• Religions indigènes d'afrique

    On désigne généralement sous le nom d'animisme les religions spécifiques de l'Afrique noire, mais ce terme, tel qu'il est interprété, simplifie à l'excès un ensemble très complexe que dénature encore davantage ce qu'on entend d'habitude par le terme de fétichisme.

     

    La presque totalité des peuples africains connaît la notion d'un dieu suprême généralement considéré comme créateur : Amma chez les Dogons; Faro chez les Bambara ; Nyamé chez les Ashanti ; Olorum chez les Yorouba ; Nyambé dans l'ouest du Cameroun, etc.

     

    D'importance variable selon les panthéons, le dieu suprême est souvent considéré comme lointain ; la plupart des cultes s'adressent plutôt aux dieux secondaires, qui sont plus ou moins considérés comme ses messagers.

    Les dieux secondaires, plus familiers, varient en nombre selon les civilisations et répondent aux divers besoins des hommes ; ce sont aussi des protecteurs de villages. Mais de la mosaïque qu'ils composent se dégagent des dieux plus importants dont la puissance est symbolisée par les agents naturels : ciel, terre, maladies diverses, etc. Parfois ces dieux sont des héros civilisateurs ou des ancêtres mythiques (Soudan). Généralement, les cultes adressés aux dieux se déroulent dans la maison familiale ou dans le village ; cependant, certaines civilisations les pratiquent dans des temples (Souassi, Dogons, etc). A l'exception de la côte de Guinée, la vie religieuse africaine n'est contrôlée par aucun clergé. Pour les Africains, il existe une profonde cohérence entre le surnaturel et la nature, entre le sacré et le profane, et les mythes constituent «des explications indigènes, des manifestations de la nature» (Germaine Dieterlen, Marcel Griaule, le Renard pâle).

    Pour la plupart des peuples africains, la religion vise à la réalisation du bonheur des hommes, bonheur proportionnel à la force vitale que possède chacun. La force vitale, appelée Évur au Gabon, Élima au Congo ou Nyama chez les Dogons, présente chez l'être vivant, chez les ancêtres et dans la nature, circule à la manière d'un fluide qui peut se concentrer dans certaines personnes, dans certains noms ou dans certains objets de culte. Chez l'homme la force vitale se localise dans tous les organes du corps, et de ces divers éléments qui se dissocient à la mort, il en reste un qui garde sa personnalité pour une nouvelle existence : celle d'ancêtre. La vie d'ancêtre se déroule en général dans deux endroits à la fois : au séjour des morts ainsi qu'au village où ils ont été enterrés et d'où ils surveillent les vivants. Ces derniers sont liés à leur ancêtre par un système d'obligations ; les funérailles doivent être assurées de façon convenable afin que s'effectue le délicat passage de ce monde à l'autre, puis afin d'éviter la colère ou le dépérissement de l'ancêtre, on doit aussi par des offrandes et des sacrifices entretenir sa force vitale.

    Les ancêtres font tout autant partie du village que les vivants et la vie sociale repose sur un échange permanent de services et de forces entre chacun. Les ancêtres veillent au respect de la discipline, de la morale, d'une certaine égalité dans les conditions matérielles, et s'assurent de la participation de chacun aux travaux et aux cérémonies de <st1:personname productid="la communaut?. Dans" w:st="on">la communauté. Dans</st1:personname> cette société cohérente, où l'isolement de l'individu est inconcevable, la hiérarchie sociale s'étend aux ancêtres : les grands ancêtres fondateurs sont au sommet, puis viennent les ancêtres de chaque groupe de parenté étendue, ensuite les descendants de ces derniers, jusqu'au patriarche vivant. Ce patriarche dispose des forces vitales humaines et naturelles, et il accomplit les rites envers la nature et les ancêtres. Cependant sur un plan plus large, au-dessus du patriarche, se trouvent les chefs politico-religieux, qui sont les plus puissants intermédiaires entre la mort et <st1:personname productid="la nature. Lorsque" w:st="on">la nature. Lorsque</st1:personname>, au cours de leur histoire, les civilisations africaines ont fondé des royaumes, le roi jouissait de pouvoirs de même nature que les ancêtres, et servait en outre de lien avec les réserves de forces vitales ; il représentait ainsi le noyau de l'ordre du monde. Quant aux croyances, elles déterminent de façon contraignante la pratique de certaines activités économiques – forgerons, potiers, tisserands, selon les divers peuples –, et les tabous qui les entourent donnent naissance à des «castes» socioprofessionnelles – il est ainsi exclu qu'un non-forgeron se mette à forger ses propres outils. Souvent, les gestes mêmes accomplis par les membres de ces castes dans l'exercice de leur métier sont strictement déterminés en fonction de la cosmogonie.

     

     


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :