• Mani et le manichéisme


    Tout ce qui concerne le Maître spirituel Mani (3ème siècle) a été impitoyablement détruit : ses écrits et ses disciples ont tous fini sur le bûcher. Le peu qui nous est parvenu suffit cependant à nous donner une idée de la profondeur de son enseignement, qui gagnerait à être mieux connu.

    Pour Mani, l'univers était le siège d'une lutte permanente et sans merci entre deux principes divins : le dieu bon, symbolisé par la lumière; le dieu mauvais, symbolisé par les ténèbres et la matière : engendrée par ce dernier, l'humaniténe peut échapper à son destin tragique que par la connaissance de "la vraie science" et la pratique continuelle d'exercices spirituels. Les disciples de Mani étaient divisés en deux classes : les néophites et les élus.

    Lorsqu’on parle aujourd’hui de manichéisme, on songe rarement à cet homme exceptionnel, à ce Messager de la Lumière que fut Mani (216-276). Sept siècles après le Bouddha, deux siècles après le Christ, quatre siècles avant Mahomet, le sage iranien se présentait déjà comme le réunificateur de l’Orient et de l’Occident, le «Paraclet de la Vérité» ou le «Sceau des Prophètes». Peintre visionnaire et philosophe, poète, musicien et médecin, Mani transmit une vision du monde et de la vie si puissante qu’elle se répandit, de manière totalement pacifique, de l’Afrique à la Chine, des Balkans à la péninsule arabique. Bien éloignée des jugements excessifs que l’on porte à tort sur elle, sa doctrine tolérante et humaniste visait à concilier les grandes religions de son temps (les chinois le nommeront «Bouddha de lumière» et les égyptiens «l’apôtre de Jésus») et à diriger les chercheurs de vérité vers la découverte de la Lumière intérieure. Mani enseignait aux chrétiens l’aspect profond, ésotérique, du christianisme universel, dévoilait aux mages d’Iran le véritable sens du message de Zoroastre, expliquait aux bouddhistes le chemin de la libération. L’«Eglise de Justice» qu’il avait fondée pour transmettre les mystères de l’Homme Parfait, illumina des millions d’âmes pendant plus de mille ans.

    Une telle clarté et une telle puissance suscitèrent évidemment l’adversité, la jalousie, la haine, et ce furent les religieux et les hommes de pouvoir qui, ne comprenant pas ses paroles d’éveil, tentèrent de détruire la pensée lumineuse de Mani. «De sa religion de beauté, de sa subtile religion du clair-obscur, nous n’avons gardé, écrira le romancier Amin Maalouf, que ces mots «manichéen, manichéisme», devenus dans nos bouches des insultes.» (N’oublions pas que mille après, l’accusation de «manichéisme» conduira les cathares au bûcher.) Par quelle étrange ruse de l’Histoire ce nom sublime est-il devenu le symbole de la divagation intellectuelle et morale ?

     


  • Commentaires

    1
    hauteclaire
    Mercredi 2 Septembre 2009 à 08:44
    A m?ter,
    comment les paroles sont d?rm? pour servir les pouvoirs
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