La porte symbolise le seuil, le lieu de passage. Elle est également liée, symboliquement, à l’idée de la maison, de la patrie ou du monde que nous laissons derrière nous et que nous réintégrerons, toujours « à travers » elle. La porte est un symbole féminin dans le sens d’ouverture, d’invitation à pénétrer dans le mystère, contrairement au mur, obstacle fermé, qui serait masculin.
Dans le rituel chrétien, « Janua Coeli », porte du ciel, nous trouvons une des invocations dans les Litanies à la Vierge, qui évoque ce symbolisme féminin. Il existe une relation entre la fonction symbolique de la porte en tant que possibilité visible et extérieure qui permet le passage vers l’extérieur, et le centre, qui, tout en étant profond, enfoui et invisible, donne son sens à l’ensemble.
C’est la raison pour laquelle, il existe, entre la porte du temple et l’autel, situé dans le Sancto Sanctorum, la même relation qu’entre la circonférence et le centre. Les éléments extérieurs dans cette relation sont, d’une certaine façon, proches de l’élément axial, car ils se déterminent mutuellement et sont le miroir l’un de l’autre. Ce « reflet » réciproque est perceptible dans la décoration architecturale des cathédrales où, très souvent, le portail est similaire au retable de l’autel majeur.
L’art médiéval européen adosse fréquemment aux portes principales la tête d’un monstre, tenant entre ses crocs un anneau pendant, symbole de la « porte étroite » ou des épreuves qu’il fallait surmonter pour pouvoir entrer dans les Mystères, auxquels on ne peut accéder, comme on le sait, qu’au bout de dures épreuves. Peut-être que le dicton populaire « passer par le chas d’une aiguille » vient de cette tradition des épreuves initiatiques, pour en signifier la difficulté.
En Chine, ce monstre des portes est « Tao-tie », de l’époque des Han, portant un masque avec des mâchoires de carnivore, une espèce d’ogre dévoreur qui détruit et avale les formes matérielles usées. Il est une sorte de « gardien des portes », comme le « Kâla-mukha » en Inde. Aujourd’hui encore, nous pouvons voir des « heurtoirs » de ce genre, orner bon nombre de portes de nos demeures.
Janus, le dieu à double visage des Romains, était le Gardien des Portes de la Rome antique. Ses attributs sont la clé et la baguette du portier qui lui sert à repousser tout ce qui ne peut franchir la porte menant à l’année nouvelle. Son temple, situé sur le Forum, avait ses portes ouvertes en temps de guerre et fermées en temps de paix.
Chez les anciens Scandinaves, les exilés emmenaient avec eux la porte de leur maison ou alors ils la jetaient à la mer et ils abordaient sur le rivage où la porte venait s’échouer. Ils voyaient dans ce voyage la main du destin qui voulait les conduire à cette destination. C’est ainsi, dit-on, qu’a été fondée en 874, Reykjavik, capitale de l’Islande.
Bises