• La société aztèque était très hiérarchisée, et l’économie de l’empire était fondée sur la production agricole et les impôts qui enrichissaient chaque année la maison du Tlatoani, le puissant souverain aztèque. Les impôts extérieurs étaient très opulents et étaient gagnés grace à l’expansion militaire et à la conquête des autres peuples. Les impôts intérieurs, au contraire, étaient payés par la population, c’est-à-dire les Macehualtin, qui représentaient la classe agricole de la société.

    Habits

    Les vêtements des Macehualtin étaient très simples: les hommes portaient un pagne – maxtlatl – et un manteau de fibres d’agave noué sur l’épaule – tilmantli – tandis que les femmes portaient une longue robe – cueitl – et une blouse, le huipil.

    Lieu de vie

    Le paysan appartenait à un quartier, appelé calpulli, et il avait le droit de cultiver un petit terrain où il pouvait construire sa maison. Les fils étaient éduqués dans l’école du quartier, le telpochcalli, où les garçons apprenaient à utiliser les armes et les filles apprenaient l’art du tissage et de la broderie.

    Coutumes et vie

    Le Macehualli prenait part avec sa famille aux cérémonies religieuses du quartier et de la ville, et participait aux tradictions et rites qui avaient lieu à l’occasion des fêtes mensuelles du calendrier solaire. Il pouvait aussi bénéficier de la distribution des denrées alimentaires et des vêtements organisée par le pouvoir public.
    Il avait des devoirs très lourds, car le service militaire imposait aux citoyens d'être prêts à prendre les armes pour suivre les armées du souverain.
    Il était également convoqué pour réaliser les travaux publics, comme par exemple la construction ou l’entretien des rues et des ponts, et l’édification des temples.
    En outre, s’il commettait une action criminelle très grave, il pouvait être chassé de son peuple.

    Toute la population savait travailler la pierre, construire une maison ou tresser les nattes. Evidemment il y avait aussi des spécialisations : les artisans, comme par exemple les menuisiers, les tailleurs de pierres, les maçons, les potiers ou les fabricants de nattes qui vivaient dans des quartiers séparés. Chaque catégorie d'artisans avaient des règles et des divinités spécifiques. Les travailleurs de l’obisidienne, du sel et du papier s'adressaient à une élite sociale, tandis que les orfèvres, les plumassiers, les sculpteurs et les peintres trouvaient leur place dans les maisons des nobles et du Tlatoani.

    Les femmes ne pouvaient pas accéder aux pouvoirs publics : la cuisine et le tissage étaient les activités feminines principales, mais elles allaient très souvent au marché pour acheter tortillas, fruits et poterie, et pour troquer les produits de la terre, le maïs, les légumes etc...
    Les herboristes et les sages-femmes, par contre, avaient une certaine liberté; très appréciées pour leurs connaissances, elles jouaient un rôle très important dans certaines cérémonies religieuses.

    Ce qui sans doute caractérisait cette classe sociale était la possibilité, donnée aux paysans, de s’élever au dessus de leur niveau pour accéder aux richesses et aux honneurs des classes sociales privilégiées, grâce, par exemple, aux mérites qu’ils pouvaient obtenir sur le champ de bataille. Ainsi, les Macehualtin aspiraient à la carrière militaire, tandis que la carrière ecclésiastique était très limitée et presque fermée pour les hommes du peuple.

    En tout cas il faut souligner que par rapport aux premières années de l’ascension sociale des Aztèques, juste après leur arrivée dans la Vallée de Mexico au XIVème siècle, la société avait beaucoup changée, car la structure sociale était très rigide et les rôles des acteurs sociaux toujours plus définis.

    LES GUERRIERS AZTEQUES




    Présentation


    La société aztèque était entièrement dédiée à la guerre. Ce n'était pas une simple occupation pour se défendre, mais bel et bien un mode de vie. C'était grâce à la guerre que la vie sur terre était possible, à travers les offrandes en sacrifices aux dieux, car tout cela permettait le bon fonctionnement de l’univers. La carrière militaire était donc l’avenir le plus prometteur et accessible, et la meilleure garantie d’une rapide et honorable ascension sociale.

    La force et le stoïcisme du guerrier aztèque, la mission sacrée qui guidait ses pas sur le champ de bataille, à la recherche de la gloire, ou sur les marches du temple, en attendant la mort sacrificielle, étaient des qualités appréciées, et toutes les autres carrières possibles de la société aztèque en étaient influencées.

    Les Conquistadores nous ont laissé des descriptions très précises : on dit que ces guerriers étaient belliqueux et intrépides, et qu’ils savaient faire face à la mort avec détermination et courage.

    Apprentissage

    Il existait deux écoles où les jeunes garçons pouvaient apprendre à devenir un guerrier : le Calmecac et le Telpochcalli. Même si les sources ne sont pas très claires en ce qui concerne les vraies différences entre elles, apparemment la première était apanage des fils des nobles, tandis que la deuxième était réservée aux gens du peuple. Une fois entré dans l’une ces écoles, le garçon, qui avait en général entre 15 et 20 ans, avait plusieurs devoirs : balayer, nettoyer l’école et le temple, aller chercher du bois de chauffage pour le feu, faire pénitence avec des épines d’agave (le cactus du tequila). Tout cela avait le but de fortifier son esprit et de le préparer à la guerre, de même que l’instruction militaire, pendant laquelle on apprenait à utiliser l’arc, les javelines et le macuahuitl (sabre à tranchants d’obsidienne).

    Vie du guerrier

    L'ascension sociale était possible grâce à la capture des prisonniers sur le champ de bataille, qui étaient ensuite sacrifiés lors des principales cérémonies religieuses de l’année solaire. Un garçon pour la première fois en guerre pouvait capturer un ennemi avec 4 des ses compagnons et partager l’honneur de ce succès, mais la capture d’un second ennemi ne pouvait plus s’effectuer en groupe, car il devait démontrer son courage et gagner tout seul.

    Le chemin du guerrier aztèque était solitaire et chaque camarade était un possible rival.
    Chaque action vaillante ainsi que les ennemis capturés étaient récompensées avec honneurs, insignes et cadeaux de la part du souverain : terres, main d’œuvre et permission de s’habiller avec tissus brodés et incrustés de pierres précieuses. Chaque grade de l’armée était caractérisé par une coiffure, des insignes et des vêtements particuliers, et les codex d’époque aztèque et coloniale nous ont permis des études soignées à cet égard. Diego Durán nous raconte que la hiérarchie militaire comprenait aussi deux ordres militaires : celui des Chevaliers-Aigles et celui des Chevaliers-Jaguars, guerriers dédiés aux aspects diurnes et nocturnes du Soleil.

    Sacrifice

    Un guerrier qui offrait une victime à la divinité, préparait entièrement le sacrifice du guerrier prisonnier, à travers le jeûne, les pénitences et la veille. Après le sacrifice, c’était le seul à ne pas pouvoir déguster la chair du guerrier offert aux dieux, consommée pendant le banquet cannibale qui suivait la cérémonie, et Sahagun relate que, lors de la fête de Tlacaxipehualiztli, le guerrier s’habillait comme sa victime, avec des boules de duvet sur les cheveux et le corps rayé de craie, symbole du sacrifice.

    Les anciens Aztèques croyaient que les guerriers vaillants qui mouraient sur le champ de bataille ou sur la pierre de sacrifice allaient ensuite dans la Maison du Soleil. Ils festoyaient aux cotés du dieu jusqu’à midi, en l’accompagnant dans sa course quotidienne, puis se transformaient en oiseaux, insectes ou papillons qui descendaient sur terre pour butiner le nectar des fleurs. La nuit, ils étaient les étoiles qui éclairaient la voûte céleste.


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  • Suse : dieu souriant à la main d’or (IIe millénaire).

    Le royaume d’Elam se développa dans le sud-ouest iranien dans le prolongement de la Mésopotamie. L’Elam, dont le nom signifie le « Pays haut », était une entité double, géographique et ethnique, avec deux capitales. Il comprenait d’une part, le plateau du Fars actuel avec la ville d’Anshan (ou Anzan), et une population montagnarde largement nomade, d’autre part, la plaine autour de Suse habitée par une population sémitique plus urbanisée, proche parente de celle de Mésopotamie dont elle reçut l’influence.

    Les Élamites exploitaient les ressources minières et minérales de la région et contribuèrent au courant d’échanges entre la Mésopotamie et la civilisation de l’Indus. L’Elam apparaît ainsi comme une civilisation originale, mais méconnue, ou se développa un étonnant art du bronze et de la céramique.

    Proto-Élamite (IVe millénaire)

    Au IVe millénaire, l’Elam devient le véritable foyer de la civilisation en Iran. Les premiers États se développent alors autour d’Anzan, la capitale, et de Suse, la grande ville, favorisant les échanges commerciaux de l’or, la cornaline, la turquoise de Nishapur et le lapis-lazuli du Badakhshan (Afghanistan). Durant cette période, la région resta sous l’influence de Sumer pour ensuite être envahie par une culture nouvelle, qualifiée aujourd’hui de proto-élamite, et qui occupa toute la région montagneuse du Fars jusqu’à Kermân et même jusqu’au Sistan.

    L’art témoigne d’un style caractéristique dans la représentation d’animaux fantastiques, de scènes de la vie quotidienne illustrées avec originalité. Si l’outillage de pierre est encore largement utilisé, les épées et les poignards de bronze apparaissent dès la fin du IVe millénaire. Les poteries, d’un haut niveau artistique, attestent également la présence d’une civilisation avancée sur le plateau iranien. C’est également vers 3300 avant J.-C. que naît l’écriture proto-élamite, connue par les tablettes de Suse.



    IIIe millénaire

    Au IIe millénaire, lorsque s’effondre la civilisation néo-sumérienne, les Élamites retrouvent leur indépendance et une nouvelle dynastie, celle de Simashki, se met en place. C’est une civilisation prospère qui repose sur l’exploitation de grands domaines agricoles. Du XIVe au XIe siècle, l’Elam connaît une nouvelle apogée sous la dynastie des Igihalkides (1310 - 1215), dominée par la figure d’Untash-Napirisha, constructeur de la ziggourat de Tchoga Zanbil et époux de la reine Napir Asu.

    La dynastie suivante, celle des Shutrukides (1205 - 1100) marque la dernière période faste de l’Elam. Du Xe au VIIe siècle, le déclin de l’Elam devient inéluctable. Aux prises avec le puissant empire assyrien, vaincu par Sargon II en 710, puis par Assurbanipal en 653, en butte aux querelles dynastiques, le royaume d’Elam disparaît progressivement.

    destruction de Suse par Assurbanipal :


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  • Harappa : figurines humaines et animales en terre cuite

    Les peuples de l’Indus vivaient simplement, mais non pas pauvrement. Ils utilisaient le cuivre et le fer pour fabriquer des outils et des armes. Ils travaillaient aussi l’or et l’argent, qu’ils alliaient parfois à d’autres métaux, et taillaient avec art des pierres semi-précieuses comme l’agate la cornaline et le lapis-lazuli, pour en faire des bijoux. Mais la plupart de leurs objets étaient fabriqués en os, coquillage, céramique, silex, argile et autres matériaux.

    Les artisans étaient groupés par quartier. Une vaste gamme d’objets utilitaires, ludiques, décoratifs et cultuels, attestent de l’habileté des artisans de la vallée de l’Indus.

    Les poteries, pour la plupart façonnées au tour, sont fines et de haute qualité. Elles présentent une grande diversité de formes, de tailles, de décoration (motifs géométriques et animaux) et de teinte (brune et noire). Les miniatures en terre cuite sont aussi abondantes que les statues en pierre taillée sont rares. Parmi les très nombreux jouets d’argile cuite, les plus saisissants sont des chars à bœufs à roues pleines, qui reproduisent en miniature des attelages encore en usage dans la région. On a même retrouvé l’ébauche d’un échiquier dessiné sur des carreaux de céramique, accompagné de pièces de jeu en agate ou en ivoire.

    Les vestiges d’un atelier de teinture à Moenjodaro et le dessin de vêtements représentés sur des figurines sculptées donnent à croire que les habitants se paraient d’étoffes de couleurs vives, souvent brodées ou imprimées. Il est probable que la civilisation de l’Indus fut la première à cultiver et à utiliser le coton pour la fabrication des vêtements.

    État et religion



    La disposition urbaine en damier, le regroupement des artisans par rue, l’existence de vastes greniers et de bains publics - comme à Mohenjo Daro -, l’existence d’un système de poids et de mesures strictement contrôlés impliquent une organisation sociale et politique complexe. On pourrait en déduire que la vallée de l’Indus était déjà régie par un système de gouvernement efficace.

    On n’a pas encore retrouvé de temples et relativement peu d’objets de culte ont été conservés, ce qui rend difficile l’analyse des conceptions religieuses de la population. La statuaire révèle le culte de la déesse mère, d’un “roi-prêtre” ainsi que d’une divinité cornue ithyphallique. Les archéologues n’ont à ce jour découvert aucune sculpture monumentale mais beaucoup de petites figurines humaines et des représentations de la déesse-mère en terre cuite. Autrement dit, on n’a pas trouvé le moindre signe d’une royauté ou d’une théocratie puissante. Les archéologues se demandent même si cette civilisation possédait une armée : quelques armes ont bien été retrouvées (peut-être appartenaient-elles aux envahisseurs indo-européens), mais aucune représentation de scènes guerrières.

    Ecriture ?

    Reste à déchiffrer les mystérieuses inscriptions que portent les sceaux des cachets et quelques poteries retrouvés dans la vallée de l’Indus. Cette écriture ne ressemble à aucun des systèmes scripturaux connus, et certains archéologues doutent même qu’il s’agisse d’une écriture.

    Les chercheurs sont parvenus jusqu’ici à identifier environ 400 pictogrammes et à découvrir qu’ils s’écrivaient de droite à gauche. Ces sceaux en stéatite polie et cuite au four, de forme et de taille variée, sont recouverts de figures humaines ou animales. L’inscription donne probablement le nom du porteur du sceau tandis que l’animal représenté désigne son appartenance à un groupe social. Parmi les animaux gravés sur les sceaux et les amulettes, on retrouve le rhinocéros, le crocodile, l’éléphant mais le plus représenté est une créature fabuleuse unicorne. Mais faute de textes plus longs, il n’a pas été possible d’en apprendre davantage.


    Mohenjo-Daro : vue générale

    Cette civilisation ne fut découverte que dans les années 1920. La civilisation de l’Indus (3500-1500 av. J.-C.) étendait son influence à l’est, jusqu’à la région de Delhi, à l’ouest par un réseau commercial qui la reliait à la Mésopotamie et notamment avec Sumer. Les sites importants étaient des pôles commerciaux implantés le long des rivières ou près des côtes. La caractéristique principale de la civilisation de l’Indus est l’importance du phénomène urbain : près de 400 villes recensées le long des rives de l’Indus, d’où le nom donné à cette civilisation. L’apogée de cette culture se situerait vers 2500 av. J.-C.

    Cette civilisation demeure très mystérieuse d’autant que l’écriture employée sur les sceaux n’a pas été encore déchiffrée.

    Causes de sa disparition

    La thèse la plus communément admise considère que la civilisation de l’Indus fut détruite vers 1500 av. J.-C. par les invasions aryennes. A l’appui de cette hypothèse, les archéologues ont observés que les ruines urbaines présentent une fine couche de cendre dans les niveaux supérieurs ainsi que des groupes de squelettes entassés dans les rues. Les quelques armes de cuivre (haches, épées) retrouvées sur place n’apparaissent que dans les niveaux supérieurs. Elles sont étrangères à cette civilisation et similaires à celles découvertes en Mésopotamie, associées à l’invasion des Hyksos, et à celles trouvées en Europe et en Asie pour la même période historique.

    Une deuxième hypothèse attribue le déclin de Mohenjo-Daro aux inondations dont la ville fut de plus en plus souvent et de plus en plus longtemps victime et qui, petit à petit, paralysèrent son activité. Progressivement une partie de la population aurait quitté la ville pour aller fonder Harappa ou se fondre dans les populations environnantes. A l’appui de cette thèse, les archéologues ont pu observer que les murs des maisons et surtout les puits furent constamment surélevés à Mohenjo-Daro. Aujourd’hui encore, les ruines ne sont protégées de la remontée de la nappe phréatique que grâce à un complexe système de pompage.

    Si cette dernière thèse permet d’expliquer l’abandon de Mohenjo-Daro elle n’est pas suffisante pour expliquer le déclin de toute une civilisation dont l’aire d’influence était très étendue. D’autant que ces inondations sont peut-être elles-mêmes dues à la destruction volontaire, du fait d’un envahisseur, des installations hydrauliques (barrage et digues) qui protégeaient auparavant la ville d’une catastrophe naturelle.

    Une civilisation urbaine

    Lors des fouilles, les archéologues furent stupéfaits par le plan méthodique et très étudié des villes comme à Mohenjo Daro, à Harappa et à Dholavira. Moenjodaro a ainsi été surnommée la Manhattan de l’Age du Bronze. La ville basse, quadrillée de rues disposées en damier, est en effet traversée du nord au sud par un boulevard de plus de cent mètres de large, que coupent à angle droit des ruelles orientées d’est en ouest, délimitant des blocs d’habitation eux-mêmes desservis par des voies plus étroites. Les rues disposaient, à intervalles réguliers, de sortes de guérites, où devaient s’abriter des vigiles.

    On ne trouve rien de comparable ni en Mésopotamie, ni en Égypte. La civilisation de l’Indus est donc le plus ancien exemple d’urbanisme. Les peuples de l’Indus furent aussi les premiers à employer la brique cuite à grande échelle dans la construction.

    Economie, commerce, artisanat

    Cette civilisation devait être comme une forme d’empire économique, composée de cités-États partageant la même culture. La région était beaucoup plus fertile que de nos jours, et les ressources agricoles plutôt abondantes. Les témoignages archéologiques indiquent que les habitants étaient surtout des agriculteurs qui cultivaient des céréales (blé, orge et sésame), des légumes (pois) et du coton, et pratiquaient l’élevage de bovidés, de moutons et de porcs.

    Le coton de l’Indus était échangé en Iran et en Afghanistan actuels contre des denrées alimentaires, de l’argent, du plomb, des turquoises et des lapis-lazuli. Au Baloutchistan les caravanes se chargeaient de bitume, d’albâtre et de stéatite, et de l’Inde actuelle provenaient du cuivre et des pierres semi-précieuses. Les sceaux de stéatite, retrouvés en grand nombre sur les sites et considérés comme des sceaux à usage commercial (chaque marchand devait avoir le sien), témoignent de l’importance prise par le commerce dans le développement de cette civilisation.


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  • Les Atlantes de Tula

    Les ruines de la cité de Tula se situent à 80 km au nord de Mexico. Aux alentours de l'an 1000, Tula était la capitale mythique des Toltèques, un peuple de guerriers venus du nord et dont nous ne connaissons guère les origines, pour conquérir de nouvelles terres et qui fonda là sa capitale, sous le règne de leur chef dénommé Mixcoátl. Ces envahisseurs dont l'origine est certainement Chichimèque (terme qui désigne plus un ensemble assez large de groupes nomades qu'une tribu ou une ethnie précise). Ce sont donc les descendants de ces barbares qui accoucheront pourtant d'une culture à la vie et aux mœurs raffinées d'après les légendes et vestiges qu'ils nous ont laissés comme à Tula.

    Leurs emblèmes sont l'aigle et le jaguar, qui symbolise les hauts plateaux du centre et la plaine côtière du golfe où ils étendirent leur influence. Ils passent pour avoir inventé la peinture et l'art de la fresque, la sculpture, la poésie et donc d'avoir été les premiers à avoir su maîtriser l'écriture. Il faut bien sûr modérer la vision d'une culture naissante, venue de nulle part, et déjà maîtresse d'elle-même. Les archéologues ont montré que la réalité était bien plus complexe et que, de tout temps, les différentes cultures de l'Amérique centrale se sont rencontrées, combattues, associées, mélangées... Toutes ces cultures n'ont d'ailleurs pas toujours laissé de traces. Le régime politique était féodal et les conflits fréquents. Lorsque les Toltèques arrivèrent à Teotihuacán, suite à leur migration, et pour nous vers l'an 1000, la cité était déjà abandonnée depuis près de trois siècles... On ne sait quelle guerre ou cataclysme a pu vider l'endroit de tous ses habitants. On a retrouvé récemment les traces d'un grand incendie dans la cité. Les Toltèques ont investi une ville fantôme et très vite lui ont redonné vie. Ils reconstituèrent en partie l'héritage de ces ancêtres prestigieux dont ils ne savait presque rien. Ils fondèrent leur nouvelle capitale, Tula, 50 Km plus au nord-ouest, et, en deux siècles, bâtirent un empire puissant s'étendant sur tout le centre du Mexique. L'histoire se répète. Plus tard, les Aztèques imiteront leur culture. Leur religion aussi. C'est d'eux qu'ils tiennent la croyance en "Quetzalcoátl".



    Ce Dieu qui traverse toute la mythologie précolombienne et qui semble avoir vraiment existé : on pense qu'il s'agit du fils de Mixcoátl qui, devenu le maître spirituel des Toltèques, repris le nom de ce dieu déjà vénéré depuis des siècles mais sans importance particulière et qui par sa propre histoire, funeste d'ailleurs, fit renaître la légende du "Serpent à Plume" en créant involontairement la confusion dans l'esprit de ses contemporains. Renversé par ses ennemis qui adoraient des dieux sanguinaires, il dû s'exiler et se retrouva finalement dans le Yucatán où il fut accueilli puis vénéré, là aussi, par les Mayas... On peut le considérer comme une sorte de Bouddha ou de Jésus Christ qui réussit à focaliser sur lui toutes le respect et toutes les craintes de ses contemporains. Un mythe : il eut plusieurs vies... Et il a déjà détruit quatre fois ce monde ! Et la cinquième est proche... La comète de 1519 annonçait-elle son retour ? On le vénère surtout pour le don qu'il fit aux hommes de l'âme et de la morale. C'est en son honneur que les Toltèques systématisèrent le sacrifice humain car c'est lui qui régénère la nature, qui règle le cycle des saisons, qui permet la vie de la communauté. Il fallait l'honorer dignement en lui offrant le seul breuvage qu'il réclamait... le sang humain.

    Il faut citer aussi la ville de Cacaxtla près de Puebla, relais actif des échanges entre les Toltèques et les cités Mayas du Yucatán. On sait que sa richesse lui permettait d'entretenir un grande armée dont de nombreuses peintures représentent les plus fameuses batailles comme celle représentant le chef de la tribu des Oiseaux-Guerriers, qui, tombé en disgrâce après sa défaite, se mutile volontairement le visage devant ses vainqueurs...


    Les Atlantes de Tula sont quatre géants de pierre alignés côte-à-côte. On les trouvent sur la terrasse d'une pyramide basse à quatre degrés, un "Teocalli", auquel on accède par un escalier monumental. Ils mesurent tous cinq mètres de haut et ce sont probablement les guerriers mythiques d'"Aztlán", la Cité-Mère, dont on a pu croire un temps qu'elle faisait référence à la fameuse Atlantide. La similitude des deux mots paraît troublante. Le site de Tula est étonnant de beauté d'autant plus qu'il est assez rares de trouver des représentation humaines d'une telle importance. Les statues, qui n'étaient en fait que des piliers, supportaient les superstructures d'un temple immense entouré d'une ville dont il ne reste plus rien. On imagine à peine la richesse des autres œuvres qui devait s'y trouver.

    Comme Teotihuacán, la cité domina toute la vallée de Mexico et comme Teotihuacán, la cité fut envahie et détruite au XIIème siècle, par des barbares venus du Nord. On sait aujourd'hui que la ville fut brûlée et abandonnée. On voit que l'histoire est cyclique, un éternel recommencement comme ils le croyaient eux-mêmes . On réalise aussi que ces peuples vivaient dans un équilibre précaire. Comme le montre d'autres sites plus récents comme Copán, au Honduras ou Bonampak pour les Mayas, ces cultures pouvaient littéralement disparaître en peu de temps, détruites ou exilés. Des empires pouvaient disparaître en quelques années pour peu que leur organisation très hiérarchisée soit perturbée. On reste surpris et perplexe face à une telle fragilité. Plus tard, une sombre tribu plus belliqueuse reprendra le flambeau ... Trois siècles après, par une ironie de l'histoire qui nous montre que chacun doit attendre son heure, les Aztèques, qui se prétendaient les fiers descendants des Toltèques, auront oublié qu'ils avaient d'abord été battus et soumis par ces mêmes Toltèques. Ils leurs doivent presque tous les raffinements de leur culture, système politique et religieux compris, et ils ont su perpétuer à leur manière leur art et leur architecture, à tel point que le mot "toltèque" sera le nom qu'ils utiliseront communément pour désigner "un artiste". Etrange culture, étranges barbares ; capables de commettre les pires sacrifices humains pour des dieux cruels mais pour qui, dans le même temps, ils écrivaient les plus beaux poèmes des civilisations précolombiennes...


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  • Le premier voyage de Christophe Colomb l'emmène à la découverte des Antilles .Après trente-trois jours de voyage il arriva dans une île des Bahamas, mais il croit se trouver quelque part non loin du Japon.

    Il tente alors de communiquer avec les habitants de cette île mais en vain. Ces indigènes dont la langue était apparentée à l'Arawak répétaient souvent le mot "Taïno" ce nom leur est donc resté. Mais qui étaient vraiment ces taïnos ?

    La traduction littérale rendue par Taïno signifiait : "bon" ; "noble". Ces indigènes sont en fait de lointains descendants de la civilisation Saladoïde ou Arawak qui, suite à de nombreuses évolutions et de nombreux voyages arrivèrent dans les grandes Antilles. Leur territoire s'étendait donc des Bahamas jusqu'à Porto Rico en passant par Haïti / Saint Domingue, Cuba et la Jamaïque. Dans un espace géographique aussi vaste, la culture Taïno présentait des différences locales et spécifiques sur un fond culturel commun.

    L'organisation de la vie

    L'île principale Haïti / Saint-Dominigue ("Quizqueya" en Taïno et baptisée Hispaniola par Colomb), était divisée en plusieurs royaumes les "Cacicats".

    A la tête d'un cacicat, le cacique, qui détenait le pouvoir pouvait être aussi bien une femme qu'un homme mais bien que ce pouvoir soit mixte, il était tout de même plus fréquent de rencontrer un homme occupant cette fonction qu'une femme.

    Le cacique et sa famille directe composaient la classe des nobles. Ce sont eux qui connaissaient les chants sacrés, qui récitaient les épopées et qui assistaient autour du cacique au traditionnel jeu de balle, le "batery". (Ce jeu rituel consistait à s'affronter sur une place rectangulaire située au centre du village et à attraper une balle grâce à une ceinture de pierre. Les adversaires ne devaient se toucher que les coudes.)

    Au niveau inférieur des nobles se trouvaient les gens du commun ou "naborias". Ceux-ci étaient plus particulièrement chargés des travaux dans les jardins, de la chasse, de la pêche et des activités domestiques.

    La religion

    La société Taïno était régie par la référence permanente aux mythes qui expliquaient l'univers, l'origine des humains etc…

    C'est pourquoi, à l'arrivée des espagnols, ces taïnos ont cherché à savoir d'où venaient ces étrangers curieux et amicaux qui offraient des cadeaux jamais vus comme par exemple des perles de verre. Ils savaient que ces espagnols ne venaient d'aucunes îles des alentours puisqu'à force de les parcourir avec leurs pirogues sans voiles, ils les connaissaient toutes.

    Les problèmes de communication causèrent un malentendu qui poussa les taïnos à prendre les espagnols pour des revenants sortis de "coaïbai" le pays des morts.

    Un chroniqueur explique ainsi la mésaventure survenue à un espagnol que les taïnos ont noyé pour savoir s'il était vraiment immortel : "ils le veillèrent pendant trois jours et lorsqu'il se mit à sentir ils comprirent qu'il était réellement mort.

    En plus, plusieurs mythes racontaient l'origine de la mort. Le plus connu rapportait que le premier mort se nommait "Maquetaurie Guayaba", il a donc créé la mort et, à cette époque, les femmes étaient des grenouilles et les hommes, des chauves souris mangeuses de fruits.

    De plus, et surtout, ces croyances religieuses s'exprimaient à travers l'art. Chez leurs ancêtres Arawaks, l'art était présent tant sur les objets utilitaires que sur les objets rituels ( il n'est cependant pas évident de faire la différence entre objet utilitaire et objet rituel puisque l'un devenait l'autre selon les besoins.)

    Les poteries étaient peintes et la couleur la plus fréquente demeurait le rouge obtenu avec de l'oxyde de fer naturel (hématite), broyé, dilué dans de l'eau puis peint avant la cuisson. Elles étaient également ornées de tête de chauve souris sculptées rappelant le mythe de la mort cité plus haut. L'évolution des civilisations n'a laissé que quelques traces ce cette coutume : chez les taïnos on ne retrouve plus que des petites oreilles ornementales placées sur les bords des vases.

    Chez les Arawaks ces vases étaient remplis de nourriture (crabes de terres, coquillages, "agoutis" = rongeurs comestibles) et placés en guise d'offrandes dans les sépultures, alors que, chez les taïnos, ces vases étaient placés renversés sur le corps de manière à le recouvrir.

    Le rite funéraire en lui même consistait d'abord à placer le mort (en position fatale) dans un trou pas trop profond. Ce corps était peint au roucou, orné de ses plus belles parures et accompagné pour un homme de ses armes et des haches de guerre et pour une femme de ses poteries.

    Selon la tradition, une grande fête était donnée afin que tout le village se rende compte réellement de la mort de l'individu. A cetteoccasion on se désaltérait d'un breuvage fait à base de manioc. Il s'agissait d'une véritable célébration qui d'ailleurs finissait souvent par dégénérer puisque l'individu était généralement dépouillé de ses parures avant d'être recouvert de terre.

    Pour les taïnos le monde était peuplé d'esprits, les "zémis", entités symboliques bisexués qui pouvaient se révéler à n'importe qui, à tout instant. Le sorcier (charman ou "buhitihu") consulté entrait en contact avec l'esprit qui s'était manifesté par l'intermédiaire d'une drogue hallucinogène.

    La culture Taïno était aussi caractérisée par les pierres à trois pointes. Il s'agit là d'une réelle spécificité puisqu'elles ne sont présentes que chez eux et leurs Saladoïdes.

    Le principal mythe lié à ces pierres est celui de l'origine des humains.Selon le Frère Ramon Pané, un des missionnaires de Christophe Colmb, l'histoire de l'humanité selon les taïnos se passe dans les grottes d'une montagne où un homme fut changé en pierre, quelques autres transformés en arbres pruniers et où des femmes disparurent.

    A la fin du récit, les hommes retrouvèrent les femmes grâce à un héros transformé en oiseau pivert.

    Ces pierres à trois pointes symboliseraient donc la montagne dans laquelle se trouvaient la grotte primordiale, le bec de l'oiseau pivert, les yeux de l'homme transformé en statue de pierre et les feuilles des arbres pruniers.

    Les taïnos croyaient aussi que ces pierres à trois pointes enterrées dans les jardins de vivres faisaient pousser les plantes, qu'accrochées à des bâtons et utilisées pour bêcher la terre, elles lui apporteraient une certaine fertilité, que si les femmes enceintes les conservaient elles faciliteraient leur accouchement.


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