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Par biribibi le 22 Novembre 2009 à 05:20
La croix verticale présente trois formes de base en relation avec les trois ordres :
1. La croix simple ou latine décrit les états supérieurs d'ordre spirituel ou céleste au sein de la totalité des états d'être. À cet égard, elle figure l'être total qui a intégré tous les états d'existence et de non existence.
2. La croix double, dite de Lorraine - bien que d'origine grecque - associe les états spirituels ou célestes et humains ou intermédiaires. Elle décrit l'être qui a réalisé l'union du divin et de l'humain symbolisée par la verticale.
3. La croix triple ou papale dépeint l'union des trois ordres (spirituel ou céleste; psychique ou intermédiaire; physique ou terrestre) représentée par la verticale. Elle est associée au Pontife, c'est-à-dire à celui qui est et qui fait le pont entre les trois mondes. À ce titre, il est le véritable médiateur entre les mondes d'en haut et d'en bas.
Sous sa forme à branches multiples, la croix évoque également “l'Arbre du Milieu” qui s'élève au “Centre du Monde”. Ses branches latérales décrivent le déploiement horizontal des états d'être unifiés le long du tronc vertical, symbole de “l'Axe du Monde”. Emprunter la Voie axiale, la Voie du Milieu signifie suivre la Voie la plus difficile qui mène directement du centre des états humains au centre des états spirituels et au Centre du Monde.
Dans la tradition biblique, “l'Arbre du Milieu” s'apparente à “l'Arbre de Vie” situé au milieu du “Paradis terrestre”.
Dans “l'Arbre du Milieu” chacune des branches horizontales, associée à un état, divise la verticale entre états qui lui sont relativement inférieurs et supérieurs. Qu'en est-il toutefois de la croix où la branche verticale s'arrête à la hauteur de la branche horizontale, soit en haut soit en bas. La croix Tau, d'origine égyptienne, présente l'une ou l'autre de ces deux configurations:
4. La première forme caractérise les états en deçà des états spirituels, c'est-à-dire les états humains ou le monde d'en bas. Surmontée d'une boucle, la croix dite ansée dépeint la mort aux états humains et la re-naissance dans les états spirituels. En usage en Egypte et chez les chrétiens des premiers siècles, la croix ansée symbolise l'accès aux états spirituels par la Voie directe, la boucle d'Horus, la porte étroite, le trou de l'aiguille, lieu de passage vers l'immortalité véritable. Placée sur le front, entre les deux yeux, elle représente le troisième Oeil qui voit tout dans la parfaite simultanéité de l'éternel présent, c'est-à-dire au-delà des sens humains.
5. Inversée, la croix Tau met précisément en exergue les états spirituels ou supra-humains et dépeint le Ciel (vertical) au dessus de la Terre (horizontale). Elle symbolise le monde céleste martelé par le tonnerre des dieux, et non des moindres, tels Zeus dans la tradition grecque ou Thor dans la tradition scandinave. La croix Tau inversée représente à la fois le marteau, attribut de Thor, et l'insigne de ses adorateurs.
La croix horizontale
La croix horizontale présente de nombreuses formes dont seules les plus significatives seront reprises ici.
1. La croix aux branches d'égale longueur peut être orientée selon les quatre points cardinaux ou leurs points intermédiaires. Elle est dénommée grecque dans le premier cas et de Saint-André dans le second.
2. L'orientation selon les points cardinaux ou intermédiaires illustre le déploiement d'un état d'être à partir de son centre. L'unité d'un état d'être, définie par le centre, se manifeste sous l'apparence de couples d'opposés symbolisés par la croix tréflée ou trilobée. Chacune des branches de la croix se termine en effet par trois lobes inter liés: le lobe central évoque l'Unité et les deux lobes latéraux un couple d'opposés. Ces lobes sont étroitement associés car l'Unité renferme en elle-même toutes les oppositions apparentes qui ne se résolvent qu'en Elle ou dans le retour au centre.
Un sens analogue se retrouve dans la croix pattée aux branches évasées à la base. Les deux pointes distinctes de l'extrémité de chaque branche convergent vers l'Unité au fur et à mesure que nous approchons du centre.
3. La croix de Jérusalem nous rappelle également qu'aux quatre coins du Monde, symbolisés chacun par une croix en miniature, tout dérive de l'Unité et tout y retourne. Tel est le message donné par la représentation où les quatre Évangélistes ou Évangiles occupent la place des quatre croix.
Lorsque les quatre petites croix occupent les extrémités des branches au lieu des quatre coins, la croix est dite recroisetée. Elle suggère que même éloignés du centre, nous pouvons toujours le retrouver à tout moment. Quand les quatre croix ne sont plus séparées, mais reliées par un cercle centré à l'intersection des branches, nous retrouvons un sens similaire avec la croix dite celtique. L'étude spécifique de la croix celtique nous fournira l'occasion d'approfondir encore le symbolisme de la croix et, plus particulièrement, du centre.
4. La croix aux branches égales s'inscrit aussi dans le cercle. Elle prend cette apparence chez certains peuples d'Amérique centrale et celtiques. La croix constitue alors un symbole du centre se déployant jusqu'à la périphérie et représente le Monde dans son Unité (centre) et sa manifestation (roue cosmique). Cette roue est surtout répandue sous la forme de 6 ou 8 rayons, notamment dans les traditions celtique et hindoue. Si le symbolisme de la roue dotée de 4 ou 8 rayons est des plus clairs, celui de la roue à 6 rayons doit être mis en relation avec la représentation plane de la croix tridimensionnelle, autre symbole du Cosmos ou du Monde.
5. De cette dernière représentation découle directement celle du Chrisme, inscrit ou non dans un cercle. Sous sa forme simple, les premiers chrétiens ont vu en lui les deux initiales grecques I et X de “Iêsous Christos”. Quant à sa forme constantinienne,X et P de “Christos”. La boucle qui transforme l'I du Chrisme simple en P du Chrisme constantinien rappelle la boucle supérieure de la croix ansée et fait écho au trou de l'aiguille, à la Voie directe ou verticale d'accès aux Cieux. elle résulte de l'union des deux premières lettres grecques
6. La croix potencée est formée de quatre croix Tau orientées selon les points cardinaux. L'extrémité de chacune des branches marque l'achèvement de l'expansion de l'état considéré à partir du centre. Inversement, la réalisation de la plénitude des possibilités liées à un état spécifique préfigure le retour vers l'état centré. La croix potencée est, en conséquence, un symbole d'expansion et de contraction, d'expiration et d'inspiration à l'image de la vie, de pulsation à l'image du coeur.
Le décalage à gauche ou à droite des extrémités des branches de la croix potencée conduit aux swastikas dextrogyre et sénestrogyre. Cette opération ajoute un mouvement de rotation au mouvement pulsatif. Or, l'alternance de la rotation dextrogyre et sénestrogyre, combinée avec le mouvement de pulsation, engendre une spirale. Et, en effet, les deux formes du swastikadouble spirale. sont étroitement liées à la
Sous cette apparente diversité de croix verticales et horizontales, se cache un sens universel commun à toutes les traditions et situé à la croisée des chemins.
A la croisé des cheminsL'homme véritable
Le plan horizontal représente un état d'être ou un degré d'Existence quelconque. Se mouvoir de la périphérie vers le centre de cet état, situé à l'intersection du plan horizontal et de la verticale, conduit à intégrer les différentes possibilités associées à cet état. L'intégration signifie réaliser l'union des oppositions apparentes.
Ainsi, dans le domaine physico-corporel, les éléments constitutifs du monde physique sont habituellement reliés aux points cardinaux et opposés deux à deux: Feu au sud et Eau au nord, Air à l'est et Terre à l'ouest. Toutefois, d'un point de vue plus global, le caractère complémentaire du Feu et de l'Air d'une part, de l'Eau et de la Terre d'autre part, autorise un équilibre entre les éléments symbolisé par les branches d'égale longueur. De plus, tous ces éléments se résolvent dans un cinquième situé au centre, l'Éther, qui les contient tous à l'état indifférencié et dont tous procèdent.
De même, dans le domaine psycho-sensible, les sensations de peur ou d'agressivité, de tristesse ou de colère qui s'opposent en apparence, trouvent leur équilibre dans l'Amour.
De façon générale, la complémentarité au sein de la croix se manifeste par le caractère actif de l'une des branches par rapport à l'autre relativement passive. Une telle complémentarité, à la base de la constitution des différents mondes et êtres, se retrouve dans les diverses traditions sous des appellations diverses: Purusha et prakriti dans la tradition hindoue, yang et yin dans la tradition chinoise ou masculin et féminin dans la tradition hermétique ou alchimique. Cette dernière fait, en effet, principalement référence aux états humains et rejoindre le centre dans cette tradition signifie réaliser l'harmonie entre les aspects masculin et féminin en chacun de nous. Ce faisant, l'être retrouve son état originel “d'Adrogyne primordial” en parfait équilibre. Il devient alors un être humain à part entière, un “homme véritable” se tenant à la croisée des chemins et non plus écartelé sur les branches de la croix.
“Cloué à la croisée des chemins, le Christ représente l'alliance de la nature divine (verticale) et humaine (horizontale), symbole du médiateur par excellence entre le Ciel et la Terre”
L'Homme Universel
L'intégration d'un état quelconque, humain ou autre, constitue comme une réflexion dans le plan horizontal de la multitude indéfinie des états centrés sur la verticale. Établi dans “l'Invariable Milieu”, l'être peut maintenant rejoindre le centre de la croix verticale, le Centre Universel et dépasser l'état humain pour embrasser la totalité des états. Devenu “l'Homme Universel”, il se tient au-delà des points d'équilibre entre actif et passif, yang et yin, masculin et féminin car ces distinctions n'ont plus de sens et encore moins d'existence pour lui. Il se situe désormais dans le non manifesté, au Centre du Monde, à la croisée de tous les chemins. Par la synthèse de tous les états d'être, il est devenu le “médiateur” par excellence entre le Ciel et la Terre à l'image du Christ qui a réalisé l'union des natures divine et humaine.
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Par biribibi le 22 Novembre 2009 à 04:53
Depuis la nuit des temps, l'homme s'est orienté selon le soleil ou les étoiles de la voûte céleste.
Le jour, l'être se repère bien entendu par rapport au soleil. La verticale du lieu d'observation s'élève jusqu'au zénith et l'astre à son point culminant projette une ombre portée sur l'horizon en direction du sud. L'observateur peut alors s'orienter en fonction des quatre directions associées aux points cardinaux. Elles dessinent avec la verticale du lieu une croix à trois dimensions en relation avec l'orientation solaire.
La nuit, l'être s'oriente par rapport à l'étoile polaire et aux astres qui accomplissent une révolution apparente autour de l'axe des pôles représentant ici la verticale. L'inclinaison de cet axe sur l'horizon donne la direction du nord terrestre dont la projection sur l'équateur fournit la direction septentrionale de ce plan. Les quatre points cardinaux du plan de l'équateur forment avec l'axe des pôles une autre croix tridimensionnelle en relation avec l'orientation polaire.
L'orientation solaire prend en compte l'axe de l'observateur alors que l'orientation polaire se réfère à l'axe du Cosmos. En conséquence, il est naturel d'associer la première à l'individu ou au microcosme et la seconde au Cosmos ou au macrocosme.
Symbolisme de la croix tridimensionnelleFondée sur l'orientation dans l'espace, la croix tridimensionnelle est le symbole d'une double expansion verticale et horizontale:
- La branche verticale représente la totalité des états que l'être porte en lui-même ou l'ensemble des états de l'Existence cosmique ou universelle.
- Les branches horizontales figurent le plan où se déploie l'ensemble des possibilités associées à un état déterminé d'être ou d'Existence.
Retenons une distinction essentielle entre les états de l'être et de l'Existence. Les états de l'Existence, même universelle, relèvent de la seule manifestation. Les états de l'être, au contraire, appartiennent tant au manifesté qu'au non manifesté. En effet, l'Être pur, Principe de la manifestation, est non manifesté.
L'axe vertical représente l'indéfinité des états d'être ou d'Existence depuis les états spirituels ou célestes les plus élevés jusqu'aux états physiques ou terrestres les plus manifestes. Cette hiérarchie d'états se répartit en trois ordres, tant au niveau du microcosme (physique/corporel, psychique/subtil et spirituel) que du macrocosme (terrestre, atmosphérique et céleste).
L'ordre intermédiaire du microcosme recouvre à la fois la psyché et l'âme et constitue, avec l'ordre corporel ou physique, le monde humain.
Chaque point de la branche verticale renferme en puissance toutes les possibilités associées à un état d'être ou d'Existence et symbolise, en quelque sorte, le centre de cet état. Si l'observateur se tient en l'un des points de la verticale, il est centré dans cet état et peut considérer les centres relatifs aux autres états tant inférieurs que supérieurs à celui où il se tient. Si, au contraire, l'observateur demeure dans l'une des possibilités associée à cet état, il se trouve dans le plan horizontal correspondant et ne peut percevoir que le centre de ce seul état.
La branche verticale reliant entre eux tous les centres de la hiérarchie indéfinie des états représente ce que la tradition chinoise dénomme “l'Invariable Milieu”, c'est-à-dire le lieu où se reflète en chacun de ses points le Centre du Monde ou l'Unité principielle à la source de tous les états d'être ou d'Existence. La prééminence de la verticalité couvrant tous les états sur l'horizontalité n'en renfermant qu'un seul se traduit le plus souvent par des branches verticale et horizontale de longueurs inégales. Par contre, l'expansion des possibilités d'un état déterminé dans un plan horizontal s'effectuant pareillement dans toutes les directions, les branches correspondantes ne peuvent qu'être égales.
Cette distinction entre verticalité et horizontalité nous amène naturellement à porter notre attention sur les représentations cruciales à deux dimensions.
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Par biribibi le 21 Novembre 2009 à 05:21
Figure typique de l'art celtique, le triskèle (ou triscèle) est devenu notamment l'emblème de l'île de Man, de la Bretagne et de l'Irlande (après le trèfle et la harpe). Son dessin s'inscrit dans un cercle et reste inchangé après une rotation d'un tiers de tour à droite ou à gauche.Le blason du drapeau de l'île de Man est identique sur ses deux faces et représente un premier type de triskèle (du grec “triskélès” qui signifie “à trois jambes”): trois jambes, sanglées et réunies par la hanche au centre du cercle, tournent dans le sens des aiguilles d'une montre. Voilà une figure qui retombera toujours sur ses pieds comme en témoigne la devise de l'Île: “Stabit quocumque jeceris” (Il se tiendra debout où qu'on le jette). Ce type de représentation existe aussi sous d'autres formes orientées dans le même sens ou le sens opposé.
Une des formes les plus courantes d'un second type de triskèle consiste en trois doubles spirales dont les pôles coïncident deux à deux et sont équidistants du centre du cercle dans lequel elles s'inscrivent.
Il apparaît clairement que le triskèle fait référence au nombre 3. Un nombre important dans toutes les traditions et plus significatif encore dans la tradition celtique.
Le ternaire dans la tradition celtique1. La société celtique est entièrement organisée autour du sacré et de trois fonctions exercées par les représentants de trois classes:
- La classe sacerdotale dont la fonction est précisément d'administrer le sacré. En charge des rapports entre les sociétés humaines et les puissances divines, elle organise et contrôle les activités des deux autres classes;
- La classe guerrière dont la fonction est de recourir à la guerre et à la magie pour la défense de la société;
- La fonction artisanale et productrice dont la fonction est d'exercer les activités artisanales, agricoles, d'élevage et commerciales pour assurer l'abondance dans la société.
La fonction religieuse est interdite aux classes guerrière et productrice. Par contre, la fonction guerrière, et a fortiori productrice, est accessible aux membres de la classe sacerdotale.
Les couleurs attachées à ces trois classes montrent la prééminence indubitable de l'autorité religieuse sur l'ensemble des membres de la société celtique, Roi y compris:
- Le blanc est la couleur du sacerdoce car il contient tout le spectre des couleurs de l'arc-en-ciel représentatives du reste de la société;
- Le rouge, la couleur de la partie “supérieure” de l'arc-en-ciel, est la couleur du Roi et des guerriers;
- Le bleu (le vert) et le jaune figurent au “bas” ou au “milieu” de l'arc-en-ciel et représentent la classe productrice.
2. La classe sacerdotale est elle-même subdivisée en trois catégories:
- Le Druide, terme générique appliqué à tous les membres de la classe sacerdotale indépendamment de leur spécialité. Ce sont les “très savants” au triple sens du mot (Sagesse, Science sacrée et Connaissance);
- Le Barde ou “poète” qui chante les louanges ou les blâmes;
- Le Vate en charge de la partie pratique du culte; en particulier la prédiction, la divination et la médecine.
3. Le panthéon irlandais comprend trois dieux:
- Le dieu suprême multifonctionnel et hors classe, Lug et ses deux “frères”:
- Le dieu-druide de l'amitié et des contrats, Dagda;
- Le dieu-champion de la guerre, de la violence et de la magie, Ogme.
L'Unité du Monde, symbolisée par la divinité souveraine Lug, se manifeste sous l'apparence de facettes opposées:
- Dagda représentant tout ce qui est clair, réglé, ordonné et attrayant;
- Ogme recouvrant tout ce qui est sombre, déréglé, chaotique et sinistre.
Toutefois, Dagda, le dieu des contrats, peut aussi recourir aux ruses les plus perfides et ne pas respecter ses engagements car, étant dieu, il peut tout dans son domaine.
De même Ogme, dieu de la force et de la violence, peut se montrer lâche et peureux.
Ainsi les opposés n'existent pas seulement entre les polarités, mais également au sein des polarités elles-mêmes. La manifestation est riche de toute la diversité contenue dans l'Unité du Monde. Les facettes opposées évoquent les deux moitiés noire (yin) et blanche (yang) du fameux symbole yin-yang qui elles-mêmes renferment respectivement du blanc et du noir. Car, comme le souligne la tradition chinoise, il n'y a pas de yin sans yang ni de yang sans yin.
En conséquence, le résultat des rapports entre les deux facettes opposées ne doit pas obligatoirement être purement contractuel ou conflictuel. En effet, il peut également être neutre s'il est perçu comme une “alchimie” entre deux principes complémentaires qui s'équilibrent l'un l'autre. Il suffit d'évoquer, à titre d'illustration, une pratique celtique de maintien de la paix entre camps ennemis. Chaque camp gardait en otage, pour de longues périodes, des volontaires du camp adverse qui finissaient d'ailleurs souvent par s'intégrer totalement dans leur nouvelle société.
En outre, la similitude de forme entre la ligne de démarcation des parties noire et blanche du symbole yin-yang et la double spirale montre que ces rapprochements n'ont rien de fortuit.
4. Nous pourrions aussi mentionner, parmi bien d'autres exemples, les 3 jours qui précèdent et suivent le jour de la célébration de la “fête” celtique la plus importante, la “fête” de toutes les fonctions, Samain.
Le symbolismedu triskèleLe triskèle du premier type
Il s'agit d'un symbole giratoire tournant autour d'un pôle immobile représentant le Principe immuable d'où tout provient et où tout retourne.
Les trois jambes symbolisent à la fois le développement de trois facettes du Principe à partir du pôle et leur enveloppement autour du pôle au cours de leur retour vers ce même Principe. Le caractère identique des trois jambes indique que ces trois facettes relèvent du même ordre dans la hiérarchie des êtres et des choses manifestées. Il s'ensuit que la disposition du triskèle n'a que peu d'importance. En conséquence, ce triskèle du premier type ne peut que représenter une tripartition telle que celle de la classe sacerdotale dont les trois membres sont tous des druides, indépendamment de leur spécialité.
La rotation dans un sens ou dans l'autre n'est là que pour distinguer les deux mouvements de développement et d'enveloppement autour du pôle principiel. Retenir un mouvement de rotation plutôt que l'autre n'a pas plus de sens que de privilégier le swastika dextrogyre par rapport au sénestrogyre.
Le triskèle du second type
Ce symbole s'apparente à une autre interprétation du nombre 3 car le pôle supérieur se place sur un autre plan que celui des deux autres pôles auxquels il est néanmoins relié. Nous pouvons mettre ce triskèle en relation avec les trois dieux du panthéon irlandais.
Lug représente le Principe, l'Un qui produit 2 (polarité Dagda-Ogme), 2 produit 3 (Un + polarité) et 3 produit tout. En effet, le reste ne peut être qu'une variation indéfinie sur le thème de l'Un et de ses polarités. C'est pourquoi le panthéon irlandais est restreint au nombre 3.
Conformément à la figure du second type, le pôle supérieur symbolise le Principe et les deux autres pôles décrivent des facettes opposées. Il s'ensuit que:
Les deux doubles spirales inclinées représentent à la fois le mouvement descendant du Principe associé à Lug vers la manifestation des pôles opposés, Dagda et Ogme, et le mouvement ascendant de résorption des pôles opposés dans l'Unité.
La double spirale horizontale figure les mouvements de va et vient entre les deux pôles opposés à la recherche d'un état d'équilibre. Bien que Dagda soit plus important que Ogme dans le panthéon irlandais, le caractère horizontal de la double spirale indique qu'aucun de ces dieux ne prédomine sur l'autre du point de vue de la polarité qui seul importe ici.
Ce jeu indéfini entre opposées n'a que deux issues, en dehors du perpétuel balancement entre eux:
- Une résorption des oppositions dans le Principe à l'image de la figure précédente;
- La production d'un résultat neutre, fruit d'une mutation des oppositions apparentes en complémentaires qui s'équilibrent et représenté par le pôle inférieur de la figure suivante.
Notons que ce dernier dérive du premier à partir d'une rotation d'un sixième de tour dans un sens ou dans l'autre.
Nous pourrions poursuivre avec d'autres exemples, mais il apparaît clairement que le triskèle constitue un des modes de représentation du ternaire dont la tradition celtique offre nombre d'exemples.
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