• Cet animal a éveillé l’intérêt de nombreuses civilisations en raison de sa nature bâtarde de mammifère ailé. En Occident, la chauve-souris est perçue comme un être inquiétant, voire malfaisant, qui vient s’accrocher dans les cheveux des gens la nuit ! Quelques récits sur des chauve-souris buveuses de sang vivant en Amérique du Sud ont suffi pour qu’on les considère comme des êtres effrayants, alors qu’elles sont inoffensives et chasseuses de moustiques.

    Le diable, l’ange déchu, est représenté dans l’art avec des ailes de chauve-souris car il craint la lumière comme elles. Sur presque toutes les images des sabbats de sorcières figurent aussi des chauves-souris. Et de tous temps, on les a cruellement clouées aux portes pour protéger des démons de la nuit et des mauvais sorts.

    Notre animal a meilleure réputation dans d’autres contrées, et c’est fort heureux.

    Les Mayas la vénéraient comme un être protecteur, nommé Z’otz.

    Chez les indiens, la chauve-souris symbolise la renaissance, elle est pendue la tête en bas, comme un bébé qui vient au monde. Elles étaient aussi idolâtrées par les civilisations Aztèques et Toltèque. Lorsque vous voyez une chauve-souris voler dans vos rêves, elle vous avertit qu’il est temps de vous débarrasser d’une partie de vous-même. Il faut savoir faire une mort symbolique pour pouvoir avancer spirituellement.

    Dans la Chine ancienne, la chauve-souris était un symbole de bonheur, essentiellement en raison de l’analogie phonétique, entre les mots chauve-souris et bonheur.

    Dans la Chine ancienne, l’aspect et le comportement des chauves-souris attiraient les soupçons. Pour expliquer l’origine de cet animal, on disait que la souris avait été transformée en chauve-souris après avoir mangé du sel, des crottes ou des huiles. Sous l’influence de la mauvaise réputation de la souris, la chauve-souris avait une triste image de marque. À l’époque des Trois Royaumes (222-265), le poète Cao Zhi écrit le Récitatif sur la chauve-souris et il se dit convaincu que la chauve-souris est un animal rusé et néfaste.

    La Chine a toujours aimé se jouer des mots et des homonymes, des jeux de mots et des symboles. L’écriture s’y prête avec délice et, dans certains cas, donne naissance à d’étonnants rapprochements.

    En effet, la Chauve-souris, du fait d’une analogie phonétique (homonymie) avec Bonheur fut fréquemment utilisée en lieu et place du mot Bonheur. De plus ce jeu de mot recèle un des principes majeurs de la philosophe chinoise : le bonheur possède en lui la racine du malheur et vice versa. On pense ici au symbole du yin et du yang.

    Ainsi, sous la dynastie des Ming (1360-1644 après J.-C.), la chauve-souris devint un symbole de chance et de longue vie. Elle gagna ainsi ses lettres de noblesse de façon inattendue.

    Groupées par trois, elles symbolisent les trois bonheurs : Bonheur, Richesse et Longévité. Elle est associée par les taoïstes à la Longévité car elle vit dans les grottes, lieu de passage vers le domaine des Immortels. De même elle se tient la tête en bas pour "nourrir le principe vital" qui est un exercice taoïste pour "fortifier le cerveau".

    Cinq chauves-souris représentent les cinq biens précieux que sont le grand âge, la richesse, la santé, l’amour de la vertu et la mort naturelle. Wufu Pengshou est un motif où cinq chauves-souris entourent le caractère chinois « shou » (longévité). Ce motif symbolise le fait que l’on possède à la fois bonheur et longévité.

    Les chauves-souris rouges, dont la couleur était censée chasser les êtres démoniaques, étaient considérées comme de véritables signes de bénédiction !

    Dans les mythes africains, notre mammifère est présenté parfois comme un être particulièrement intelligent, car elle sait éviter tous les obstacles quand elle est en vol.

    Dans l’antiquité, réputée pour ne jamais s’assoupir, la chauve-souris était le symbole de la vigilance.

    La chauve-souris était encore censée détourner les invasions de fourmis, de chenilles, de sauterelles, et protéger des morsures de serpent. On appelait aussi par plaisanterie du nom de chauve-souris (en latin, vespertilio, en grec, nykteris) les individus à la vie nocturne dévergondée !

     

    Les bestiaires médiévaux soulignent également l’aspect positif des chauves-souris, appréciant notamment leurs mœurs de groupe, leur attachement les unes aux autres et leurs marques d’amour comme on en rencontre peu même chez l’homme (Unterkircher).

    Au XIIème siècle, Sainte Hildegarde de Bingen, qui la classait parmi les oiseaux, l’évoque notamment en tant que remède de la jaunisse.


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  • Le tigre évoque, d'une manière générale, les idées de puissance et de férocité ; ce qui ne comporte pas que des signes négatifs.

    C'est un animal chasseur, et en cela un symbole de la caste guerrière. Dans la géomancie, comme dans l'alchimie chinoise, le tigre s'oppose au dragon ; mais s'il est dans le premier cas, un symbole malfaisant, il figure dans le second un principe actif, l'énergie, par opposition au principe « humide » et passif, le plomb opposé au mercure, le souffle au semen.

    Les « Cinq Tigres », symboles de forces protectrices, sont les gardiens des quatre points cardinaux et du centre. On donne d'ailleurs à plusieurs reprises, dans l'histoire et la légende chinoise, l'appellation de « Cinq Tigres » (« Wou ho ») à des groupes de guerriers valeureux, protecteurs de l'empire. L'apparition d'un tigre blanc est un signe de la vertu royale. Le tigre est  plus spécialement un animal du Nord, du solstice d'hiver, où il dévore les influences maléfiques. S' il est parfois la monture d'un Immortel, c'est qu'il est doué lui-même de longévité. Sa force symbolise encore dans le bouddhisme, celle de la foi, de l'effort spirituel, traversant la « jungle des péchés », elle-même figurée par une forêt de bambous.

    Dans l'iconographie hindoue, la peau du tigre est un trophée de « Shiva ». Le tigre est la monture de « Shakti », de l'énergie de la nature, à laquelle « Shiva » n'est pas soumis, mais au contraire qu'il  domine.

    Monstre de l'obscurité et de la nouvelle lune, il est aussi une des figures du monde supérieur, « le monde de la vie et e al lumière naissante ». On le voit souvent reproduit laissant échapper de sa gueule l'être humain, représenté comme un enfant. Il est l'ancêtre du clan, assimilé à la lune renaissante : la lumière qui revient.

    En Malaisie, le guérisseur a pouvoir de se transformer en tigre. Il ne faut pas oublier que, dans tout le Sud-Est asiatiques, le Tigre-Ancêtre mythique est regardé comme l' « initiant, » C'est lui qui conduit les néophytes dans la jungle pour les initier, en réalité pour les « tuer » et les « ressusciter » [Mircea Eliade, le Chamanisme et les techniques archaïques de l'extase, p. 306, Paris, 1951.]

    En Sibérie, pour les Ghiliaks, le « tigre, par sa vie et par ses mœurs, est un homme véritable, qui ne revêt que temporairement l'aspect du tigre ». [Jean-Paul Roux, Faune et Flore sacrées dans les Sociétés Altaïques, p. 306, Paris, 1966 ; citant Dimitrii K.Zelenine, le Culte des Idoles en Sibérie, Paris, 1952.]

    Une légende grecque, rapportée par Plutarque, explique pourquoi le nom de Tigre fut donné à un fleuve de Mésopotamie, qui s'appelait auparavant Stollax. Pour séduire une nymphe d'Asie, Alphésibée, dont il était amoureux, Dionysos se transforma en tigre. Arrivé au bord du fleuve, elle ne put s'enfuir au-delà  et se laissa saisir par le fauve, qui l'aida à passer sur l'autre rive. Leur fils, Médès, fut le héros éponyme des Mèdes et le fleuve prit le nom de Tigre en souvenir de la nymphe et du dieu qui s'étaient unis sur ses berges.

    Selon d'autres légendes, d'origine babylonienne, le Tigre serait né des yeux de Mardouk, le Créateur, en même temps que l'Euphrate. Dans la Bible, c'est un des quatre fleuves du Paradis Terrestre. Dans son contexte suméro-acadien, le Tigre prend une très haute signification : «  le cours d'eau cosmique, cernant la terre comme un île, évoque le célèbre « Océan terrestre, l' « Apson » , dont les textes cosmogoniques et cosmologiques de Mésopotamie font si grand cas.

    L' « Apson » joue un rôle caractéristique dans la genèse du monde : « considéré comme une divinité masculine, il représente la masse d'eau douce sur laquelle flotte la terre ; Il prend sa source à l'Orient, près des montagnes du soleil, et entoure le monde comme un fleuve circulaire. C'est lui qui alimente nos cours d'eau. » Le Tigre en tant que fleuve, symboliserait l'eau douce, par opposition à la mer, abîme d'eau salée d'où sortent toutes les créatures.



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  • L'Ours a toujours symbolisé la force brute, la force guerrière, c'est pour cela qu'il représentait la classe guerrière chez les Celtes, et qu'il était l'animal de pouvoir des Berserkers, les guerriers fauves. C'est un animal violent, brutal, dangereux et incontrôlé, symbole de la force primitive, de la cruauté, de la brutalité et de la sauvagerie. Néanmoins il peut être apprivoisé, et en cela il symbolise les forces élémentaires capables d'évoluer progressivement, mais capables aussi de régresser violemment. Chez les Celtes, le mot Ours (Artos) se retrouve dans le nom d'Arthur (Artoris), le souverain de la légende. L'Ours est l'opposé du Sanglier, qui représente la classe sacerdotale. En Gaule, la déesse Artio symbolisait le coté féminin de la classe guerrière. D'ailleurs l'Ours est yin, c'est-à-dire féminin. Dans la Mythologie Nordique, Odin est parfois représenté sous la forme d'un Ours.

    Au Japon, l'Ours est censé être l'ancêtre des Aïnu, une peuplade ancienne du Nord du Japon, qui croit que l'Ours est une importante divinité des montagnes. En Chine au contraire, l'Ours est masculin (yang), et est un symbole annonciateur de la naissance des garçons. Le créateur du monde dans la cosmogonie Chinoise, Yu le Grand, prenait dans ses fonctions l'apparence d'un Ours. Dans l'ésotérisme islamique l'Ours est parfois représenté comme un animal vil et répugnant.

    En Sibérie et en Alaska, l'Ours est lié à la Lune et au cycle végétal, à cause du fait qu'il hiberne (il disparaît à l'approche de l'hiver et revient avec le printemps). Dans d'autres pays il est considéré comme l'ancêtre de l'humanité à cause justement de son lien avec la Lune, dont la "vie" est semblable à celle des êtres humains. Les Algonquins du Canada appellent d'ailleurs l'Ours "Grand-Père". Dans beaucoup de peuples chamaniques de Sibérie et d'Amérique, l'Ours est présent et joue un rôle dans les cérémonies d'initiation. Chez les Indiens Pomo de Californie du Sud, c'est lui qui tue les candidats à l'initiation, et qui creuse un trou dans leur dos avec ses griffes.

    En Europe, l'Ours est fortement lié aux grottes et cavernes où il élit domicile. Il symbolise donc les ténèbres, et l'obscurité, et pour les alchimistes il représente la noirceur du premier état de la matière. En cela il a la aussi une symbolique d'initiateur. Pour les alchimistes, l'Ours représente les instincts et les phases initiales de l'évolution, et sa couleur est le noir de la materia prima. Dans la mythologie grecque il accompagne Artémis, la déesse lunaire, qui prend souvent sa forme lors de ses apparitions. L'Ours symbolise l'aspect sacrificateur et cruel des rites dédiés à Artémis et à la Lune. De par son lien avec la Lune l'Ours symbolise aussi l'intuition, l'instinct, mais aussi et surtout, de par la force qu'il représente, il symbolise surtout, selon Jung, le coté dangereux de l'inconscient.

    Comme tous les grands fauves, l'Ours symbolise l'inconscient chtonien, il est lunaire et nocturne, et révèle des paysages internes de la Terre-Mère. Chez certains peuples d'Amérique du Nord, sa chasse est interdite pour les femmes, et celles-ci sont l'objet de plusieurs tabous vis à vis de l'Ours à cause de leur lien avec lui (ne pas regarder la tête d'un Ours, ne pas toucher une peau d'Ours, etc...).

    Certaines parties du corps de l'Ours (dents, griffes, et pattes) sont utilisées en magie protectrice. Chez certains peuples de Sibérie, on cloue une patte d'Ours près de la porte de la maison ou de la tente pour écarter les mauvais esprits. Chez les Yakoutes on en dépose une dans le berceau des bébés pour les protéger. Ses griffes sont censées avoir des vertus thérapeutiques selon ces mêmes peuples : elle soigne la diarrhée du bétail pour les uns, et protège des maux de têtes pour les autres. Enfin chez de nombreux peuples altaïques l'Ours est pris à témoins lors des serments : certains jurent assis sur un crâne d'Ours, alors que d'autres mordent sa fourrure pendant qu'ils prononcent leur serment.


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    Nos ancêtres vénéraient tous les aspects du monde naturel, et considéraient chaque part de ce monde comme une alliée, un guide ou un maître. Aujourd’hui encore les druides demandent inspiration, conseil et instruction aux différentes strates du monde naturel, mais ce devait être indiscutablement plus facile autrefois. Il y avait alors moins d’interférences entre les hommes et le monde, et la philosophie faisait sens de tout. Les animaux en particulier étaient vénérés pour leurs qualités intrinsèques. On rapporte que nombre de tribus et de clans parmi lesquels le "Peuple-chat" écossais, ainsi que les "Tribus du loup" et les "Têtes de chien" irlandaises étaient sensés descendre d’animaux. Il en était de même pour certaines familles. On retrouve le phoque, par exemple, à l’origine d’au moins six noms de familles écossais et irlandais. La plupart des tribus avaient également des animaux-totems dont leurs noms dérivaient, comme les Caerini et Lugi de Sutherland (Peuple du mouton et Peuple du corbeau), les Epidii de Kintyre (Peuple-cheval).

     

     

    Le Merle représente l’appel intérieur, celui qui nous engage à suivre un chemin spirituel. Il nous indique les voies à suivre pour en apprendre davantage sur les potentiels et les motivations cachés en nous.

     

    La Biche apporte la Douceur et la Grâce du principe féminin. Elle nous invite à dépasser l’élément matériel et superficiel de la vie et à discerner le coeur des choses et les causes plutôt que les effets.

     

    Le Cerf signifie la Fierté, l’Indépendance. Il nous apporte la grâce, la majesté et l’intégrité ; il peut nous aider à renforcer notre sentiment de dignité et d’assurance.

     

    L’Ours symbolise la Force primordiale, la Souveraineté. Il nous relie à notre instinct, qui nous aide à découvrir notre puissance en associant force et intuition.

     

    Le Renard représente la Diplomatie, la Ruse. Grâce à lui, vous saurez à quel moment sortir au grand jour et vous faire entendre, et à quel moment vous taire et garder vos idées secrètes.

     

    Le Sanglier développe l’Esprit guerrier, l’Idée directrice. Il nous appelle dans la forêt pour nous révéler un secret sur nous-mêmes et le monde. Il symbolise la vie sauvage et la force indomptable présente en chacun de nous. Sa force primitive nous rend apte au commandement.

     

    Le Faucon apporte la Noblesse, la Purification. Il permet de voir notre vie sous son véritable aspect, de nous libérer des fardeaux inutiles et de renouer avec nos racines ancestrales. Lorsque l’on sait d’où l’on vient et où l’on va, l’inspiration et l’enthousiasme remplissent notre vie.

     

    Le Chien signifie les Conseils, la Loyauté. Il nous guide et nous protège tout au long de cette vie. Il apporte l’aide nécessaire pour défendre nos valeurs et les choses qui nous sont sacrées.

     

    La Chouette représente le Détachement, le Changement. Elle nous enseigne la sagesse de transformer nos points faibles en points forts.

     

    Le Chat signifie la Surveillance, la Sensualité. Il nous permet d’observer une situation avec calme et sans idée préconçue avant de prendre une décision. Il nous rappelle que nous avons le droit de choisir à quel moment et de quelle manière résoudre nos problèmes. Il fait preuve d’une très grande sensualité, et prouve par là que la conscience et la sensibilité sont les facettes d’une même réalité.

     

    La Grue apporte la Connaissance secrète, la Longévité. Elle peut rester des heures à observer les profondeurs de l’eau, jusqu’au moment où elle pique sa proie. Elle sait aussi se concentrer sans se laisser distraire, ce qui la rend apte à nous guider dans nos voyages d’exploration intérieure.

     

    La Grenouille symbolise la Sensibilité, la Beauté. Elle apporte la guérison et le bonheur, chantant et bondissant pour nous conduire à la source sacrée qui abreuve et régénère. Elle nous aidera à sentir avec tout notre être la présence des autres, les sons et les voies de guérison, à chercher la beauté et la magie que cachent les apparences.

     

    Le Corbeau offre la Guérison, l’Initiation. Il est le signe que quelque chose meurt en donnant naissance à quelque chose de nouveau. Grâce à lui, nous pouvons atteindre une guérison profonde en pratiquant "la réconciliation des contraires" pour résoudre les conflits enfouis dans notre inconscient ou issus de notre passé.

     

    Le Cygne apporte les qualités de l’Âme : l’amour, la profondeur, la grâce et la beauté. C’est l’oiseau du seuil, celui qui sépare notre monde de l’Au-delà. Il représente notre capacité à voyager de l’un à l’autre.

     

    Le Loup symbolise l’Intuition, l’Apprentissage. Il apporte un profond sentiment de fidélité, de force intérieure et d’intuition. Il montre la voie des apprentissages. Apprenez à connaître votre moi le plus profond et vous bénéficierez toujours de courage et d’une présence spirituelle, même dans l’obscurité la plus complète.

     

    Le Serpent représente la Transformation, l’Énergie vitale. Il symbolise nos morts et nos renaissances successives, ainsi que l’énergie sexuelle. Avec lui, votre vie sera empreinte de grâce et de magie.

     

    L’Aigle signifie l’Intelligence, le Courage. Il aide à prendre du recul pour analyser notre vie. Il offre l’objectivité et la clarté d’esprit nécessaires aux prises de décisions et à la recherche des priorités.

     

    La Truie développe la Générosité, la Découverte. Les nombreuses portées de la Truie symbolisent l’abondance et la fertilité. Elle rappelle que la vie est généreuse, donnant à tous et régénérant constamment les choses et les êtres, et qu’il nous faut apprécier les beautés et les plaisirs de la vie.

     

    Le Taureau relie à la Richesse, les Bienfaits. Il représente la fertilité, la puissance, l’abondance et la prospérité, et aide à persévérer pour atteindre notre but si les circonstances s’acharnent contre nous. Il nous donne l’énergie nécessaire pour surmonter physiquement ou moralement les problèmes qui s’accumulent.

     

    L’Oie appelle à la Vigilance, la Puissance créatrice. Très attachée à sa famille, à son environnement stable, mais capable aussi de voler à une altitude extraordinaire d’un continent à l’autre, l’Oie montre qu’il est possible d’associer les aspirations matérielles, et spirituelles dans nos vies quotidiennes.

     

    Le Bélier signifie la Percée, la Réussite. Il donne la possibilité d’une percée, l’énergie permettant de pénétrer, de surmonter et de réussir. Il représente aussi l’enracinement, le lien, l’équilibre. Il nous aidera à trouver en nous la force de réussir, sans que le succès nous "fasse tourner la tête" ; il sait rester accroché au sol et nous rappeler aux réalités quotidiennes.

     

    Le Lièvre symbolise la Renaissance, l’Équilibre. C’est l’un des animaux qui se métamorphose le plus aisément. Il représente l’intuition, et apporte l’exaltation qui accompagne la renaissance et une grande fécondité. Il aide à surmonter les périodes de changement et à suivre les orientations de notre intuition.

     

    Le Saumon développe la Sagesse, le Rajeunissement. Il nous montre que pour trouver la sagesse, nous devons faire le bilan de notre vie et retourner consciemment vers nos origines, notre enfance et peut-être au-delà. Il nous rajeunira et nous donnera l’inspiration à condition que nos comportements ne fassent pas obstacle à ses dons. Il nous engage à rester ouverts et innocents, en abandonnant toute attitude d’entêtement.

     

    L’Abeille représente la Communauté, la Fête. Elle nous invite à célébrer les événements heureux, ou tout simplement l’existence mystérieuse et merveilleuse de la vie. Elle nous murmure qu’une vie harmonieuse en communauté existe.

     

    La Loutre appelle à la Joie, la Serviabilité. Elle nous invite à redevenir enfant, nous amuser et accepter le flot de la vie et des expériences. Avec elle, vous pouvez prendre le temps de vous reposer et d’oublier vos soucis quotidiens.

     

    La Vache relie à la Nourriture, à la Mère. Elle nous révèle la générosité, la force nourricière et régénératrice qui nous entoure. On la retrouve partout : chez nos amis, nos enfants, dans nos repas, nos rêves et dans la nature.

     

    Le Cheval signifie la Terre, le Voyage. Il apporte l’énergie et la vitesse, et règne sur le cycle complet de l’existence : la naissance, la mort, la vie dans l’au-delà et la renaissance.

     

    Le Roitelet représente l’Humilité, l’Ingéniosité. Il nous indique que la beauté habite les petites choses et que la réalisation de soi ne passe pas par les signes extérieurs de richesse, ni les démonstrations de force, mais par l’humilité, la gentillesse et la subtilité. Utilisée avec humour et assortie de bonnes intentions, l’ingéniosité est un bon moyen d’accomplir de grandes choses. Elle permet d’économiser ses efforts en employant rationnellement et honnêtement les résultats obtenus par d’autres.

     

    Le Dragon de l’Eau symbolise la Passion, la Profondeur. Il apporte à la surface tout ce qui se cache en dessous. Certains souvenirs et désirs, oubliés ou réprimés depuis très longtemps dans l’inconscient, peuvent sembler porteurs d’une force négative et destructive. Si l’on accepte d’en tenir compte, ils serviront à avancer sur le chemin spirituel et à garder l’équilibre.

     

    Le Dragon de la Terre apporte le Pouvoir, la Richesse. Il nous confronte à nos propres potentiels. Il nous apprend à utiliser nos talents et ressources, et nous montre les secrets de notre coeur. Nous décèlerons alors plus facilement la force et la beauté qui se cachent dans le coeur des autres.

     

    Le Dragon de l’Air développe l’Inspiration, la Vitalité. La rencontre entre la psyché, l’intellect et de Dragon de l’Air peut frapper comme la foudre. On doit la préparer avec soin et l’attendre avec respect. Il donne à notre esprit la perspicacité et la clarté, se manifestant parfois dans nos pensées et notre imagination comme une soudaine illumination.

     

    Le Dragon du Feu signifie la Transformation, la Maîtrise. Il apporte la vitalité, l’enthousiasme, le courage et l’énergie qui permettent d’affronter et de surmonter les obstacles et les problèmes de la vie quotidienne. Sa puissance aide à maîtriser le commandement et la connaissance. Il alimente avec soin le feu intérieur, aide à le canaliser et à l’utiliser avec précision pour accomplir les tâches et objectifs fixés.

     

    Le Phoque représente l’Amour, le Dilemme. C’est l’appel de la mer, des profondeurs, de l’inconscient. Nous craignons cet appel car nous craignons de nous noyer dans les remous de nos sentiments. Acceptez de suivre votre inconscient, votre féminité, vos rêves et vos désirs. Ils transformeront votre vie, l’apaiseront et la rempliront d’amour.

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  • La tortue, animal existant depuis plus de 250 millions d'années, et omniprésent dans la mémoire des hommes et des civilisations, ne sera peut-être un jour plus qu'un nostalgique souvenir. Alors souvenons-nous... Les symboles sont essentiellement attachés aux cultures et aux traditions antiques dans lesquelles puise le monde contemporain, qui reste lui aussi très chargé de symboles. Et il n'est pas étonnant de constater que les civilisations anciennes, principalement dans les régions de type rural ou montagnard, sont celles dans lesquelles les symboles ont eu le plus d'importance. Attachées aux archétypes symboliques on trouve généralement des contes ou des légendes se rapportant au caractère particulier de la tortue. Nous évoquerons des croyances, des légendes, mais aussi la cosmogonie, c'est à dire la représentation du monde et de sa création dans les civilisations anciennes. En Extrême-Orient (Chine, Japon, Vietnam, Corée, Inde, Tibet...) comme en Amérique du Nord (du Mexique jusqu'en Alaska), la tortue est avant tout le support du monde. Dans la quasi-totalité des civilisations anciennes du monde entier (dont certaines existent encore, comme le peuple aborigène d'Australie, la Chine ou le Vietnam) la tortue a toujours été essentiellement un symbole de longévité et de sagesse. Cela tient bien sûr à sa très longue durée de vie et à sa nonchalance, mais aussi à sa discrétion face aux événements qui rythment le monde. La lenteur de ses déplacements la fait également figurer comme une digne représentante de la sagesse... et de l'art d'avoir toute l'éternité devant soi.

    Il est frappant de constater à quel point c'est dans la civilisation chinoise que la tortue a le plus marqué les esprits. Il faut dire que les premières traces de l'écriture chinoise remontent à environ 3500 ans et que ces idéogrammes primitifs, lorsqu'ils n'étaient pas gravés sur de la pierre, l'étaient sur les carapaces de cet animal. Par ailleurs les écritures des anciens étaient gravées pour l'éternité si le support était une carapace de tortue, plus encore que si ces symboles étaient gravés sur la pierre. Cette longévité de la tortue et la stabilité de sa carapace pendant de longs siècles après sa mort a également intrigué les devins qui lui attribuèrent une véritable connaissance de l'avenir cachée dans les motifs de sa carapace. En jetant la carapace quelques minutes dans le feu de la terre, on pouvait voir les esprits célestes communiquer avec les hommes en inscrivant des symboles par les craquelures et fêlures causées par le feu sur les carapaces. Voulant reproduire les motifs ainsi engendrés, les devins et les savants il y a 3500 ans tracèrent ainsi les premiers symboles qui devinrent progressivement les 214 clés de base permettant l'élaboration de tout le système de l'écriture chinoise. Par ailleurs la numérologie et les premiers carrés magiques furent inventés et réalisés avec l'aide des motifs et la disposition des écailles de la dossière. Les chinois furent les premiers terrariophiles au monde. Depuis plus de deux mille ans dans certaines provinces de montagne la possession d'une tortue sous son toit apporte une protection divine à la famille et au foyer. Il n'y avait pas un seul temple taoïste ou bouddhiste qui n'ait des tortues, non pour les manger mais pour protéger la vie de ceux qui y résident. Ainsi les tortues pouvaient être prélevées dans la nature pour la consommation humaine (pratique essentiellement confucianiste) mais aussi pour servir de compagnon protecteur de la famille et de l'abri.

    Dans le Tao, philosophie majeure de la Chine ancienne comme de la Chine moderne, cinq éléments sont suffisants pour construire toutes les briques du monde. Ce sont le bois, le métal, le feu, la terre et l'eau. A ces cinq éléments sont associés cinq saisons (la mousson est une saison), cinq directions (les quatre points cardinaux plus l'endroit où nous nous trouvons), cinq couleurs, et cinq animaux. La tortue est l'un de ces cinq animaux. Elle est associée au nord, à l'élément eau, à l'hiver et au noir (couleur de la pureté en Extrême-Orient contrairement à l'Occident).

    En Chine il existe un certain nombre de dieux qui ne sont pas des dieux au sens où nous l'entendons en Occident mais des représentations des aspects très divers de l'esprit humain. Parmi ces dieux il en est deux dont nous allons parler parce qu'ils sont liés directement à des tortues légendaires. Il s'agit du dieu des Examens et du dieu de la Longévité. Le dieux des Examens est figuré dans le ciel chinois par les quatre étoiles qui forment le Chariot de la Grande Ourse. C'est un dieu d'une laideur particulièrement marquée, le visage déformé par une horrible grimace. Dans sa main gauche il tient un boisseau, dans sa droite un pinceau de calligraphe. Il est entièrement nu à l'exception d'un pagne entourant sommairement ses hanches. Il se tient bizarrement penché en avant et dans une attitude qui rappelle un homme entrain de courir. Seul le pied droit repose au sol, ou plutôt... sur une tête de tortue. L'explication avancée est que lors de sa vie sur terre, il fut reçu premier au Doctorat, mais voyant sa laideur immonde l'empereur refusa de lui octroyer le diplôme. Au comble du désespoir et du déshonneur, il abandonna ses vêtements et tenta de se noyer mais une tortue Ngao qui passait par là le reçut sur la tête et fit de lui un dieu, l'expédiant dans le Ciel. Le dieu de la Longévité a le visage typique du vieux chinois doté d'une longue barbe et d'un énorme crâne chauve. Il est courbé mais encore debout, appuyé à une grande canne noueuse, et tient dans une de ses mains le fruit de l'Immortalité. A ses pieds se trouve une tortue et parfois un héron ou une grue, ces animaux ayant une très longue durée de vie.

    Dans la cosmogonie chinoise, le monde est porté par quatre éléphants, eux-mêmes soutenus par une tortue. Cette vision du monde vient tout droit de l'Inde. En effet en Inde nous allons retrouver la tortue portant les éléphants, comme dans la cosmogonie chinoise. Pour les hindous la création du monde revient au dieu Brahmâ. Un énorme serpent se mordant la queue est suspendu dans le vide de l'infini, symbolisant la course éternelle du Soleil dans le ciel. Sur ce serpent repose une tortue. C'est par elle que la force des cieux va se traduire dans le monde des réalisations. La tortue prend donc dans l'esprit de l'hindou le symbole de force et de pouvoir créateur. Sur cette tortue se trouvent des éléphants qui portent les trois mondes. Le monde inférieur des démons et de l'enfer, le monde intermédiaire des hommes et de la Terre, et le monde supérieur des dieux et de la félicité. C'est par la tortue que ces trois mondes existent, car elle est le lien direct entre l'univers et sa manifestation.

    Toujours en Inde la deuxième des dix réincarnations de Vishnu fut sous la forme d'une tortue appelée Kurmâ qui apporta son aide à Indra pour vaincre les démons Asuras. Pour ce faire elle servit de pivot central pour permettre aux dieux de baratter l'Océan des Origines d'où naquit la liqueur de l'immortalité, l'arbre du Paradis, la médecine des dieux, la déesse du vin, les nymphes, le cheval divin, l'éléphant royal, et tant d'autres merveilles... La même scène est également représentée de façon magnifique sur un bas-relief du Temple d'Angkor au Cambodge.

    Au Vietnam, au sud de la vieille ville de Hanoï, se trouve un petit lac qui constitue un véritable paradis au milieu de la ville. Ce lac se nomme Hoan Kiêm, le Lac de l'Epée Restituée. C'est un des endroits les plus romantiques du monde ! On peut se promener un après-midi en flânant au gré des petits sentiers boisés qui l'entourent. Ce Lac portait autrefois le nom de Lac Thuy, c'est à dire le Lac Vert. Pas un seul vietnamien n'ignore la légende de ce petit lac ! Un jour un jeune pêcheur trouva en pleine mer accrochée dans ses filets une lame d'épée sans manche et qui portait gravée l'inscription " Selon la volonté du Ciel" . Il alla offrir cette lame d'épée au fils d'un très riche personnage qui, après des recherches, retrouva le manche de la lame. L'épée ainsi reconstituée servit pendant une dizaine d'années à ce notable dans la guerre contre les envahisseurs chinois. Ce notable s'appelait Lê Loi. Il vécut réellement, de 1385 à 1433. Après avoir repoussé l'envahisseur chinois, il devint roi en 1428 sous le nom de règne de Lê Thài Tô. Afin de profiter de cette paix enfin acquise il vint aussitôt s'installer dans la ville qui se nomme maintenant Hanoï. Le Roi aimait se promener dans une petite embarcation au milieu du Lac Vert. Mais il ne put conserver l'épée bien longtemps. Quelques jours après la fin de la guerre, de son petit bateau il vit soudain émerger une tortue géante du fond de l'eau. Terrifié, le roi dégaina son épée, la brandit devant lui mais la tortue fut très rapide et sans le blesser lui arracha l'épée avec son bec avant de disparaître pour l'éternité dans les profondeurs du lac.

    Le roi se dit alors que le Dieu Tortue d'Or était certainement le véritable propriétaire de l'épée magique, que celle-ci la lui avait seulement prêté et que la paix maintenant revenue, il devait la lui restituer. C'est ainsi que naquit la légende du lac de l'Épée " restituée" à son propriétaire divin. Dans ce lac se trouvent réellement des tortues. Hélas, il n'y en a plus guère aujourd'hui. Au milieu du lac se trouve un tout petit îlot minuscule, et il est désormais rarissime de voir une tortue y prendre un bain de soleil. A chaque fois cet événement est vivement apprécié par la population de Hanoï, tellement les tortues qui autrefois peuplaient abondamment ce lac sont devenues rares. Un tel événement est toujours considéré comme un bon présage pour les semaines à venir.

    Au Japon, terre de l'Art du Sabre, la tortue est encore symbole de longévité et de stabilité du monde. Une très ancienne légende raconte qu'une tortue, Minogamé, vit depuis 10 000 ans, couverte d'un manteau d'algues au fond d'un lac. Cette légende est peut-être à rapprocher de la légende vietnamienne du Lac de l'Epée Restituée. Dans cette terre japonaise ou fleurirent les arts martiaux, l'art du sabre (le Ïaîdô) est encore très pratiqué même aujourd'hui. Les sabres sont toujours décorés. Et très souvent reviennent deux animaux : la Grue et la Tortue, qui représentent les deux aspects complémentaires et radicalement opposés de l'univers, cet oiseau étant symbole de la liberté dans le ciel et du détachement de l'esprit face aux événements du monde, et la tortue symbole de l'attachement à la terre. Par ailleurs ces deux animaux vivent très longtemps, la grue tout comme la tortue.

    En plein coeur de l'Ile de Java en Indonésie se trouve le temple bouddhiste de Borobudur. Ce temple érigé au IX° siècle est un des plus grands chef-d'oeuvre de l'art bouddhique. Cet immense temple, à l'aspect pyramidal et dans lequel on ne demeure pas, est une spirale initiatique menant du sol représentant le monde matériel jusqu'à la pointe représentant le monde spirituel. Dans le bouddhisme tout le travail d'un boddhisattva est de parvenir à la réalisation de son propre Eveil puis de mener ensuite patiemment tous les êtres vivants, y compris les animaux, jusqu'à leur propre Eveil et à la cessation de la souffrance. Tout au long de ce parcours montant doucement en spirale dans le temple de Borobudur se trouvent d'immenses fresques de pierre qui sont autant de panneaux, chacun d'entre eux rappelant une histoire du Bouddha historique ou de grands boddhisattvas du passé.

    Jusqu'au XX° siècle chez les indiens la tortue est très présente dans les chants, les contes, les légendes tribales, et jusque dans l'observation des rituels. Chez les Tohono O'odham (le Peuple du Désert) d'Arizona et les Comcáac du Désert de Sonora c'est la tortue qui a planté le cactus saguaro géant et en est resté la gardienne. Pourtant, chez ces indiens du désert de Sonora et d'Arizona, la tortue était consommée puis les restes utilisés de toutes les façons possibles, comme boîtes à bijoux, instruments de musique, jouets de bébés, poupées de jeunes filles, ou bien encore entraient comme ingrédients dans les préparations pharmaceutiques.

    Pourtant il existait une régulation de cette consommation par la croyance en des tabous. Chez ces indiens du désert, avoir une tortue en captivité chez soi c'était s'attirer le malheur. Plus aucune herbe ne pouvait pousser et la malédiction tombait sur le village, les enfants pouvaient ne plus grandir, les femmes ne mettre au monde que des filles. Un nid de tortues était un lieu sacré qu'il était interdit de toucher. Et le ramassage de tortues à des fins alimentaires devait se faire uniquement sous certaines conditions, en des lieux et des moments précis. Transgresser une interdiction concernant les tortues était l'assurance de s'attirer la maladie. Les populations de tortues se maintenaient donc malgré tout, ce qui n'est plus le cas depuis l'arrivée de l'homme blanc et de la "civilisation". La tortue attirait aussi le malheur sur l'homme impoli, criminel, ou tout simplement malfaisant. Et seule une tortue pouvait conjurer les sorts qui lui étaient attribués.

    Une légende Comcáac raconte l'histoire d'un homme du nom de Ziix Taaj, doté de pouvoirs surnaturels, qui fut aperçu un jour jouant à un jeu de société avec une tortue assise face à lui. Et tous deux discutaient ensemble. La tortue gagnait de nombreux tours, et Ziix taaj devint furieux et se mit à hurler. Il jeta alors une serviette sur elle et la frappa longuement, mettant fin de cette façon à la partie. Les témoins étaient effarés. Depuis, plus aucun Comcáac n'ose regarder une tortue dans les yeux, celle-ci comprenant la langue des Comcáac et parlant certainement depuis des lunes avec leurs ancêtres.

    Chez les Inuits du nord glacial du Canada, qui sont aussi des indiens et dont le nom signifie simplement "les hommes", la tortue est associée à la terre, Mère procréatrice de la lignée de tous les "hommes". Dans cette civilisation très particulière, on rappelle en permanence aux enfants leur attachement à leurs origines en conservant un petit segment de leur cordon ombilical sur eux. Les fillettes le portent dans un sachet de peau en forme de tortue. Et pour les petits garçons ce sachet a la forme d'un lézard.

    Ce sentiment de protection apporté par la présence d'une tortue se retrouvait aussi dans certaines tribus africaines pour lesquelles elle était élevée au rang de véritable totem vivant du village.

    Dans la mythologie Sénoufo en Côte d'Ivoire, c'est encore une tortue qui porte le monde sur son dos. La tortue devient ici symbole de sagesse et de connaissance, car dans sa carapace elle possède toute la connaissance du monde.

    Dans la Grèce ancienne, la tortue est vue de l'intérieur. Sa dossière est figurée par la voûte céleste et ses quatre pattes sont les quatre piliers du monde. Ainsi la tortue protège le monde, lui assurant stabilité et équilibre. Si on se souvient que le ciel a toujours été représenté comme une voûte hémisphérique et la Terre comme une étendue plate de forme circulaire, on comprend vite pourquoi chez tous les peuples du monde la tortue est une représentation de l'univers. Entre le dôme de sa dossière et la surface plate de son plastron, elle était l'image parfaite du monde intermédiaire dans lequel vivent les hommes entre l'univers étoilé et le sol terrestre. La tortue est ainsi un véritable fil reliant le Ciel et la Terre. Elle doit donc nécessairement posséder de fabuleux pouvoirs de connaissance et de divination. Elle doit donc aussi être un merveilleux médium capable de fournir aux hommes les secrets des dieux.

    Il faut bien comprendre que dans toutes les sociétés primitives ou du moins très anciennes, le monde est un espace clos refermé sur lui-même. Il y a le monde terrestre, plat, situé sous nos pieds, riche et fécond mais aussi porteur des plus grands drames par ses colères et son feu dévastateur. Au-dessus il y a une voûte étoilée, pleine de mystères et de silence, semblant immobile mais dans laquelle on aperçoit certaines étoiles se déplaçant sur le fond immuable, et parfois des événements soudains comme des étoiles nouvelles d'une brillance extrême et ne durant que quelques jours (les comètes et aussi certaines étoiles que l'astronomie moderne nomme les supernova). Ce ciel, qu'on ne peut toucher avec les doigts même du sommet des plus hautes montagnes, est donc un monde où vivent des esprits mystérieux et dotés d'étranges pouvoirs. Ce n'est pas étonnant que dans toutes les civilisations anciennes, les étoiles et leurs positions sont intimement liées à la présence des dieux, des héros, et des animaux légendaires. Entre les deux se situe l'homme, tout petit, perdu au fond de ses pensées face à ce monde immense tant sous ses pieds qu'au dessus de sa tête.

    Durant toute une vie humaine, jusqu'au XX° siècle et partout dans le monde, le ciel semblait immuable au-dessus de nos têtes et progressait à pas très lents au-dessus des événements qui constituent l'histoire sous nos pieds. La tortue, par sa forme et sa nonchalance, constitue un symbole parfait de la marche et de l'aspect du monde. Sa dossière voûtée et qui plus est circulaire, parsemée de motifs, semble être une représentation en miniature de la voûte céleste.

    Son plastron, très plat, qui lui sert de base et d'appui au sol semble également être une image parfaite du sol qui nous entoure jusqu'à l'horizon visible à nos yeux. Entre les deux se situe l'être vivant, la chair, le sang, le mystère de la Vie. Les quatre pattes de la tortue, avec leur couleur et leur texture qui rappelle si étrangement celles des éléphants, sont les quatre piliers qui permettent à cette voûte de se tenir parfaitement au-dessus du sol. Une tortue qui se retourne est une abomination et un signe de funeste présage car elle représente alors la chute du ciel et le bouleversement du monde.

    Il est important aussi de se souvenir que naguère encore dans la plupart des régions du monde l'espérance de vie des hommes ne dépassait pas quarante ou cinquante ans. Or la tortue est un animal dont la durée de vie est souvent le double ! Si on la voyait naître on ne la verrait pas mourir. Pour un homme, elle représentait donc presque un être immortel et doté de pouvoirs étranges lui permettant cette durée de vie inimaginable pour un être humain.

    Ainsi elle représente donc un symbole de longévité... mais ce fut à son détriment ! Car il devint évident que se nourrir de la chair de la tortue constituait non seulement une source de force et de sagesse mais aussi une assurance de longévité.

    Les pouvoirs magiques de la tortue dans le domaine de la longévité et de la force vitale furent étudiés médicalement autant à Rome ou en Grèce qu'en Chine. La santé quasi inaltérable de la tortue ne pouvait trouver son origine que dans la composition de sa chair et de sa carapace.

    Cette pharmacopée chinoise qui nous semble aujourd'hui bien étrange à nous les occidentaux, nous l'avons également connu dans l'Antiquité européenne. Aujourd'hui, dans un monde où la technologie et le modernisme a conquis les villages les plus reculés de la Terre, la tortue change peu à peu de symbole. Les hommes ne croient plus à la puissance du ciel et se considèrent capables d'expliquer tous les phénomènes de la nature. La tortue se retrouve ainsi peu à peu reléguée au rang de vieille tradition empirique, symbole de la naïveté des ancêtres, de l'ignorance et de la peur irraisonnée du monde.

    Alors ce merveilleux animal, autrefois vénéré comme un véritable intermédiaire entre le monde matériel et le monde spirituel, perd son importance dans notre civilisation moderne planétaire et se retrouve bien seul face à un Homme qui s'éloigne lentement de la nature qui l'a vu naître.


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