La découverte, en 1987, de la tombe du « seigneur de Sipán », dans le nord du Pérou, a révélé au monde les beautés de l’artisanat mochica.
La civilisation mochica s’est développée du IIIe siècle avant notre ère au VIIIe siècle de notre ère. La culture des Moches s’est principalement développée dans les vallées de la Moche et de la Chicama (actuelle province de La Libertad).
Très hiérarchisée, la société moche est dominée par une aristocratie qui contrôle le pouvoir politique, militaire et religieux. Ce peuple précolombien avait une culture qui est considérée comme la plus raffinée et la plus avancée du monde préinca.
La culture moche
Les Moches se sont établis dans des vallées fluviales, le long de la côte aride au nord du Pérou. L’agriculture et la pêche nourrissaient une importante population. Cette société très hiérarchisée, bâtissait des canaux d’irrigation, des pyramides et des palais.
Malgré l’absence d’un système écriture, les Moches ont témoigné de leur art dans de beaux vases en céramique, des laines élaborées, des peintures murales et de nombreux objets en cuivre, en or et en argent.
On ne sait pas si les Moches ont fondé un Etat centralisé avec une capitale ou si leur organisation reposait sur une confédération de plusieurs seigneuries.
On sait par contre que la noblesse concentrait tout le pouvoir. Le sommet de la hiérarchie était occupé par un chef, peut-être un roi.
L’agriculture constituait la principale ressource. La population se devait de participer à la construction des grands ouvrages publics. Ces participations volontaires ont d’ailleurs contribué à l’essor de la civilisation. Les Moches ont ainsi réalisé des ouvrages hydrauliques grandioses.
Les Moches cultivaient des céréales, des légumes, du coton, du tabac et la coca. Ils élevaient des chiens, des cochons d’Inde et des lamas.
La pêche était une autre source importante d’approvisionnement. Les pêcheurs utilisaient les totoras, des groupes d’embarcations individuelles, liées entre elles par des cordes en fibre végétale.
La chasse n’était par contre pratiquée que par la noblesse.
L’examen des objets retrouvés dans les tombes a confirmé l’utilisation de cosmétiques, de miroirs, de peignes ou de pinces à épiler.
La sépulture de Sipán
En février 1987, en creusant un tumulus sacré, des pilleurs de tombes ont mis au jour un incroyable trésor funéraire.
Une querelle ayant éclaté entre les voleurs, l’un deux dénonça ses complices. C’est ainsi que les archéologues ont pu déblayer les restes de la tombe saccagée.
Cette huaca ou pyramide sacrée allait leur révéler de nombreuses surprises. A l’origine, les huacas de Sipán étaient de hautes pyramides de brique, lieux où se déroulaient les rites sacrificiels et où se trouvaient les tombes royales.
Aujourd’hui, il ne reste plus que d’immenses tumulus.
A l’intérieur de la tombe pillée se trouvait le squelette d’un homme coiffé d’un casque de cuivre et protégé par un bouclier.
Des étendards de coton recouvraient le corps. Ils étaient décorés de cuivre plaqué or.
La sépulture de Sipán est la plus magnifique tombe jamais découverte aux Amériques.
Dans la chambre funéraire, des cercueils de roseau abritaient deux hommes, deux femmes et un chien. Au centre, se trouvait le cercueil de bois où reposait l’homme en l’honneur duquel cette sépulture avait été érigée.
Il mourut vers 40 ans. C’était un seigneur guerrier chaussé de sandales d’argent. Dans sa main droite, il tenait un sceptre d’or et, dans la gauche, un sceptre d’argent.
Il était entouré d’objets en or et en argent.
Des hommes sacrifiés entouraient le seigneur guerrier. On ne sait pas si les femmes étaient des concubines. En revanche, elles étaient mortes de puis longtemps quand elles ont été placées dans la tombe.
Par la suite, on trouva deux autres sépultures autour du tumulus.
Rituels et sacrifices
De nombreuses céramiques mettent en scène des sacrifices, des rites funéraires et des épisodes guerriers.
Certaines illustrations relatent les batailles entre les peuples des vallées fluviales. Ceux-ci s’opposaient en une série de combats singuliers, le but n’étant pas de tuer mais d’assommer l’adversaire.
Le vainqueur déshabillait son ennemi, lui bandait les yeux et pouvait alors exhiber son prisonnier.
Enfin, les hommes capturés étaient sacrifiés. Lors d’une grande cérémonie religieuse, un prêtre leur coupait la gorge et recueillait le sang dans une coupelle. Le contenu était offert au chef.
Poterie symbolisant le sacrifice humain
On démembrait alors les corps des victimes sacrificielles, on attachait leurs têtes et leurs membres à des cordes et on les suspendait comme trophées.
Lutter pour survivre
Les catastrophes naturelles, El Niño, tremblements de terre, éruptions volcaniques, sécheresses et inondations, ont toujours fait partie de l’histoire sud-américaine.
La mer était d’ailleurs au cœur de la culture mochica. Le courant de Humboldt, qui longe les côtes du Pérou du sud au nord, favorise la multiplication des fruits de mer. Ce courant permet des pêches uniques au monde.
Mais, entre 562 et 594, une période de grande sécheresse s’abattit sur le pays mochica. La famine et la maladie décimèrent la population. D’immenses dunes côtières se formèrent, repoussant les survivants à l’intérieur des terres.
Il fallut créer de nouveaux systèmes d’irrigation.
Les guerres, qui se limitaient autrefois à des combats rituels, prirent une ampleur meurtrière. L’enjeu était de préserver les ressources naturelles de sa propre communauté.
Des fortifications s’élevèrent. En 800, cette lutte pour la survie avait divisé le territoire mochica en plusieurs principautés.
L’unité culturelle qui liait les royaumes de la vallée du fleuve appartenait désormais au passé.