• La sorcellerie à l'époque contemporaine


    la sorcellerie est toujours bien vivace dans les milieux ruraux (Berry, Wallonie...), mais elle connaît aussi une recrudescence en ville, à travers des pratiques qui témoignent d'un recours de plus en plus répandu à l'irrationnel (l'astrologie et la cartomancie connaissent un semblable essor). Aux Antilles françaises, le " quimboiseur " (sorte de sorcier dérivé des rites vaudous) demeure un personnage important. Les anthropologues sont nombreux à enquêter sur les formes que revêt la sorcellerie en Afrique, en Amérique du Sud, en Océanie.

    De Shakespeare à Walt Disney, en passant par Goethe, la sorcière est un thème fréquent dans la littérature et le spectacle. L'historien français Jules Michelet publia en 1862 la Sorcière, où il chantait les louanges de la sorcellerie médiévale en tant que forme de révolte contre le mal et contre toutes les oppressions. Pareille revendication a existé aussi chez certaines féministes du XXe siècle, l'image de la sorcière ayant servi de symbole à une condition féminine en rébellion contre une société établie et dominée par les hommes.

    Les possédés de Loudun, nom donné aux religieuses qui déclenchèrent une célèbre affaire de sorcellerie dans la France de la Contre-Réforme, entre 1633 et 1634. Plusieurs religieuses du couvent des ursulines de Loudun, dans le nord du Poitou, accusèrent le curé Urbain Grandier d'être par ses maléfices à l'origine de leur possession par le démon. Malgré ses protestations d'innocence, une commission envoyée par Richelieu le condamna à être brûlé vif, et il périt sur le bûcher le 28 août 1634. L'affaire, symptomatique du climat d'exaltation religieuse qu'avait créé le concile de Trente, suscita l'indignation d'une partie de l'opinion et favorisa l'émergence du jansénisme.

    On peut parler aussi de l'envoûtement, opération qui consistait à blesser une image de cire représentant une personne à qui l'on voulait nuire, voire que l'on voulait tuer. La croyance à l'envoûtement, très répandue dans l'Antiquité, se trouvait déjà chez les hommes préhistoriques ; elle n'a pas tout à fait disparu de nos jours et n'est pas l'apanage des civilisations dites traditionnelles.

    Chez tous les peuples primitifs, la magie est, en l'absence d'une connaissance scientifique du monde, le moyen normal par lequel on croit exercer une action générale sur la réalité. Aussi préside-t-elle à tous les moments importants de la vie (maladies, naissances, semailles, récoltes, etc.). Au Moyen Age, l'Eglise condamnait les magiciens, comme les sorciers, parce qu'ils agissaient dans un sens contraire aux intentions divines en cherchant à modifier les lois naturelles. On peut distinguer la magie naturelle, ou magie blanche, qui utilise des procédés naturels mais secrets, par lesquels on produit des effets qui semblent naturels (la physique, à ses débuts, était baptisée magie), et la magie noire, ou gotique, qui fait appel au pouvoir surnaturel des démons et du diable.

    La sorcellerie est une pratique magique visant à exercer une action néfaste par des moyens surnaturels tels que des sorts, des envoûtements, etc. Les théories occultistes traditionnelles distinguent la magie blanche, qui se veut bienveillante, et la magie noire, ou sorcellerie, qui cherche à nuire à autrui. Il n'est pas de civilisation dans le monde où la sorcellerie n'ait existé. Elle semble offrir une forme de réponse aux questions du mal et de la mort, qu'elle vise paradoxalement à rationaliser. La sorcellerie fut citée dès l'Antiquité par Homère, Horace, Apulée, etc., et représentée dans la mythologie par le personnage de Médée. Au XIIIe siècle, la montée des hérésies manichéennes ou dualistes (bogomiles, cathares...) rendit la sorcellerie potentiellement plus dangereuse, et c'est seulement de cette époque, et surtout à partir du XIVe siècle, que date la persécution des sorciers. Celle-ci a laissé jusqu'à nos jours des traces dans l'imaginaire collectif. La composante sexuelle est nettement présente dans la fantasmagorie liée à la sorcellerie occidentale : les sorcières sont beaucoup plus nombreuses que les sorciers et sont censées avoir des rapports sexuels avec le démon, qu'elles rencontreraient lors des sabbats et, dans la mythologie germanique, au cours de la nuit de Walpurgis (1er mai), résurgence païenne de la célébration du printemps.



    La suite, est un extrais de procès de Sorcellerie.

    En avril 1662, dans le comté de Nairn, à Auldearn, la sorcière Isobel Gowdie fut traduite devant un tribunal composé du shérif du comté, du pasteur de la paroisse, de sept gentilshommes du pays, et de deux hommes de la ville. Isobel Gowdie était une femme mariée mais il était difficile de lui donner un âge. Elle était au service du Diable depuis quinze ans et celui-ci l'avait baptisée dans l'église paroissiale.

    Elle s'accusait d'avoir expérimenté toutes les formes connues de sorcellerie.

    Elle faisait partie (comme c'était l'habitude) d'un groupe de treize membres qui formait une sorte de harem pour le Malin.

    Les réunions avec Satan étaient fréquentes. Les membres du groupe portaient tous un surnom : pickle, over the dyke with it, able and stout ...

    Chacun avait un esprit qui le protégeait et chaque esprit avait un nom : the red riever, the roaring lion ...

    Isobel Gowdie décrivit le Diable comme un homme trés grand, noir et rude.

    En général, les charmes servaient à donner ou à prolonger les maladies. Isobel Gowdie raconta l'histoire suivante : l'hiver dernier, le pasteur avait du s'aliter. Les membres du groupe s'étaient réunis et suivant les instructions du Diable, ils avaient rempli un sac d'un mélange d'entrailles de crapaud, de rognures d'ongles, de foie de lièvre, et de chiffons, le tout mariné dans de la bière. Face à l'horrible mixture, ils avaient prononcé les paroles du charme plusieurs fois.

    La nuit venue, ils s'étaient introduits dans la chambre de Harry Forbe le pasteur, malade et couché, et l'avaient touché avec le sac. L'un deux renouvela cette opération le jour suivant, pour renforcer l'efficacité ...

    Isobel déclara aussi que le lait de vache pouvait conjurer le charme. Pour pallier cette éventualité, les membres du groupe avait tressé, d'une certaine façon, la longe de la vache du pasteur, en invoquant le nom du Diable et l'avaient tirée entre les pattes postérieures. Cela faisait tarir le lait. Pour que la vache puisse à nouveau donner du lait, il suffisait de couper la corde.

    Isobel confessa un autre agissements diabolique : rendre les terres stériles. Près de Candlemans, les membres du groupes fabriquèrent une charrue avec une corne de bélier en guise de coutre et un morceau de corne de bélier en guise de soc. Ils y attelèrent des chevaux. Du chiendent servait de guide. John Young de Mebestown conduisait les chevaux et le Diable manœuvrait la charrue. Puis le Diable céda sa place, chacun creusa plusieurs sillons dans le sol en implorant le Diable pour que cette terre ne porte désormais que chardons et bruyères.

    On ne sait comment finit Isobel Gowdie. Mais il est plus que probable qu'elle périt sur le bûcher.


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