• Tabous religieux

    Petite histoire des interdits humains

    La création des interdits est un des actes fondateurs de l'humanité.

    La civilisation humaine est issue de la nature.
    Pour s'affranchir des lois de la nature au profit de la culture, l'homme a dû s'imposer des interdits.
    Il a déclaré illégitimes des actes « légitimes » dans la nature. Grâce à ce mécanisme, notre espèce est parvenue à prohiber, à transformer ou à transcender, certains instincts.
    Par exemple, la prédation, la domination ou la thésaurisation des privilèges, sont devenus le vol, l'exploitation, l'égoïsme ou l'injustice.
    Ces instincts (que l'on pourrait qualifier de « négatif »), sont donc devenus des « phénomènes culturels ». En devenant des phénomènes culturels, l'homme peut agir dessus. Il peut les prohiber, les interdire, les moraliser, etc.
    La création des interdits (et de la morale), est donc une des pierres fondamentales de l'humanité. Elle fait parti des actes fondateurs de la transformation animal / humain.
    Dans la nature, des « interdits » existent. Ils existent à l'état d'instincts. Les prohibitions humaines, prennent racine sur ces « interdits instinctifs ». En passant dans le royaume de la culture, ces interdits peuvent évoluer. C'est ce qu'ils font au sein de l'humanité. Ils évoluent en permanence. Notre droit s'améliore, s'enrichit, se peaufine et s'universalise en permanence. En évoluant, le droit affaiblit les moyens d'abuser autrui. Et cette compression permet de faire émerger lentement mais sûrement, notre humanité.
    Entre ce qu'interdit d'un coup de dents le chimpanzé à son subalterne, et la multitude de lois gérant aujourd'hui notre société, un grand nombre d'étapes était nécessaire.

    1/ Le tabou.

    Une des toutes premières formes de prohibition d'actes humains connue, s'appelle le TABOU.
    Il s'agit d'une interdiction d'ordre magico-religieuse. Sa transgression entraîne un châtiment surnaturel.
    Le système des tabous peut être considéré comme le père du droit et de la morale actuelle. Il est l'un des tout premiers actes ayant distingué les actions humaines en actions « bonnes » ou « mauvaises », « autorisées » et « interdites ».

    2/ La morale religieuse et le droit.

    Avec l'arrivée des grandes civilisations de l'écriture (Inde, Égypte, Chine, hébreu, grecque), deux nouvelles formes de compression ont vu le jour. La morale religieuse et le droit.
    Notre système d'interdits est alors passé de « oral » à « écrit ».
    Ces 2 nouveaux outils de compressions des tendances abusantes, sont venus s'ajouter au précédent pour obliger l'homme à maîtriser toujours plus ses instincts.
    Les grandes religions offraient la morale à l'humanité. Autrement dit, la distinction entre le bien et le mal :
    Les premières formes de gouvernement et d'administration, quand à elles, mettaient au point les bases de la législation. Le droit civil, la distinction entre le légal et illégal sont apparues à ce moment-là dans des codes. (La plus ancienne loi écrite découverte à ce jour semble être le code d'Hammourabi).
    Pendant quelques millénaires, les tabous, la morale religieuse et le droit législatif, se sont unis pour humaniser l'être humain. Avec l'éducation, elles ont fait ce que nous sommes.

    Laïcisation progressive des interdits

    Mon pays est le monde, et ma religion est de faire le bien. Paine

    Tout au long de ce processus civilisateur, certains tabous et certaines prescriptions morales, sont tombés en désuétude. Ces prescriptions ont été jugées trop subjectives, trop contraignante, ou trop culpabilisantes et ont disparu.
    Le système législatif, au contraire, n'a pas cessé de se développer. Aujourd'hui tabous et morales religieuses existent encore, mais ils sont de plus en plus remplacés par les interdits laïques. Progressivement, le droit (légal et illégal), prend le pas sur le religieux ( bien et mal). Les religions cèdent progressivement leurs fonctions « civilisatrices » au monde laïque pour ne s'occuper que du spirituel.
    Évidemment, cette période de transmission de pouvoir est instable et chaotique. La morale religieuse disparaît peu à peu, mais les lois laïques ne sont pas encore suffisamment efficaces pour les remplacer. D'ou la recrudescence des transgressions morales dans cette période.
     

    Du tabou à la conscience

    « Ce qui distingue l'homme d'une manière spéciale, c'est qu'il perçoit le bien le mal, le juste et l'injuste, et tous les sentiments de même ordre » Aristote politique.

    La conscience du mal est une véritable nouveauté du phénomène humain.

    Depuis sa création, le système des interdits s'est constamment amélioré.
    D'abord constitué de tabous qu'il fallait respecter sous peine de malédictions ou de calamités, il s'est enrichi d'interdits religieux et philosophiques (morale et éthique) et d'interdits laïques - la loi, le droit ...
    L'évolution du système des interdits, nécessite le travail des moralistes, des législateurs, des juges, des gardiens de la paix. Mais cette évolution bénéficie également du « travail » des transgressants.

    En effet, le transgressant - autrement dit : celui qui, pour satisfaire ses tendances et ses intérêts égoïstes ou claniques, enfreint ou contourne le code civil, le code moral ou le code éthique de l'humanité - participe lui aussi (mais par le négatif), à l'évolution de la justice et du droit humain. Le délinquant participe donc à l'évolution humaine vers sa perfection...
    Si le transgressant est l'instrument du mal il est également un des outils du bien et l'artisan de sa propre disparition.


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