• Philosophie des runes

    L’alphabet runique est utilisé en divination et en magie. Mais ces petits caractères anguleux gravés dans le bois ou la pierre sont aussi porteurs d’une sagesse extraordinaire, d’un message philosophique profond qui exprime parfaitement les différents états de conscience de l’homme et ses relations spirituelles avec ses semblables et les dieux.
    Les 25 runes nous racontent l’histoire de l’homme, nous allons vous la conter.

    Tout commence avec la rune Féoh (ou féhu) qui représente Frey le dieu de la fertilité. C’est le feu actif, l’étincelle de vie qui embrase l’univers pour lui donner la vie et ouvrir le cycle. Féoh nous invite à reconnaitre la source d’énergie fondamentale qui est en nous et dialoguer avec elle pour mieux nous connaitre et mieux utiliser notre potentiel.

    Toutefois Féoh serait inutile sans Uruz (Ur) qui est son réceptacle. Cette seconde rune est l’image du buffle sauvage, puissant et instinctif, mais aussi du ventre de la mère que vient ensemencer l’étincelle de vie de Féoh. Uruz est donc la vie et l’énergie en puissance, en attente de l’impulsion qui va l’animer et dispenser la vie dans le monde. Cette rune nous indique que les meilleures capacités dorment au coeur de notre être et que notre devoir est de les découvrir et de les exploiter.

    De l’union de Féhu et Uruz naît une vie primaire et instinctive représentée par Thorn (Thurisaz). C’est Mjôllnir, le marteau du dieu Thor, le bon colosse. C’est aussi l’épine de la vie qui réveille et stimule par l’expérience, amenant peu à peu la conscience. A chaque fois que nous nous blessions aux épines de la vie et que nous luttons, nous nous éveillons, nous faisons croître notre expérience.

    C’est à ce moment qu’Odin, représenté par Os (Ansuz), intervient. Il est le père vénérable des dieux, le maître de la sagesse suprême, celui qui se sacrifia deux fois pour attiendre le savoir absolu. Il a créé les premiers humains, Ask, l’homme, et Embla, la femme, et leur a insufflé l’esprit. La rune Os (Ansuz) représente donc la conscience qui fait de l’être instinctif un homme et l’élève vers le monde spirituel.

    Cette conscience nouvellement acquise provoque un élan vers l’avant, une progression vers la sagesse, les vérités révélées sont codifiées en règles , en lois. C’est Rad (Raidho) qui représente ce mouvement. Elle nous apprend que les expériences acquises n’auront de valeur que si elle sont transformées en règles de vie et appliquées quotidiennement.

    La discipline de Raidho entraine un développement de la créativité en Kenaz. Cette sixième rune représente le feu maîtrisé, la torche. C’est la flamme du forgeron, le feu qui transforme et qui crée par l’intermédiaire de l’artisan, c’est aussi l’inspiration du poète ou de l’artiste. Kenaz nous conseille de développer nos facultés par des réalisations concrètes, de maitriser notre énergie.

    Gyfu (Gebo) quant à elle symbolise le partage, sa forme en croix évoque l’interaction de deux forces. L’homme offre ce qu’il a créé et donne ainsi un sens à ses créations. Le don permet d’expérimenter l’harmonie au sein du groupe. Cette harmonie dans la famille, le clan, est découverte par Wynn. Elle induit la joie. L’individu est reconnu et intégré dans le clan.

    Mais une crise va intervenir dans l’oett de Hagel. L’homme ayant expérimenté le partage et la vie sociale revient sur lui-même et découvre son moi intérieur, c’est une crise car il n’est pas toujours capable de le comprendre. Cette rune nous pousse à nous connaitre nous même et baser notre vie sur notre être, mais cela peut nous pousser à aller à contre courant du mouvement de la société et provoquer des évennements inattendus que certains vont attribuer au Wyrd(destin) et que d’autres vont attribuer à la non adéquation entre le monde extérieur et le monde intérieur.

    Cette crise intérieure va nous conduire à assumer cette structure et la vivre en sacrifiant certaines habitudes. Nyd est la rune des besoins spirituels et matériels. L’homme doit apprendre à trouver le juste milieu entre ces deux types de nécessités pour vivre en harmonie avec le monde et lui meêm. Ce juste milieu est découvert en Isa, la rune de la glace, de la concentration et du retour sur soi même. C’est le moment où il faut retrouver son unité et valoriser ce qu’il a d’unique en nous.

    Ayant reconstitué son égo, l’homme réintègre le cycle naturel de la vie. Ce cycle est représenté par Gar (Jera), la douzième rune. Elle représente les saisons, les moissons, la récompense après les efforts. Ces cycles peuvent être sécurisants quand l’homme a besoin de stabilité, mais ils peuvent devenir une véritable prison lorsqu’il a soif de liberté. Nous devons apprendre à connître et à maîtriser ces cycles pour nous épanouir.

    La 13e rune est Eoh, c’est la rune de la mort, elle a la forme d’un double crochet qui unit le monde des cieux à la terre. C’est aussi l’if où Odin fut pendu pour découvrir le secret des runes. Elle représente la mort initiatique, qui est le changement, la rupture qui permet l’évolution. Elle rompt le rythme de Gar pour permettre le passage à un autre niveau d’expérience. Cette rune nous enseigne que pour découvrir de nouveaux horizons il faut accepter de changer, de partir.

    Ensuite avec Peorth l’homme s’arrête et s’interroge sur son destin et peut découvrir qu’il en est la source par la loi de cause à effet. Cette rune symbolise par extension le savoir caché, la découverte du destin par la divination.

    Eolh, quant à elle, montre que le véritable destin de l’homme est la voie spirituelle, le monde de l’âme et que le chemin le plus ardu est celui qui doit être suivi et que rien ne doit le détourner de sa quête. C’est également la rune de la protection, celui qui a découvert le chemin de la vérité est protégé par les dieux. La forme de cette rune est à rapprocher du geste ancestral de protection qui consiste à tendre l’index et l’auriculaire, tandis que le majeur et l’annulaire sont repliés.

    La 16è rune est Sigal. C’est la rune du soleil, source de vie et lumière spirituelle. C’est la lumière que le chercheur veut trouver. Quand l’homme a atteint ce but, il peut fusionner avec le monde divin, trouver l’harmonie en liant le ciel et la terre, le matériel et le spirituel.

    Sigel nous conseille de considérer toutes choses par rapport aux buts que nous nous fixons, afin de pouvoir nous détacher plus facilement de certaines nécessités qui pourraient entraver notre élévation.

    Une fois que la lumière est atteinte, l’homme détient un savoir et en est responsable car il a retrouvé son origine divine et doit agir avec sagesse. C’est ce que représente Tyr avec sa forme de pointe s’élevant vers les cieux. C’est aussi le dieu Tyr, dieu de la guerre, courageux et vertueux, qui sacrifia sa main pour emprisonner le loup Fenris. La ténacité et l’honneur sont les deux vertus indispensables pour assumer cette connaissance.

    Le conseil de sagesse que nous donne cette rune est que nous devons traduire ce que nous savons en responsabilité tangible et que la volonté doit exercer son pouvoir sans despotisme.

    Une fois cette étape franchie, l’initié doit redescendre sur terre avec Beorc, la rune de la naissance, pour renaître à la vie terrestre avec ses nouveaux acquis. C’est aussi le prcessus de vie et de mort que le sage intègre et accepte. Il faut accepter les transformations, les multiples naissances qui jalonnent notre existence, et exercer notre pouvoir créateur, car c’est un attribut de notre nature divine.

    Lorsque l’initié a rejoint la vie terrestre il oscille entre le ciel et la terre. Eh est la rune de cette dualité, c’est le cheval fougueux qui rue et qu’il faut dompter, l’opposition entre le ciel et la terre qu’il faut harmoniser en nous. Cette dualité pousse aussi l’homme à se mouvoir, à découvrir, à explorer, nous devons reconnaitre notre propre dualité et utiliser son pouvoir de stimulation.

    En Man l’harmonie est enfin découverte, les pôles ont fini par s’harmoniser pour donner naissance à l’homme sur le plan cosmique, l’humanité toute entière.

    Lagu quant à elle nous aprend que la quête de la perfection n’est jamais achevée, que l’homme idéal en tant que pont entre le plan terrestre et le plan céleste n’est qu’une étape, elle évoque la poursuite de l’évolution après Man. Lagu est aussi l’eau, la vague à laquelle il faut parfois s’abandonner. Cette eau est en fait le flux vital qui contient le potentiel de l’évolution, mais on ne sait jamais où il peut nous emporter.

    Ing symbolise ensuite l’oeuf, la gestation du flux vital et créateur de Lagu concentré et prêt à éclore. C’est aussi la rune de la cohérence, de l’organisation. L’accomplissement total est presque achevé.

    Daeg est cette ultime éclosion, la dernière naissance de l’initié. Cest l’aube, moment d’harmonie entre le jour et la nuit, les deux axes évoquent l’équilibre des opposés. C’est un réveil après un long sommeil de préparation évoqué en Ing. On se prépare à bénéficier des bienfaits acquis.

    Enfin le terme du parcours runique apparait en Odal. Elle symbolise l’héritage et les acquis. Nous sommes propriétaires de tout ce que nous avons découvert pendant le voyage. Le carré fermé signifie que le savoir est bien conservé et l’angle ouvert nous indique que l’initié reste tout de même ouvert au monde et partage son savoir , apportant ainsi sa pierre à l’édifice spirituel du genre humain. Elle est également associée au passé et aux ancêtres, Odal nous rappelle qu’il faut tenir compte de toutes ses expériences pour progresser, et que ce que nous subissons aujourd’hui est la conséquence de nos actes passés, tout comme nos actes présents influenceront notre avenir.

    Une 25è rune intervient, c’est le Wurd, le destin. Il agit à l’improviste et peut bouleverser notre vie. C’est l’intervention des dieux ou la conséquence de nos actes. A nous de l’apprivoiser et de nous accomoder, voire de nous en faire une alliée.

    Ceux qui veulent travailler avec les runes doivent apprendre à connaitre le symbolisme.
    Il ne suffit pas d’apprendre par coeur ces quelques lignes, il faut absolument pratiquer un travail de profonde méditation sur chacune d’entre elle et apprendre à les considérer comme des objets vivants doués d’un caractère propre. Il faut les apprivoiser, et c’est seulement à cette condition qu’elles livreront et partageront leurs secrets et leur sagesse, que ce soit lors de séances de divination ou de magie rituelle.


  • Commentaires

    1
    Mercredi 22 Février 2012 à 13:12

    Voila un post très intéressant et très enrichissant! Je savais que les runes et que les pratiques qui y étaient liées étaient tout autant une manière de penser que pratique mais là je découvre quelque chose!

    :-)

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