• Le cheval et sa symbolique


    Le culte du cheval commence très tôt dans l'histoire de l'humanité: on trouve des représentations imagées du cheval sur les gravures rupestres et dans les cavernes. Le cheval est également enterré avec le défunt très tôt. La symbolique du cheval est toutefois ambivalente: elle est simultanément solaire et lunaire. Dans la mythologie védique, le cheval blanc représente le soleil; dans le Rig-Veda, l'astre du jour est clairement désigné sous le nom d'«étalon».

    Un voyage entre les neuf mondes

    Les chevaux n'accompagnent que les hommes importants et aussi les dieux: le plus connu des chevaux divins est sans conteste Sleipnir, le coursier d'Odin («celui qui glisse rapidement»). Il possède huit jambes et est représenté par une étoile à huit rayons; le neuvième point, soit le centre, représente le siège du cavalier. Le chiffre "neuf" est le chiffre sacré d'Odin, qui désigne la Vie, plus exactement les neuf mois de la grossesse et aussi les neuf mondes. Il y a identité entre Sleipnir et l'Arbre du Monde, Yggdrasil (=Cheval/Porteur d'Yggr, lequel est Odin). Lorsque Odin chevauche son coursier, cette course est identique à un voyage entre les neuf mondes. Le cheval est un véhicule (comme aussi dans d'autres
    religions), tandis que l'esprit du cavalier ou du conducteur (de char) prend position.

    Dans la
    Chasse Sauvage aussi, le père cosmique Odin (All­vater Odin) chevauche Sleipnir, né du vent, aux côtés des morts, également montés, ce qui révèle la fonction transcendante du cheval: il dépasse les limites du monde et de la conscience; il est celui qui porte les hommes dans l'autre monde, il guide les âmes, est de la sorte un psychopompe, comme l'attestent bon nombre d'offrandes trouvées dans les tombes. Le jour et la nuit, la fertilité

    Le cheval appartient, dans la mythologie, tant au monde de la lumière qu'à celui des ombres: il est tout à la fois "Skinfaxi", celui dont la crinière est de lumière, et "Hrimfaxi", celui dont la crinière est de suie; ces deux chevaux apportent le jour et la nuit. Le cheval blanc ailé est un symbole solaire, comme l'est Pégase dans la mythologie grecque. Parmi les découvertes archéologiques faites sur le site scandinave de Trundholm, nous avons ce splendide cheval, tirant sur un char le disque solaire. Dans cette fonction, le cheval est un être qui maintient et conserve la vie; c'est en tant que tel qu'il apparaît chez les Vanes et les divinités de la fertilité.

    Force chtonienne

    Dans la mythologie celtique, la divinité équestre Epona possède une force chtonienne, la reliant au monde des morts. Dans le chamanisme, on souligne surtout l'importance du passage entre les mondes, c'est-à-dire entre les différents états de conscience, ce qui se retrouve dans le personnage mythologique d'Odin, qui, d'après la foi des Germains de l'antiquité, avait reçu une initiation de type chamanique. Le gibet, auquel le pendu est accroché, est désigné comme le "cheval du pendu" [cf. le récit où Odin subit une pendaison pour apprendre le secret des runes, ndt]. Nous venons de voir qu'un rapport similaire unit symboliquement Yggdrasil et Sleipnir, qui sont mis en équation. Cette interprétation se retrouve dans la religion chrétienne, qui a pris le relais du paganisme germanique des origines, car un poème anglais du 14ième siècle désigne la croix comme le "cheval du Christ".

    Le cheval est également un animal que l'on offre en sacrifice. La cérémonie du sacrifice, dans
    les religions constitue une tentative de faire passer un souhait dans la réalité. En ce sens, elle est un acte qui sanctionne un passage, donc réalise un état de transcendance. L'eucharistie, que l'on célèbre après le sacrifice du cheval, doit unir le dieu au­quel s'adresse le sacrifice, le cheval sacrifié et les sacrificateurs. Les interdits, imposés par le christianisme et relatifs à la consommation de viande chevaline (qui furent décidés en 742 lors du "Concile germanique"), attestent d'une tentative d'extirper une coutume religieuse païenne et tout ce qu'elle signifie.

    Dans son Phèdre, Platon décrit l'âme humaine comme étant composée de trois parties: l'une symbolisée par un noble cheval, l'autre par un canasson dépourvu de noblesse, et la troisième par un conducteur de char. Les crânes de cheval, que l'on trouve suspendus traditionnellement sur les pignons des fermes en Basse-Saxe, ont une signification apotropaïque (i.e . dévier la mort et le malheur de la maison). Le cheval apparaît aussi comme un cauchemar nocturne, qui induit la peur. Toutes ces coutumes relient le symbolisme du cheval à l'âme et à la vie de l'âme.

    Les Indiens d'Amérique du Sud considèrent que le cheval et son cavalier ne font qu'un, alors que nous y voyons toujours une dualité. Ils ne comprenaient pas la symbiose, qui pouvait s'opérer entre l'animal porteur et l'homme porté, parce que le cheval leur était étranger. Dans la symbolique, le cheval et le cavalier forme une dualité primordiale, originelle : il y a là alliance de la vitalité et de l'intelligence, du corps et de l'esprit, du ciel et de la terre.


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