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Les quatre éléments et leurs symboles
Depuis les recherches antiques et surtout celles des Stoïciens, la philosophie occidentale admet l’existence de 4 éléments de base pour la formation du monde : le feu, l’air, l’eau, la terre ; et le plus souvent, elle accorde, comme eux, une place éminente au feu. Pour les Stoïciens, le feu dans la nature est doué de puissance créatrice ; ils donnent, par l’intermédiaire d’un des leurs, Balbus, que Cicéron fait parler dans son "De natura deorum", une explication du monde où les éléments sont maintenus dans une cohésion parfaite grâce à l’esprit divin qui pénètre partout ; une sorte d’osmose existe entre les quatre éléments.
Ce concept des quatre éléments a été repris par un très grand nombre d’auteurs non seulement au Moyen Age mais depuis Pline l’Ancien jusqu’au XIXe siècle où le théosophe Baader, contemporain de Goethe, reconnaît deux forces qu’il appelle eau et feu ; il affirme la nécessité d’en admettre une troisième, servant de point d’appui, la terre ; chaque élément forme le côté d’un triangle ; on revêt celui-ci d’un point en son centre symbolisant le principe actif qui anime tout, le principe air qui appuie sur le levier. On dirait aujourd’hui que l’auteur a construit un yantra.
Au XIIe siècle Honoriau d’Autun précise la parenté de l’homme avec les éléments. Au XVIe siècle, Christopher Marlowe dit dans un de ses poèmes : "La nature qui nous a formés de quatre éléments...". Au XVIe encore, Paracelse appelle salamandre l’être élémentaire habitant le feu, gnomes ceux de la terre, sylphes ceux de l’air et ondines, de l’eau. En d’autres cas, si la salamandre symbolise le feu, c’est la taupe qui symbolise la terre, l’oiseau l’air et un poisson l’eau.
Le symbolisme de chacun des quatre éléments sera étudié séparément tant il joue un rôle important dans l’art, les religions et la vie quotidienne, mais disons d’emblée :
le feu éclaire et chauffe, c’est un élément de la puissance de l’homme et de sa supériorité sur le monde animal, mais qui peut se retourner contre lui : le feu brûle. Il est en rapport avec le soleil.
l’eau purifie : elle est en outre source de vie ou de régénérescence, d’où le culte des sources si répandu et de nombreux rites dans presque toutes les religions.
l’air est l’élément céleste, d’où le concept d’élévation dans la démarche spirituelle.
la terre est symbole de fertilité et même de fécondité. Elle a des rapprots avec la naissance et la mort. Le serpent est symbole de cette dualité.
Aujourd’hui la pâte que fait lever le boulanger est une matière à trois éléments :
la terre qui donne le grain de blé
l’eau (il entre encore plus d’eau que de farine dans la confection du pain)
l’air ; et la pâte attend le quatrième élément, le feu. Celui qui connaît ces faits comprend qce qui est né dans l’eau s’achève dans le feu et que cela s’applique aussi bien à la pâte du potier qu’à celle du boulanger.
Souvent les quatre éléments sont groupés en deux paires d’éléments opposés : le feu et l’eau, l’air et la terre. Le feu est masculin, l’eau est féminine ou bien a un symbolisme féminin quasi universel. Malgré la très forte opposition entre le feu et l’eau, leur symbolisme est souvent associé, des exemples en seront donnés ; ici nous citerons seulement le tableau de Charles Dulac, peintre symboliste (1865-1898), tableau intitulé "L’eau et le feu", représentant une barque sur l’eau, barque portant une cabine éclairée et d’où sort un tuyau de cheminée. Une grande atmosphère de calme se dégage de la toile.
L’air et la terre forment également un couple de contraires. On a déjà vu leur association dans l’espace et dans le temps, y compris à l’époque présente, sous la forme du combat de l’aigle et du serpent - leurs symboles respectifs- combat doué d’une haute valeur suggestive, étudié plus haut.
Les quatre éléments étaient groupé différemment par les Néo-Pythagoriciens : air et feu, terre et eau. L’air et le feu ont tendance à s’élever et appartiennent à l’hémisphère du haut, le monde de la monade, qui est masculin et bienfaisant. La terre et l’eau, que la densité fait descendre, appartiennent à la dyade et à l’hémisphère du bas, féminine et malfaisante. Le premier de ces deux groupes commande et dans une certaine mesure, symbolise la lumière, la vie, la justice : le second préside à l’obscurité, la mort et l’injustice.
Suivant Macrobe, dans la distribution que fit Jupiter des éléments à plusieurs divinités, Apollon fut chargé de prendre soin du feu, Phébé de la terre, Vénus de l’air et Mercure de l’eau, aussi regarde-t-on ce dieux comme l’inventeur de la clepsydre.La théorie des quatres élémentsn’est pas l’apanage exclusif des Occidentaux : elle existe chez d’autres peuples, par exemple dans la peuplade noire Ehvé qui distingue, dans l’ordre d’importance décroissante, l’air, le feu, l’eau, la terre, alors que le feu avait généralement la place prééminente jusqu’ici ; et cependant, cette ethnie admet deux couples d’éléments en relation d’opposition déjà vus : l’air et la terre, le feu et l’eau (Néron de Surgy).
Pour les Aztèques, les quatre éléments représentés par quatre divinités de leur panthéon, étaient l’eau, le vent, le soleil, et la terre. Les différences avec les nôtres ne sont qu’apparentes si l’on remarque que l’air est décrivent en outre quatre âges du monde, le premier âge, celui du "Soleil de l’Eau" au cours duquel le dieu suprême créa le monde, le secon, celui du "Soleil de la Terre", le troisième le "Soleil du Vent" et le quatrième, l’âge actuel, est celui du "Soleil du Feu".
En Inde, cinq éléments, terre, feu, air, eau et éther (souffle) sont à la base de la construction des temples hindouistes. Dans la tradtions indienne, le corps humain contient les cinq éléments de l’univers et est un microcosme, en harmonie avec le macrocosme.
En Chine, où le symbolisme du chiffre 5 est important, on décrit non pas quatre, mais cinq éléments :
l’eau qui symbolise l’hiver et correspond au Nord
le feu qui symbolise l’été et correspond au Sud
le bois qui symbolise le printemps et correspond à l’Est
le métal qui symbolise l’automne et correspond à l’Ouest
la terre qui correspond au centre.
Dans cet ordre, les éléments sont affectés d’un chiffre de 1 à 5, sauf dans des textes d’alchimie taoïste où le feu est affecté au chiffre 1 et l’eau au nombre 2, car, précisent-ils, l’élément feu anime notre coeur, et l’élément eau réside dans les reins, or le viscère du feu, le coeur, est unique, et les viscères de l’eau, les reins, sont deux. La vision intérieure des Taoïstes consiste à se purifier et à chercher à recréer l’unité primordiale par l’union antithétique de cette eau et de ce feu dans notre corps.
Le feu et le bois sont des éléments Yang, symbolisés par le Dragon dans un courant taoïste Neitan qui s’inspire de l’alchimie chinoise. Le métal et l’eau sont des éléments Yin, symbolisés par le Tigre, "Ces deux bêtes doivent être unies en une hiérogamie difficile à réaliser ; il faut recourir aux offices de l’entremetteuse, le cinquième élément, terre." En outre, le feu correspond au côté gauche et à la vie, l’eau au côté droit et à la mort.
En Occident aussi, il est parfois question d’un cinquième élément, surtout dans l’alchimie qui élabore la notion de quintessence ou cinquième élément, semence qui permet d’engendrer, de maintenir, de détruire et d’engendrer de nouveau.
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Ak