En 1986 j'ai eu l'occasion de visiter le palais de Cnossos en Crète ainsi que d'autre palais du même style dans cette île qui fait maintenant partie de la Grèce. Voici un résumé de l'histoire mythique et archéogique du site :
Le labyrinthe de Cnossos
Construit en Crète à partir de 1 700 ans avant notre ère environ, le palais de Cnossos avec ses innombrables pièces entrelacées, est certainement le Labyrinthe que la mythologie attribue au Minotaure.
Mais que se cache t-il réellement derrière la légende du Minotaure ? Le palais de Cnossos était-il vraiment un palais ?
Mythe du Labyrinthe et du Minotaure
Ce sont les auteurs anciens qui nous ont rapporté cette légende. Tous leurs récits sur la Crète tournent autour du Labyrinthe.
Monstre à corps d’homme et à tête de taureau, le Minotaure était le fils de Pasiphaé, femme de Minos, et d’un taureau envoyé par Poséidon, dieu de la Mer.
Dédale est l’architecte supposé de ce Labyrinthe. Originaire d’Athènes, il a été forcé de s’exiler pour avoir tué son neveu.
Il se réfugie en Crète, où le roi Minos, fils de Zeus et d’Europe, lui demande de construire un édifice pour y enfermer le Minotaure.
Dédale imagine alors le Labyrinthe, « palais de la double hache », aux salles et aux couloirs si enchevêtrés qu’on ne peut en sortir.
Plus tard, Minos ayant vaincu Athènes, la cité asservie doit payer un tribut de sept jeunes hommes et sept jeunes femmes, chaque année.
Les victimes sont enfermées dans le Labyrinthe et sacrifiées au monstre. Ces sacrifices continuent jusqu’au jour où le héros Thésée tue le Minotaure. Grâce au fil déroulé par Ariane, fille de Minos, le vainqueur peut sortir des inextricables couloirs.
Pour avoir déplu au roi, Dédale et son fils Icare sont enfermés dans le Labyrinthe. Ils s’en échappent en se fabricant des ailes avec de la cire. Icare s’approche si près du Soleil que ses ailes fondent. Il est alors précipité dans la mer, près de Samos, évènement à l’origine de la mer Icarienne.
La découverte du palais de Cnossos
En 1894, l’archéologue sir Arthur Evans arrive en Crète pour rendre la vie à l’île du roi Minos.
Sous les vestiges grecs et romains, il trouve de nombreux témoignages de la civilisation minoenne.
En 1900, Evans entreprend le dégagement du palais de Cnossos. Très vite, il met au jour une profusion de salles, de couloirs qui permettent d’éclairer les légendes d’un jour nouveau.
Cette architecture très complexe est sans doute à l’origine des récits mythologiques sur le Labyrinthe.
D’autant plus que de nombreuses fresques et sculptures représentant des taureaux ont été retrouvées.
Evans a voulu restituer les grandes lignes du palais de Cnossos. Il a relevé les murs, les a peint de couleurs violentes et a donné des noms aux différentes salles.
Cette reconstitution est aujourd’hui très controversée.
En effet, si ces restaurations attirent un grand nombre de touristes, c’est du point de vue archéologique, une véritable catastrophe car les « morceaux » du complexe ont été choisis de manière arbitraire.
Par contre, on doit à Evans une chronologie de la civilisation minoenne. Dans son œuvre maîtresse, The Palace of Minos at Cnossos, qu’il publie en 1930, il propose une chronologie en trois périodes, fondée sur la céramique.
La Crète minoenne
Les vestiges retrouvés, qui datent du IIe millénaire avant notre ère, montrent une civilisation brillante, qui utilise une écriture pictographique, et une économie riche, fondée sur le commerce.
L’histoire de cette civilisation est marquée par des ruptures brutales. Aux alentours de 1750 avant notre ère, survient une catastrophe qui ravage l’île et abat les palais. Il s’agissait sans doute d’un tremblement de terre.
La Crète se relève rapidement. Les palais sont reconstruits, encore plus grands et complexes.
Vers 1570 avant notre ère, un deuxième tremblement de terre, en rapport avec l’éruption du Santorin, détruit de nouveaux les palais.
Cela n’empêche pas la civilisation minoenne d’atteindre son apogée.
Vers 1450 avant notre ère, cette civilisation disparaît brutalement. La catastrophe n’est pas, cette fois-ci, naturelle. Il s’agit d’invasions venues de Grèce. De nombreux objets crétois, preuves du formidable butin, ont été retrouvés sur le continent, à Mycènes.
Quelle était la fonction du « palais » de Cnossos ?
Pourquoi ce palais a-t-il joui d’une aussi mauvaise réputation ? Peut-être qu’il ne s’agissait pas d’un palais mais d’un sanctuaire. Un sanctuaire dans lequel des victimes auraient été immolées. Ou, peut-être était-ce un lieu sacré servant de cimetière ?
En effet, certains archéologues contestent au gigantesque édifice dégagé à Cnossos sa vocation de palais d’habitation.
Ils ont constaté que le lieu géographique était peu judicieux pour un palais : exposé, difficile à défendre.
De plus, les sources sont peu nombreuses autour du palais. L’approvisionnement en eau de toute une population aurait posé des problèmes.
Les salles, présentées comme des appartements royaux, s’avèrent être plutôt des sous-sols humides, dépourvus de fenêtres.
Enfin, ce « palais » ne dispose ni de cuisines, ni d’écuries.
Selon l’archéologue allemand Hans Georg Wunderlich, le palais aurait été un immense mausolée destiné à recevoir les morts. Il n’aurait donc jamais été habité.
Selon lui, les hautes jarres de terre ne contenaient pas du grain ou de l’huile mais étaient des urnes où les cadavres étaient conservés dans du miel.
De même, les silos de pierre seraient en réalité des sarcophages.
Cette théorie est séduisante et collerait parfaitement à la légende d’un palais « maudit », abritant un monstre.
Cependant, aucun squelette n’a été retrouvé ce qui ébranle fortement la théorie du sanctuaire.
En fait, les deux théories ne sont pas vraiment convaincantes au vu des découvertes.
On imagine mal un roi s’installant dans des pièces sans fenêtre. De même, l’absence de cuisines et d’écuries est inconcevable pour un édifice d’une telle importance.
Le mystère reste donc pour le moment non résolu. Mais, les fouilles se poursuivent et Cnossos nous livrera peut-être un jour tous ses secrets.