Le premier voyage de Christophe Colomb l'emmène à la découverte des Antilles .Après trente-trois jours de voyage il arriva dans une île des Bahamas, mais il croit se trouver quelque part non loin du Japon.
Il tente alors de communiquer avec les habitants de cette île mais en vain. Ces indigènes dont la langue était apparentée à l'Arawak répétaient souvent le mot "Taïno" ce nom leur est donc resté. Mais qui étaient vraiment ces taïnos ?
La traduction littérale rendue par Taïno signifiait : "bon" ; "noble". Ces indigènes sont en fait de lointains descendants de la civilisation Saladoïde ou Arawak qui, suite à de nombreuses évolutions et de nombreux voyages arrivèrent dans les grandes Antilles. Leur territoire s'étendait donc des Bahamas jusqu'à Porto Rico en passant par Haïti / Saint Domingue, Cuba et la Jamaïque. Dans un espace géographique aussi vaste, la culture Taïno présentait des différences locales et spécifiques sur un fond culturel commun.
L'organisation de la vie
L'île principale Haïti / Saint-Dominigue ("Quizqueya" en Taïno et baptisée Hispaniola par Colomb), était divisée en plusieurs royaumes les "Cacicats".
A la tête d'un cacicat, le cacique, qui détenait le pouvoir pouvait être aussi bien une femme qu'un homme mais bien que ce pouvoir soit mixte, il était tout de même plus fréquent de rencontrer un homme occupant cette fonction qu'une femme.
Le cacique et sa famille directe composaient la classe des nobles. Ce sont eux qui connaissaient les chants sacrés, qui récitaient les épopées et qui assistaient autour du cacique au traditionnel jeu de balle, le "batery". (Ce jeu rituel consistait à s'affronter sur une place rectangulaire située au centre du village et à attraper une balle grâce à une ceinture de pierre. Les adversaires ne devaient se toucher que les coudes.)
Au niveau inférieur des nobles se trouvaient les gens du commun ou "naborias". Ceux-ci étaient plus particulièrement chargés des travaux dans les jardins, de la chasse, de la pêche et des activités domestiques.
La religion
La société Taïno était régie par la référence permanente aux mythes qui expliquaient l'univers, l'origine des humains etc…
C'est pourquoi, à l'arrivée des espagnols, ces taïnos ont cherché à savoir d'où venaient ces étrangers curieux et amicaux qui offraient des cadeaux jamais vus comme par exemple des perles de verre. Ils savaient que ces espagnols ne venaient d'aucunes îles des alentours puisqu'à force de les parcourir avec leurs pirogues sans voiles, ils les connaissaient toutes.
Les problèmes de communication causèrent un malentendu qui poussa les taïnos à prendre les espagnols pour des revenants sortis de "coaïbai" le pays des morts.
Un chroniqueur explique ainsi la mésaventure survenue à un espagnol que les taïnos ont noyé pour savoir s'il était vraiment immortel : "ils le veillèrent pendant trois jours et lorsqu'il se mit à sentir ils comprirent qu'il était réellement mort.
En plus, plusieurs mythes racontaient l'origine de la mort. Le plus connu rapportait que le premier mort se nommait "Maquetaurie Guayaba", il a donc créé la mort et, à cette époque, les femmes étaient des grenouilles et les hommes, des chauves souris mangeuses de fruits.
De plus, et surtout, ces croyances religieuses s'exprimaient à travers l'art. Chez leurs ancêtres Arawaks, l'art était présent tant sur les objets utilitaires que sur les objets rituels ( il n'est cependant pas évident de faire la différence entre objet utilitaire et objet rituel puisque l'un devenait l'autre selon les besoins.)
Les poteries étaient peintes et la couleur la plus fréquente demeurait le rouge obtenu avec de l'oxyde de fer naturel (hématite), broyé, dilué dans de l'eau puis peint avant la cuisson. Elles étaient également ornées de tête de chauve souris sculptées rappelant le mythe de la mort cité plus haut. L'évolution des civilisations n'a laissé que quelques traces ce cette coutume : chez les taïnos on ne retrouve plus que des petites oreilles ornementales placées sur les bords des vases.
Chez les Arawaks ces vases étaient remplis de nourriture (crabes de terres, coquillages, "agoutis" = rongeurs comestibles) et placés en guise d'offrandes dans les sépultures, alors que, chez les taïnos, ces vases étaient placés renversés sur le corps de manière à le recouvrir.
Le rite funéraire en lui même consistait d'abord à placer le mort (en position fatale) dans un trou pas trop profond. Ce corps était peint au roucou, orné de ses plus belles parures et accompagné pour un homme de ses armes et des haches de guerre et pour une femme de ses poteries.
Selon la tradition, une grande fête était donnée afin que tout le village se rende compte réellement de la mort de l'individu. A cetteoccasion on se désaltérait d'un breuvage fait à base de manioc. Il s'agissait d'une véritable célébration qui d'ailleurs finissait souvent par dégénérer puisque l'individu était généralement dépouillé de ses parures avant d'être recouvert de terre.
Pour les taïnos le monde était peuplé d'esprits, les "zémis", entités symboliques bisexués qui pouvaient se révéler à n'importe qui, à tout instant. Le sorcier (charman ou "buhitihu") consulté entrait en contact avec l'esprit qui s'était manifesté par l'intermédiaire d'une drogue hallucinogène.
La culture Taïno était aussi caractérisée par les pierres à trois pointes. Il s'agit là d'une réelle spécificité puisqu'elles ne sont présentes que chez eux et leurs Saladoïdes.
Le principal mythe lié à ces pierres est celui de l'origine des humains.Selon le Frère Ramon Pané, un des missionnaires de Christophe Colmb, l'histoire de l'humanité selon les taïnos se passe dans les grottes d'une montagne où un homme fut changé en pierre, quelques autres transformés en arbres pruniers et où des femmes disparurent.
A la fin du récit, les hommes retrouvèrent les femmes grâce à un héros transformé en oiseau pivert.
Ces pierres à trois pointes symboliseraient donc la montagne dans laquelle se trouvaient la grotte primordiale, le bec de l'oiseau pivert, les yeux de l'homme transformé en statue de pierre et les feuilles des arbres pruniers.
Les taïnos croyaient aussi que ces pierres à trois pointes enterrées dans les jardins de vivres faisaient pousser les plantes, qu'accrochées à des bâtons et utilisées pour bêcher la terre, elles lui apporteraient une certaine fertilité, que si les femmes enceintes les conservaient elles faciliteraient leur accouchement.