• Preuve ontologique de Dieu par JP MANSON

    Ce document est du domaine de l'apophatisme (théologie négative) qui consiste à nier ce que Dieu n'est pas. Le cogito de Descartes René Descartes, en raisonnant avec méthode et doute, parvient à la conclusion suivante : je pense donc je suis. La pensée, le langage sont corrélés avec l'être. Cette conclusion est semblable à celle que j'ai traitée dans la page sur la connaissance : le langage et l'être sont UN. L'être est le langage La définition ici de l'être est le sujet conscient et non les faits en tant qu'objets.

    Si l'être et le langage sont un, alors si l'être est inconnaissable et que le langage est connaissable, alors les faits sont distincts du langage et le langage n'est pas l'être. Argument rejeté car cela contredirait le cogito ergo sum. Si les faits et le langage sont connaissables, alors l'être est connaissable. Argument rejeté car l'être est métaphysique et inconnaissable. Si les faits sont connaissables et que l'être est inconnaissable, alors l'être n'est pas un fait. Le langage n'est pas un fait. Le langage pourrait être a priori inconnaissable, c'est-à-dire inépuisable. Argument retenu. Le langage est inépuisable comme les mathématiques, et dès lors on peut imaginer tous les concepts. L'imagination n'a bien donc aucune limite. Théorème : le nombre de concepts imaginables est supérieur au nombre de faits possibles.

    Sur les arguments ontologiques de l'existence divine
    Admettons que l'ontologie et la métaphysique soient connaissables. Si nous rencontrons des incohérences ou des contradictions dans la tentative de démontrer l'existence de Dieu, alors la preuve par l'absurde peut conduire à la réfutation des arguments ontologiques de l'existence divine. La connaissance naît de l'expérience. Sans expérience de la vie, nous n'apprendrions rien, sans expérience de la souffrance nous ne pourrions pas connaître l'empathie, ni devenir mûr. Ce point sera expliqué plus bas. L'argument ontologique sur l'existence de Dieu le plus connu est celui de Descartes. Descartes argumentent en deux propositions seulement pour donner une conclusion favorable à l'existence divine.
    Proposition 1 : Dieu est parfait.
    Proposition 2 : la perfection existe. Conclusion : donc Dieu existe. Ce syllogisme est structurellement correct du point de vue logique. Cependant, affirmer que Dieu est parfait va au-delà de l'axiome, c'est un dogme dont la véracité est inconnaissable. Toutefois, on va continuer le raisonnement en admettant l'hypothèse que Dieu est connaissable… La perfection ne peut pas exister, parce que si elle existait, la conséquence serait que si la nature est parfaite, alors elle ne souffre d'aucune erreur ni défaut. Or la nature est un processus évolutif et muable. Si la nature était parfaite, l'absence d'erreurs abolit l'idée d'évolution et de hasard ainsi que de libre arbitre. Si la perfection existait, la connaissance ne pourrait jamais être acquise, et bien des choses n'existeraient pas si la perfection existait.

    Un raisonnement simple permet de comprendre pourquoi la perfection est impossible : - Soit A la perfection, alors ¬A est l'imperfection (la négation) ; - A et ¬A sont deux ensembles disjoints ; - Le principe du tiers exclu énonçant que si A est vraie alors sa négation est fausse est réciproquement si ¬A est vraie alors A est fausse, on peut écrire la chose suivante : - Si un objet est parfait, alors il n'inclut pas l'imperfection (principe du tiers exclu), mais n'incluant pas cette dernière il est donc imparfait, au sens qu'il ne possède pas la propriété d'imperfection. - Ceci implique que la perfection n'existe pas.

    Autre raisonnement sur le concept de perfection :
    Si la perfection réunit tout ce qui est vrai, beau, éternel, et toutes les qualités positives, on suppose qu'elle n'admet aucune erreur, ni la mort, ni rien de négatif. Si les erreurs n'existaient pas pour permettre la perfection, qu'obtiendrions-nous ? Dans la théorie de l'évolution de Darwin, les espèces vivantes procèdent par essais : si ça marche, elles survivent, si ça ne marche pas elles disparaissent. Les erreurs peuvent parfois stimuler l'évolution, grâce notamment à la mort qui permet de recycler la matière organique, ainsi que les risques pris par des animaux qui peuvent permettre une meilleure adaptation aux milieux. Sur le plan de la psychologie humaine, les erreurs permettent de forger la personnalité individuelle grâce à l'expérience de la vie. Les erreurs sont une forme d'apprentissage. Les erreurs s nt une source de sagesse. Maintenant, revenons au concept de perfection : ni mort, ni erreurs, cette absence de qualités négatives serait-elle bonne pour la vie et la survie ? Il semble que non. Sans les erreurs, il n'y aurait pas d'évolution, et les espèces stagneraient et s'éteindraient sans pouvoir s'adapter. Sans erreurs, chaque être humain n'apprendrait rien de la vie, et resterait immature. Si la perfection existait, la vie ne serait pas possible. Or la vie existe, donc la perfection n'existe pas. Réfléchissons, si la perfection existait, il n'y aurait que du beau, du vrai, du sain. Mais si les qualités négatives étaient exclues et inexistantes, comme la laideur, la maladie et la souffrance, la perfection serait-elle capable d'empathie, de compassion, de respect et d'altruisme ? La perfection entraîne un problème éthique : nous respectons les hommes parce qu'ils peuvent souffrir (physiquement de maladies, ou moralement à cause de leurs différences) ou mourir. Si personne n'était sujet à la souffrance ni à la mort, le respect et l'empathie seraient-ils des concepts connus ? Exemple : Je frappe mon voisin, il a mal. Il souffre. La règle morale dit de ne pas faire à autrui ce qu'on ne voudrait pas qu'on nous fasse. Simplement parce que l'irrespect entraîne la souffrance. L'empathie permet de respecter autrui parce que nous, en tant qu'humains, pouvons souffrir comme nos semblables. Ensuite, supposons que je frappe un être qui ne connaisse ni la souffrance ni le moindre mal (un ange, un extraterrestre, un fantôme…). Il reste indifférent et ne considère pas la violence comme une aggression. Donc le concept de respect lui est inconnu s'il n'a jamais eu l'expérience de la douleur.La perfection physique qui rend un être insensible à la douleur le rend imparfait sur d'autres aspects. Nous le voyons, chaque qualité positive a besoin de son contraire pour exister. Si nous tentions de ne réunir que les qualités positives en excluant les attributs négatifs pour avoir la perfection, nous obtiendrions des contradictions. En effet, la perfection c'est toutes les qualités : le respect, l'empathie, le bonheur, etc. Mais il suffit d'y ajouter l'éternité, la santé absolue, pour entrer en contradiction avec l'empathie et le respect. Si la perfection pure existait, elle ne pourrait donc pas réunir la totalité des qualités positives. Pour conclure, l'intelligence est-elle une qualité positive ? Les biologistes savent que l'intelligence est propre à tous les animaux prédateurs, comme l'homme, les araignées, les chiens, les chats… L'intelligence permet d'élaborer des stratégies pour capturer des proies difficiles. Est-il moralement mal de tuer, même pour se nourrir ? Si c'est mal de tuer, alors c'est mal d'être intelligent. Si c'est bien d'être intelligent, c'est bien de tuer. On le voit, la perfection absolue entraîne nécessairement des contradictions.

    Sur une autre formulation de l'argument ontologique
    En reprenant autrement l'argument ontologique de Descartes, nous prenons de nouvelles propositions. Nous savons que la perfection n'existe pas sans l'imperfection, donc Dieu ne peut pas être totalement parfait. Si Dieu était fondamentalement parfait, ce serait un non-sens. Supposons toujours que Dieu existe. Si Dieu est parfait et que la perfection n'existe pas, alors Dieu n'existe pas. Si Dieu n'est pas parfait et que la perfection n'existe pas, alors Dieu existe mais celui-ci est imparfait, et ne peut pas être un dieu. L'argument ontologique peut être critiqué sous une autre forme : le problème du mal. * si Dieu existe, il est tout puissant et bon ; * si Dieu est tout puissant, il a le pouvoir de supprimer le mal ;

    * s'il est bon, il doit vouloir détruire le mal ; * or, le mal existe ; * donc Dieu n'existe pas. Cependant, les théologiens peuvent s'y opposer par cet argument : * Dieu est tout puissant et bon * Dieu permet que le mal existe * Donc Dieu a une raison morale de permettre l'existence du mal. On voit que, jusqu'à maintenant, s'il est impossible logiquement de prouver l'inexistence de Dieu, il est également malaisé de tenter de prouver son existence.

    Sur le problème des attributs divins
    Les théologiens du christianisme ont “décrit” (par je ne sais quelle voie d'accès à cette connaissance) des attributs de Dieu. En effet, on peut relever que parmi les attributs de Dieu, il y a l'immuabilité et l'unité (c-à-d. être non composé de parties). Si Dieu est UN, et strictement UN, cette propriété d'unité absolu exclut la multiplicité. Comment alors attribuer des propriétés morales qui s'ajoute à un être ? En effet, il ne serait plus UN. Si les théologiens peuvent nous affirmer quels sont les attributs de Dieu (immuabilité, unité), cela signifie que Dieu est connaissable. Il serait alors factuel. Qu'est-ce que l'immuabilité ? C'est l'absence de mouvement. Si Dieu est connaissable, il peut être analysé. En thermodynamique, dans toute matière discontinue (par exemple, notre matière), l'immobilité absolue des atomes est un phénomène qui a une définition. L'immobilité complète des atomes, l'immuabilité matérielle, c'est la température du zéro absolu, et une entropie nulle et définitive. L'entropie nulle indique qu'il n'existe qu'un seul état possible pour la matière immuable. La matière immuable peut exister, et atteindre le zéro absolu (-273,15 °C), ce sera le cas au terme d'un temps infini quand notre univers se sera refroidi à l'extrême. Dans un système immuable, il n'y a aucune température ni entropie. Il n'y a aucun échange d'énergie. On peut même parler d'absence de rayonnement de type “corps noir”. Une matière composée d'atomes, comme on vient de l'évoquer, ne produit aucune lumière. Quel rapport avec Dieu tout ça ? On a entendu dire que Dieu est immuable et unique. A quoi ressemble donc de la matière qui n'est pas composée d'une multitude d'atomes ? Prenons donc un univers peuplé d'un atome unique, un atome solitaire et isolé autour duquel il y a le vide. Le système ici n'a qu'un seul état possible, son entropie est nulle. Cependant, puisqu'il n'est pas possible de définir un mouvement, c'est un non- sens d'évoquer le concept de température dans cet exemple. En effet, le mouvement est une propriété qui a besoin d'un référentiel. Un mouvement relatif n'est perceptible que si on étudie le déplacement d'un objet par rapport à un autre. Un atome unique et immuable constitue un non-sens, on ne peut pas avoir une entropie nulle et avoir un non-sens thermique. L'entropie est un rapport de variation de quantité d'énergie sur une variation de température.

    Sur le non-sens de l'immuabilité
    En résumé, dire que quelque chose est unique et immuable est une absurdité, un non-sens. Cela s'applique aux attributs de Dieu. Dieu est donc inconnaissable et la théologie chrétienne se base sur des dogmes erronés. De plus, l'immuabilité de la matière discontinue (composée d'atomes) implique la température la plus basse (le zéro absolu). L'immuabilité est donc très froide, exempt de lumière. L'immuabilité est donc ténèbres, du point de vue thermodynamique. Dieu et le diable sont-ils une seule et même personne ? De plus, sans échange d'énergie, comment l'information peut-elle circuler de Dieu vers les hommes ? Dieu est donc inconnaissable. A moins que Dieu et l'Homme soient une seule et même personne (cela lèverait la contradiction).

    Conclusion
    Théorème 1 : un corps ne peut être à la fois immuable et non composé de parties.
    Théorème 2 : l'immuabilité interdit toute notion d'énergie et d'information, et sans information aucune révélation divine n'est possible. Le concept d'immuabilité contredit l'origine divine de la Bible.
    En relativisant, nous pourrions supposer qu'un “dieu” existe, mais dont on ne peut rien dire parce qu'il est inconnaissable. L'agnosticisme est la seule conséquence d'une tentative de connaissance de “dieu”. Pour les religions monothéistes, Dieu désigne un être suprême, créateur de notre univers et doué de la perfection absolue. L'existence d'un dieu des religions monothéistes est contestable, source de contradictions et de non-sens. Nous avons évoqué l'absurdité de la perfection absolue et de la création à une époque cosmologique où le temps naît avec l'univers. En résumé, nous ne saurons jamais s'il existe un dieu ou pas, mais nous pouvons déclarer que le dieu décrit par les religions monothéistes est la plus grande mystification de l'histoire de l'humanité.


  • Commentaires

    1
    noisette
    Vendredi 29 Novembre 2013 à 17:40
    Bonsoir, je viens de découvrir votre blog en cherchant des informations sur la pensée jaine . Toutes mes félicitations, il est vraiment tres intéressant et d´un beau niveau culturel ! Il est certain que la conception de dieu ne peut être réaliste si l´on y réfléchit deux secondes , particulierement s´il s´agit de l´envisager comme un dieu anthropomorphique issu du Néant .
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