• Les définitions de la mort

    LES DEFINITIONS  DE LA MORT

     

    par  Marc-Alain DESCAMPS

     

    Les sociétés occidentales commencent à tirer les leçons des EMI (Expériences de mort imminente ou NDE Near Death Experience).

    Pratiquement cela a déjà abouti à un début de transformation de la société avec la remise en cause de l'acharnement thérapeutique, l'accompagnement des mourants, les services alternatifs, l'action de l'Association pour le droit de mourir dans la dignité, etc.

    Théoriquement, on en arrive à une nouvelle définition de la mort. D’abord scientifique, puis philosophique.

    Les récits des personnes, qui ont été déclarées mortes, qui ont parfois eu un certificat de décès signé par deux médecins, et qui sont revenues à la vie, ont bouleversé nos anciennes convictions

     

    A.  SCIENTIFIQUE

     
         Il nous faut changer notre définition de la mort. L'étude de l'ensemble convergent de ces diverses expériences et de toutes ces recherches mène à conclure que nous ne savons plus ce qu'est la mort. Nous attendons que la science nous en donne une définition incontestable. Or nous ne rencontrons qu’une définition administrative.

         Les médecins ont constamment changé leurs critères de la mort : l'arrêt de la respiration, la cessation des battements du coeur et maintenant on en est à la mort cérébrale. Scientifiquement, on est donc amené à distinguer bien des morts : clinique, cérébrale, physiologique, fonctionnelle, biologique ...

     a) la mort clinique. C'est la constatation par un médecin des premiers signes d'apparition de la mort. On peut parler de mort respiratoire que le médecin constatait aux siècles derniers en mettant un miroir sur la bouche du patient pour voir s'il y a ou non formation de buée. Puis vient la mort cardiaque par arrêt du coeur sans qu'on ait réussi à le faire battre à nouveau (massage, choc électrique, défibrilateur ...).

     b) la mort encéphalique ou cérébrale. Le problème d'une nouvelle définition de la mort est apparu en 1959 à la 23ème réunion internationale de neurologie lorsque Mollaret et Goulon ont décrit le "coma dépassé" qui survient lors des réanimation. Les intellectuels ont alors admis que l'homme est plus dans son cerveau que dans son coeur et que l'on est mort alors que tout le corps est "vivant" mais que le cerveau ne fonctionne plus. Le fondement de cette nouvelle définition est purement philosophique : la pré-éminence du cerveau. La définition officielle de la mort en France est celle de la Circulaire Jeannenay n° 27 du 24/04/1968, qui, en fait, reprend mot à mot la description de Mollaret et Goulon de 1959, avec ses trois conditions :

    1). la constatation des quatre signes fondamentaux : 1. abolition contrôlée de la respiration spontanée 2. abolition de toute activité des nerfs crâniens 3. perte totale de l'état de conscience, à l'exception des réflexes du tronc et des membres 4. un électroencéphalogramme plat pendant trois minutes.

    2) l'élimination des étiologies simulatrices comme intoxication, hypothermie, troubles métaboliques ...

    3) un délai d'observation minimum, mais variable selon l'étiologie, où ces signes sont constants.

    On voit combien cette définition reste imprécise, il faut que cela dure "un certain temps", on en est maintenant à 30 minutes d'électroencéphalogramme plat et ce n'est pas suffisant. On n'a atteint en fait que la première étape de la mort, mais c'est cela qui permet tous les prélèvements d'organes vivants sur le corps d'un individu mort ! Mais ceci ne se pratique pas ni Japon ni dans la plupart des pays musulmans qui ne veulent pas que l'on prélève des organes sur un corps "le coeur battant". D'ailleurs une enquête récente sur les médecins préleveurs montrent qu'eux-mêmes ne parlent de mort qu'après leurs prélévements.

    Le plus révélateur de l'absence de définition incontestable de la mort est l'étude de l'heure du décès portée sur le certificat de décès. Selon l'enquête de France Transplant cela peut être selon les hôpitaux : l'heure d'entrée au bloc opératoire pour les prélèvements, l'heure du clampage de l'aorte ou bien l'heure du débranchement du respirateur.

    Cette absence de définition de la mort se répercute sur le statut incertain de ces vivants/mourants. Et cela va de plus en plus se généraliser avec les transplantations d'organes. Des individus, déclarés en état de mort cérébrale, (donc officiellement morts), continuent à être soignés et nourris (pour éviter la mort physiologique) dans l'attente d'un prélèvement d'organe, en tenant parfois les personnels paramédicaux dans l'ignorance de la mort de ce "cadavre vivant", dont ils continuent à s'occuper avec dévouement parfois jusque pendant 10 jours.

     c) La mort physiologique, dite mort cadavérique. Puis va s'installer progressivement la mort physiologique avec la paralysie, la rigidité cadavérique et le froid du cadavre et sa paleur caractéristique.

     d) la mort biologique. Enfin arrive la mort biologique qui suit avec l'explosion des cellules et des tissus, la liquéfaction, la putréfaction avec émission de méthane et d'odeurs nauséabondes, enfin les chairs qui se détachent des os. Mais ceci ne se produit pas toujours et ne résout pas encore les problèmes des corps incorruptibles, myroblytes, des cadavres parfumés, etc. Ils ont été étudiés en particulier par le Dr. Larcher dans La mémoire du soleil (Désiris, 1990).

     e) la mort fonctionnelle. Mais cela n'est pas suffisant car il reste la mort fonctionnelle : toutes les fonctions ne sont pas encore abolies et sur des cadavres la barbe et les ongles peuvent continuer à pousser.

     

    B. LE PROCESSUS DU MOURIR.

     
         Nous concluons donc qu'il faut remplacer "la mort" par "le processus du mourir", c'est-à-dire l'acte instantané par une transformation progressive avec bien des étapes successives. La mort n'existe pas en tant qu'état soudain et instantané : vivant ou mort, en un instant on serait passé de l'un à l'autre. Ce qui existe à sa place c'est "le processus du mourir", un long et lent processus avec bien des étapes qui font que l'on est de plus en plus mort. Ceci est conforme à la définition de Bichat : la vie est "l'ensemble des fonctions qui résistent à la mort".
          Les rescapés de la mort et les témoins de NDE ne disent pas autre chose. Ils ont été dans les zones frontières, à la porte de Thanatos, aux confins de la mort. D'où le nom que nous proposons Voyages à l'Orée de la mort (V.O.M.), car il dit bien ce qu'il veut dire, mieux en tout cas que NDE. Dans cet état intermédiaire entre la vie et la mort, on a déjà bien avancé dans le processus du mourir, mais l'on n'est pas complètement et définitivement mort. C'est ce que symbolise cette fameuse frontière qu'aucun ne dit avoir franchi. Elle se présente sous bien des images (un voile impénétrable, une clôture, une porte, un frein, une main qui stoppe, une voix ...).
         On voit donc bien à ce point de notre réflexion le ridicule du débat : les témoins de NDE étaient-ils morts ou non ? La polémique ne pouvait naître et se perpétuer que dans l'ancienne conception de la mort instantanée : on est mort ou vivant. Non, ils ont commencé à mourir et en ont franchi les premières étapes, mais jamais les dernières. Le premier apport de leur voyage est de faire comprendre qu'il s'agit d'un processus.
       Et cette découverte de la nouvelle science occidentale de la mort était bien connue depuis longtemps des Tibétains. Leur étude expérimentale du processus du mourir les avait amené à conclure qu'il faut parfois jusqu'à 49 jours pour que le processus du mourir soit complètement achevé. C'est ce qu'expose leur Livre de la mort et de la vie (Bardo-Thödol).

     

    C. LA MORT-ANEANTISSEMENT N'EXISTE PAS

     
    1. L'état dont on ne revient pas. La définition philosophique la plus répandue est "l'état dont on ne revient pas". Ce n'est pas une définition scientifique car il n'y en a aucune preuve, c'est une définition "philosophique" ou plutôt dogmatique. De plus c'est une pure tautologie, qui préjuge de la question, car c'est bien là ce qui est contesté (depuis toujours et au moins depuis Platon). Aussi lorsqu'un médecin adopte cette définition, il sort du cadre de la science, pour adopter une position philosophique, parfaitement légitime, mais qui n'a plus rien à voir avec la science et ses preuves. Dans cette pétition de principe la question est résolue car on est amené à nier les faits : lorsque quelqu'un revient à la vie après avoir été déclaré mort, le médecin se désavoue et reconnaît s'être trompé dans son Certificat de décès, puisque qu'il sait, par sa conviction philosophique, que ce n'est pas possible. L'autre définition philosophique que bien des spiritualistes commencent à lui préférer c'est "l'impossibilité de communiquer avec ceux qui ont un corps physique".
        Ecrire que la mort n'existe pas, pouvant paraître une affirmation paradoxale ou même scandaleuse pour bien des personnes, il convient de préciser exactement : quelle mort n'existe pas, pour qui et pourquoi ?

    a) La mort matérialiste. En tout cas ce qui existe c'est la souffrance, la peur et l'agonie ...  La souffrance est une expérience universelle, qui fait partie de la condition humaine. Ses occasions sont nombreuses : la douleur physique, la maladie, la vieillesse ... et elles s'intensifient à l'approche de la fin de la vie. C'est la première constatation qu'a fait le Bouddha et la seconde c'est que le monde entier vit dans la peur. La peur de souffrir d'abord puis la peur de mourir, qui est la racine de toute peur. Une longue et douloureuse agonie est ce que l'on craint le plus. L'agonie est la dernière lutte avant de mourir. Mais l'agonie n'est pas la mort : "tant que j'agonise, je suis vivant et quand je suis mort, l'agonie est terminée". Ce qui nous angoisse c'est toutes ces luttes et ces souffrances avant de mourir, car trop souvent elles sont bien réelles. Et ce n'est que très récemment que certains médecins, dans des services alternatifs, se sont décidés à adoucir ces derniers instants avant la mort.
          La mort qui n'existe pas est la mort/anéantissement, la mort des matérialistes. Terrorisés par la mort chrétienne, avec son alternative entre l'éternité de jouissance du Ciel ou les souffrances sans fin de l'Enfer, les matérialistes ont préféré inventer une mort qui serait la fin de tout. La mort pour eux serait la disparition du principe pensant (âme, mémoire ou conscience ...), l'anéantissement total, après il n'y aurait plus rien. Une telle croyance, indûment diffusée au nom de la science, va avec le monde matérialiste que nous subissons : l'acharnement thérapeutique, la vieillesse/catastrophe, les mouroirs/dépotoirs, la désespérance et la nausée sartrienne. Les philosophes matérialistes du dix-huitième siècle, scientistes du dix-neuvième, marxistes du vingtième ont inventé, créé, puis diffusé obligatoirement, une nouvelle mort dont la définition est : "la mort comme fin absurde d'une vie dénuée de sens".

    b) l'absence de corps physique. Or que nous disent ceux qui sont revenus des premières étapes du processus du mourir ? C'est qu'après avoir été déclaré mort, on est toujours là. Le principe conscient est toujours présent et vivant. Et même l'on a encore un corps, seulement moins dense, moins matériel. On n'est plus dans le corps de chair, mais on a encore une enveloppe d'énergie (que certains appellent le corps éthérique et le corps astral). Simplement ceux qui ont un corps de chair (les vivants) ne les voient pas, ne leur parlent pas, peuvent passer à travers leur corps d'énergie, comme à travers un brouillard. Les morts sont donc au milieu des vivants et la mort peut se définir comme l'impossibilité de communiquer avec ceux qui ont un corps de chair.
         Et ceci est expérimenté dans de nombreuses circonstances (opérations, accidents, chutes, noyades, extases, transes, sorties du corps ...). De plus en plus d'affirmations de ces "morts" dans le coma sont vérifiées sérieusement et indubitablement dans des témoignages de plus en plus nombreux (paroles de l'équipe chirurgicale, descriptions d'appareils sous anesthésie, voyages ailleurs, comme la chaufferie de l'hôpital ...). L'esprit scientifique demande de vérifier ces témoignages, au lieu de se boucher les oreilles et de fermer les yeux pour ne pas avoir à renoncer à ses convictions. (Comme Claude Bernard qui a refusé d'aller examiner une femme qui vivait sans manger, car il savait que l'inédie est impossible). On doit donc tenir compte du témoignage de Diane Chauvelot, médecin psychanalyste, qui a montré en 1995 que pendant ses 47 jours de coma son esprit fonctionnait et enregistrait inconsciemment ses perceptions.

    c) La vraie mort. L'enseignement des Tibétains a toujours été qu'après la mort, on est dans une sorte de rêve, seulement plus consistant que les rêves du sommeil. Tout ce que nous avons dans notre inconscient est projeté à l'extérieur et vu avec surprise sans être reconnu. Comme dans un rêve, un songe ou un cauchemar, c'est nous qui nous créons nos propres cieux, purgatoires ou enfers. Ce dont nous sommes convaincus dans notre inconscient individuel et collectif (selon nos croyances culturelles), nous le rencontrons en face et le subissons, sans reconnaître que nous sommes en train de le projeter. L'enseignement de leur Livre des morts est maintenant confirmé, non seulement par les récits de témoins de NDE ou Voyages à l'orée de la mort, mais aussi par des expérimentateurs comme Monroe et ses élèves. Dans leur équipe Lifeline ils découvrent dans les régions proches, ou les premiers anneaux, des êtres humains inconscients de leur mort, perdus ou bloqués sur une colère, l'indignation d'une injustice, l'attachement à un vivant, etc. Certains athées matérialistes, qui savent qu'il n'y a rien après la mort, ont projeté ce "rien" sous forme d'une coquille où ils s'isolent de tout en réalisant leur conviction, puisqu'ils sont sur qu'après la mort il n'y a rien.
         Le principal apport de la psychologie moderne, et en particulier de Stanislav Grof, est dans la notion de périnatal. Les expériences montrent que le revécu de sa naissance se fait sous forme de mort et que celle de la mort n'est pas séparable de sa naissance. Et si l'on écoute les nombreux témoignages dans ce domaine, il semble que la majorité trouve le revécu de sa naissance plus douloureux que celui sa mort. La naissance est la mort de la mort, et aux expériences de l'après-mort répondent celles de l'avant-vie. On les retrouve dans l'enseignement des grandes traditions, comme, par exemple,  dans les koans (maximes énigmatiques) du Zen : "Ils ont peur de la mort et ils ne sont même pas nés" ou "Les vivants sont dans le cercueil et les morts suivent".

    La vraie mort est dans le changement et l'oubli, alors elle est de tous les instants et n'est pas séparable de la vie. Elle ne lui est pas opposable, elle en fait partie. La condition humaine qui est incluse dans le temps, fait que nous mourons et renaissons à chaque instant. J'ai commencé par être un nouveau-né, qui a disparu pour laisser la place à un nourrisson, puis à un bébé, enfant, ado. jeune, adulte, personne âgée ...

    La vraie mort n'est donc pas celle du corps mais celle de la conscience, ce serait l'extinction du principe de conscience. L'outil de permanence dans le changement est la mémoire qui assure la persistance. Au delà du changement, la véritable mort est l'oubli. Cet  oubli se disait en grec léthé et se trouvait dans l'eau d'un fleuve des enfers que l'on buvait avant de se réincarner pour oublier sa vie passée. Aussi un peu partout sur la terre le culte des morts inclut-il les cérémonies du souvenir.
        La tradition nous apprend que le Soi ou essence de nous-mêmes, est immortel et éternel. Lors d'une vie il est recouvert par la personnalité et son égo, avec lequel nous nous identifions à tort. Le remède est l'érosion de l'égo au profit du Soi. Il ne s'agit en fait que d'une transformation ou transmutation, comme une femme qui change de nom en se mariant ou la chenille qui pour devenir papillon passe par la nymphe et la chrysalide. Cela n'est jamais vécu comme une perte ou une diminution, mais comme un accroissement ou un gain : lorsqu'on allume la lumière forcément disparaît l'obscurité.
         Et l'on comprend avec Rumi que "mourir c'est célébrer ses noces avec l'éternité". Le Soi ne naît ni ne meurt. Si l'on peut reconnaître sa présence sous la coquille de l'égo, la peur de la mort s'amenuise et disparaît. D'ailleurs ceux qui ont avancé dans les premières étapes du processus de mourir disent avoir ressenti un grand sentiment de calme et de paix,  puis d'amour et de joie.

    D. LA REORGANISATION SOCIALE.

     Il faut en tirer les applications pratiques, ce qui mène à une profonde transformation de la nos sociétés occidentales.

    1. Brève histoire sociale de la mort. Tout le monde meurt, mais on ne meurt pas de la même manière. Les modalités et le vécu d'une mort dépendent de la conception que la société s'en fait. L'ethnologie et l'étude des civilisations nous ont révélé des variétés très diverses. Pendant longtemps la mort était contagieuse et l'on ne mourait pas seul (soldats, esclaves, femmes et serviteurs du chef l'accompagnaient dans la mort et étaient enterrés dans son tumulus), puis quand on a été fatigué de hurler, de s'arracher les cheveux, se mutiler, s'écorcher et se déchirer les vêtements, on a engagé des pleureuses professionnelles, enfin quand on a compris et admis que c'était inéluctable, l'humanité a finit par vivre la mort, l'enterrement et le deuil avec plus de retenue, de calme et de sagesse.
          Et chez nous les historiens nous ont montré comment nos conceptions de la mort ont changées au cours des siècles. Les trois principales sont la mort païenne, la mort chrétienne et la mort matérialiste. La mort païenne dans l'Antiquité est une mort écrasée par l'impossibilité de l'empêcher et une croyance de simple principe en une pâle survie dans les Champs Elysées. La mort chrétienne, où l'on se réjouit d'aller enfin rejoindre son Dieu, n'a jamais été réellement vécue, à part pour quelques saints comme François d'Assise ou François de Salles. A la place s'est installé en Europe la terreur d'un enfer éternel de tortures infinies. On peut détailler les variantes de cette mort : convulsée et obsédée au Moyen-Age, lyrique à l'âge baroque, exemplaire à l'âge classique, minimisée et désinvolte au dix-huitième siècle, emphatique à la Révolution, avec une émotion retrouvée pour les Romantiques ... La profonde conviction de la damnation dans l'éternité des tortures a  conduit de plus en plus de matérialistes à inventer la mort-anéantissement. Le "rationalisme" triomphant voit une délivrance dans  la fin de tout et essaie de rendre scientifique cette fiction philosophique.

    b) la transformation de la société. De ce début actuel de changement de conception de la mort découlent déjà beaucoup de transformations sociales. D'abord la fin de l'acharnement thérapeutique. Lorsqu'on n'accorde aucune valeur à la mort, qui est la fin de tout, on ne peut que lutter contre elle de toutes ses forces, même au prix des raisons de vivre. Les divers scandales de tortures prolongées inutilement sur les mourants (Franco, Tito, Bourguiba ...) ont commencé par discréditer cet acharnement thérapeutique. Et on :lui a substitué la notion de choix existentiel du malade et de qualité de vie. Les centres de soins palliatifs se sont multipliés et l'accompagnement des mourants devient une mission de vie, etc.

    Une autre conséquence des NDE porte sur "la bonne mort". Pour bien des contemporains, sous l'influence des matérialistes, la bonne mort serait une mort dont on ne s'apercevrait pas. Alors que la mort, une fois acceptée, doit au contraire être vécue consciemment pour rester humaine. Et cela exige que l'on meure dans la dignité due à la personne humaine.

    c). La victoire sur la mort. C'est ce message que doivent transmettre les personnes âgées. Il leur reste à réussir leur mort, après avoir réussi leur vie. La mort est l'acte ultime de la vie, son accomplissement. En fait ce n'est qu'un changement de plan de travail, comme la naissance. Le but du quatrième âge est de dépasser la peur de la mort et de l'envisager de façon sereine. Le dernier acte du Yogi, comme du Lama tibétain, est d'aller au-devant de la mort en chantant. Ainsi la pyramide des âges engendre l'équilibre social, comme dans toutes les sociétés traditionnelles. Mais en Occident postindustriel, la pyramide des âges s'est inversée et notre société a perdu son équilibre naturel. L'axe, est passé des "vieux" aux adultes travailleurs, puis aux jeunes, pour aboutir aux "ados" modèles des films, T.V. et publicité. Aussi vit-on dans la terreur de la mort, en refusant d'y penser. Si ceux qui sont chargés de dépasser la peur de la mort et de donner l'exemple ne peuvent plus réaliser leur but, c'est toute la pyramide sociale qui s'écroule. La peur de la vieillesse et de la mort s'installe de façon insidieuse à travers tous les âges et empoisonne l'ensemble du corps social. L'ultime travail est donc de rétablir l'équilibre de notre société après avoir compris ce qu'est vraiment la mort. Comme le disait cette agonisante lucide : "Mais pourquoi avez-vous si peur ? Après tout, c'est moi qui meurt, ce n'est pas vous". Ceux qui ont fait l'accompagnement des mourants témoignent que dans ces cas ils reçoivent bien plus qu'ils ne donnent : la confiance sereine et joyeuse du partant induit un réassurement dans l'accompagnant.

    La victoire sur la mort est dans la mort de la mort.  La conscience de la Vibration d'Amour guérit de l'obscurcissement, de l'oubli et de la mort. La Lumière ne naît pas de l'ombre, mais l'ombre meurt de la lumière. Et tout travail en ce sens fait par un individu peut être passé aux autres et reste acquis à l'humanité.


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