• Les "petits esprits", vivant dans l’eau, étaient déjà connus des habitants de l’ancien Dahomey sous le règne d’Akaba (1685-1708). Si on ne les vénérait pas, c’est en raison de la crainte que leur brutalité sauvage inspirait au souverain. Succédant à Akaba, Agaja (1708-1732) continua à les ignorer, ce qui lui valut une terrible et cruelle vengeance. Au cours d’une attaque des troupes royales, les "petits esprits" firent leur appartition sur le champ de bataile et anéantirent d’un seul coup toute l’armée d’Oyo.
    Cependant, Agaja persista à refuser de leur consacrer un culte, l’héritier du trône, son fils Tegbesu (1732-1774), également.

    Pour se rappeler à son bon souvenir, les "petits esprits" lui envoyèrent alors une chauve-souris transpotant sour ses ailes une feuille enflammée. Parvenue au-dessus d’Abomey, la chauve-sours laissa tomber la feuille, mettant ainsi le feu à toute la cité.

    Tegbesu prit la fuite. Mais les "petits esprits", les toxosu le suivirent jusqu’à Kana, où le prince, croyant être enfin en sécurité et avoir trouvé un asile, voulut établir une nouvelle capitale.

    Voyant qu’il ne pouvait leur échapper, il s’en retourna à Abomey. Peu de temps après, on vit appraître en ville de nombreux toxosu, esprits barbus armés d’un petit fouet. Ceux-ci se mirent alors à pourchasser les habitants et le roi parvint à grand-peine à s’échapper. Longtemps, il erra alors avec sa suite d’une région à l’autre, ne découvrant partout que la famine : bien qu’ayant à chaque fois, semé du maïs, la population ne récoltait que des pierres.

    Seul un prince malade, du nom de Homenuvo, était demeuré en ville. Les esprits, dont le nombre avait entre-temps doublé, le firent prisonnier. Il le conduisirent à leurs chefs, qui s’étaient rassemblés sous la direction du Zumadunu, à l’endroit où serait érigé leur sanctuaire. Zumadunu, pourvu de six yeux -soit une paire supplémentaire au front et au menton-, fit savoir au prince que le Dahomey était tout entier promis à la ruine si on n’instituait pas un culte pour lui, fils d’Akaba, comme pour tous les morts atteints de difformité. Terrifié, Homenuvo acquiesça ; et le prince des esprits lui enseigna la manière d’honorer les ancêtres et les dieux. Il lui révéla six cent soixante-six chant à entonner au cours de diverses cérémonies. En outre, il détermina le lieu du nouveau sanctuaire et prédit divers événements, dont la naissance de onze nouveaux toxosu dans la demeure du souverain.

    Après quoi, il libéra Homenuvo, non sans lui avoir annoncé qu’il l’atendrait au même endroit à minuit dans exactement onze jours. Subitement libéré de son mal, le prince rapporta tout l’histoire au roi qui, à son tour, n’hésita pas à répondre à "l’invitaiton" de Zumadunu. Le jour dit, bien qu’encore éloigné du lieu de la rencontre, il entendit un chant sonore accompagné par des maracas. Zumadunu remit sept de ces instruments au roi en lui enseignant à quelle occasion il convenait de faire résonner chacun d’entre eux.

    Enfin, il lui donna trente-trois cauris accompagnés d’autres objets sacrés. Tegbesu n’eut alors d’autre alternative que de consacrer au culte aux toxosu. Il confia les objets sous bonne garde à sa mère, une femme d’Adja qui, en plus des divinités célestes, se mit dès lors à servir les toxosu. Par la suite, quelques-uns d’entre eux firent une nouvelle apparition afin d’informer les habitants d’Abomey que chaque toxosu exigeait n objet consacré ou un sanctuaire destiné à sa propre vénération.

    C’est ainsi que le culte des toxosu fut intégré à celui des ancêtres. Les rois du Dahomey s’en servirent ensuite comme fondement symbolique de leur pouvoir pour consolider ainsi l’expansion de leur royaume : ils imposèrent à tous les villages et villes sous leur juridiction la construction de sanctuaires pour les toxosu royaux en signe d’allégeance au Dohomey.


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  • Désireux de se reposer après avoir créé le monde, Mawu-Lisa, dieu hermaphrodite des origines, confia à ses fils Sakpata et Sogbo le soin de veiller sur son oeuvre. Mais tous deux en vinrent à se quereller. Sakpata quitta alors le ciel pour s’installer sur terre. En tant que fils aîné, il emporta en héritage tous les biens de son père. Son brutal cadet demeura parmi les divinités célestes et, avec le temps, gagna leur entière confiance. Sur terre, Sakpata s’était assuré la position de souverain et comme il disposait de grandes richesses, les hommes se montrèrent d’abord satisfaits de son règne. Mais il ne tardèrent pas à constater avec effroi que la pluie ne tombait plus.

    Ils commencèrent à se plaindre haut et fort auprès de Sakpata. Il les consola jour après jour. Une année s’écoula ainsi bien vite, mais toujours sans la moindre goutte de pluie. Sakpata apprit alors que deux habitants des cieux parcouraient le pays en parlant de quelque chose nommé fa. Il se fit amener les deux voyageurs et leur demanda pourquoi la pluie se faisait attendre. Les deux hommes répliquèrent qu’ils ne connaissaient pas les réponse mais qu’ils pouvaient interroger leur oracle fa. Ils lancèrent donc des graines de plamier et expliquèrent qu’une querelle entre deux frères, tous deux aspirant au pouvoir, était à l’origine du problème.

    Sa solution supposait un accord entre les deux parties. Mais pour ce faire, il fallait que le plus âgé se réconciliât avec le plus jeune et lui fit allégeance. A ce mement, Sakpata eut le douloureux souvenir d’avoir apporté bien des choses du ciel, mais d’y avoir oublié le feu et l’eau. C’est bien trop tard qu’il s’était aperçu à quel point hommes, bêtes et plantes avaient besoin de cette eau à présent détenue par Sogbo. A la question de savoir comment on pouvait encore sauver la terre, les deux hommes lui conseillèrent de rassembler une partie de ses biens terrestres.

    L’oiseau Otutu serait chargé de les emporter au ciel et de transmettre un message à Sogbo. A peine s’était-il envolé que l’oiseau se mit à chanter à pleine voix : "Sakpata a une nouvelle pour toi ! M’entends-tu, So ? Il dit qu’il t’abandonne les maisons, les fils, les pères, les enfants, les mères ! M’entends-tu, So ?" Afin de s’assurer qu’il avait bien entendu et pour voir l’envoyé porteur d’une si bonne nouvelle, Sogbo éclaira la terre en y lançant un éclair. Dans la lumière aveuglante, il reconnut Otutu qui lui apportait les biens et le message de son frère. Là-dessus il fit savoir à Sakpata qu’il avait, en aîné, hérité de tous les biens de leur père, mais n’avait pas su reconnaître la source du vrai pouvoir. L’eau et le feu avaient en effet la force de détruire toutes les richesse terrestres ; voilà pourquoi le pouvoir revenait à celui qui les détenait. C’est ainsi que Sogbo l’emporta sur Sakpata.
    Légende rapportée par les prêtres des divinités de l’orage, qui mettent ainsi en évidence la supériorité de "leur" dieu.)


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  • Selon la légende, Shango fut le quatrième roi d’Oyo, ville située dans l’ouest de l’actuel Nigéria. Pendant sept ans (chiffre mythique), il resta au pouvoir. Son règne fut mouvementé ; on attribue à shango de nombreuses campagnes militaires glorieuses. Ces succès n’étaient pas seulement dûs à son grand courage héroïque, mais aussi à ses dons magiques particuliers : de sa bouche et de ses narines, il pouvait souffler du feu et de la fumée, mettant ainsi en fuite ses adversaires et apprenant à ses sujets à le craindre. Son art magique lui permettait en outre de conjurer la foudre.

    Un jour, il monta avec ses fidèles sur une colline surplombant son palais. En chemin, il décida soudain de tester se "médecine de la foudre" qu’il pensait moins fiable après qu’elle eut été exposée à l’humidité. Assez sûr de son fait, il dirigea la foudre sur son palais. Mais la médecine n’avait rien perdu de son efficacité : une tempête se leva, la foudre tomba du ciel et transforma bientôt le palais en un mur de flammes. La plupart des épouses et des enfants de Shango périrent dans l’incendie. Le coeur brisé, le roi abdiqua. Il quitta Oyo dans le but de se réfugier quprès d’Elempe, son grand-père maternel, dans le pays nupe, situé au nord. Ses sujets employèrent tous les moyens, y compris la violence, pour inciter Shango à rester auprès d’eux. Mais celui-ci attaqua de son épée tout individu qui s’opposa à lui.

    On lui promit de nouvelles épouses afin qu’il puisse avoir à nouveau des enfants, mais aucune promesse ne peut channger sa décision. Il s’en alla donc avec un petit nombre de fidèles et son épouse préférée Oya. Une fois en route, ses compagnons regrettèrent leur décision et firent demi-tour. Même Oya, sa fidèle compagne, perdit courage au moment où le cortège parvint à Ira, sa ville natale. Ainsi abandonné, Shango ne voulut pas poursuivre son chemin tout seul, mais son honneur lui interdit le retour. Il décida donc de mettre fin à ses jours. Sur la façon dont il mit en oeuvre sa décision, il existe plusieurs version. L’une d’elles, à caractère légendaire et mystique, ne le fait pas simplement mourir, mais entrer dans la terre : lorsqu’il s’assit sous un karité à Koso, la foudre et le tonnerre secouèrent tout d’un coup la terre dans laquelle il fut peu à peu et lentement englouti.

    Selon une autre version, moins spectaculaire, il grimpa dans un cotonnier et s’y pendit. C’est à partir de cet instant que Shango fut détrôné et banni du pays car il aurait été un roi rusé, injuste et extrêmement cruel, dont la carrière s’accompagnait de vols, de meurtres, de guerres et autres actes de violence. Il se serait moqué des anciens et aurait raillé les prêtres, se rendant impopulaire auprès de tous. Lorsque la situation devint insupportable, les notables lui envoyèrent une calebasse remplie d’oeufs de perroquet -signe qu’on s’était lassé de lui, mais qu’il pourrait lui-même choisir sa mort. Shango choisit de mourir en exil et se pendit à Koso ; d’où son surnom Oba Koso ("roi de Koso").

    Cette version n’est pas tout à fait invraisemblable puisque les Yoruba éprouvent encore aujourd’hui de l’aversion pour un roi qui dispose d’une magie mortelle : un souverain n’a pas besoin de tels instruments pour régner -à moins qu’il veuille nuire aux personnes de son entourage.

    En tout état de cause, la fin tragique de Shango mit ses anciens compagnons dans un état de panique. Selon la première version, les esclaves du roi se suicidèrent tout comme Oya lorsqu’elle apprit la mort de son époux. D’après la version qui représente Shango comme un tyran violent, les compagnons du roi se rendirent au pays des Bariba (au Borgou) pour se faire instruire dans la fabrication de certaines "médecines" permettant de diriger la foudre sur les maisons de leurs ennemis.

    Lorsque, après le retour, les morts par foudre se multiplièrent, ils furent vite soupçonnés. Pour détourner les soupçons, ils attribuèrent ces catastrophes au roi décédé qui se serait ainsi vengé du tort qu’on lui avait causé. Afin de l’apaiser, il fallait lui offrir des sacrifices. C’est parmi les premiers compagnons de Shango et leurs descendants que s’est recruté le clergé du culte.


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  • Au tout début du monde, le Créateur que les Abénakis appellent Tabaldak créa la terre pour eux et cette terre les Abénakis l’appelèrent le jardin de Tabaldak. Depuis ce temps, la TerreMère donne les plantes qui nourrissent et les plantes qui soignent. Tabaldak avait créé tout ce dont les Indiens avaient besoin. Enfin, il avait tout créé ou presque, parce que pour l’indien Abénaki le Créateur n’est pas parfait, sinon il aurait créé tous les Indiens parfaits.

    Tous les Indiens étaient en extase devant la création jusqu’au moment où Ours blanc décida de mettre son gros manteau blanc sur le pays et souffla son haleine froide pour faire arriver l’hiver.

    À cette époque, les Indiens vivaient la majeure partie de leur temps dans le tee-pee et les petits papooses (enfants) sont vite devenus bien tristes. Ils n’avaient plus rien pour s’amuser, sauf les cendres du feu qui paraissaient à peine tièdes tellement le froid était intense. Durant l’été, ils allaient joué avec les feuilles de l’arbre sacré. Ils en avaient fait des colliers, des panaches, des papillons et ils allaient aussi joué avec le ruisseau. Mais avec la neige qui avait tout recouvert de blanc, tous leurs jouets avaient disparu et ils étaient devenus bien tristes. Tellement tristes que grand-maman Marmotte le remarqua et décida d’aller voir Tabaldak. Elle lui dit :

    "Tu as créé de bien belles choses pour tes enfants adultes. Tu as tout donné pour qu’ils puissent bien vivre. Mais tu as oublié mes petits papooses (enfants)".

    Tabaldak réfléchit un instant et approuva grand-maman Marmotte. Il promit d’arranger les choses. Aussitôt que le printemps se pointa le nez, il se mit à réfléchir à ce qu’il pourrait bien créer pour leur rendre l’hiver plus agréable. C’est alors qu’il se rappela avoir vu les enfants jouer avec les feuilles de l’arbre sacré. Il décida donc de créer les oiseaux. Mais dans sa hâte de faire plaisir aux enfants pour l’hiver prochain, il créa les oiseaux tous blancs, de la même couleur que l’hiver.

    Les enfants furent très heureux de cette création. Vous auriez dû les voir jouer avec les huards, les canards, les sarcelles, les perdrix, les pic-bois, les hirondelles, les parulines, les gros-becs, les roselins, les bruants, les chardonnerets, les mésanges, les merles, les moineaux et les colibris. Les papooses ont passé le printemps, l’été et même l’automne à s’amuser avec leurs nouveaux amis les oiseaux.

    Lorsqu’Ours blanc jeta de nouveau son gros manteau blanc sur le dos de la terre-mère, les enfants se rendirent compte que les oiseaux étaient de la même couleur que la neige et qu’ils pouvaient à peine les voir. Même les oiseaux étaient bien embêtés pour se reconnaître entre eux. Ils étaient tous de la même couleur. Ils retournèrent dans leur tee pee avec encore beaucoup de tristesse.

    Grand-maman Marmotte vit la tristesse des enfants. Elle retourna voir Tabaldak et lui dit :

    "Tabaldak, je crois que tu as créé les oiseaux un peu trop vite. Tu as donné aux adultes une nature toute colorée à ton image, mais tu as oublié que les petits enfants méritaient aussi ces mêmes couleurs pour leurs oiseaux".

    Tabaldak réfléchit et finit par dire à grand-maman Marmotte :

    "Tu as bien raison. Je vais réparer mon erreur. Appelle tous les oiseaux et dis-leur de se rassembler ici devant moi".

    Pendant ce temps, Tabaldak alla prendre du brun terre, du vert pelouse, du vert arbuste, du bleu ciel, du jaune soleil, du rouge feu, du gris nuage et fabriqua de merveilleuses teintures qu’il mit dans de magnifiques pots en écorce de bouleau que grand-maman Marmotte avait fabriqués pour lui. Les pots sentaient bon l’écorce fraîche.

    Tabaldak plaça les pots de teinture devant lui. L’oie blanche s’avança la première près de Tabaldak et lui donna une plume afin qu’il puisse colorer les oiseaux. L’oie blanche lui dit :

    "Prends ma plume pour faire ton travail de création. Moi je resterai blanche afin que tes enfants s’en rappellent. Chaque année, je passerai au-dessus de leur territoire pour qu’ils se souviennent de toi.

    Jusqu’à ce jour, l’oie blanche n’a pas encore manqué à sa parole. Chaque printemps, de la fin mars jusqu’à la fin mai, près d’un million d’oiseaux fréquentent les berges du lac Saint-Pierre à Baie-du-Fèbvre. Des milliers d’ornithologues amateurs et les amants de la nature se donnent rendez-vous le long des zones inondées pour observer le retour spectaculaire des oies blanches.

    Le Créateur commença donc son travail. Avec le rouge et le brun, il colora le merle. Avec le bleu, il donna ses couleurs à l’hirondelle. Avec le jaune, il colora le chardonneret et ainsi de suite, jusqu’à ce que tous les oiseaux soient recouverts des couleurs de la nature. Vous pourriez même, si vous prenez le temps d’observer les oiseaux, deviner où Tabaldak a pris la teinture pour colorer chaque oiseau que vous observez. Il n’y a pas de couleur sur un oiseau qui n’est pas dans la nature.

    Pendant qu’il faisait son travail avec patience, un oiseau le dérangeait constamment. Il criait, battait de l’aile bruyamment, bousculait les autres et oubliait de partager la joie de ses frères. Il alla même devant le Créateur pour l’insulter en lui disant que ses teintures étaient bien belles, mais pas assez brillantes pour les mettre sur son magnifique plumage. Patiemment le créateur continua son travail. L’oiseau était de plus en plus dérangeant, battant de l’aile et criant constamment.

    Il revint devant le Créateur encore une fois et d’un coup d’aile renversa tous les pots de teinture. Les teintures en se renversant se mélangèrent et devinrent toutes noires. Vous auriez dû voir grand-maman Marmotte derrière le tee pee. Elle était dans tous ses états, n’en croyant pas ses yeux de voir ce que l’oiseau avait fait.

    Le Créateur, dans sa grande patience, ramassa la teinture noire et la remit dans un nouveau pot que grand-maman Marmotte avait apporté. Il reprit sa plume et continua son travail. L’oiseau dérangeant revint une troisième fois devant lui pour l’insulter à nouveau, mais cette fois-ci, Tabaldak saisit l’animal par les pattes, le plongea dans la teinture noire et le leva très haut au bout de son bras en lui disant :

    "Telle est ta volonté mon bel oiseau et telle est ma volonté. Parce que tu l’as bien voulu, tu seras toujours un oiseau dérangeant et bruyant. Tu auras toujours un vol lourd et bruyant. Les autres oiseaux te craindront et les animaux te fuiront. On t’appellera le Corbeau".

    Et il laissa partir l’oiseau. Mais ce n’était pas le dernier oiseau. Le dernier oiseau arriva humblement devant Tabaldak. Il excusa le comportement effronté du corbeau et dit au Créateur :

    "Tabaldak, je regrette le geste du corbeau. J’aurais voulu que tu couvres mes plumes de l’arc-en-ciel de ta création. J’aurais pu, ainsi coloré, voler très haut vers le soleil et tracer de grands cercles pour que tes enfants puissent y voir toute ta puissance. J’aurais voulu être ton symbole pour tes enfants".

    Le Créateur fut bien ému par les paroles de l’oiseau. Il dit à l’animal :

    "Ouvre bien grandes tes ailes".

    Il prit alors sa plume et la plongea dans la teinture noire. Il en mit un peu sur le bout des ailes, un peu autour du cou. Il en mit aussi un peu sur la queue et balaya tendrement le dos de l’animal en lui disant :

    "Telle est ta volonté mon bel oiseau et telle est ma volonté. Tu seras mon symbole. Tu voleras très haut pour tracer le cercle sacré. J’y mettrai toute ma puissance et mes enfants le verront. Tu seras le seul animal à regarder le soleil bien en face. On t’appellera l’AIGLE. Et pour s’en rappeler, chaque fois qu’un de mes enfants plantera un poteau dans le sol pour y graver ses symboles et ses totems, tout en haut il placera tes ailes pour me symboliser. Tu seras un guide pour mes enfants. Telle est ta volonté mon bel oiseau et telle est ma volonté.

    Je veux que vous sachiez que depuis ce temps-là, les Amérindiens utilisent les plumes de l’aigle pour s’en faire de belles décorations et qu’il y a toujours une plume d’aigle attachée à la pipe sacrée.

    Cette légende est encore très vivante dans le village Abenakis d’Odanak au Québec.


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  • De la Palestine au continent américain, l'Atlantide s'est promené dans tous les coins de la planète. La plupart de ces localisations sont complètement dénuées de fondement scientifique et d'intérêt. Le débat sur l'Atlantide n'est pas clos pour autant. Au cours des dernières décennies, plusieurs faits nouveaux sont venus grossir le volumineux dossier atlante. 

    Les trois hypothèses classiques sur la localisation de l'Atlantide, les seules à avoir un minimum de rigueur et de crédibilité historique, promènent le continent englouti de l'Atlantique à la mer Egée, en passant par la mer du Nord... 

    L'hypothèse "atlantique" » est une des plus connues, et la bande dessinée lui a donné de nouvelles lettres de noblesse : Blake et Mortimer, les deux héros d'Edgar P. Jacobs, partent ainsi, dans L'Énigme de l'Atlantide, à la recherche des Atlantes et les retrouvent sous terre, au fond d'immenses grottes situées sous les îles Canaries. 
     
    Les Açores
    Avec les premières recherches océanographiques, l'hypothèse de l'océan Atlantique revient en force. L'exploration des hauts-fonds prés des Açores révèle l'existence d'une chaîne sous-marine de montagnes volcaniques, qui sépare en deux l'océan Atlantique. 
    Ce rift est une sorte de cicatrice, qui témoigne de la dérive des continents pressentie au début du XXe siècle par le géophysicien allemand Wegener. 


    Enthousiasmé par ces découvertes, L. Donelly en déduit que l'Atlantide est bien la mère de toutes les civilisations : il explique ainsi les ressemblances architecturales entre pyramides égyptiennes et précolombiennes. Évidemment, il ne tient aucun compte des écarts chronologiques qui existent entre les bâtisseurs de ces monuments !  

    Ultérieurement, O. H. Muck, développant des arguments avancés par les archéologues Kircher et Schliemann, soutient que les Açores sont l'ancienne Atlantide. II insiste sur la situation géographique des Açores, note qu'elles forment une zone de fracture de l'écorce terrestre et qu'elles sont riches de volcans en activité.  Mais d'autres pensent que l'Atlantide se trouvait en fait dans la partie ouest de l'océan Atlantique, á proximité de l'île de Bimini (archipel des Bahamas).    En 1968, une structure engloutie est découverte dans cette zone. Des recherches s'ensuivent, menées par M. Valentine, conservateur honoraire du musée des sciences de Miami, et D. Rebikoff, expert en photographies sous-marines. Deux murs sont reconnus, orientés perpendiculairement l'un á l'autre.


    Bimini s'enfonçant régulièrement dans l'océan, les deux chercheurs datent ces constructions d'il y a 8 á 10 000 années, c'est-à-dire d'une époque où aucun peuple de la région connu des archéologues ne possédait un niveau technique lui permettant de réaliser de tels murs. Le seul problème est qu'on a mis en doute, depuis, l'origine humaine de telles structures, considérées aujourd'hui plutôt comme un phénomène naturel.   

     

    L’hypothèse Crétoise 

    Cette hypothèse, défendue par des scientifiques de valeur, tente de concilier le récit de Platon et les derniers acquis de la géologie et de l'océanographie atlantique. Un préhistorien de renom, Georges Poisson, a cru pouvoir en présenter une synthèse cohérente.    D'après lui, il existait, dans l'Atlantique Nord, un pont terrestre qui, depuis la fin de l'ère secondaire, permettait de rejoindre l'Amérique à pieds secs, depuis l'Europe. L'Atlantide aurait été une des presqu'îles de cette langue de terre et cette presqu'île aurait été orientée vers le sud.    Petit à petit, ce continent intermédiaire entre les deux continents actuels se serait effondré sous la mer et l'Islande n'en serait plus qu'un vestige septentrional.    L'instabilité des îlots volcaniques du rift atlantique, la présence, au nord des Açores, de roches immergées depuis à peine quelques milliers d'années et l'existence de la mer des Sargasses seraient autant de preuves supplémentaires de l'immersion de ce continent. 

    Sur le plan historique, Georges Poisson accepte la date de neuf mille ans avant Solon proposée par Platon, ce qui soulève immédiatement deux contradictions insolubles.    Selon le Critias, nous l'avons vu, l'île atlante était riche en métaux et son agriculture était prospère.

    Or, l'Europe était á cette époque en pleine glaciation würmienne : la civilisation du renne ignorait aussi bien l'élevage que la domestication du cheval ou l'usage des armes métalliques. Elle ignorait encore plus la navigation et l'architecture, sciences dans lesquelles, selon Platon, les Atlantes excellaient. Il n'aurait donc rien pu y avoir de commun entre les premiers balbutiements des Européens et l'éclat culturel des Atlantes.

    Curieusement, Georges Poisson, aveuglé par le souci de défendre sa thèse, refuse de tenir compte du Critias de Platon, qu'il range parmi les récits légendaires de l'Antiquité, mais se réfère au Timée, beaucoup plus imprécis et donc... beaucoup plus facile à interpréter !    Pourquoi, si l'on considère le Critias comme le fruit de l'imagination d'un Athénien soucieux de mettre sa ville et son victorieux passé en avant, ne pas adopter la même attitude critique à l'égard du Timée ?  Georges Poisson ne se pose pas la question et affirme que la lutte entre Athéniens et Atlantes n'était qu'une transposition mythique de la lutte entre la race de Cro-Magnon et celle des hommes de Combe Capelle.


    Une fois de plus, le théoricien de l'Atlantide atlantique demeure brouillé avec la chronologie : rien ne vient prouver que ces deux races d'hommes préhistoriques aient pu se rencontrer et se combattre...

     

    L’île de Santorin 

    Regardons donc du côté de la mer Égée. Cette hypothèse, contrairement á la première, repose sur des bases géologiques incontestables.    Il est possible que le tremblement de terre décrit par Platon soit celui qui ébranla, à 110 km au nord de la Crète, Thira ou Thêra (Santorin).

    On estime, de façon réaliste, qu'un gigantesque raz de marée a dû venir ravager la côte nord de la Crête. Il y aurait eu une vague haute de 200 m, tandis qu'un nuage de cendres aurait obscurci le ciel de la mer Égée pendant une semaine.


    Après quelques jours, ce nuage a probablement laissé sur le sol une couche de cendres d'une quarantaine de centimètres d'épaisseur, qui a rendu la vie impossible aux survivants.  Spiridon Marinatos, l'archéologue grec qui a le mieux étudié ce cataclysme, a découvert, dans l'île de Thêra, des vestiges minoens enfouis sous la cendre depuis trente-cinq siècles. Il en a déduit, avec bon nombre de scientifiques, que ces vestiges présentaient certaines analogies avec l'Atlantide de Platon qui aurait donc pu se situer en Crête.    Des recherches récentes, analyses dendrochonologiques, de dépôts volcaniques et études de carottes glaciaires, prouvent que ces séismes ont eu lieu 50 ans avant le début du déclin crétois, en 1450 avant notre ère.     

     

    Arguments et contre arguments 

    Là encore, le problème de la chronologie se pose : la civilisation minoenne est parfaitement datée, aux alentours du deuxième millénaire avant notre ère. Ce qui fait tout de même un décalage de sept mille á huit mille ans avec la chronologie platonicienne.    Selon certains exégètes du Timée et du Critias, Solon aurait pu être abusé par les prêtres égyptiens et il aurait pu confondre, en transcrivant les hiéroglyphes, les siècles et les millénaires. Dans cette hypothèse de confusion, l'effondrement de l'Atlantide se place à peu prés á l'époque de l'explosion du volcan de la mer Égée.

    On pourrait alors admettre que le tableau de la civilisation atlante laissé par le Critias correspond à ce que devait être la civilisation crétoise du deuxième millénaire, avec ses palais fastueux, sa marine et ses éléphants. 

    Justement, avec les éléphants, on peut commencer á se poser des questions. On peut également s'en poser sur la présence des métaux, en Crête, á cette époque-là.   

    Les pierres rouges, blanches et noires dont parle Platon rappellent incontestablement celles que l'on peut trouver, aujourd'hui, dans l'actuelle Santorin.    Les recherches sous-marines menées par le commandant Cousteau sont venues confirmer l'ampleur de la catastrophe volcanique, qui peut seule expliquer l'énigme archéologique que posait le déclin brutal de la Crête minoenne au XVIe siècle avant notre ère.   

     Les choses se compliquent pourtant quand on aborde le problème de la guerre entre Atlantes et Athéniens : les Minoens étaient des marins, des commerçants et des pêcheurs, mais pas du tout des guerriers. Les Égyptiens, qui les nommaient les Keftiou, ne les considéraient pas comme offensifs et ne les ont jamais confondus avec les fameux « Peuples de la mer et du nord ».    On voit donc mal les paisibles Crétois se doter de moyens militaires considérables et se lancer dans une politique d'invasion pour le moins aventureuse.


    Même en admettant l'exagération naturelle propre aux conteurs athéniens, qui voulaient, en magnifiant la force de leur adversaire, magnifier leur propre victoire, un tel décalage entre ce que nous savons des Minoens et ce que nous croyons savoir des Atlantes étonne.    S'ils ont fait du commerce dans toute la Méditerranée, les Crétois n'ont jamais dominé « la Libye jusqu'à l'Égypte » ou «l'Occident jusqu'à l'Étrurie ».   

    Hormis la légende du Minotaure, difficile à interpréter sur le plan historique pur, il n'y a pas de traces d'une tentative de soumission des habitants de l'Attique par les Crétois. C'est même l'inverse qui s'est produit : la Crête a d'abord été envahie par les Achéens, et ensuite par les Doriens.  

    Seulement, Platon parle également de sacrifices de taureaux. Là, en revanche, nous savons que les Crétois vouaient un culte spécial au taureau. Ce culte ne leur était d'ailleurs pas particulier : il est attesté sur tout le pourtour méditerranéen, de l'Anatolie á l'Espagne.

    Enfin, en s'en tenant á la localisation géographique indiquée par Platon, l'Atlantide se serait trouvée « au-delà des colonnes d'Hercule », c'est-à-dire á l'ouest de Gibraltar. Et les envahisseurs seraient venus « des profondeurs de la mer atlantique » 
    Est-ce là une indication qui vient renforcer l'hypothèse «nordique », émise par Jurgen Spanuth, un pasteur allemand ? Est-il seulement possible d'y voir clair, entre une archéologie incertaine et un texte littéraire douteux ? 

    Enfin, la géologie sous-marine n'a pas apporté á l'hypothèse canarienne de l'Atlantide la moindre preuve : le continent disparu a si bien disparu qu'il n'a même pas laissé de traces sous la mer !


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