• Les types de labyrinthe

    Dans l’histoire du labyrinthe classique européen, on distingue trois époques, dont proviennent trois types de dessins différents : le labyrinthe crétois, le labyrinthe romain et le labyrinthe médiéval.

    Le labyrinthe crétois

    Les premiers exemples connus du motif graphique du labyrinthe étaient gravés sur la roche naturelle, selon un dessin plus simple que celui du labyrinthe médiéval mais déjà bien défini. Ce modèle de labyrinthe a reçu le nom de crétois parce qu’on l’a d’abord trouvé sur des pièces de monnaie crétoises. Il est cependant très antérieur à cette époque crétoise. Il est construit sur une trame spirale de 8 enroulements délimitant sept couloirs. La spirale de 8 enroulements résulte du prolongement replié de chacun des 4 bras de la croix initiale. Ce motif très répandu est encore utilisé aujourd’hui. Il en existe une version rectangulaire, aussi très répandue, mais elle n’a pas de rapport direct avec le labyrinthe médiéval.


    Le labyrinthe romain

    La civilisation romaine a mis au point un modèle particulier de labyrinthe, utilisé principalement sous forme de mosaïques de sol. Ce modèle se retrouve entre autres sur le sol d’une église algérienne datant de 324. Le labyrinthe romain est habituellement à quatre quadrants correspondant à quatre labyrinthes identiques parcourus successivement. Le nombre de couloirs est variable. Il existe en versions circulaires et carrées. Contrairement à la plupart des autres auteurs, je crois que c’est le labyrinthe romain, et non le labyrinthe crétois, qui est à l’origine de l’invention du labyrinthe médiéval.



    Le labyrinthe de Reims (médiéval)

    Le dessin du labyrinthe de Reims semble n’avoir existé pendant l’époque médiévale que sur le sol de la cathédrale de Reims. Le labyrinthe de sol a été détruit en 1778 mais un architecte du nom de Jacques Cellier en avait fait un relevé sommaire autour de 1585. Ce relevé permet d’en connaître la forme générale (qui est octogonale avec bastions), et le trajet (qui est différent de celui de Chartres). La forme octogonale avec bastions était originale au moment de la construction ; par la suite elle a été utilisée ailleurs, mais avec le trajet de Chartres. Le trajet de Reims n’a été retrouvé nulle part ailleurs, sauf dans un manuscrit français des premières années du 15e siècle (d’ailleurs sous forme octogonale avec bastions), dessin probablement copié sur celui du sol de la cathédrale. L’étude du trajet du labyrinthe de Reims et sa comparaison avec celui de Chartres sont grandement facilitées par sa transcription en version « script », c’est-à-dire en version circulaire sans bastions, à la manière des dessins de manuscrits.

    Le trajet du labyrinthe de Reims est peut-être unique dans la tradition médiévale connue, mais il partage avec celui de Chartres certaines qualités rythmiques. L’étude comparative de ces deux labyrinthes m’a amené à deux notions essentielles pour l’étude du labyrinthe médiéval : la notion de sa structure rythmique spécifique et celle du labyrinthe parfait ou canonique.



    En effet, de nos jours, beaucoup de cathédrales en France sont "anonymes", les noms de leurs concepteurs ont été perdus au cours du temps. Alors qu’aux quatre coins du Labyrinthe de Reims se trouvaient quatre personnages représentant les quatre architectes et des inscriptions donnant leurs noms : dans l’ordre Jean d’Orbais qui fit les plans et éleva le chevet, puis Jean Le Loup qui ouvrit les portails Nord, Gaucher De Reims qui commença la façade Ouest et enfin Bernard De Soisson à qui une rosace et les premières voûtes furent attribuées.
    Jean Le Loup qui fut maître d’oeuvre de la cathédrale, l’espace de seize ans et qui commença les portails (nord)
    Jean d’Orbais, maître d’oeuvre de la cathédrale qui commença le chevet Gaucher De Reims qui fut maître d’oeuvre l’espace de huit ans. Il débuta les voussures et les portails (de la façade Ouest)
    Bernard De Soisson qui fit cinq voûtes et ouvrit la rosace ouest. Maître d’oeuvre l’espace de trente-cinq ans.

    Tous étaient représentés avec un attribut de leur profession : l’un tenait une équerre, un autre un compas, un troisième une corde à nœuds servant à mesurer et le dernier dressait l’index comme pour donner un ordre.
    Au centre du Labyrinthe se trouvait un grand personnage que l’on a coutume d’identifier comme Aubry de Humbert, l’archevêque rémois qui décida en 1211 de reconstruire une nouvelle cathédrale à la place de l’ancienne rasée par un incendie en 1210.
    Enfin deux autres personnages, que nous n’avons pu identifier en raison de l’absence d’inscriptions lisibles, se situaient à l’entrée du Labyrinthe. Peut-être étaient-il deux autres architectes désormais voués à l’anonymat.

    Certains historiens ont pensé que le Labyrinthe avait été élevé, non seulement pour sa vocation de chemin de pèlerinage, mais aussi à la gloire des architectes qui ont réussi à dresser, au XIIIème siècle, cette colossale œuvre d’art qu’est Notre Dame de Reims. Et ainsi ces historiens ont fait un parallèle avec le Labyrinthe de Cnossos qui immortalisa lui aussi son créateur, l’architecte Dédale.

    Malheureusement si vous ne trouvez plus le Labyrinthe maintenant c’est parce qu’il a été détruit en 1779 par les chanoines, soi-disant dérangés par les enfants qui jouaient dedans durant les offices.
    Malgré sa disparition il reste la marque de ces géniaux architectes qui ont bâti notre chère cathédrale et il sert aujourd’hui de symbole aux monuments historiques français.


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