• Un homme dit:" Parle-nous de la Connaissance de soi"
    Il répondit:
    " Vos coeurs connaissent en silence les secrets des jours et des nuits.
    Mais vos oreilles se languissent d'entendre la voix de la connaissance en vos coeurs.
    Vous voudriez savoir avec des mots ce que vous avez toujours su en pensée.
    Vous voudriez toucher du doigt le corps nu de vos rêves.

    Et il est bon qu'il en soit ainsi.
    La source secrète de votre âme doit jaillir et couler en chuchotant vers la mer,
    Et le trésor de vos abysses infinis se révéler à vos yeux.
    Mais qu'il n'y ait point de balance pour peser votre trésor inconnu,
    Et ne sondez pas les profondeurs de votre connaissance avec tige ou jauge,
    Car le soi est une mer sans limites ni mesures.

    Ne dites pas: "J'ai trouvé la vérité", mais plutôt: "J'ai trouvé une vérité".
    Ne dites pas: "J'ai trouvé le chemin de l'âme". Dites plutôt: "J'ai rencontré l'âme marchant sur mon chemin".
    Car l'âme marche sur tous les chemins.
    L'âme ne marche pas sur une ligne de crête, pas plus qu'elle ne croît tel un roseau.
    L'âme se déploie, comme un lotus aux pétales innombrables. "

     

    Khalil GIBRAN


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  • Mon âme et moi,en vieux complices,
    Chuchotons sous les pierres d'ici
    Dans une langue inédite
    Qu'aucun ne peut comprendre

    Quand l'air bleu devient glauque
    Des mots d'oiseaux se croisent
    Qu'aussitôt mon âme étouffe
    Par crainte des rumeurs.

    Elle s'absente dans la lumière
    Je crois avoir perdu une soeur
    Et je ne sais plus que faire...

    Quand elle me revient
    Elle s'invite comme une ombre
    Née d'une ombre plus claire
    Que j'enjambe en douceur
    De peur de la briser
    Car il y a de quoi faire...

    Quelque soit sa peine,
    Qu'importe les blessures !
    Il vaut mieux la porter ainsi
    Plutôt que de la perdre...

    Et chuchoter ensemble
    Dans les encoignures
    En bonne conscience.

    François Rivals


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  • Fais de ta vie une œuvre d'art.
    Que chaque instant de ce présent si précieux,
    Soit habillé de tes plus belles pensées,
    De tes actes les plus nobles.

    Fais de ta vie un hymne à la joie,
    Pénètres au plus profond de la matière,
    Et fécondes l'obscurité de pensées lumineuses,
    De fleurs de pensées afin d'ensemencer monde intérieur et extérieur.

    Sème les graines de ta destinée,
    D'une main heureuse,
    D'une main amoureuse,
    D'une main confiante, humble et généreuse.

    Qu'au travers de tes expériences terrestres,
    Puisses-tu faire vibrer ton âme,
    Telle une harpe céleste,
    Afin qu'elle prenne corps et s'exprime au sein même de la terre.

    Fais de ta vie une œuvre d'art,
    Et communique ton œuvre dans la matière,
    Matérialise les Idées célestes,
    Idéalise la matière terrestre.

    Que chacun de tes gestes,
    Que chacune de tes actions, de tes pensées,
    Portent en elles le sceau de ton âme,
    Et fleurisse dans l'Amour de l'éternel présent.

    Fais de tes rêves de lumière une réalité sans frontière,
    Sans préjugé, ni attache.
    Détache-toi du futile trop servile
    Et croit sans hésiter, lentement et sûrement,
    Dans l'Inconditionnel Amour du temps, ton plus beau présent.


    Alain Degoumois


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  • Le soufisme, q'est-ce que c'est ?


    Le soufisme est le mysticisme de l’Islam. Comme tel, il a la particularité d’exister aussi bien dans l’Islam sunnite que dans l’Islam chiite. Décrire le soufisme est une tâche redoutable. Comme tout mysticisme, il est avant tout une recherche de Dieu et son expression peut prendre des formes très différentes. D’autre part, par ses aspects ésotériques, il présente des pratiques secrètes, des rites d’initiation, eux aussi variables selon les maîtres qui l’enseignent.

    Bien que le soufisme se veuille rigoureusement musulman, l’Islam traditionnel, sunnite et chiite, considère le soufisme avec la plus grande méfiance.

    En Iran, la grande majorité des mollas y est vivement opposée et dans l’Islam sunnite, la plupart des Ulema sont beaucoup plus intéressés par la lettre du Coran et ses interprétations juridiques que par les spéculations des soufis auxquelles ils trouvent une odeur de soufre. Cette opposition généralisée contribue à la discrétion du soufisme.

    En outre le soufisme n’a aucune unité. Chaque maître se constitue une cohorte de disciples attirés par la réputation de son enseignement. Tout au plus, ces maîtres déclarent se rattacher à une ” confrérie “, elle même fondée par un célèbre soufi des siècles passés ; personne ne vérifie une quelconque orthodoxie de l’enseignement donné, du moment qu’il se réfère à l’Islam.

    L’importance de cet Islam secret n’en est pas moins remarquable. Historiquement, il a joué un rôle de premier plan dans la naissance des déviations du chiisme que sont l’Ismaëlisme et la religion druze. En littérature, il a profondément inspiré certaines des oeuvres arabo-persanes les plus remarquables comme les Contes des Mille et Une Nuits ou le poème d’amour deLeyla et Majnoun.

    C’est cependant par sa spiritualité que le soufisme est le plus original. Dans la conception soufie, l’approche de Dieu s’effectue par degrés. Il faut d’abord respecter la loi du Coran, mais ce n’est qu’un préalable qui ne permet pas de comprendre la nature du monde. Les rites sont inefficaces si l’on ignore leur sens caché. Seule une initiation permet de pénétrer derrière l’apparence des choses. L’homme, par exemple, est un microcosme, c’est-à-dire un monde en réduction, où l’on trouve l’image de l’univers, le macrocosme. Il est donc naturel qu’en approfondissant la connaissance de l’homme, on arrive à une perception du monde qui est déjà une approche de Dieu.

    Selon les soufis, toute existence procède de Dieu et Dieu seul est réel. Le monde créé n’est que le reflet du divin, ” l’univers est l’Ombre de l’Absolu “. percevoir Dieu derrière l’écran des choses implique la pureté de l’âme. Seul un effort de renoncement au monde permet de s’élancer vers Dieu:
    ” l’homme est un miroir qui, une fois poli, réfléchit Dieu “.

    Le Dieu que découvrent les soufis est un Dieu d’amour et on accède à Lui par l’Amour : ” qui connaît Dieu, L’aime ; qui connaît le monde y renonce “. ” Si tu veux être libre, sois captif de l’Amour. “

    Ce sont des accents que ne désavoueraient pas les mystiques chrétiens. Il est curieux de noter à cet égard les convergences du soufisme avec d’autres courants philosophiques ou religieux: à son origine, le soufisme a été influencé par la pensée pythagoricienne et par la religion zoroastrienne de la Perse ; l’initiation soufie, qui permet une re-naissance spirituelle, n’est pas sans rappeler le baptême chrétien et l’on pourrait même trouver quelques réminiscences bouddhistes dans la formule soufie ” l’homme est non-existant devant Dieu “.

    Même diversité et même imagination dans les techniques spirituelles du soufisme : la recherche de Dieu par le symbolisme passe, chez certains soufis, par la musique ou la danse qui, disent-ils transcende la pensée ; c’est ce que pratiquait Djalal ed din Roumi, dit Mevlana, le fondateur des derviche tourneurs ; chez d’autres soufis, le symbolisme est un exercice intellectuel où l’on spécule, comme le font les Juifs de la Kabbale, sur la valeur chiffrée des lettres ; parfois aussi, c’est par la répétition indéfinie de l’invocation des noms de Dieu que le soufi recherche son union avec Lui.

    Le soufisme apporte ainsi à l’Islam une dimension poétique et mystique qu’on chercherait en vain chez les exégètes pointilleux du texte coranique. C’est pourquoi ces derniers, irrités par ce débordement de ferveur, cherchent à marginaliser le soufisme. C’est pourquoi aussi les soufis tiennent tant à leurs pratiques en les faisant remonter au prophète lui-même: Mahomet aurait reçu, en même temps que le Coran, des révélations ésotériques qu’il n’aurait communiquées qu’à certains de ses compagnons. Ainsi les maîtres soufis rattachent-ils tous leur enseignement à une longue chaîne de prédécesseurs qui les authentifie.

    Cette légitimité par la référence au prophète n'entraîne cependant pas d'uniformisation du mouvement soufi : les écoles foisonnent et chacune a son style et ses pratiques. Ces écoles sont généralement désignées en français sous le nom de confréries. Avant de procéder à l'étude de quelques unes d'entre elles, il faut toutefois garder à l'esprit que les confréries sont devenues, non pas une institution, mais au moins une manière de vivre l'Islam si généralement admise que toutes sortes de mouvements, mystiques ou non, se parent du titre de confrérie pour exercer leurs activités. Qu'on ne s'étonne donc pas de rencontrer parfois des confréries fort peu mystiques à la spiritualité rudimentaire, bien éloignée des spéculations élevées qui ont fait du soufisme l'une des composantes majeures de la spiritualité universelle.

    Soufisme, mysticisme et ésotérisme

    Le Soufisme recouvre des réalités très différentes dans l’Islam. En quelques mots nous voudrions proposer une réflexion pour distinguer ” mystique ” et ” ésotérisme “.

    La ” mystique ” au sens propre consiste à vivre le plus possible uni à Dieu. Par exemple Marie de l’incarnation, une religieuse française du XVIIeme qui avait été mariée, mère de famille et veuve , qui avait dirigé une entreprise de transport avant d’entrer chez les sœurs Ursulines, fut envoyée au Canada où elle construisit un collège pour jeunes filles françaises et indiennes. Elle était tout le temps en union à Dieu que ce soit chez le notaire pour signer les actes ou avec les entrepreneurs pour suivre la construction. Et même lorsqu’un hiver le bâtiment prit feu, et qu’on ne pouvait éteindre l’incendie parce qu’il faisait moins vingt degrés et que l’eau était gelée, Marie de l’Incarnation tomba à genoux dans la neige et loua Dieu. Cette façon de tout vivre en union avec Dieu dans la vie quotidienne, que l’on soit religieux ou laïc, c’est la vie mystique. On vit d’une certaine façon caché en Dieu, on est déjà entré dans le mystère sans fin de la vie éternelle, la vie avec Dieu. Le Roi des Belges Beaudouin s’efforçait de vivre de cette façon sa vie publique comme sa vie privée sans que rien ne parut nuire aux devoirs de sa charge ni à son amour d’époux.

    Ainsi comprise, la vie mystique est ouverte à tous, il s’agit de laisser Dieu, par amour, vivre en nous. Comme dit saint Paul, ce n’est plus moi qui vit, mais c’est le Christ qui vit en moi. La mystique n’est pas une disparition de la personne qui garde son caractère, son histoire, son génie même, et tout ce qui fait qu’elle est unique et lui permet d’être aimée.

    Toutes les religions proposent elles une mystique ? A l’évidence seulement celles qui ont rencontré Dieu comme personne et donateur de vie. Dans ce sens il n’est pas impossible à des Musulmans de vivre la mystique, Soufistes ou non. Il est certain que le Soufisme met l’accent sur cette union à Dieu. Mais est ce toujours dans des conditions dignes de Dieu et de l’homme ? C’est ici qu’il est nécessaire de voir la distinction radicale entre ” mystique ” et ” ésotérisme “. Car l’Esotérisme tourne véritablement le dos à la Mystique. Alors que la mystique est accueil de Dieu, de sa révélation et de son amour, l’ésotérisme prétend donner le pouvoir d’acquérir Dieu, voire de devenir Dieu en franchissant par ses propres efforts des degrés de ” connaissance ” réservés à des ” initiés ” qui se réservent ces pouvoirs.

    Il n’est sans doute pas difficile de comprendre que si Dieu existe véritablement il est encore plus ” personne ” que l’Homme. Il a donc aussi une liberté. Et s’il est libre de se donner comment pourrait on mettre la main sur lui par des ” connaissances ” et des ” initiations “. Dieu ne s’atteint que s’il se donne lui même, et si on l’accueille.

    L’Esotérisme c’est la volonté de puissance spirituelle par l’accession à des ” secrets ” ou des techniques . Loin de libérer l’homme ces secrets et ces techniques fabriquent un spiritualisme artificiel dans lequel le ” connaissant ” s’enferme. L’illusion de ” connaître ” empêche d’entendre Dieu qui se révèle en parlant à qui est assez humble pour désirer le connaître tel qu’il se dit. Ainsi certains s’enferment dans un théorie numérologique, d’autres dans les différents tiroirs d’une caractériologie déterministe, d’autres encore dans des rubriques d’horoscopes, d’autres dans des techniques de méditation .

    Le vrai Dieu c’est celui qui rend libre et qui propose son amitié à tout homme, non à quelques initiés : ” Il s’attache à moi et moi je le rend libre , il m’appelle et moi je lui réponds “(Psaume 91,versets 14 et 15). Ce Dieu là est entré dans l’histoire des hommes par la porte des humbles, en se faisant petit enfant , à Bethléem il y a deux mille ans.


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  • Selon la modalité polaire, l'observateur regardant vers le Nord donne la préférence à la droite ou l'Est par rapport à la gauche ou l'Ouest. Particulièrement privilégié par les soufis, l'Est est assimilé à la source de lumière tandis que l'Ouest représente l'obscurité. Ils considèrent que l'Est et l'Ouest perdent leur signification géographique pour épouser un sens métaphysique ou spirituel. Les soufis regardent l'Est comme lié à l'être ou l'Esprit universel et l'Ouest à l'être ou au monde humain; l'Est est assimilé à l'ésotérisme, à l'intérieur ou à la connaissance spirituelle, l'Ouest est attaché à l'exotérisme, à l'extérieur ou à la lettre; l'Est symbolise l'essence, le Principe ou le monde intégré à l'origine de toute manifestation en relation avec la phase descendante de la lumière à l'obscurité, l'Ouest la substance, le monde manifesté ou fragmenté en connexion avec la phase ascendante de l'obscurité à l'illumination.

    Un mouvement constant entre l'Est et l'Ouest, le jour et la nuit, la lumière et l'obscurité opère à la manière d'une pulsation cardiaque. Les voyages spirituels des soufis sur la voie ascendante débutent avec la sombre errance à l'occident, le monde de la dualité, le premier pas sur le chemin de la ré-intégration à l'orient, source lumineuse de l'Esprit. Il s'ensuit que les Damnés relèvent de la main gauche ou de l'Ouest avant d'avoir accès au monde des Élus propre à la main droite ou à l'Est.

    Les pratiques rituelles soufis les plus communes consistent en la remémoration des Noms divins (“dhikr”) et l'entrée dans la danse cosmique (“samâ”):

    Le jour où le soleil se lèvera au couchant, l'être humain retournera à l'Un ou au monde lumineux d'où chacun provient. Alors qu'il fait face à l'Ouest au coucher du soleil tout en récitant les Noms divins à voix basse, l'homme (ou la femme) perçoit au crépuscule la résorption du soleil visible et des mots murmurés dans le silence de la nuit. Au cours de la traversée des sombres profondeurs des ténèbres, le son des mots s'évanouit et leur véritable sens émerge à la vue du soleil invisible ou de minuit. L'être peut alors avoir accès à la lumière intérieure, à l'aube, en se tournant vers l'Est. Vibrant aux Noms divins récités à voix haute et résonant à leur sens réel, il ou elle s'identifie au Divin, à l'Être. À partir de ce moment, le soleil qui s'est levé à l'Est ne se couche plus, absorbé à jamais dans le coeur de l'Être Spirituel.

    La porte du repentir (“tawba” ou retour à l'Un) est alors, en principe, définitivement close derrière lui ou elle sans possibilité de revenir dans le monde obscur.

    Comme l'être domine sa création, l'Est prévaut sur l'Ouest et la droite sur la gauche. De la même manière, le jour vient avant la nuit et la récitation à voix haute a le pas sur celle à voix basse.

    En accord avec la circumambulation polaire, les soufis dansent une ronde à l'image des astres. À l'instar des derviches tourneurs, ils tournent en cercle et sur eux-mêmes de la droite vers la gauche. En tant que symboles de l'Axe du Monde, ils tiennent la paume droite ouverte vers le Ciel pour recevoir l'influence céleste et la gauche tournée vers la Terre pour la transmettre.


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