• Mandala et visualisation

     


    Dans la tradition bouddhiste, les mandala sont des objets de méditation qui ont un but précis : transformer notre perception ordinaire du monde en une perception pure de la nature de Bouddha présente dans tous les phénomènes. Qu’entend-on par perception pure ?

    Cette perception, dite aussi vision pure, est la perspective extraordinaire du Vajrayana, ou véhicule adamantin, qui reconnaît la nature de Bouddha dans tous les êtres sensibles et voit la pureté et la perfection primordiales dans tous les phénomènes. Chaque être sensible est doué de l’essence de la bouddhéité, tout comme chaque grain de sésame est imprégné d’huile.

    L’ignorance n’est rien de plus que le fait de ne pas être conscient de sa nature de Bouddha, comme un indigent qui ne voit pas le pot en or enterré sous sa hutte. Le chemin spirituel nous fait redécouvrir notre nature oubliée, tout comme on voit de nouveau l’éclat immuable du soleil, une fois dissipés les nuages qui le masquaient.

    Quand on perçoit la pureté de tous les phénomènes, toutes les perceptions sensibles peuvent être utilisées sur la voie. Quand on voit que tout s’élève de la vacuité et qu’on reconnaît ainsi le déploiement de la pureté infinie, on ne discrimine plus entre bon et mauvais, pur et impur ; tout est la manifestation de la déité. Les amis sont la déité, les ennemis sont la déité, ils sont un en tant que déité.

    Définition du mandala

    Le mot mandala a plusieurs sens. Le « mandala de l’univers » renvoie à la totalité du cosmos, telle qu’elle est expliquée dans l’Abhidharma, avec le mont Meru en son centre, entouré des divers continents, des planètes, etc., qui font partie de l’univers. Dans la pratique spirituelle, on fait l’offrande de ce « mandala de l’univers » à son maître spirituel et à tous les bouddhas et bodhisattvas, comme si on était le monarque universel et qu’on possédait le monde.

    On parle également du « mandala des éléments », par référence aux formes symboliques des cinq éléments (espace, air, eau, terre et feu) sur lesquels repose l’univers. Quant aux « mandala du soleil et de la lune », ces expressions font simplement allusion à leur forme circulaire.

    Dans le Mahayoga du Vajrayana, le mot mandala représente un lieu de résidence divin, un champ parfait de Bouddha et des déités éveillées, ou bouddhas, qui l’habitent. La déité principale se trouve au centre du mandala, entourée ou non par un cortège d’autres déités. Chaque aspect de la résidence divine et des déités résidentes est hautement symbolique, il est conçu pour développer en nous les qualités éveillées sur la voie de l’Eveil.

    La méditation sur un mandala se concentre sur le processus de la visualisation. On se voit soi-même comme la déité principale qui n’est pas considérée comme un « dieu » ou une entité séparée, mais comme la manifestation de la nature de sagesse du pratiquant. Le monde extérieur est vu comme un champ de Bouddha et les autres êtres qui l’habitent comme les déités pères et mères. Le but de telles méditations est de nous aider à reconnaître la pureté primordiale, immuable des phénomènes.

    Les êtres sensibles éprouvent un nombre incalculable de souffrances dans les six royaumes du samsara, tout simplement parce qu’ils ont échoué à reconnaître la vraie nature des choses. Leurs perceptions habituelles impures sont des illusions entièrement fausses sans la moindre parcelle de vérité – ils confondent un morceau de corde avec un serpent, ou pensent qu’un mirage est vraiment la réflexion de l’eau à distance.

    La pratique de la visualisation

    Dans toutes les pratiques de visualisations, il convient de considérer que tout est parfait depuis le début, que sa visualisation n’est pas un produit de l’intellect mais la vérité primordiale. En méditant sur le mandala, on en vient à percevoir tout l’univers comme un champ de Bouddha, tous les sons de l’univers – les bruits de l’eau, du feu, du vent, les cris des animaux, les voix des humains – comme l’écho des mantras, et on regarde toutes les pensées comme le jeu de la conscience.

    Si l’on voit son environnement comme ordinaire, cela ne sera pas d’un grand secours. Mais si on le visualise comme un champ pur de Bouddha, il deviendra un champ de Bouddha, ou pour être plus précis, on en réalisera la pureté naturelle. Si l’on garde à l’esprit le mandala visualisé, on transformera progressivement sa manière de voir les choses. Si, par exemple, on voit des fresques dépeignant la vie du Seigneur Bouddha sur les murs d’un temple, la dévotion s’accroît. Si les murs étaient seulement laissés blancs, ils ne seraient pas source d’inspiration. C’est la même chose lorsqu’on maintient la visualisation d’un lieu sous forme de mandala ou de champ de Bouddha.

    Le but d’une telle méditation est de chasser les nuages de notre perception erronée et de réaliser à leur place la pureté naturelle. Il ne s’agit pas de poursuivre un rêve éveillé en musardant dans un paradis enchanteur coupé de la réalité ; mais il s’agit de redécouvrir le cadre de notre être et du monde phénoménal. Le but n’est pas d’échapper à la réalité, mais de la voir telle qu’elle est. Nous ne cherchons pas à construire de nouveaux concepts et des entités artificielles dont nous n’avons pas besoin. Nous nous efforçons de réaliser l’unité des apparences et de la vacuité. Cela ne consiste pas à se couper des autres, mais à engendrer une compassion sans limite pour les êtres qui ont perdu le sens de la nature de Bouddha en eux.

     


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