• La mort - Conceptions de l'enfer


    L'enfer, lieu de supplice pour les damnés, aurait été créé à l'origine pour les démons. Il constitue un séjour définitif (cf. le Synode de Constantinople de 543). « Vous qui entrez ici, perdez tout espoir », écrira même Dante sur son porche d'entrée. Il n'y aura pas d'amnistie.
    Les fresques peignent l'enfer sous les jours les plus terrifiants : fournaises, fers chauffés à blanc, abîmes pestilentiels, roues armées de dents acérées, matelas de charbons ardents, légions de démons cornus et fourchus... Mais tous les théologiens s'accordent à reconnaître, derrière saint Paul, que la première souffrance encourue y sera le « dam », c'est-à-dire la privation de Dieu. La pensée chrétienne moderne analyse plutôt les flammes comme des tortures psychiques engendrées par l'âme révoltée (peur, remords, rébellion contre Dieu), et qui se trouveraient naturellement éteintes si l'âme consentait d'elle-même à se tourner vers l'amour divin.

    L’enfer n’est pas une spécificité de la religion chrétienne. Toutes les cultures ont conçu une vie dans l’au-delà, au départ comme un prolongement de la vie terrestre. Puis apparaît le thème du jugement des actes du vivant et de la " pesée de l’âme " conduisant à une répartition entre élus et damnés. Un espace spécifique est alors affecté à ces derniers, condamnés en raison de leurs fautes à des souffrances et supplices éternels.

    Chez les bouddhistes,

    l'enfer s'attache à punir l'aspect psychologique des fautes humaines. Les pécheurs expieront leurs péchés en éprouvant tantôt le froid le plus intense, tantôt la chaleur la plus épouvantable, dans leur traversée des neuf enfers du feu et des neuf enfers du froid. Le juge des morts pèse les bonnes et les mauvaises actions dans sa balance de la justice, avant de livrer les âmes coupables aux bourreaux infernaux.

    Le royaume d'Hadès

    Le monde des Enfers, qui apparaît fréquemment dans la mythologie grecque, était régi par le dieu Hadès (nom qui désigne également les Enfers). Frère de Zeus et de Poséidon, Hadès était habituellement exclu de la liste des Olympiens parce que son royaume était l'opposé de l'Olympe céleste. C'est aux Enfers que les âmes des hommes étaient Jugées après la mort et, le cas échéant, punies dans les sombres régions infernales de l'Érèbe et du Tartare. Cependant les Enfers englobaient aussi les champs Élysées ou îles des Bienheureux, où séjournaient les âmes vertueuses. Chez Homère, l'Hadès est situé dans une région privée de soleil, au-delà du grand fleuve Océan qui entoure la Terre. Quand les Grecs découvrirent de nouvelles parties du monde, une autre tradition localisa les Enfers au centre de la Terre : ils étaient reliés au monde des vivants par des cavernes insondables et des rivières souterraines comme l'Achéron (fleuve de l'affliction), l'un des cinq fleuves des Enfers, qui coulait dans le nord de la Grèce. Les quatre autres étaient le Styx (fleuve de la haine) qui entourait les Enfers, le Léthé (fleuve de l'oubli), le Cocyte (fleuve des gémissements) et le Phlégéthon ou Pyriphlégéthon (fleuve de feu). Charon, le nocher des Enfers, faisait traverser aux âmes des morts le Styx et, dans certaines légendes, les autres fleuves.

    L'enfer est décrit par le Coran

    suivant les représentations populaires classiques, dominées par le feu, la poix brûlante et le soufre fondu. Le « Paradis de Mahomet » exprime à l'inverse le paroxysme des joies terrestres - sources, banquets, jeunes filles radieuses - , sous forme de ce que la civilisation arabe du VIIe siècle a produit de plus merveilleux dans ses palais et ses jardins (le mot Janna, « jardin », est employé 66 fois dans le Coran). Mais la plupart des théologiens modernes et l'Islam d'inspiration mystique tel le Soufisme y lisent avant tout une métaphore des joies spirituelles dont la plus élevée est la vision de Dieu. Le Monde Ultime dans l'au-delà musulman commence aussitôt après le Jugement, quand l'état définitivement assigné au défunt ne connaîtra plus ni limite ni limitation.

    Civilisations antiques

    Dans de nombreuses civilisations antiques, le monde de l'après-mort est un séjour d'où l'on ne revient réservé aux morts pourvus d'une sépulture, les autres étant voués à hanter misérablement leurs anciens lieux de vie. La coutume, fort répandue, de pourvoir les tombes - au moins celles des puissants - d'un mobilier funéraire et de provisions indique que les morts y poursuivent une existence plus ou moins semblable à celle qu'ils ont menée sur Terre. Mais il s'agit d'une vie morne, exsangue, poussiéreuse, sans autre perspective qu'un enfoncement progressif dans l'oubli et le néant. Relèvent, par exemple, de cette catégorie l'Arallou des Assyro-Babyloniens, l'Hadès homérique, les Sources jaunes des Chinois et, à certaines nuances près, le Shéol de l'Ancien Testament. Quant aux habitants de ces « enfers », ils ne sont pas des âmes mais des spectres ou des ombres, décalques affaiblis des vivants qu'ils ont été.C'est là que démons, ou dieux déchus, tourmentent la foule des damnés. 
     Chez les grecs ce sont les Titans vaincu par Zeus, qui furent précipité dans le Tartare.

    Chez les Babyloniens

    L'enfer est une étrange ville souterraine, l'arallû, « que défendent sept murailles et sept portes ». Les damnés eux-mêmes formaient des troupes de démons acharnés à tourmenter leurs compagnons de malheur :  Les démons occasionnels, les edimmu, sont les mal satisfaits de l'au-delà ; ce sont les esprits de tous ceux qui n'ont pas eu un minimum de bonheur dans l'existence ou qui l'ayant atteint, en on été prématurément privés. Ce sont les esprits des filles nubiles mortes vierges, des prostitués mortes de maladie, des femmes mortes en couches ou alors qu'elles allaitaient encore, des péris en mer ou par noyade quelconque, des accidentés (l'homme qui a chu d'un palmier). Enfin ceux qui sont morts sans enfants n'auront laissé personne pour assurer  leurs offrandes funéraires, ceux qui sont morts sans avoir reçu de sépulture, feront partie de la cohorte revendicatrice.

    On entrevoit ici quelque chose de cette intuition profonde selon laquelle les tourments des damnés sont l'oeuvre des damnés eux-mêmes.

    L'enfer égyptien

    est un monde infiniment plus grandiose. La morale qui préside au jugement des morts est d'une sublime pureté, et la géographie du domaine maudit est d'un effrayante richesse. C'est un région immense, coupée de murailles et de portes fortifiées, jonchée de marais boueux et de lacs de feu autour de chambres mystérieuses.L'une des grandes préoccupations des Égyptiens était de connaître à l'avance le chemin qu'il fallait suivre pour ne pas s'égarer dans les labyrinthes de l'au-delà et les mots justes qu'il fallait répondre lors des épreuves imposées aux morts. C'est ainsi qu'on trouve sur certains sarcophages hermopolitains, une véritable carte accompagnée de textes assez confus, et sur laquelle on voit un fleuve coulant d'un bout à l'autre du pays infernal ; sur l'une des berges se déroule un chemin, sur l'autre un canal, les deux seules voies utilisables par les défunts ; toutes les deux sont irrégulières, coupées de tournants brusques, de portes de feu où veillent des gardiens féroces, le tout grouillant de serpents, de monstres prêts à anéantir les âmes indignes. Mais l'épreuve la plus grave était, à coup sûr, le jugement du mort par les quarante-deux juges des enfers, par devant Osiris, Thot, Horus et Anubis. Les morts qui échouaient à cet examen, n'avaient point accès au royaume d'Osiris, c'était pour eux un grand malheur, car ils gisaient rongés par la faim et la soif dans leur tombe et ne voyaient le soleil ni du jour ni de la nuit. Dans se monde dépouvante, les morts sont réduits à manger leurs propres excréments, ils sont livrés à des bourreaux et à des serpents monstrueux tels qu'Apop et Sati.


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