• Mort et notion de jugement

     


    Toute fin du monde, toute mort individuelle n'est rien d'autre que le début d'une expérience dans l'au-delà et la continuation d'une existence qui, dans le mythe et dans la religion, est placée sous le signe du juste et de l'injuste. Au seuil de cette mutation se trouve le Jugement dernier où encore les nombreux exemples connus de sentences ultimes qui, par le compte des actions terrestres, décideront de la souffrance dans l' anéantissement, ou de la félicité dans la vie éternelle.

    Le périple des ames

    De nombreuses traditions supposent qu'après la mort l'âme humaine se rend au royaume des défunts.

    En Afrique, on croit souvent qu'elle passe un certain temps dans les limbes avant de décider de renaître ou non sur terre, sous forme humaine. D'autres traditions font état d'un angoissant jugement.

    La mythologie égyptienne offre un tableau très impressionnant du jugement du défunt par quarante-deux représentants du royaume d'Osiris, dans la salle du trône de ce souverain suprême des mondes infernaux. Maat, la déesse de la Vérité, évalue le poids de la conscience de l'individu à l'aide d'une plume. L'âme de qui a vécu vertueusement rejoint les dieux dans leur éternel combat contre Apep, le Serpent du Chaos ; dans le cas contraire, elle est dévorée par un monstre.

    Pour les Grecs, le frère de Zeus, Hadès (Pluton), était le souverain de l'empire des morts qui se situait, selon l'Illiade, sous les lieux secrets de la terre et, selon l' Odyssée, au-delà des confins de l'océan primordial. Pour s'y rendre, l'ombre du mort devait recourir à Charon, le nocher immortel, après lui avoir remis le péage placé dans sa bouche par les vivants, afin de traverser plusieurs fleuves tels que l'Achéron (l'Affliction), le Styx (les Serments irrévocables), le Léthé (l'Oubli)... Puis elle comparaissait devant trois Juges envoyant les justes au paradis des champs Elysées et condamnant les autres aux tourments éternels.

    La religion iranienne connaît, elle aussi, le Jugement dernier. Après la mort. les âmes passent sur le pont Cinvat, aussi étroit que le fil d'une lame. Les âmes justes le franchissent tandis que les damnés tombent dans le gouffre.

    Dans le Livre des Morts tibétain, on évalue le bon ou le mauvais karma du défunt par des pierres blanches et des pierres noires.

    Au Japon, le jugement des morts est l'objet d'une description symbolique presque littérale. Le juge des âmes inscrit l'acte d'accusation sur un grand tableau, tandis que celui de droite déploie le rouleau où sont inscrites les actions de la vie. Un mythe japonais affirme que l'âme de ceux qui se sont rendus coupables de graves péchés est envoyée dans l'une des seize régions d'un domaine infernal appelé Jigoku

    Le christianisme
    Dans la tradition biblique où les morts seront appelés à l'ultime résurrection, les justes jouiront de la lumière de Dieu tandis que les damnés seront voués aux souffrances éternelles. Et ici comme dans tous les récits, nous retrouvons l'incorruptible balance de la Justice qui décidera du destin. Elle est placée devant le maître du royaume des morts et devant le dieu et juge de l'univers. Le tribunal commence par la lecture de l'accusation, tandis que les avocats de la défense jettent aussi leur poids dans la balance.

    De simple séjour des morts, l'enfer devient dans le christianisme un lieu d'expiation des fautes. Les enfers, l'Hadès grec, le Scheol des Hébreux ou l'Arallu des Assyro-Babyloniens, n'ont d'abord été qu'un lieu souterrain où erraient les âmes indifférenciées des défunts. Cette conception évolua pour répondre à un besoin de justice : les bons et les méchants ne pouvaient connaître le même sort, si bien que l'au-delà devint le lieu du jugement scellant le sort de chacun en fonction de ses mérites.

    Les psaumes de l'Ancien Testament établissent un lien entre la mort et le péché, le juste place son espoir en un Dieu de miséricorde : « Tu ne m'abandonnes pas aux enfers, tu ne laisses pas ton fidèle voir la fosse. » L'enfer signifie qu'il n'y a pas de confusion possible entre le bien et le mal. La justice divine ne risque-t-elle pas toutefois de condamner l'impie à la damnation éternelle dans le feu de la géhenne ? Comment concilier le châtiment et la possibilité du rachat ? En brandissant la menace des supplices infernaux, la prédication populaire a donné l'image d'un jugement impitoyable en contradiction avec la promesse évangélique.

    Le désir de justice appelle celui de pardon, quel que soit le poids des fautes commises : « Si tu retiens nos fautes Seigneur, qui donc subsistera ? », interrogeait le psalmiste. Le Nouveau Testament affine la conception de la justice : si le péché s'avère toujours condamnable, l'homme pécheur ne doit pas être réduit à ses actes mauvais et enfermé dans un passé qui le condamne à tout jamais. Mais le juste ne saurait non plus se réclamer de ses oeuvres pour être sauvé. La dimension plénière de la justice divine se manifeste en ce qu'elle est toute gratuité : le pardon comme le salut sont accordés en vertu de la bonté même de Dieu. Dans son acception profonde, l'enfer consiste alors dans le refus d'accueillir un amour dont l'évangéliste Jean nous dit qu'il est « plus grand que notre coeur ».

    Le Jugement de dieu dans la Bible

    La notion de Jugement est en effet centrale dans la Bible. Dès les premières pages Dieu y apparaît comme Juge : « Que Yahvé soit juge entre toi et moi ! » s'écrie Sarah au cours d'une altercation avec son mari Abraham (Gn 16, 5). Un Juge qui exerce certes son jugement sur l'ensemble de la terre, mais qui exerce aussi un jugement personnalisé sur les individus, à la différence des divinités de l'époque qui pratiquaient surtout la rétribution collective. Rétribution immanente d'ailleurs, car chacun mange dès cette vie terrestre les fruits de ses œuvres.

    Le grand moment où le Jugement divin intervient dans l'Histoire est appelé « le Jour de Yahvé », où l'orgueil humain est écrasé et la sainteté de Dieu exaltée (Is 2, 9-17). L'imagerie populaire développera cette idée dans le Christianisme naissant jusqu'au Moyen Age où un passage célèbre du prophète Sophonie (1, 14 s.) inspirera le Dies îrae : « Le voici tout proche, le grand jour de Yahvé, jour de fureur, jour de détresse et d'angoisse, jour de ténèbres et d'obscurité. » Mais Dieu veut sauver chacun des hommes, comme il veut sauver tout son peuple Israël, malgré leur commune indignité. Car s'il est l'auteur du jugement, il est aussi celui du Salut. Les prophètes (Ez 18, Is 45, 21 ; 51, 4) l'annoncent aux rescapés de la grande déportation de l'Exil qui a suivi la destruction de Jérusalem, bien méritée par le Peuple pour son péché d'idolâtrie. Dieu est juste, mais il justifie aussi l'homme et gratuitement.

    Paul le Pharisien reprendra largement ce thème dans le Nouveau Testament. - Et tous les justes ressusciteront (Dn 12, 1-3). Toutefois le groupe des Sadducéens n'admettra pas cette foi en la résurrection pourtant bien affirmée par Daniel le prophète. Alors que les Pharisiens la proclameront avec fermeté, introduisant même la distinction entre un jugement particulier aussitôt après la mort et un Jugement général à la fin des temps. Cette distinction met en lumière la dimension à la fois personnelle et communautaire du Jugement dans la théologie de la Bible.

    L'islam

    La mort en est la porte d'entrée. Elle est décrite de deux manières différentes. Pour les anciens et dans certaines croyances populaires, elle est présentée comme la disparition totale de l'homme, à la fois de son corps et de l'âme corporelle qui anime celui-ci à la manière d'un « corps subtil ». Le défunt sera recréé par la suite par Allah au Jour de la Résurrection, à partir de l'os résiduel du coccyx. Pour les Maîtres postérieurs, la mort est séparation de l'âme et du corps, comme dans l'Hellénisme, l'âme allant à la rencontre de Dieu son juge, et le corps se transformant en poussière Jusqu'à la résurrection qui le réunira à l'âme. Certains enseignements (Hadith) situent au moment de la mort l'interrogatoire du défunt dans le tombeau par les anges Munkar et Nakîr, suivi de l'attribution des récompenses ou des châtiments.

    Le Jugement est en effet un élément clé du dogme musulman. Il serait précédé de bouleversements cosmiques assez semblables à ceux que décrit la tradition biblique, de la venue d'un Antéchrist et enfin du retour du Christ qui régnera quarante ans sur terre après s'être converti à l'Islam. Alors le cosmos sera détruit, les morts sortiront de leurs tombeaux et seront rassemblés devant le trône du Jugement pour la reddition des comptes finale, lorsque sonnera la trompette de l'ange Israeil.


  • Commentaires

    1
    zhero
    Samedi 6 Mars 2010 à 08:23
    salut

    sympa ton blog, y'a une petite erreur, Jesus ne va pas se convertir a l'islam, cest deja sa religion, islam = une soumission totale à la volonté de Dieu.
    On peut dire qu'il est deja en totale soumission a Dieu, et aussi poru le jour dernier en Islam, les mort ne sortiront pas des tombe lol c'ets dans les films ça.


    reddition ? : action de rendre, de se rendre à l'ennemi.
    Présentation des comptes.

    Dieu et pas notre ennemi on parle pas de reddition mais de retribution lol la recompense de nos actes.

    pour l'ange qui soufflera dans la trompette il s'appelera Israfil pas Israeil.

    bonne journée.
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