• Selon la modalité polaire, l'observateur regardant vers le Nord donne la préférence à la droite ou l'Est par rapport à la gauche ou l'Ouest. Particulièrement privilégié par les soufis, l'Est est assimilé à la source de lumière tandis que l'Ouest représente l'obscurité. Ils considèrent que l'Est et l'Ouest perdent leur signification géographique pour épouser un sens métaphysique ou spirituel. Les soufis regardent l'Est comme lié à l'être ou l'Esprit universel et l'Ouest à l'être ou au monde humain; l'Est est assimilé à l'ésotérisme, à l'intérieur ou à la connaissance spirituelle, l'Ouest est attaché à l'exotérisme, à l'extérieur ou à la lettre; l'Est symbolise l'essence, le Principe ou le monde intégré à l'origine de toute manifestation en relation avec la phase descendante de la lumière à l'obscurité, l'Ouest la substance, le monde manifesté ou fragmenté en connexion avec la phase ascendante de l'obscurité à l'illumination.

    Un mouvement constant entre l'Est et l'Ouest, le jour et la nuit, la lumière et l'obscurité opère à la manière d'une pulsation cardiaque. Les voyages spirituels des soufis sur la voie ascendante débutent avec la sombre errance à l'occident, le monde de la dualité, le premier pas sur le chemin de la ré-intégration à l'orient, source lumineuse de l'Esprit. Il s'ensuit que les Damnés relèvent de la main gauche ou de l'Ouest avant d'avoir accès au monde des Élus propre à la main droite ou à l'Est.

    Les pratiques rituelles soufis les plus communes consistent en la remémoration des Noms divins (“dhikr”) et l'entrée dans la danse cosmique (“samâ”):

    Le jour où le soleil se lèvera au couchant, l'être humain retournera à l'Un ou au monde lumineux d'où chacun provient. Alors qu'il fait face à l'Ouest au coucher du soleil tout en récitant les Noms divins à voix basse, l'homme (ou la femme) perçoit au crépuscule la résorption du soleil visible et des mots murmurés dans le silence de la nuit. Au cours de la traversée des sombres profondeurs des ténèbres, le son des mots s'évanouit et leur véritable sens émerge à la vue du soleil invisible ou de minuit. L'être peut alors avoir accès à la lumière intérieure, à l'aube, en se tournant vers l'Est. Vibrant aux Noms divins récités à voix haute et résonant à leur sens réel, il ou elle s'identifie au Divin, à l'Être. À partir de ce moment, le soleil qui s'est levé à l'Est ne se couche plus, absorbé à jamais dans le coeur de l'Être Spirituel.

    La porte du repentir (“tawba” ou retour à l'Un) est alors, en principe, définitivement close derrière lui ou elle sans possibilité de revenir dans le monde obscur.

    Comme l'être domine sa création, l'Est prévaut sur l'Ouest et la droite sur la gauche. De la même manière, le jour vient avant la nuit et la récitation à voix haute a le pas sur celle à voix basse.

    En accord avec la circumambulation polaire, les soufis dansent une ronde à l'image des astres. À l'instar des derviches tourneurs, ils tournent en cercle et sur eux-mêmes de la droite vers la gauche. En tant que symboles de l'Axe du Monde, ils tiennent la paume droite ouverte vers le Ciel pour recevoir l'influence céleste et la gauche tournée vers la Terre pour la transmettre.


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  • En gaélique, “ichtar” désigne à la fois le “bas” et le “Nord” tandis que “tuas” signifie simultanément “haut” et “Sud”. De même, “t-air”, l'Est, est la région qui est “devant” tandis que “t-iar”, l'Ouest, est au contraire la région située à l'arrière. En conséquence, l'observateur faisant face à l'Est a le Sud ou le monde lumineux, réservé aux vivants, à sa droite et le Nord ou le monde obscur, dévolu aux morts et dénommé “síd”, à sa gauche (voir le diagramme plus bas).

    De même que le royaume des vivants est au-dessus du royaume des morts, le Sud est au-dessus du Nord. Aussi, les Celtes irlandais donnaient-ils la préférence à la droite dans le royaume des vivants et à la gauche dans la royaume des morts comme en témoigne la représentation de la face intérieure du chaudron d'argent de Gundestrup (situé au Danemark). En conformité avec une analogie générale, le royaume des vivants est une image inversée du royaume des morts.

    Accorder la prééminence à la droite ou au Sud dans le monde des vivants consiste à donner la préférence au côté lumineux, par rapport au côté sombre. Associer mondes des vivants et des morts, au sein d'une orientation tournée vers l'Est, revient à considérer le soleil levant (ou couchant) aux solstices. Les quatre points en relation avec le lever et le coucher du soleil aux solstices dessinent un rectangle appelé “rectangle solsticial” dont le rapport des côtés dépend de la latitude du lieu d'observation. Ce rectangle se réduit à un carré pour une latitude voisine de la pointe Nord de l'Irlande, région évocatrice des îles septentrionales du Monde où la tradition celtique trouve sa source symbolique. À cette latitude, le soleil se lève précisément au Sud-ouest au solstice d'hiver et au Nord-est au solstice d'été.

    Fêtes celtiques

    Conformément à la correspondance usuelle entre espace (ou points cardinaux) et temps humain (ou saisons), le soleil se lève précisément à l'Est et se couche exactement à l'Ouest aux équinoxes de printemps et d'automne (aux environs du 21 mars et du 21 septembre). De sorte que les solstices d'été et d'hiver (aux environs du 21 juin et 21 décembre) correspondent respectivement au Sud et au Nord. Selon cette analogie, le “carré solsticial” peut être rapproché du calendrier des “fêtes” celtiques irlandaises (voir le diagramme ci-dessous). Un décalage s'ensuit entre la position du soleil couchant au solstice d'été et le début (ou la fin) du cycle annuel fixé au 1er novembre. Ce décalage pourrait avoir des origines simplement pratiques liées à la précision des observations astronomiques de l'époque. Plus vraisemblablement d'origine symbolique, il tiendrait à la “période close” à l'occasion de la “fête” coïncidant avec le début ou la fin du cycle annuel au cours de laquelle le monde d'en “bas”, monde du renouveau, fécondait le monde d'en “haut”.

    Orientation et fêtes celtiques


    Selon la modalité solaire de la tradition chinoise, la préférence pour la gauche ou la voie ascendante de la Terre vers le Ciel conduit à nommer le yin avant le yang comme dans le fameux symbole yin-yang. De même, dans la tradition celtique, l'obscurité vient avant la clarté, la nuit avant le jour et la période sombre et froide de l'année annonce la période claire et chaude. Autrement dit, le monde des morts et des dieux prend le pas sur le monde des vivants.

    La jonction des deux périodes sombre et claire s'opère aux deux “fêtes” principales de l'année: Samain le 1erBeltaine le 1er mai. Ces deux “fêtes” principales sont entrecoupées par deux autres “fêtes” marquant le milieu des deux périodes sombre et claire: Imbolc le 1er février et Lugnasad le 1er août. novembre et

    • Samain (“réunion”, “assemblée”)
      Il s'agit d'une “fête” complète qui rassemble les êtres vivants et ceux du “síd”. Elle réclame en conséquence le concours des représentants des trois fonctions de la tradition celtique:
      - “sacerdotale” (prêtres ou druides);
      - “guerrière” (noblesse militaire ou flaith);
      - “productrice” (artisans).
    • Imbolc (“lustration”, “averse”)
      Apparemment, la “fête” de la troisième fonction (“productrice”). Elle peut être mise en relation avec l'influence céleste symbolisée par la pluie ou la phase descendante du soleil entre les solstices d'été et d'hiver, entre le Nord symbolisant l'Autre Monde et le Sud représentant le monde des vivants.
    • Beltaine (“lumière”, “feu”)
      “Fête” de la première fonction (“sacerdotale”) où feu et lumière, symboles solaires, jouent un rôle important. C'est la “fête” des rites de passage entre les périodes froide et chaude, entre l'obscurité et la lumière, entre la mort psychique symbolique et la re-naissance spirituelle.
    • Lugnasad (“assemblée de Lug”)
      Lug est à lui seul tous les dieux et en assume toutes les fonctions. La “fête” fait ici référence à son aspect royal. Elle honore le souverain, intermédiaire entre les deux autres fonctions, en tant que dispensateur des richesses extérieures et intérieures ainsi que du bon gouvernement de la société et de soi-même.

    En fait, Lug, dieu multifonctionnel, présidait également aux “fêtes” de Samain et Beltaine respectivement sous ses aspects sombre et lumineux.

    Imbolc fut totalement occultée par la fête chrétienne de sainte Brigitte, héritière de Brigit, divinité féminine qui fut aussi l'initiatrice des “arts” (ou des métiers manuels et intellectuels). “Fête” la moins influente des quatre, elle termine le cortège de leur succession selon leur ordre d'importance que retrace le diagramme ci-dessous:

    Samain, “fête” de l'intégralité des cycles des morts et des vivants propres au monde obscur (Nord-ouest);
    Beltaine, “fête” sacerdotale propre au monde lumineux (Sud-est);
    Lugnasad, “fête” royale, pendant temporel de la “fête” sacerdotale (Sud-ouest);
    Imbolc, “fête” de la fonction artisanale (Nord-est).

    Cette séquence, orientée en suivant la droite, comporte deux axes reflétant la structure fortement hiérarchisée de la société celtique où le spirituel prévaut sur le temporel:

    L'axe Samain-Beltaine symbolise la voie spirituelle ou supra-humaine. Il évoque la connaissance des principes immuables hors de toute manifestation et transmise directement aux druides depuis l'Autre Monde, le monde des morts et des dieux.

    L'axe Lugnasad-Imbolc représente la voie temporelle ou humaine. Il figure la charge de l'application des principes et des lois de l'action propres au monde manifesté et que le roi recevait des seuls druides.

    Conformément à la prééminence du spirituel sur le temporel, l'axe Samain-Beltaine est relativement vertical par rapport à l'axe Lugnasad-Imbolc.

    Notons une particularité de la tradition celtique (irlandaise) relative aux deux portes. Beltaine, “fête” sacerdotale proprement dite, reflète plutôt l'aboutissement que le début de la voie des dieux; Imbolc, en tant que “fête” de la seule fonction productrice, ne saurait, à elle seule, autoriser l'accès à la voie des hommes. Aussi, la structure fortement hiérarchisée des “fêtes” et de la société celtiques incline à l'existence d'une seule porte reliant le monde des morts et celui des vivants, à savoir Samain, comme en témoigne d'ailleurs la plaque du chaudron de Gundestrup. Elle symbolise la mort du guerrier à l'état ordinaire et sa ré-génération à l'état primordial, représenté par le “chevalier”, à la suite de la plongée dans l'élixir de vie immortelle.


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  • Orientation du symbole yin-yang

    La double spirale présente une très nette similitude de forme avec la ligne de démarcation des parties noire et blanche du symbole yin-yang et peut être dessinée verticalement ou horizontalement:

    Dessinée verticalement, à l'instar de l'image ci-dessus, la double spirale évoque la complémentarité entre le Ciel et la Terre, les pôles céleste et terrestre, les phases descendante et ascendante en liaison avec les deux courants de la force cosmique. Le Ciel étant au-dessus de la Terre, la partie claire du symbole, qui est yang, doit se lover au-dessus de la partie sombre, qui est yin.

    Dessinée horizontalement, la double spirale privilégie le caractère symétrique des deux courants de la force cosmique. Considérés au même niveau, les deux pôles de la force échangent constamment leurs influences sous une forme équilibrée de manière qu'aucune d'entre elles ne domine. Dans ce cas, les parties claire et sombre du symbole yin-yang reposent horizontalement l'une sur l'autre sans prédominance de l'une ou de l'autre.

    L'observateur qui regarde le symbole peut le voir orienté à gauche ou à droite selon le sens de rotation des deux “poissons” ou “dauphins” associés aux aires yin et yang. Comme le montre le diagramme ci-dessous, la modification du sens de rotation consiste en deux symétries, respectivement le long de l'axe vertical et de l'axe horizontal, qui produisent une image miroir par rapport à chacun des axes.

    Rassemblées dans une seule image, les double spirales verticale et horizontale forment un swastika, orienté à gauche ou à droite en fonction de la rotation du symbole yin-yang. Ses deux branches sont mises en relation avec les quatre points cardinaux.

    Les deux orientations du symbole yin-yang
    Symbole yin-yangVerticalHorizontalEnsemblePoints cardinaux
    Orienté vers la gauche Symbole yin-yang vertical orienté vers la gauche Symbole yin-yang horizontal orienté vers la gauche Symbole yin-yang et swastika orientés vers la gauche Orientation chinoise des points cardinaux
    Orienté vers la droite Symbole yin-yang vertical orienté vers la droite Symbole yin-yang horizontal orienté vers la droite Symbole yin-yang et swastika orientés vers la droite

    La branche verticale est associée à l'axe solsticial. De plus, sa partie supérieure, en liaison avec la zone yang du symbole, ne peut être rapportée qu'à la lumière ou au Sud; sa partie inférieure, reliée à la zone yin, est évidemment en connexion avec l'obscurité ou le Nord.

    La branche horizontale est mise en relation avec l'axe équinoxial. Comme précédemment, sa partie gauche est associée à l'Est et sa partie droite avec l'Ouest.

    La disposition des points cardinaux, en relation avec le symbole yin-yang, est en plein accord avec la représentation usuelle des cartes et des plans chinois: le Sud en “haut” et le Nord en “bas”.

    Choix de l'orientation

    Maintenant, le choix de l'orientation entre gauche et droite dépendait, dans la Chine ancienne, du point cardinal vers lequel se tournait l'observateur.

    Selon Kouan-tseu qui aurait vécu au VIIe siècle avant notre ère, “Le printemps fait naître à gauche, l'automne détruit à droite, l'été fait croître à l'avant, l'hiver met en réserve en arrière”. Or, suivant la correspondance usuelle entre les saisons et les points cardinaux, le Sud est clairement devant et le Nord derrière. En conséquence, l'observateur se tournait vers le Sud. En effet, habituellement yin par rapport au Cosmos, il recherchait le complément qui lui faisait défaut, c'est-à-dire le yang. C'est probablement pourquoi la gauche, en direction de l'Est qui est yang, était généralement (mais pas toujours) préférée à la droite.

    Notons que cette préférence pour la gauche répond à une vision terrestre. Adopter une vision céleste signifiait être yang par rapport au Cosmos et yin par rapport au Principe. Dès lors, l'observateur faisait face à son complément, le yin ou le Nord, et se tournait vers le yang ou l'Est afin d'amorcer la voie descendante vers le yin. Il donnait ainsi la préférence à la droite.

    Malgré la différence de nature des états d'être associés aux voies terrestre et céleste, la prééminence était, dans les deux cas, accordée à l'Est considéré comme le côté lumineux. Cela est en plein accord avec l'analogie générale qui veut que la Terre soit une image inversée du Ciel, vue dans un miroir. En conséquence, la gauche pour la voie terrestre correspond à la droite pour la voie céleste.

    Ces questions d'orientation ne semblent pas seulement complexes, elles sont complexes. Nous ne devons pas uniquement prêter attention à toute confusion possible entre diverses associations, mais également, au sein de chaque association, à la prédominance de la gauche et de la droite en fonction de la voie céleste ou terrestre considérée.


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  • Modalité polaires et solaires

    Dans la tradition chinoise, le Principe, à l'origine de toute manifestation cosmique, se polarise selon la complémentarité fondamentale du Ciel et de la Terre. Le Ciel associé au côté lumineux, à la clarté, est yang comparativement à la Terre assimilée au côté sombre, à l'obscurité, au yin.

    Selon les mêmes principes appliqués aux points cardinaux, le Sud et l'Est sont relativement yang par rapport au Nord et à l'Ouest considérés comme yin.

    En tant que fils du Ciel et de la Terre, “l'Être Primordial” possédait la plénitude de la nature humaine dont il avait développé toutes les possibilités. Il était parfaitement équilibré au regard du yin et du yang: yin par rapport au Principe générateur de toute manifestation et yang vis-à-vis du Cosmos. En se tournant en direction de son complément, le yin ou le Nord, il amorçait alors la voie descendante du yang vers le yin, du Ciel vers la Terre.

    Dans l'hémisphère Nord, cette orientation est qualifiée de polaire. En effet, en se tournant vers le nord, projection du Pôle Nord céleste sur l'horizon le long du méridien, l'observateur regardait aussi en direction de l'étoile polaire, l'apogée du Ciel. La fixité apparente de l'étoile symbolisait l'être parfaitement centré. Une modalité qui se rencontre notamment dans la tradition islamique.

    Davantage fils de la Terre que du Ciel, l'être des époques ultérieures a vu ses possibilités rester potentialisées. Devenu yin par rapport au Cosmos, il se tournait vers le complément qui lui faisait défaut, le yang, afin de remonter la voie ascendante du yin vers le yang, de la Terre vers le Ciel. Aussi l'individu, à la recherche de l'équilibre perdu, regardait-il en direction du Sud ou du soleil au méridien, c'est-à-dire au plus haut dans le Ciel. Une telle orientation est naturellement qualifiée de solaire et se retrouve, en particulier, dans la tradition chinoise.

    L'être adoptant la modalité polaire et regardant en direction du Nord (yin), montrait généralement (mais pas toujours) une préférence pour la droite ou l'Est (yang) de manière à maintenir l'équilibre qui lui était propre.

    L'homme ordinaire suivant la modalité solaire se tournait vers le Sud (yang) et affichait généralement (mais pas toujours) une préférence pour la gauche ou l'Est (yang) en vue de restaurer l'équilibre perdu.

    Privilégier la droite ou la gauche, dans chacune des deux modalités, revenait à accorder la prééminence à l'Est, considéré comme le côté lumineux, par opposition à l'Ouest, assimilé au côté sombre. Cela est en plein accord avec l'analogie générale qui veut que la Terre soit une image inversée du Ciel, vue dans un miroir. En conséquence, la gauche pour la modalité solaire correspond à la droite pour la modalité polaire.

    Orientations solaire et polaire




    Les portes d'accès

    La porte indique l'accès à un domaine différent, à un autre monde, même si elle reste close. Dans la modalité polaire, l'être humain aura accès à la voie ascendante directe en direction du Pôle Nord céleste par une unique porte tandis que, dans la modalité solaire, il devra généralement franchir deux portes pour atteindre ce même pôle.

    En effet, l'être ordinaire, sur la voie ascendante de la Terre au Ciel, regarde vers le Sud et découvre que l'orbite apparente du soleil ou écliptique se déplace vers le Pôle Nord céleste entre les solstices d'hiver et d'été et vers le Pôle Sud céleste entre les solstices d'été et d'hiver. Il peut en conséquence soit poursuivre son chemin sur la voie ascendante vers le Nord soit régresser le long de la voie descendante en direction du Sud (voir l'illustration ci-dessus).

    Dans la tradition hindoue, autre exemple de modalité solaire, la phase ascendante est associée au “dêva-yâna”, la voie des dieux, et la phase descendante au “pitri-yâna”, la voie des ancêtres ou des êtres d'un cycle précédent. Cela est en plein accord avec la “Bhagavad-Gitä” qui dit: “feu, lumière, jour, lune croissante, semestre ascendant du soleil vers le nord” sont les signes lumineux qui mènent à Brahma; “fumée, nuit, lune décroissante, semestre descendant du soleil vers le sud” sont les sombres signes de la voie du retour au monde manifesté. L'accès au “dêva-yâna” s'effectue par la porte des dieux naturellement identifiée au début de la phase ascendante ou au solstice d'hiver. L'entrée dans le “pitri-yâna” s'opère par la porte des hommes associée au commencement de la phase descendante ou au solstice d'été.

    L'être qui n'a pas atteint la plénitude des possibilités humaines ne poursuivra pas en direction des états supra-humains. Il devra passer par d'autres états de la manifestation humaine et emprunter la voie descendante ou la porte des hommes ouverte sur ces états et fermée aux états supérieurs. Parvenu à la plénitude humaine, il passera par la porte des dieux et suivra la voie ascendante pour quitter définitivement le monde de la manifestation humaine et parvenir aux états supra-humains ou spirituels.

    Modalités orientées vers le levant

    Dans les traditions indienne, biblique et celtique, l'orientation est prise en regardant le soleil levant, c'est-à-dire en se tournant vers l'Est. Comme mentionné plus haut, l'orbite du mouvement apparent du soleil sur la sphère céleste se déplace quotidiennement vers le Nord entre les solstices d'hiver et d'été et vers le Sud entre les solstices d'été et d'hiver. En conséquence, l'écliptique coupe l'horizon en deux points correspondant au lever et au coucher du soleil qui eux-mêmes se déplacent le long de l'horizon.

    Or, le soleil se lève en direction du Sud-est et se couche au Sud-ouest au solstice d'hiver; il se lève vers le Nord-est et se couche au Nord-ouest au solstice d'été. Aussi, durant sa phase ascendante, le soleil levant se déplace entre le Sud-est et le Nord-est. À l'inverse, au cours de sa phase descendante, il se meut entre le Nord-est et le Sud-est. Il s'ensuit que la porte des dieux peut être associée au soleil levant au solstice d'hiver et la porte des hommes au soleil levant au solstice d'été

    Tout en se tournant vers l'Est, l'être peut donner la préférence au Nord ou au Sud, au côté sombre ou lumineux, à la gauche ou à la droite. Privilégier la gauche ou le côté sombre revient à observer le mouvement apparent du soleil levant entre le solstice d'hiver et le solstice d'été dans sa marche ascendante vers le Nord ou à suivre la voie du “dêva-yâna”. Donner la prééminence à la droite consiste à regarder le mouvement du soleil levant entre les solstices d'été et d'hiver, en direction du Sud, ou à reprendre la voie descendante du “pitri-yâna”.

    Circumbulation

    Une question relative à l'orientation concerne la circumambulation rituelle ou la façon de parcourir un cercle:

    • L'Empereur de Chine circulait selon un rituel à l'intérieur d'une maison carrée divisée en neuf salles, appelé “Ming Tang” (Temple de Lumière) qui constituait une image de l'Univers. Il s'arrêtait aux douze ouvertures associées aux douze signes du zodiaque;
    • Les bouddhistes tournent autour de l'arbre de la bodhi ainsi que des stupas qui symbolisent “l'Axe du Monde” reliant le Ciel et la Terre;
    • Les juifs de l'Ancien Testament circumambulaient autour de l'autel;
    • À la Mecque, les pèlerins se déplacent en procession autour de la Kaaba, une construction cubique à l'intérieur de la cour de la grande mosquée qui contient une pierre noire sacrée donnée par Abraham etc.

    L'observateur se tournant en direction du Sud voit le soleil se mouvoir de l'Est vers l'Ouest ou de gauche à droite. Lorsqu'il fait face au Nord et regarde l'étoile polaire, les autres étoiles tournent apparemment autour du Pôle Nord céleste dans le sens rétrograde ou de droite à gauche. Autrement dit, se déplacer le long d'un cercle comme dans le diagramme ci-dessous signifiait avoir le centre à sa gauche dans la modalité polaire et à sa droite dans la modalité solaire.

    La marche rituelle devait également partir du pied gauche dans la modalité solaire et du pied droit dans la modalité polaire. Cet ordre de marche était aussi généralement observé au-delà de la seule circumambulation pour marquer la prééminence du point de vue polaire ou solaire adopté soit dans diverses traditions soit à différentes époques au sein d'une même tradition.

    Circumambulations solaire et polaire


    L'adoption d'un sens de circumambulation garantissait l'harmonie du monde en s'assurant que le microcosme se mouvait en accord avec le macrocosme.


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  • L'unique objet de cet article est de rappeler la description de la sphère céleste communément utilisée en astronomie pour représenter le mouvement des astres. Cette description offre une illustration des rapports entre les vues terrestre et céleste ainsi que des symboles afférents.

    Afin d'avoir une vue d'ensemble du mouvement apparent des étoiles et autres objets astraux dans le ciel, il est utile de les imaginer comme des projections sur une sphère céleste fictive englobant la terre et centrée au lieu de l'observateur. Lorsque la terre entame sa révolution circadienne autour de son axe polaire, le ciel semble, aux yeux de l'observateur, se déplacer en sens inverse autour d'un axe parallèle à l'axe terrestre. Cet axe traverse la sphère céleste aux Pôles célestes Nord et Sud. Il est perpendiculaire à l'équateur céleste, lui-même parallèle à l'équateur terrestre. L'observateur du ciel ne verra jamais que la moitié de la sphère céleste, celle située au-dessus de l'horizon et contenant soit le Pôle Nord soit le Pôle Sud (dénommés PN et PS dans la suite du texte).

    Le point imaginaire de la sphère céleste situé juste au-dessus de la tête de l'observateur à un moment donné est appelé Zénith; le point juste en dessous de ses pieds se nomme Nadir. L'angle entre les axes PN-PS et Zénith-nadir dépend de la latitude de l'observateur (voir le diagramme ci-dessous). Le cercle imaginaire, centré sur l'observateur et passant par le Zénith (ou Nadir) et le Pôle Nord (ou Sud) est appelé le méridien de l'observateur. Ce méridien coupe l'horizon selon la ligne des points cardinaux nord-sud. L'équateur céleste rencontre l'horizon selon l'axe des points cardinaux est-ouest, évidemment perpendiculaire à l'axe nord-sud.

    Comme l'orbite du mouvement annuel de la terre autour du soleil, appelée écliptique, fait un angle de 23,5° avec l'équateur terrestre, le mouvement journalier apparent du soleil sur la sphère céleste ressemble à un cercle, également incliné de 23,5° par rapport à l'équateur céleste.

    De plus, au cours du mouvement annuel de la terre autour du soleil, l'inclinaison des rayons solaires au-dessus de l'équateur varie et génère des changements de saisons. À notre solstice d'hiver (autour du 21 décembre), les rayons solaires ont une inclinaison de 23,5° au sud de l'équateur où les jours sont les plus longs tandis qu'ils sont les plus courts au nord de l'équateur. A notre solstice d'été (autour du 21 juin), les rayons solaires présentent une inclinaison de 23,5° au nord de l'équateur où les jours sont les plus longs. Aux équinoxes de printemps et d'automne (autour du 21 mars et 21 septembre), les rayons du soleil sont parallèles à l'équateur, de sorte que jours et nuits ont une égale durée.

    En conséquence, l'orbite du mouvement apparent du soleil sur la sphère céleste se déplace quotidiennement vers le Pôle Nord céleste entre les solstices d'hiver et d'été et vers le pôle Sud céleste entre les solstices d'été et d'hiver. L'écliptique coupe l'horizon en deux points associés au lever du soleil à l'est et à son coucher à l'ouest. Il rencontre le méridien de l'observateur exactement à mi-temps entre ces deux points, à midi précisément, en un point correspondant à la position quotidienne du soleil la plus élevée dans le ciel.



    Les positions du lever et du coucher du soleil vont varier au cours de l'année en fonction du déplacement vers le Nord ou vers le Sud de l'écliptique. Le soleil se lève exactement à l'est et se couche précisément à l'ouest aux équinoxes. Au solstice d'hiver, le soleil se lève au sud-est et se couche au sud-ouest tandis qu'au solstice d'été, il se lève au nord-est et se couche au nord-ouest.


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