• Le complexe mégalithique d'Avebury


    Avebury est un village d’environ 500 habitants situé dans le comté du Wiltshire, dans le Sud de l'Angleterre. C’est aussi le plus grand complexe mégalithique de Grande Bretagne. Il y a environ 4500 ans, quand la région londonienne n’était qu’un marécage à peine peuplé, Avebury formait très certainement l’équivalent néolithique d’une grande ville.
    Le complexe mégalithique d’Avebury est constitué de plusieurs ensembles de mégalithes d'une ampleur exceptionnelle : un immense cromlech (le plus grand d’Europe) qui entoure le village et deux autres cromlechs plus petits, des menhirs alignés formant deux avenues, et d'autres monuments associés, comme Silbury Hill, le plus grand tumulus d'Europe, West Kennet Long Barrow, plus grande sépulture couverte d'Angleterre, The Sanctuary et Windmill Hill.

    Avebury Henge

    Le monument est composé d’un henge contenant plusieurs cercles de pierres. Le henge a un diamètre de 421m et couvre une surface de 11 hectares. L’immense fossé était à l’origine large de 21 m et profond de 11 m, et le talus mesurait environ 9 m. 4500 ans d’érosion ont considérablement réduit ces dimensions (de près des deux tiers). D’une longueur totale de près d’un kilomètre, il est parfois difficile d’imaginer qu’il a été creusé dans la craie avec de simples pics en bois de cerf et de pelles faites d’omoplates de bœuf !

    Le henge et le cercle extérieur Est comprennent 4 entrées qui correspondent à peu près aux points cardinaux. De deux de ces entrées partaient à l'origine deux grandes avenues : la "West Kennet Avenue", constituée de deux rangées de pierres dressées, part de l'entrée Sud-Est du grand cercle ; les traces d'une autre avenue partant de l'Ouest ont été reconnues.

    Le henge contient un cercle de pierres d’un diamètre de 335 m, composé à l'origine de 98 pierres, dont la hauteur varie entre 3,5 et 4,2 mètres. Au centre de ce cercle extérieur sont disposés deux autres cromlechs. Le Cercle Nord, dont il ne reste que quelques pierres, mesure 98 mètres de diamètre. Le Cercle Sud, mieux conservé, a un diamètre de 108 mètres.


    Les Pierres

    On estime que le henge et les avenues comprenaient à l’origine plus de 600 pierres, mais tant d'entre elles ont été détruites qu’on ne peut en voir aujourd’hui que 76. Toutefois, des recherches récentes ont révélé au moins 20 autres pierres enterrées.
    De toute évidence, les pierres sont originaires des Marlborough Downs (environ 3 Km à l’Est d’Avebury), où des milliers de pierres naturelles sont disséminées dans le paysage. Les pierres se sont formées par sédimentation dans des creux naturels du sol crayeux. Leurs faces supérieures exposées aux éléments sont érodées tandis que leurs faces inférieures sont lisses. Lorsque les bâtisseurs d’Avebury Henge les ont érigées, ils les ont placées de telle sorte que leurs faces lisses soient tournées vers l’intérieur des cercles.

    Les pierres survivantes du cercle extérieur, du côté Ouest du henge, furent découvertes et ré érigées par Alexander Keiller, qui acheta le monument vers 1930. Lorsqu’il vit le monument pour la première fois, une seule pierre dans le quart Sud-Ouest était debout. Les autres étaient couchées, la plupart enterrées, attendant la redécouverte.
    En effet, au Moyen Age, des religieux zélés tentèrent de faire disparaître les pierres en les enterrant. Bien qu’ils aient tenté de faire disparaître le monument du paysage, leurs actes sauvèrent de nombreuses pierres du destin plus fâcheux qui attendait les autres. En effet, à la fin du 17e siècle, les habitants du village trouvèrent le moyen de briser les pierres afin de les utiliser comme matériaux de construction. William Stukeley, témoin malgré lui de ces destructions, laissa des illustrations et des chroniques qui sont précieuses car elles fournissent un relevé détaillé de ce qu’il découvrit à Avebury. On peut imaginer son désespoir et sa colère de voir ainsi détruit son objet d’études.

    Après avoir dégagé les parties du site où la nature avait repris ses droits, et avoir vidé le fossé de l’accumulation de déchets qu’il contenait, Keiller entreprit des recherches sérieuses sur le site. Utilisant un équipement et des matériaux modernes, il déterra et redressa les pierres survivantes dans leurs trous d’origine, principalement à l’Ouest du cercle et le long de l'Avenue de West Kennet. Là où les pierres manquaient, il plaça des marqueurs en béton. La Seconde Guerre Mondiale interrompit le travail, et sa santé défaillante empêcha Keiller de poursuivre son œuvre. Il mourut en 1955, en laissant le côté Est du monument inexploré.

    Il est aujourd’hui confirmé qu’au moins 15 pierres du côté Est ont évité la destruction. La photographie aérienne et les recherches géologiques ont en outre révélé la présence d’autres éléments, notamment un double anneau de trous de poteaux et un élément circulaire.
    Malheureusement, la politique actuelle est apparemment de ne rien entreprendre avant au moins un siècle, tant que de meilleures techniques archéologiques ne seront pas développées. Etant donné les prévisions actuelles sur le réchauffement global, il est à craindre qu’à ce moment là, nous aurons des questions plus fondamentales à résoudre, et que le destin de ces pierres n’aura qu’une importance minimale.

    The Cove

    Ceux qui connaissent Avebury Henge connaissent aussi les deux pierres contenues dans ce qui reste du cercle intérieur Nord. Ces pierres comptent parmi les plus grandes et les plus belles du complexe mégalithique. On sait depuis longtemps que les pierres d’Avebury présentent des caractéristiques mâles et femelles, et ces deux pierres sont l’exemple parfait de ce choix. Du côté Nord, une troisième pierre complétait la formation, qui faisait face à la pierre mâle existante, mais elle tomba et fut détruite en 1713.

    Construites vers 3000 avant J.C., on sait maintenant que les “Alcôves” ont été les premiers composants du henge. En plus de celle du Cercle Nord, il y en a une autre dans l’Avenue de Beckhampton, et les preuves semblent indiquer qu’une troisième aurait existé dans l’Avenue de West Kennet.
    A quelque distance à l’Est de l’Alcôve du Cercle Nord, une pierre - aujourd’hui disparue mais mentionnée par John Aubrey et William Stukeley - contribuait peut-être à la fonction du groupe. En effet les pierres de l’Alcôve sont orientées vers la position du lever du soleil au solstice d’été, et il a été suggéré que cette pierre “F”aurait pu servir de gnomon en projetant son ombre sur le mégalithe femelle, révélant ainsi le moment du solstice.

    Des travaux récents ont été entrepris pour stabiliser les pierres de l’Alcôve, qui ont finalement révélé qu’elles sont beaucoup plus massives que les premières estimations (la portion enterrée est plus importante que ce que les chercheurs pensaient). On pense que la pierre "femelle" approcherait les 100 tonnes, ce qui en fait la pierre la plus massive du complexe.

    L’Obélisque

    Un gros marqueur de béton indique la position où se dressait l’une des plus grosses pierres d’Avebury. Connue comme l’Obélisque, elle était la pierre centrale du cercle intérieur sud et elle survécut assez longtemps pour que William Stukeley la mentionne. Elle était couchée sur le côté.

    En dehors des Alcôves, les cercles intérieurs sont les composants les plus anciens du complexe. Datant d’environ 2900 avant J.C., ils sont antérieurs de plusieurs siècles au henge final et aux avenues. L’obélisque, par sa hauteur et sa forme, devait nettement contraster par rapport aux autres pierres, son importance dans le henge étant évidente de par sa position.

    Une des pierres extérieures du cercle intérieur Sud a un caractère si évidemment femelle que des chercheurs l’ont baptisée la "Pierre Vulve". Considérant les significations sexuelles qui imprègnent la structure d’Avebury, il semble fort probable que cette pierre ait été choisie précisément pour son apparence. Associée à l’Obélisque, dont l’apparence phallique se dégage de la description de Stukeley, cela donne à penser que la fonction primaire du Cercle Sud était en rapport avec des rituels de fertilité et de régénération. Même de nos jours, le cercle intérieur Sud reste un point central pour les cérémonies de Mayday (1er mai). Toutes les traditions commencent quelque part. Il est facile d’imaginer que le mât de mai et ses activités associées soient un écho de l’Obélisque et des rituels du Cercle Sud d’Avebury…

    Lorsque Keiller fouilla l’intérieur du cercle, il découvrit un curieux alignement de pierres relativement petites, connues comme la "structure Z". Elles se situent à l’Ouest de l’Obélisque, et leur fonction demeure un mystère.

    Les pierres des Entrées

    En dehors de l’Obélisque et des pierres composant l’Alcôve du Cercle Nord, les plus grosses pierres du henge sont celles qui se trouvent de chaque côté des entrées, sur le cercle extérieur. Par chance, trois d’entre elles sont toujours en position.

    Il semble logique d’assumer que des pierres remarquables se tenaient également de chaque côté de l’entrée Ouest. Vu que ces pierres manquantes auraient formé le portail vers l’Avenue de Beckhampton, il est raisonnable d’imaginer pour ces pierres une taille similaire aux énormes pierres de l’entrée Sud.

    L’Avenue de West Kennet

    Elle relie l’entrée Sud de Avebury Henge au Sanctuaire qui se situe à environ 2 Km sur Overton Hill. Les avenues furent les derniers composants du complexe mégalithique, vers 2400 avant J.C. On pense que celle de West Kennet était formée d’une centaine de paires de pierres espacées par des intervalles de 24m, l’avenue étant large d’environ 15m sur la majeure partie de son tracé, bien qu’elle ait pu se rétrécir en approchant du Sanctuaire. Comme pour le reste du complexe, de nombreuses pierres furent enterrées ou détruites. Lorsque Stukeley visita l'Avenue, il dénombra 72 pierres. A l’époque où Keiller découvrit le site, il ne restait que 4 pierres dressées.
    Comme les pierres de l’Alcôve, celles de l’avenue sont de type mâle et femelle, et ont été délibérément érigées en paires, une pierre mâle face à une pierre femelle, et vice-versa, tout au long de l’avenue. Les pierres femelles sont des losanges grossiers, les pierres mâles ont la forme de piliers.

    Le Sanctuaire

    Situé à côté de la route A4 sur Overton Hill, le Sanctuaire est le site d’un cercle de pierres qui formait le point terminal de l’avenue de West Kennet. Assez grand pour contenir le cercle de pierres extérieur de Stonehenge, le Sanctuaire remonte aux environs de 3000 avant J.C. pour les parties les plus anciennes, soit à peu près la même période que le cercle intérieur Nord du henge.
    A présent détruit et marqué seulement par des blocs de béton à l’endroit où se situaient les divers éléments, le Sanctuaire devait jouer un rôle important dans la fonction du henge. Aubrey le décrivait comme un double anneau de pierres. Stukeley fut le témoin d’une grande partie de sa destruction, si complète que le site fut perdu et oublié jusqu’à ce que Mme Maud Cunnington le localise à nouveau en 1930.

    Les Longstones

    A environ 1.5 Km du cercle principal du henge, sur le tracé de l’avenue de Beckhampton, se dressent deux grosses pierres, connues comme les Longstones (et localement surnommées "Adam & Eve"). La plus grosse des deux, d’après un dessin de William Stukeley, est l’élément survivant d’une Alcôve similaire à celle du Cercle Nord. L’autre fait partie de l’Avenue.
    L’Alcôve des Longstones, contrairement à celle du henge, semble avoir été orientée sur le lever de soleil du solstice d’hiver. Les dernières recherches dans la zone qui entoure les Longstones indiquent que l’Alcôve devait être le point terminal de l’avenue de Beckhampton, et donc d’une importance significative.

    Silbury Hill

    De tous les monuments historiques des Iles Britanniques, Silbury Hill est l’un des plus remarquables. Reconnu comme étant le plus grand tertre bâti par l’homme dans l’Europe préindustrielle, sa symétrie le fait paraître presque moderne.
    De près de 40m de hauteur et couvrant une zone de 2 hectares, la colline garde entier le mystère des raisons de sa construction. La partie supérieure est formée d’une série de tambours dont le diamètre se réduit progressivement. Chaque tambour mesure environ 5m de haut, à l'intérieur se trouve une série de murs en forme de toile d’araignée, et les compartiments ainsi délimités sont remplis de craie. Une étude récente semble indiquer que les tambours ont été construits de manière à ce que les 'marches' forment un chemin en spirale menant au sommet.

    Autour du pied de la colline, un grand fossé s’allonge sur le flanc Ouest. On pense qu’il a dû être rempli d’eau lorsque Silbury fut construite. De nombreux tunnels d'exploration ont été creusés dans la colline mais aucune explication quant au but de Silbury n’a pu être donnée. Par contre, ils ont révélé que la colline a été bâtie en trois étapes, avec un premier tertre de 5m de hauteur et 36m de diamètre. D'autre part, la découverte de pics en bois de cerf au sommet de la colline a permis d’indiquer que la construction s’est terminée vers 2500 avant J.C.
    En 2007, un grand chantier a été entrepris pour stabiliser la colline, suite aux dommages causés au fil du temps par les divers tunnels d’exploration. Ce fut l’occasion d’une découverte intéressante : un cercle de sarsens à l’intérieur de la colline suggère qu’elle contient une structure mégalithique.

    L’Effet de la Craie

    L’apparence d’Avebury et des monuments environnants est certes spectaculaire, mais de nos jours elle se mêle au paysage de pâtures et de champs, tout étant recouvert d’herbe, la craie qui se trouve en dessous à peine visible. Mais les divers monuments du complexe d’Avebury devaient paraître totalement différents lorsqu’ils furent bâtis. Silbury Hill devait ressembler à une montagne couverte de neige, le fossé et le talus d’Avebury Henge devaient contraster de façon saisissante sur le paysage environnant.

    Il est intéressant de noter que le tumulus de Newgrange, en Irlande, était encerclé d’un mur de quartz blanc provenant d’une carrière située à quelques 75 Km. Cela semble indiquer que les bâtisseurs néolithiques se firent un devoir de donner à leur construction une apparence blanche.
    Quant à savoir s’il y a un lien avec Avebury, c’est une autre question que nos ancêtres néolithiques ont laissée à notre réflexion.

    De nos jours, le complexe d’Avebury est considéré par de nombreux adeptes du paganisme, de la Wicca et du druidisme comme un centre spirituel d'importance. Les fêtes païennes annuelles, particulièrement au solstice d'été, rassemblent druides, adeptes du paganisme et spectateurs curieux. Autre phénomène récent et mystérieux, de nombreux agroglyphes ou crop circles ont été observés aux alentours d'Avebury.


  • Commentaires

    1
    leronis
    Vendredi 4 Décembre 2009 à 14:53
    Oui, pour certains c'est encore un lieu magique...
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    2
    biribibi Profil de biribibi
    Vendredi 4 Décembre 2009 à 14:58
    Oui, pour certains c'est encore un lieu magique...
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