane très fameuse, le Tapis de la Création, où sont brodés les quatre vents sous forme de presonnages ailés, à cheval sur une outre. Dans ces divers cas, les quatre vetns symbolisent les points cardinaux.


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  • Le feu, qui reste aujourd’hui un objet de fascination pour les hommes, a été universellement adoré et divinisé, en Iran et en Inde plus que partout ailleurs.

    En Iran, les feux spontanés sont moins rares qu’en d’autres pays ; des "feux éternels", n’ayant pas besoin d’être alimentés, y sont connu dans des montagnes arides depuis la plus haute antiquité, aussi s’explique-t-on que les adorateurs du feu y soient si nombreux. Il ne faut pas attribuer ce fait à la seule religion de Zoroastre : des temples du feu antérieurs à la naissance de Zoroastre ont été découverts en Iran, en particulier celui de Masjidi-Soleiman datant du VIIe siècle avant notre ère ; et sans doute Apan-Napat était-il le dieu igné du panthéon prezoroastrien. Napata est le pétrole brut. On sait aujourd’hui que les "feux éternels" sont dûs à des gaz de pétrole s’enflammant spontanément. C’est près de Masjid-i-Seleiman qu’a été trouvé en notre siècle le premier gisement de pétrole en Iran. Le pétrole était connu des anciens sous forme de bitume en Mésopotamie et en Egypte, où il avait des utilisations diverses, même thérapeutiques.

    Le religion de Zoroastre est basée sur le culte du feu ; elle a toujours coexisté avec d’autre religions sur le territoire iranien. Elle avait des temples du feu en forme de tour, de section carrée, avec, à l’étage supérieur, une chambre où brûlait le feu sacré, entretenu par les mages ; des autels du feu étaient installés à quelque distance des temples. Le temple du feu le plus célèbre est celui de Naqsh-i-Roustan, à côté des tombeaux des Achéménides. Sous cette dynastie, commence à se répandre le Mazdéisme réformé par Zoroastre, religion qui admettait une épreuve du feu dans le jugement dernier après la mort. Mais la religion officielle des Achéménides reconnaissait comme grand dieu Ahura-Mazda, dieu de la lumière. A certaines époques la Perse avait une triade divine composée d’Ahura-Mazda, de Mithra, dieu solaire, et Anahita. Tardivement cette dernière divinité devient prépondérante et tout en symbolisant l’eau, elle est liée au culte du feu - cette union des contraire se retrouve souvent dans la symbolique. C’est également à l’époque sassanide qu’a fleuri la religion de Mani, à la base de laquelle se trouve l’opposition entre la lumière et les ténèbres, c’est-à-dire entre le bien et le mal.

    L’Iran actuel compte encore quelques dizaines de milliers de Zoroastriens qui vénèrent le feu ; ils passent pour sauter par-dessus le feu, avant de monter en auto, pour se protéger des accidents de la route. D’autres, persécutés par les musulmans, sont réfugiés en Inde depuis des siècles. Ces adorateurs du feu sont encore appelés Guèbres, ou, en inde, Parsis (c’est-à-dire Persans).

    Telle était l’importance du sacrifice védique en Inde qui ses éléments étaient proclamés divins et adorés pour eux-mêmes, notamment Agni, le feu sacrificiel dans la Véda. Plus tard le feu Agni est célébré comme l’essence de l’univers, il devient la force universelle. Le feu en Inde est associé aussi bien aux dieux védiques qu’à Bouddha et leurs statues respectives sont souvent coiffées de flemmes. Au Musée Guimet, un bois sculpté du XVIIe, provenant d’un char traîné par des fidèles dans l’Inde du Sud, représente Agni, le dieu brahmanique du feu, à deux têtes surmontées de flammes, symbolisant le feu védique et le feu de l’autel domestique ; il a quatre mains tenant quatre atributs : la hache pour couper le bois, la torche pour allumer le feu, un éventail pour l’atiser et une cuillère pour y verser l’offrande.

    Bouddha a quelquefois son chignon prolongé en haut par des flammes. Dans un cas au moins, des flammes jaillissent de son corps et l’entourent de toutes parts : c’est un iracle représenté dans une grande partie de l’Asie, par exemple sur un bas-relief en pierre, de Gandhara, datant du IIIe siècle et presentement au Musée de Brooklyn.

    Une colonne de feu symbolise parfois l’association d’Agni et de Rudra, soit dans l’iconographie de Shiva en tant que Kalagnirudra, à Gudimallam, soit dans celle de Bouddha où la colonne de feu, surmontée d’une roue solaire, repose sur un lotus représentant Brahma, tant à Amaravati (IIe siècle) qu’à Nagarjunakonda ; elle est alors destiné à suggérer la supériorité de Bouddha sur Agni, Rudra et les autres grands dieux. Pour la même raison, une peinture murale du IIIè siècle provenant d’Asie Centrale (Musée National de New Dehli) figure Bouddha avec une colonne de feu sur chaque bras.

    Les nombreux bronzes de Shiva Nataradja - roi de la danse - ornements de tant de musées, sont souvent entourés d’un cercle de flammes, également en bronze, pour souligner le caractère cosmique du dieu, qui danse "pour la conservation du monde". Une de ses mains gauches tient le feu, qui dans cette giration cosmique, anime et dévore simultanément le monde.
    Les disciples de Vichnou en Orient portent sur le front une marque rouge en forme d’U encadrant un trait vertical ; c’est la simplification du dessin des pieds de Vichnou et d’une flamme centrale symbolisant la lumière intérieure du pélerin.

    Les temples hindouistes répondent à maintes exigences religieuses et métaphysiques. Dans certains d’entre eux, à côté de la statue de culte, ou du linga s’il s’agit d’un temple de Shiva - par exemple dans le temple de Kaïlaça d’Ellora, qui remonte au VIIIe siècle - est entretenu de nos jours un feu sacré dont la flamme divine symbolise à la fois le microcosme humain et le macrocosme de l’univers. Les temples hindouistes possèdent un bassin dont l’eau, sacrée, symbolise la déesse Ganga (le Gange) et sert à des aspersions et des bains rituels. Lors d’une fête annuelle qui ne coïncide pas forcément avec un solstice, les gradins entourant ce bassin sont recouverts d’une multitude de lampes à huile qui brûlent toute une nuit. L’eau sacrée et le feu sacré sont réunis et vénérés ensemble par une foule d’Indiens préalablement purifiés par l’eau à leur domicile. Au cours de cette fête de lumière, chacun s’imprègne de la lumière divine pour obtenir la lumière intérieure, la flamme sacrée en soi-même. L’individu participe ainsi au feu cosmique ; et ceci respecte une tradition fort ancienne se passe à notre époque.

    De nos jours aussi, a lieu d’une fête des lanternes en Corée pour commémorer là l’introduction du Bouddhisme, qui remonte au IVe siècle de notre ère. La flamme sacrée sur l’autel de la maison est l’objet de la contemplation du fidèle. Une partie de la méditation du Zen se fait en observant cette flamme sacrée.

    Dans le Sud-Est asiatique, les offrandes au feu et même les suicides par le feu no sont pas rares. Ils s’expliquent en partie par un texte ancien affirmant : "Ceux qui ont la connaissance du feu renaîtront pour ne plus mourir". La réi,ncarnation, qui n’existait pas dans le Védisme ancien, est une croyance à la fois pour le bouddhiste et pour l’indouiste. C’est surout par des oblations au feu que le sacrifiant, après s’être plongé dans l’eau, cherche à se délivrer de la mort et à renaître avec le soleil. Le soleil a un rôle salvateur si on sait se le rendre propice par un sacrifice au feu. Dans certains peuples, on faisait des sacrifices de peur que le soleil ne renaisse pas ; on aide le soleil à renaître en allumant le feu.

    La Chine et les pays voisins connaissent un dieu du foyer, associé au fourneau en maçonnerie ou plus souvent aux trois pierres du foyer, symbolisant plus ou moins nettement trois personnages qui se trouvent correspondre aux trois fonctions décrites par Georges Dumézil : sacerdotale, guerrière et paysanne ; cette triade est considérée comme une seule divinité : le dieu du feu.

    Le dieu gréco-romain du feu et surtout de la forge est Héphaïstos-Vulcain ; il utilie le feu souterrain demeurant à l’intérieur du volcan soit de Lemnos, soit de l’Etna, d’où son nom latin et français. Il personnifie donc, non pas le feu céleste, mais le feu tellurique. Dans l’Illiade il sauve Achille de la colère du dieu-fleuve Scamandre, et cette bataille d’éléments se termine par la fictoire du feu sur l’eau. En peinture, la forge du Vulcain symbolise le Feu parmi les allégories des éléments, par exemple dans le tabeau de Jean Brueghel l’Ainé, dit Brueghel de Velours, exposé à Bruxelles en 1980.

    Le feu a un symbolisme de purification dès l’Antiquité. "Des âmes sont purifiées par le feu", écrit Virgile dans l’Enéide (livre VI). Au cours des rites de fondation d’une ville, les Romains allument un feu de brousailles et sautent à travers la flamme sacrée pour se purifier. Sur l’autel domestique les Grecs et les Romains entretiennent un feu en permanence ; c’est une obligation sacrée. Ce feu est la Providence de la famille, objet d’un culte : on l’adore, le prie et on lui donne des offrandes, fleurs, fruits, encens, vin en libation. Ce foyer est en relation étroite avec le culte des ancêtres, d’où l’emploi fait indifféremment des mots foyer, Pénaters, dieux lares, par Cicéron et ses compatriotes. L’expression foyer éteint signifie famille éteinte.
    Ce feu domestique revêt un symbolisme tellement important que le mairage est un changement de religion pour la jeune fille grecque ou romaine, qui quitte la religion domestique de son père, pour sacrifier désormais au foyer de son mari. Celui-ci après avoir simulé un rapt, met l’épouse en présence du foyer ; elle est arrosée d’eau lustrale, elle touche le feu sacré (les deux symboles opposés= ; les époux prient, puis se partagent un gâteau.

    A une époque romaine plus tardive cette religion domestique perdit de son importance, mais un feu perpétuel brûlait - dans le temple de Vesta dont on voit les restes sur le forum de Rome - et en d’autres temples, tel celui de la déesse Sul, adorée à Bath (Angleterre), qu’on a assimilée à Minerve et dont on dit qu’elle était déesse des sources thermales. Un feu sacré analogue aurait été entretenu pour la déesse irlandaise Brigit, puis pour sainte Brigit, qui lui a succédé à Kildare, en Irlande.

    Le 1er mai, les Celtes d’Irlande célébraient la fête de Beltaine dont le nom contient le mot "tene", feu ; les druides allumaient de grands feux pour éviter les épizooties. C’est donc une purification, dit Dumézil, destinée à protéger les bêtes des dangers qui les menacent à la saison chaude, c’est-à-dire, ajoute J. de Vries, des démons qui causent les maladies. A la fête du 1er novembre, était allumé, en un point précis de l’Irlande, un feu à partir duquel tous les feux de l’île étaient rallumés. Ce jour-là avait lieu une hiérogamie entre le dieu Dagda, assimilé à Jupiter, et Marrigu, déesse des enfers.

    En bien des pays, c’est au solstice d’été qu’était allumé un grand feu de joie autour duquel on dansait. Le Christianisme, n’ayant pu faire cesser ces pratiques païennes, les a tolérées, ou parfois christianisées, un prêtre bénissant alors le feu de la Saint-Jean, à la même date. La tradition de ces feux est loin d’être éteinte aujourd’hui, tant en France qu’en Suède où ils commémorent Balder, le plus beau des ases, fils d’Odin le Grand, dieu scandinave, et de Frigg son épouse, et lui-même dieu de la lumière.

    Parfois dans ces feux on jetait symboliquement des végétaux sélectionnés, des animaux nuisibles. Ces feux de la Saint-Jean ont donné lieu à de multiples interprétations qui ne s’excluent pas mutuellement :
    - rite de passage le veille du solstice,
    - souvenir d’un ancien culte du feu ou d’un culte solaire, celtique ou gréco-romain
    - rite de purification
    - pratique de caractère prophylactique contre telle ou telle calamité

    Les Aztèques avaient pour dieu du feu Xiuhtecutli et faisaient subir l’épreuve du feu à un héros qui allait devenir compagnon du soleil. L’idée de base qui présidait à ce rite était, selon Stresser-Péan, une purification, comme c’était le cas pour les rites dde passage à travers le feu dans l’Europe naguère.

    Les Grecs et les Romains nous ont légué le mythe de Prométhée, par plein de symboles selon le psychonalyste Paul Diel. Le démiurge, pour créer l’homme, se sert de limon, puis, pour l’animer, vole le feu de l’Olympe. Les dieux envoient à Prométhée, Pandore, femme privée d’âme symbolisant les désirs terrestres. Prométhée intelligemment la repousse ; son frère, Epiméthée, irréfléchi, épouse Pandore, dont la boîte serait symbole du subconscient ; de la boîte ouverte s’échappent les vices et les maux symbolisés par des serpents. Prométhée est puni, par l’esprit de Zeus, du rapt du feu : enchaîné à un rocher, il a le foie constamment dévoré par l’aigle de Zeus ; le foie rongé est symbole de culpabilité refoulée, écrit Diel. Héraclès délivre le démiurge et réconcilie Prométhée - l’intellect - avec Zeux, l’esprit. Le feu apporté aux mortels devient alors la flamme purificatrice, conclut Diel.

    Très intéressante est l’étude de Prométhée faite par Vernant, dont nous retiendrons seulement ce qui a trait au feu : l’épisode du feu prométhéen a la même structure de piège que le sacrifice trompeur fait préalablement par le héros à Zeus, et que Pandore ; Pandore est elle-même un feu qui brûle l’homme sans tison (Hésiode), qui en fait un vieillard desséché (Euripide). "Zeux, pour rançon du feu, nous fit don d’un autre feu, la femme. Le feu du moins peut s’éteindre, mais la femme est un feu inextinguible, plein d’ardeur, qui toujours s’allume... Elle brûle l’homme de soucis, elle le consume" (Palladas, d’Alexandrie). En outre, le feu est lié au repas sacrificiel, aux rites de mariage, et aux pratiques d’agriculture et d’élevage, nous explique Vérnant. Enfin, selon Eschyle et selon Platon, le feu que vole Prométhée établit moins une distance entre les dieux et l’hommes, qu’entre ceux-ci et les bêtes. Les considérations sur le mythe de fondation du sacrifice, sur Pandore, sur l’espoir qui reste enfermé dans la boîte de celle-ci, sur le fait que cet ensemble a longtempsservi de cadre de référence pour définir la condition humaine, n’ont pas leur place ici malgré leur immense intérêt.

    G. Bachelard individualise le complexe de Prométhée, réunion des tendances qui nous poussent à savir autant ou plus que nos parents et que nos maîtres. Pour divers psychanalystes, dont Bachelard, le feu est chargé d’un symbolisme sexuel. "La conquête du feu est une conquête sexuelle... Les premiers hommes ont produit le feu par le frottement de deux pièces de bois sec... Le frottement est une expérience fortement sexualisée... Prométhée est un amant vigoureux, plus qu’un philosophe intelligent et la vengeance des dieux est une vengeance de jaloux". Les autres arguments sont les suivants :
    - la forme sexuelle de certaines cornues au Moyen-Age
    - le système de Paracelse pour qui le feu c’est la vie et ce qui recèle du feu a vraiment le germe de la vie
    - les théories du XVIIIe siècle assimilant l’étincelle au germe et fondant la fécondation sur le feu
    - le "caractère sexuel des tendances de l’incendiaire, montré par la psychiatrie"
    - les rêves de feu, étudiés par la psychonalyse, "ils sont parmi les plus clairs, les plus nets, ceux dont l’interprétation sexuelle est la plus sûres"
    - enfin les mythes sur l’origine du feu, rapportés en grand nombre par Frazer ; nous n’en citerai qu’un : dans une tribu australienne, seules les femmes sauraient faire le feu ; elles cacheraient dans leur vulve les cendres allumées.
    A ces arguments nous pourrions en ajouter deux :
    - Homère nous parle de la semence du feu, sperma en grec, le même mot que la semence génitale
    - d’autre part dans la langue coréenne, le moot pudjik, signifiant l’âtre, a la même origine que le mot pudji, désignant la partie sexuelle de la femme, source de chaleur, de feu.

    En fait le feu a surtout un sens positif de purification d’une part et un sens négatif d’autre part, de destruction, de mal ou de crainte, c’est-à-dire une signification double, à la fois bénéfique et maléfique comme tous les grands symboles.
    On a voulu rapprocher l’adjectif français "pur" du nom grec du feu "pur", mais les philologues admettent généralement qu’ils dérivent de deux racines européennes différentes, et le mot feu d’une troisième.

    Dans "la symbolique du feu" J.P. Bayard étudie les pyromanes, ceux qui se suicident par le feu, ainsi que les thèmes des mythes et du folklore mondial ; son analyse est très différente de celle de Bachelard et il conclut que le feu a un sens profond, concernant l’âme humaine, celui de la vie purifiée, c’est-à-dire de la vie spirituelle.

    La flamme qui monte vers le ciel et qui est immatérielle ou du moins insaisissable, a été parfois, et notamment depuis Héraclite, symbole de l’âme. Elle l’est encore dans des régions reculées d’Amérique latine, où le catholicisme a dû composer avec le paganisme : dans des églises de veillage du Guatemala où on voit de très nombreuses petites bougies brûler sur des plateaux occupant l’allée centrale ; chacune serait l’âme d’un ancêtre ou d’un mort à raison d’une famille par plateau.
    Dès l’antiquité, la flamme a été rapprochée de l’âme, de la survie. C’est sans doute la raison pour laquelle les premiers chrétiens enterraient leurs morts avec de petites lampes de terre cuite. Aujourd’hui encore, des cierges brûlent au chevet des morts. Les Lanternes des Morts, sortes de phares érigés au XIIe siècle, dont il subsiste quelques dizaines d’exemplaires dans le Centre et l’Ouest de la France, rappelaient au Moyen Age l’immortalité de l’âme.
    Le symbolisme gréco-romain du foyer se retrouve en France, où l’on "fonde un foyer" lorsqu’on se marie, et où la famille se groupe naturellement autour du foyer qui reste le centre de la maison ; jusqu’à une époque récente, on dit qu’une ville compte tant de feux au lieu de dire tant de familles. Aujourd’hui ce symbolisme ne s’est pas perdu en France, où le fisc établit l’imposition par foyer - dans le sens de foyer familial - en cette fin de XXe siècle.


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  • La terre donne naissance à tout le règne végétal et même, dans beaucoup de cosmogonies, elle a enfanté la race humaine ainsi que de nombreuses divinités, d’où le concept quasi-universel de la Terre-Mère.

    Les diverses croyances suivantes sont en relation directe avec ce symbolisme. Dans le cours de la création, Ouranos enferma dans le sein de la terre, les enfants qu’elle avait mis au jour (Hésiode). A l’âge d’or, les hommes naissaient spontanément, du sol, comme les blés du silon. Après l’épisode de Prométhée, il faut désormais "besogner le ventre féminin qui, comme la terre, a besoin d’être travaillé pour y enfouir la semence". La femme imite la terre dans la grossesse et l’enfantement, dit Platon dans un de ses dialogues, ménexène. Parmi les primitifs, certains, méconnaissant le rôle du père dans la conception, croient que le foetus humain naît dans la terre, les pierres, l’eau, avant de se retrouver magiquement dans le sein de la femme.

    La Terre a donc été assimilée à la femme. C’est une divinité féminine que les peuples ont volontiers mariée avec le ciel ; deux exemples en seront donnés : dans l’Epopée d’Erra, assyrienne, Anu, dieu du ciel, féconda la Terre, elle lui mit au monde sept dieux ; dans des textes shivaïtes, la voûte du ciel est considérée comme un immense phallus reposant sur la terre qui est l’organe féminin, la matrice du monde ; la pluie est la semence qui féconde la terre. Lfa terre a partout un symbolisme féminin. Une exception concerne l’Egypte où la Terre est le dieu Geb, époux de la déesse du ciel Nout ; cette exception s’explique non pas par un hasard d’ordre grammatical comme le croit M. Eliade, mais parce que la terre le long du Nil dans la pluie et sans qu’il fût nécessaire de la travailler : ceci avait été remarqué à très haute époque.

    Les textes indiens précisent la symbolisme féminin de la terre. Dans le Mahabharata, la terre est le terrain qui porte l’humanité à venir, comme la femme est celui où l’homme sème sa descendance. Dans le Bhasapariccheda, l’auteur Visvanatha avance des arguments tendant à prouver que le corps humain n’est composé que d’un seul élément, la terre, les autres éléments n’étant qu’auxiliaires.

    Des associations symboliques lient la Terre à la nuit, à la lune, au principe maternel, au côté gauche et à la réussite matérielle, par opposition au Ciel lié au jour, au soleil, au principe paternel, au côté droit, aux rituels.

    La Terre-Mère, qui a donné naissance à tous les êtres, est susceptible de saigner éventuellement, selon une antique croyance. La guere non seulement couvre de sang la terre mais fait saigner la Terre elle-même, dans l’épopée védique du Mahabharata. Chez les Romains, le prodige du sang qui coule du sol est rapporté à diverses reprises, entre autres par Julius Obsequens, en 166 avant notre ère : "La terre verse son sang en signe de désapprobation", parmi les présages avant la bataille du lac Trasimène. Avant ce même combat, la terre saigne, quand on arrache de son sein les étendards (Silius Italicus dans "Punica"). Dans l’Enéide, Enée arrache de terre des arbustes verts : "des racines, coulent les gouttes d’un sang noir... un gémissement pitoyable se fait entendre dans les profondeurs du tertre...". L’historien Dion Cassius, à propos du creusement par Néron d’un canal à travers l’isthme de Corinthe, rapporte que dès les premiers coups de pioche, le sang jaillit du sol, avec des cris de douleurs et des mugissements.

    Le rôle capital de l’agriculture, dont dépend la subsistance des hommes, explique la popularité des religions chtoniennes dans la plupart des civilisations. La vie végétale est conditionnée par les amours des dieux. En Mésopotamie, la fête du Nouvel An comprend la célébration d’une hiérogamie : le roi, vicaire du dieu, s’unit à la grande prêtresse, substitut de la déesse ; cet accouplement de deux divinités, permet à la terre de se couvrir de vététation à nouveau.

    Le dieu cananéen Baal est tué en été : toute activité cesse sur terre ; ceci signifie que la végétation est alors anéantie par la brûlure du soleil. Mais Anat, épouse de Baal, tue Mot, dieu de la sécheresse et de la mort, et ressuscite Baal par une opération sur le corps de Mot comme si ces deux divinités n’étaient que les aspects antinomiques d’une même personnalité. A nouveau, la terre connaît la prospérité. Le mythe d’Adonis en Phénicie, celui d’Attis en Phrygie s’inspirent de données identiques.
    En Grèce, la Terre-Mère est Déméter, productrice universelle et plus spécifiquement mère du grain, et sa fille Coré est le grain même du blé.

    Chez les Grecs, les affinités du mariage et de l’agriculture s’expriment dans l’organisation du panthéon, dans les rites de l’hyménée et dans les fêtes de Déméter dont les pricipales sont les Thesmophories : répandues dans tout le monde hellénique, soulignées comme très anciennes par Hérodote qui en attribue l’introduction aux filles de Danaos, elles sont réservées aux femmes mariées, du fait de l’analogie entre la fécondité du sein maternel et la fertilité terrestre que les femmes semblaient les plus aptes à promouvoir ; célébrées au début d’octobre elles comportaient le dépôt du grain de semence sur l’autel avant sa mise en terre, le jeûne des femmes, le troisième jour : des réjouissances libres ou plutôt licencieuses de la part des femmes pour obtenir simultanément la fécondité humaine et la fertilité de la terre. Pour les mêmes raisons, les femmes avaient la prééminence dans le sacerdoce d’Eleusis, principal leiu de culte de Déméter. Dans le temple d’Eleusis, avaient lieu des rites de mariage sacré, comme en Mésopotamie.

    Dans l’ancienne Italie, la terre est sacrée. Le fondateur de Rome creuse une petite fosse circulaire et y jette une motte de terre qu’il a apportée de sa ville Albe. Chacun de ses compagnons, à son tour, jette un peu de terre qu’il a apportée du pays d’où il vient. La religion défendait en effet de quitter la terre où le foyer avait été fixé et les ancêtres ensevelis ; pour se dégager de cette impiété, l’homme "usait d’une fiction et emportait avec lui, sous le symbole d’une motte de terre, le sol sacré auquel les mânes des ancêtres étaient attachés". Et c’est là que le fondateur installe le foyer de la nouvelle cité. Ces rites étaient communs au Latium et à l’Etrurie, ajoute Fustel de Coulanges.

    En fait, une telle conception, ou une notion voisine, est très courante avant l’ère chrétienne : le général syrien Naaman, par exemple, croit à un lien étroit entre la divinité et le sol où on l’adore ; pour pouvoir prier en Syrie le Dieu d’Israël - qui l’a guéri de la lèpre par l’intermédiaire du prophète Elysée - il demande à Elysée la permission d’emporter, en Syrie, de la terre d’Israël "autant que deux mules peuvent en transporter", pour construire un autel à Yahwé (II Rois V, 14-17).

    Aujourd’hui le sol de la mère-patrie reste sacré pour ceux qui ont conservé le sens civique, et cette notion découle bien entendu de la précédente.

    Pour les linguistes la terre est un symbole de sécheresse. Le mot vient en effet d’une racine indo-européenne ters qui exprime l’idée de dessécher, qui a donné en sanscrit trisyami j’ai soif, en fraçais torride et torréfier,en anglais toast (provenant de l’ancien français). Ceci rappelle ainsi l’état de la terre de Canaan, du moins en été, vu plus haut.

    Naissance.

    Les rites de naissance et de mort souvent approfondissent le symbolisme de la Terre-Mère. Dans bien des cultures autres que l’occidentale, l’enfant à la naissance doit entrer en contact avec la terre, soit pour bien marquer que la Terre est sa vraie mère, soit même pour en tirer une sorte d’énergie, un petit peu comparable à celle dont bénéficiait Antée chaque fois qu’il reprenait contact avec la terre, de sorte qu’Hercule ne pût en venir à bout qu’en le soulevant. Pour le contact du nouveau-né, la femme doit accoucher agenouillée ou accroupie directement sur le sol dans certaines ethnies, par exemple chez les Gourmantché de Haute-Volta. L’expression s’asseoir par terre signifie accoucher, dans des textes démotiques égyptines. En d’autres ethnies on recueille l’enfant à la naissance et on dépose sur la terre, ou même on a recours à un berceau chtonien dont Mircea Eliade donne des exemples depuis les Australiens jusqu’aux Incas.

    La prise de contact avec les forces de la terre peut s’appliquer aussi à l’adulte. L’homme aurait deux postures de repos possibles, soit en fleur de lots (accroupi), soit debout ; dans la première l’Oriental va chercher l’énergie de la terre, dans la seconde l’Occidental s’est tellement redressé qu’il a tendance à predre contact avec la terre. D’autre part, le contact avec les forces de la terre ou de son symbole le serpent a été parfois utilisé pour régénérer un malade ; la Terre en effet a communiqué ses pouvoirs et ses secrets au serpent dont les multiples symbolismes - parmi lesquels celui de renaissance - ont été vus à propos du monde animal. Le serpent accompagne d’une part Déméter, d’autre part les divinités guérisseuses, surtout Esculape.

    Enfin, les pélerinages en Terre Sainte ont pu être considérés comme des reprises de contact en vue d’une régénérescence.

    Inhumation.

    Aux Chrétiens il est dit : "Tu es poussière, et tu retourneras en poussière". S’adressant à la Terre, un texte védique s’exprime ainsi : "Nés de toi, les mortels retournent en toi". Les morts sont mis en terre et beaucoup de peuples voient alors un échange de bons procédés entre la terre et le mort, quelquefois capable de revivre sous une forme larvée ou même dans le corps d’un nouvel être humain, ou bien le mort est enterré en position foetales, la survie après la mort étant considérée comme une nouvelle naissance. Parfois, les peuples qui pratiquent l’incinération, après leur mort, dans le cosmos ou plutôt dans l’anthropocosmos, suivant l’expression de M. Eliade.

    Enfin, les Perses exposent les morts aux oiseaux de proie et aux bêtes sauvages pour ne pas souiller la terre sacrée. Dans le même but, ils enduisent de cire la dépouille mortelle pour l’enfouir en terre, selon Hérodote.


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