• Nana Tongo, le dieu qui venait d’ailleurs

    Certaines divinités ne sont pas autochtones. Elles ont été amenées du Nord car on espérait d’elles une aide efficace, en premier lieu dans la chasse aux sorcières.

    Nana Tongo est un de ces dieux. Son prêtre actuel, Charles Adowo, originaire de Gbedzekope dans la région de la Volta, y a ramené le dieu depuis la région des monts Tong, aux alentours de Zuarungu, après un séjour de trois ans (durée classique d’apprentissage pour un prêtre traditionnel). Comme la plupart des dieux importés du Nord, Nana Tongo se préoccupe surtout de pourchasser les sorcières, inconnues dans sa patrie d’origine. Il y demeurait en tant que Ton-nab (chef de Tongo), censé veiller à l’abondance des récoltes, à des précipitations satisfaisantes, à la prévention des famines et à une descendance suffisante, accordée aux hommes et aux bêtes. On lui attribuait une importance considérable. Dès les années 1920, sa réputation avait déjà atteint les côtes. Il tenait sa puissance directement de Dieu (Na Yin). Le "chef de tere" des Tallensi, installés dans la région, était chargé de son culte.

    A l’origine, ses lieux de culte se trouvaient dans la région inhabitée des monts Tong, dont les seuls occupants avaient été transférés de force sur les lieux par les Britanniques, à la suite d’une expédition punitive. C’est là que, dans une grande caverne, on venait adorer Ton-nab. Une seconde caverne toute proche abritait son autel. Dès 1928, le capitaine Robert Sutherland Rattray, ethnologue et fonctionnaire colonial anglais, aviat rencontré là des pélerins venus de loin afin de demander certaines faveurs aux dieux. Les visiteurs avaient pour habitude de déposer leurs vêtements au pied de la montagne, car c’était suelement à reculons, et vêtu d’un simple slip, que l’on pouvait accéder au sanctuaire. A tour de rôle, on présentait alors au dieu sa requête, les suppliques pécuniaires y étant les plus nombreuses, si l’on en croit les observations de Rattray. Le "chef de terre" répétait à chaque fois la demande dans la langue du cru.

    Après chaque requête, du fond de la grotte, résonnait un long gémissement, salué par les applaudissments des pélerins rassemblés. Une fois toutes les prières entendues, l’assistance quittait la grotte et suivait le chef jusqu’à l’entrée du second sanctuaire. Là, on présentait les offrandes sur un autel conique : du sang desséché et coagulé ainsi que des morceaux de plumes de poulet, dont le sol était jonhcé alentour sur une épaisseur de trente centimètres, attestant de l’ancienneté de la coutume. Le chef annonçait chaque offrande au dieu en frappant l’autel à l’aide d’une pierre ronde. C’est seulement après qu’il procédait au don. Après la dernière offrande, toute l’assistance redescendait en silence au pied de la montagne. Pour finir, chacun était marqué d’une ligne d’argile rouge sour les joues, les aisselles, les jambes, entre les seins et sur le dos.


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :