• L'air et le vent, représentations


    C’est le plus subtil des quatre éléments, insaisissable, d’où l’expression libre comme l’air qui en fait en quelque sorte un symbole de liberté. Mais surtout, se rattachent à l’air - malgré ce qui vient d’être dit - les notions de souffle et de vent. Le mot grec pneuma, qui a donné pneumatique et est issu de la même racine que le poumon et la famille de mots dérivés, signifie souffle et aussi souffle de vie, et chez Platon : souffle divin et esprit divin. Il a été gardé par les auteurs chrétiens de langue grecque pour désigner l’Esprit-Saint.

    Nous respirons l’air et ceci est tellement indispensable à notre vie, que les expressions "souffle de vie" et "rendre le dernier souffle" sont toujours d’actualité. Et dans beaucoup de religions, la divinité "insuffle la vie" pour créer l’être humain, voire pour le ressuciter.

    L’air accumulé au-dessus de nos têtes forme le ciel qui s’oppose en un sens déjà vu, à la terre située sous nos pieds. Le Ciel est souvent considéré comme fécondant chaque années la Terre nourricière. En outre, note Eliade, la simple constatation de la voûte célesteprovoque dans la conscience primitive une expérience religieuse ; et en de nombreuses religions, le ciel est la demeure de l’Etre Suprême. Le ciel, ajoute cet auteur, symbolise la transcendance, la force, l’immutabilité.

    La langue indo-européenne primitive désigne le dieu du ciel par le mot Dyaux, brillant, ciel, jour lumineux, d’où dérivent en grec Zeus, en latin Jupiter (Daus pater). Chez les sumériens le mot Anu désigne à la fois le ciel et le premier des grands dieux mésopotamiens, qui a son temple à Uruk (ou Warka).

    Dans l’art chrétien, le ciel est symbolisé soit par le buste d’Ouranos (ex-dieu du ciel, chez les Méditerranéens), sous les pieds du Christ, comme sur un sarcophage paléochrétien du Vatican, soit par l’arc-en-ciel si fréquent dans les peintures et les mosaïques byzantines, et sur lequel le Christ est volontiers assis.

    Dans des circonstances exceptionnelles, le ciel "prend le deuil", c’est ce qu’explique le Nouveau Testament, à la mort du Christ (ténèbres en plein jour et phénomènes cosmiques). Ce symbolisme a été repris apr les poètesépiques français de la Chanson de Roland : à la mort du héros, les cieux sont en deuil, et la terre tremble sur tout le sol de France.

    L’aigle personnifie l’air ou le ciel ou est symbole d’élévation spirituelle.
    Depuis Icare, le vol dans l’air a toujours tenté l’homme. Quant au rêve de vol durant le sommeil,il "est un des symboles les plus clairs de la psychanalyse" (G. Bachelard), il symbolise, dit-on, les désirs voluptueux.
    L’air, dans son état dynamique, devient le vent.

    LE VENT

    Selon l’épopée babylonienne de la Création, Anu, chef du panthéon mésopotamien, donne au dieu Mardouk les quatre vents qu’il a créés.

    Aux époques grecque et romaine, il est souvent question des vents, divinités secondaires sous les ordres d’Eole, roi des vents. La rose des vents a été vue à propos du symbolisme de la rose. Sur toute l’étendue de l’Empire romain, beaucoup de mosaïques et de bas-reliefs portent l’image de quatre génies symbolisant "les quatre vents" cardinaux, en relation ou non avec les saisons diviniséesw. Ils sont implorés comme génies bienfaisants ou redoutables, adorés aussi comme manifestations de l’Air, principe de toute vie. Ils figurent notamment dans les écoinçons des bas-reliefs mithriaques et sur des stèles funéraires gallo-romaines où quatre visages humains soufflent, les joues gonflées, évoquant simultanément les âmes des morts, le mot latin animus signifiant à la fois souffle et âme.

    Un rappel de ces notions antiques se retrouvera dans le "Poème sur la bataille qui fut faite à Fontenoy" dû a Angelbert :
    " Le vent d’Este, le vent du Sud, le vent d’Ouest et l’Aquilon Pleureront ceux qui ont trouvé la mort dans ce malheur fatal".
    Il s’agit de la bataille de Fontenoy-en-Puisaye en 841 entre les quatre héritiers de l’empeureur Louis le Pieux.

    Les quatre vents n’appartiennent pas seulement au paganisme. Dans une promesse de résurrection, Ezéchiel prophétise ainsi : "Viens des quatre vents, Esprit, souffle sur ces morts et qu’ils vivent" (Ez. XXXVII, 9). Les quatre vents sont sculptés sur des chapiteaux romans, par exemple à la face occidentale du 5e pilier méridional de la nef de La Madeleine de Vézelay, sous l’aspect de quatre personnages tenant un cône percé ou un soufflet.

    A l’intérieur du célèbre Baptistère des Orthodoxes, à Ravenne, sont représentés quatre trônes à baldaquins, portant chacun une croix : c’est l’unique trône du Christ qui apparaît aux quatre vents. Les quatre trônes alternent avec des absides contenant chacune un évangile ouvert sur un autel : la parole de Dieu est une, amis écrite en quatre interprétations parles évangélistes et s’en va aux quatre vents nourrir le monde entier, selon saint Irénée.

    La cathédrale de Gérone (Espagne) contient uen oeuvre romane très fameuse, le Tapis de la Création, où sont brodés les quatre vents sous forme de presonnages ailés, à cheval sur une outre. Dans ces divers cas, les quatre vetns symbolisent les points cardinaux.


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :