• Le jour où je me suis aimé pour de vrai, j’ai compris qu’en toutes circonstances, j’étais à la bonne place, au bon moment. Et, alors, j’ai pu me relaxer.
    Aujourd’hui, je sais que ça s’appelle ... Estime de soi.

    Le jour où je me suis aimé pour de vrai, j’ai pu percevoir que mon anxiété et ma souffrance émotionnelle, n’étaient rien d’autre qu’un signal lorsque je vais à l’encontre de mes convictions. Aujourd’hui, je sais que ça s’appelle... Authenticité.

    Le jour où je me suis aimé pour de vrai, j’ai cessé de vouloir une vie différente et j’ai commencé à voir que tout ce qui m’arrive contribue à ma croissance personnelle.
    Aujourd’hui, je sais que ça s’appelle... Maturité.

    Le jour où je me suis aimé pour de vrai, j’ai commencé à percevoir l’abus dans le fait de forcer une situation, ou une personne, dans le seul but d’obtenir ce que je veux, sachant très bien que ni la personne ni moi-même ne sommes prêts et que ce n’est pas le moment.
    Aujourd’hui, je sais que ça s’appelle... Respect

    Le jour où je me suis aimé pour de vrai, j’ai commencé à me libérer de tout ce qui ne m’était pas salutaire, personnes, situations, tout ce qui baissait mon énergie. Au début, ma raison appelait ça de l’égoïsme.
    Aujourd’hui, je sais que ça s’appelle... Amour Propre.

    Le jour où je me suis aimé pour vrai, j’ai cessé d’avoir peur du temps libre et j’ai arrêté de faire de grand plans , j’ai abandonné les méga-projets du futur. Aujourd’hui, je fais ce qui est correct, ce que j’aime, quand ça me plait et à mon rythme.
    Aujourd’hui, je sais que ça s’appelle... Simplicité.

    J’ai cessé de chercher à toujours avoir
    raison et me suis rendu compte de toutes les fois où je me suis trompé.
    Aujourd’hui, j’ai découvert... l'Humilité.

    Le jour où je me suis aimé pour de vrai, j’ai cessé de revivre le passé et de me préoccuper de l’avenir. Aujourd’hui, je vis au présent, là où toute la vie se passe.
    Aujourd’hui, je vis une seule journée à la fois, et ça s’appelle... Plénitude.

    Le jour où je me suis aimé pour de vrai, j’ai compris que ma tête pouvait me tromper et me décevoir, mais si je la mets au service de mon coeur, elle devient un allié très précieux.
    Tout ceci est Savoir vivre !


    Charles Chaplin


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  • 1.- Dieu est unique. Même l’affirmation chrétienne de la Trinité de Dieu trahit, pour les juifs, le message révélé. Le shema l’illustre d’ailleurs très bien (Dt 6,4). Il est différent de la nature qu’Il a créée entièrement. Dieu n’est pas une puissance obscure mais un être agissant continuellement dans l’histoire humaine.

    Il faudrait ajouter ici quelques éléments pour mieux comprendre la nature de Dieu. Au départ, le Dieu d’Israël n’est pas un Dieu limité à Israël. Il est le Dieu de tout l’univers et de tous les humains. Sa relation historique avec Israël ne l’empêche pas d’être le Dieu de tous, au contraire. Nous verrons plus loin qu’Israël aura d’ailleurs pour tâche de proclamer ce Dieu aux nations. Mais le Dieu d’Israël est un Dieu qui dépasse toutes choses. L’univers entier lui est soumis et il est en droit d’être le seul à recevoir honneur et gloire. En ce sens, Dieu est transcendant. Mais la relation privilégiée d’Israël avec son Dieu a amené le peuple à découvrir au delà de cette effrayante transcendance, un Dieu aimant, gratuitement, des êtres qui sont constamment indignes de Lui. En agissant dans l’histoire, Dieu montre sa tendresse et son amour envers les humains. Il est près d’eux, comme un père doit l’être de ses enfants. Et à travers cette relation historique privilégiée, le peuple d’Israël a découvert l’immanence de Dieu, par les liens intimes qu’il a entretenu avec son peuple.

    En même temps que le sens de la transcendance, a grandi en Israël le sentiment de la proximité de Dieu, de l’intimité avec Lui, d’une familiarité profondément religieuse. Nombre de Psaumes exprimaient déjà cette composante de la révélation biblique et l’ont imprimée profondément dans l’âme juive. De même, déjà dans les confidences dont Dieu charge ses porte-parole, un Osée, un Isaïe, un Jérémie, on devine une immense tendresse pour ses enfants et en particulier pour son peuple. La bonté et la miséricorde apparaissent, dans bien des textes bibliques, comme le dernier mot de la manifestation de Dieu. Ainsi la frayeur primitive - qui, en elle-même, n’excluait pas la familiarité, comme nous le voyons par exemple chez Abraham - se transforme de plus en plus en crainte filiale. Dieu se révèle de plus en plus comme un Père à l’égard de son peuple, mais aussi à l’égard de chacun de ses fidèles et envers tous les hommes. On ne loue pas seulement sa Majesté sacrée et sa Puissance redoutable, mais également et plus encore le Dieu "miséricordieux et compatissant, lent à la colère, riche en bonté et en fidélité" (Ex 34, 6 ss). (Démann pp.56-57)

    Nous voyons ainsi mieux pour quelle raison nous répétons depuis le début de cet ouvrage que le Judaïsme est un monothéisme éthique. Il est en fait la réponse de l’humain à l’appel de Dieu. Il est la réponse d’un peuple à la manifestation de Dieu dans l’histoire, à l’élection du peuple d’Israël. Et en tant que réponse, il devra se traduire par des actes.

    Ce Dieu n’a pas agi dans l’histoire un jour il y a longtemps. Il agit constamment dans l’histoire. Ses interventions sont essentiellement guidées par sa justice. Elles ont un sens moral (Szlakmann, p.38). Dieu punit ou récompense l’humain pour ses actions.

    2.- Dieu a créé l’être humain à son image. Doté du libre-arbitre, l’être humain a fait entrer le mal dans le monde.

    Le Judaïsme insiste énormément sur cette liberté fondamentale et radicale de l’être humain qui contraste énormément avec la doctrine du péché originel du christianisme. Dans le Judaïsme, l’être humain n’a pas cette impossibilité radicale de faire le bien sans le secours de la grâce de Dieu. Dieu l’a doté de tout ce qu’il lui fallait pour faire le bien et, bien que le mal soit entré dans le monde par la faute d’Adam, l’humain n’a pas perdu cette capacité de faire le bien. La seule différence, c’est qu’il doit lutter contre une tendance à faire le mal qui coexiste en lui avec la tendance à faire le bien. Il peut toutefois choisir le bien par ses propres forces.

    Selon Szlakmann, le Judaïsme prône que l’humain présente un double aspect. D’une part il est constitué de matière et cela fait qu’il est poussé par ce qu’il appelle l’instinct du mal. D’autre part, il a été créé à l’image de Dieu, ce qui veut dire que Dieu a mis en lui une âme qui le pousse à rechercher le bien et le juste. C’est ce que l’on appelle la conscience morale et que le Judaïsme nomme l’instinct du bien.

    "...par souci d’une éducation rigoureuse du sens moral et par réaction contre la conception chrétienne de la grâce et contre le fatalisme musulman, les penseurs et les docteurs du judaïsme on été amenés à insister très fort, et parfois très exclusivement, sur la liberté de choix totale de l’homme placé devant la vie et devant la mort, devant le bien et le mal. Ils reconnaissent, certes, dans l’homme un mauvais penchant à côté d’un bon penchant, mais maintiennent fermement que, malgré tous les déterminismes qui enserrent la vie de l’homme, celui-ci, avec les lumières de la Loi et de sa conscience, et avec une aide d’en haut qui laisse sa liberté intacte, peut toujours choisir le bien. Selon une sentence talmudique, «à sa naissance, Dieu décide si l’homme sera faible ou fort, sage ou sot, riche ou pauvre, mais non s’il sera juste ou méchant.» Toute la vie juive ayant pris la forme d’une observance salutaire, en dehors de laquelle il n’y a que transgression coupable, on comprend cette insistance sur la liberté et la responsabilité de l’homme." (Démann, p.74)

    3.- Dieu a fait Alliance avec l’humain afin qu’il ne se perde pas et il lui a donné la Torah afin qu’il se perfectionne et se sauve lui-même. L’ensemble des préceptes viennent de Dieu et ont été révélé à Moïse au mont Sinaï. Seul le peuple d’Israël a entendu la voix de Dieu et désormais Israël a une mission dans le monde: celle de témoigner de Dieu par la mise en pratique de la Torah qui est universelle (pour tous les peuples, de toutes les époques).

    Nous avons vu plus haut que l’être humain, par son âme, aspire au bien. Cependant, même s’il aspire au bien de toutes ses forces, il ne sait pas ce qui est bien. C’est précisément ici que s’insère la révélation. C’est non seulement Dieu qui détermine dans sa justice ce qui est bien mais c’est aussi Lui qui l’a enseigné aux humains dans la Torah. Il est donc fondamental que tout juif l’étudie. D’ailleurs cette étude occupe une place essentielle dans la vie juive. Démann commente d’ailleurs cette assertion avec éloquence:

    "Le prix qu’on attache dans le judaïsme traditionnel à l’étude de la Torah, qui est un devoir pour tout israélite, constitue un hommage significatif a la Loi, à sa place centrale dans la vie juive. [...] En dépit des dangers d’étroitesse et de formalisme qui guettent toute tradition d’école et toute spécialisation trop poussée, dans l’ensemble cette vaste entreprise d’étude a su garder l’esprit de la religion de la Torah et n’a pas perdu de vue ce qui était son but: non pas une connaissance théorique de la Torah, mais un accomplissement plus exact, plus fidèle, plus parfait de ses prescriptions, qui sont une voie qui mène à la vie, à la justice, à la sainteté. Même quand la discussion se fait le plus subtile ... le but reste l’action, la pratique, l’application, l’observation de la Loi de Dieu. Dans un passage caractéristique du Talmud, on rapporte une discussion, à Lydda, sur la question: qu’est-ce qui importe davantage, l’étude ou la pratique? "Rabbi Tarfon répondit: c’est la pratique. Mais Rabbi Aqiba répliqua: c’est l’étude. Enfin tous se mirent d’accord: c’est l’étude qui est plus grande, car c’est l’étude qui mène à l’action." On retrouve la même hiérarchie des buts dans cette prière du Rituel juif: "Notre Père, qui es un Père plein de miséricorde, aie pitié de nous et rends notre coeur apte à comprendre, à savoir et à écouter, à apprendre et à enseigner, à observer et à pratiquer avec amour toutes les paroles de ta Torah." (Démann, pp.68-69)

    On comprend ainsi pourquoi le Judaïsme est essentiellement l’obéissance à la Torah dont l’étude est un devoir non pas pour lui-même mais précisément parce qu’elle mène à la mise en pratique des préceptes, les mitsvot. L’humain, entièrement libre de ses actes, devra en répondre tôt ou tard à Dieu qui est toute vérité, toute justice et toute paix, les trois valeurs de base du Judaïsme.

    Tout cela étant posé, il faut maintenant se demander ce qui arrive à la personne qui n’obéit pas à la Torah.

    Pour bien comprendre cela, il faut revenir sur une notion que nous avons vue lors de notre présentation de la Kabbale, la notion de Shekhinah. Il faudra aussi compléter maintenant la notion d’Alliance.

    Lorsque Dieu fait Alliance avec le peuple, l’enjeu pour les juifs est d’y rester fidèles, globalement, même si il est envisageable que des infidélités passagères viennent ternir cette Alliance. Cette fidélidé, nous l’avons vu, est essentiellement obéissance à la Torah. Ainsi sont posés deux éléments constitutifs de l’Alliance: le peuple et la Torah. Mais un troisième élément doit aussi entrer en ligne de compte pour bien comprendre le judaïsme, c’est la Terre Sainte. En effet, au coeur de la promesse de Dieu se situe le Terre promise que les juifs reçoivent en échange de cette fidélité. Cette Terre est celle de la Révélation. Cette Terre est celle où la gloire de Dieu, la Shekhinah, se manifeste en plénitude. La Terre Sainte fait donc également partie de l’Alliance et en est indissociable. Cela est tellement vrai que dans l’esprit des rabbins, lorsque les juifs habitent une terre étrangère, lorsqu’ils sont en exil, la Shekinah aussi est en exil. L’obéissance à la Loi ne peut donc pas être aussi parfaite qu’en Terre promise. Il en ressort que l’infidélité est toujours péché et jamais excusable mais qu’il faut s’attendre à plus d’infidélité en Exil qu’en Terre Sainte.

    Le péché, qui est donc transgression de la Torah, a une conséquence importante pour tout le peuple. Celui-ci marque la rupture de l’Alliance et chasse la Shekhinah. Pour l’ensemble du peuple, il retarde la venue du règne de Dieu, et pour celui qui l’a commis, il entraîne inévitablement un châtiment de la part de Dieu. Souvent, cette sanction n’est pas immédiate, car Dieu espère toujours que le pécheur reviendra à Lui. Pour cela, il faut que l’humain se repente. Le repentir (Techouvah) n’est pas le regret. Car le regret n’est pas suffisant pour obtenir le pardon. Le Techouvah est bien sûr regret de sa faute mais aussi changement de comportement, rejoignant ainsi le coeur du judaïsme pour qui l’obéissance à la Loi est fondamentale. On aura beau regretter de toutes ses forces, si l’on ne change pas son comportement, on n’est pas pardonné.

    Si l’on revient à Dieu, cela attire récompense et bénédiction. Si l’on s’obstine dans le péché, alors cela est très grave car on attire sur soi le jugement divin.

    Après la mort, tout peut donc arriver, selon la vie qu’on a menée. Citons ici Epstein qui explique bien l’idée de rétribution développée par le Judaïsme. On notera au passage que d’une part les châtiements y sont moins sévères que dans le christianisme et que d’autre part le Judaïsme reste fidèle à sa conception d’universalité de la Loi en prévoyant cette rétribution autant pour les juifs que pour les non juifs.

    Le Judaïsme enseigne qu’il y a une géhenne, qui est identifiée à la fosse en flammes dont il est question en Is 30, 33, et un lieu de bénédiction, le Gan Eden (Jardin des Délices), et c’est tout. Il est dit que les méchants, sauf cas exceptionnels, passent douze mois dans la géhenne, après quoi ils entrent au Gan Eden pour y goûter en compagnie des justes, selon le mot d’un rabbin, la splendeur de la Shekhinah (Présence divine) et la vie éternelle. Il ne s’agit pas d’une existence inactive. Commencée dans cette vie, la coopération avec Dieu pour Son dessein dépasse, dans la pensée juive, la vie terrestre. Même après que l’individu s’est dépouillé de son apparence périssable, son esprit immortel continue de progresser, accroissant le trésorde force morale qui avance la consommation du dessein éternel de Dieu. [...] Le Gan Eden n’est d’ailleurs pas réservé au seul Israël. Dans la doctrine juive, une récompense attend dans l’Au-delà les pieux des nations du monde. Le Judaïsme fait dépendre le salut de la bonne conduite et, en conséquence, toutes les nations ont part aux bénédictions de la vie future. (Epstein, pp.134-135)

    4.- Le Peuple d’Israël, bien que dispersé, verra un jour son peuple rassemblé en Terre Sainte et, en ces temps messianiques, l’humanité acceptera Dieu et atteindra la connaissance et l’amour de Dieu.

    Nous avons dit plus haut que la Terre Sainte est indissociable de l’Alliance car elle est constituante de la promesse de Dieu. Sa possession est toutefois conditionnelle au respect de la Torah et toute désobéissance peut entraîner le rejet de la Terre. Ainsi, le Judaïsme attribue généralement à ses propres fautes son exil ainsi que les persécutions dont il fut l’objet. Cependant, cela n’excuse pas les persécuteurs qui auront un juste châtiment.

    Mais le Judaïsme est animé également d’une espérance fondamentale: l’avènement du règne messianique. Le messianisme a été développé dès le 6e siècle avant Jésus-Christ par les prophètes et s’est affiné durant toute l’histoire juive. Cette attente est le coeur de la foi juive et c’est ce que nous tenterons de résumer bien schématiquement ici.

    Un jour, l’ère messianique arrivera. En quoi consistera-t-elle? En fait, il s’agit de la conviction qu’un jour Dieu règnera sur Israël et, par Israël, sur le monde tout entier.

    Un Messie viendra d’abord. Ce ne sera pas Dieu mais un homme issu de la lignée du roi David, choisi spécialement par Dieu et qui rétablira Israël sur sa Terre. Ce sera un retour (Techouvah) tant sur le plan matériel du retour en Terre promise que sur le plan spirituel de repentance. Sur cette terre, Israël pourra vivre en paix. D’ailleurs, à ce moment, aucune nation ne se battra plus. Ce sera l’avènement définitif de la paix universelle. L’humanité reviendra au végétarisme qui prévalait avant Noé, et l’humanité toute entière reconnaîtra en Dieu le vrai Dieu et acceptera sa souveraineté sur le monde. Le monde entier se réconciliera alors avec Israël et Jérusalem deviendra le centre spirituel mondial.

    Cela s’accomplira en son heure et les spéculations sur la date de la venue des temps messianiques ne sont pas pertinents. Tout au plus peut-on affirmer que la droiture du peuple juif a le pouvoir de hâter ces temps comme son infidélité la retarde. On sait aussi que cela viendra après de nombreuses catastrophes, au cours du 7e millénaire. Or, selon le calendrier juif, nous sommes à la fin du 6e millénaire et c’est sans doute pourquoi plusieurs ont vu dans l’installation d’Israël sur son territoire un signe précurseur de cette ère. A ce moment, le monde continuera de fonctionner selon les lois naturelles qui prévalent aujourd’hui et tous vivront en paix. Après cela viendra la résurrection des morts.

    En guise de conclusion, il faut citer Epstein qui résume tout cela dans un très beau texte:

    Le Royaume de Dieu, dans sa conception terrestre et sociale, donne la clé de toutes les manifestations du Judaïsme et, en fait, la solution à l’énigme de l’existence du peuple juif. Les Juifs, on l’a dit, espèrent contre toute espérance. Aucun peuple n’a souffert plus que les Juifs de l’inhumanité de l’homme envers l’homme, et pourtant ils ont refusé de désespérer du monde ou de l’humanité, et n’ont jamais renoncé à croire à la regénération et perfection finales de l’homme. Cette croyance n’est pas le produit d’une époque récente, dû à un sentiment de déception et de désespoir cherchant le soulagement dans le vague espoir de jours meilleurs; c’est une véritable tradition historique, fondée sur la conviction que Dieu a choisi ce monde pour en faire le théâtre d’un ordre divin où la bonté et la vérité règneront sans restriction.

    Pour le Judaïsme, le Royaume de Dieu sera inauguré par le Messie. Le Messie sera le personnage central d’une époque qui verra le règne de la justice sur la terre, justice qui apportera à tous la paix et une plénitude parfaite de ce qui est nécessaire pour mener une vie droite, mais sans enlever le besoin du sacrifice exigé par un idéal sans cesse élargi. Mais le Messie juif n’est pas un être surnaturel, pas plus qu’un être divin fondé à pardonner les péchés; il ne saurait a fortiori être confondu avec Dieu. Tout au plus est-il un mortel qui sera l’instrument de la pleine réhabilitation d’Israël à posséder son ancienne patrie et, par l’intermédiaire d’un Israël restauré, opérera la regénération morale et spirituelle de toute l’humanité, en rendant chaque homme propre à devenir citoyen du Royaume. Alors le règne du Seigneur sera universel. Comme le dit le prophète: "L’Éternel sera roi de toute la terre; en ce jour-là, l’Éternel sera le seul Éternel, et Son Nom sera le seul nom." (Zach. 14,9); et, dans cette universalité d’une religion véritable, professée par tous les hommes et réalisée dans toutes leurs relations avec Dieu et avec leurs semblables, le dessein de Dieu trouvera son accomplissement sur la terre.

    Le Royaume de Dieu sous sa forme messianique et terrestre ne fait que préparer la consommation du Royaume dans le monde à venir, qui sera au-dessus de l’histoire et au-dessus de la Nature, monde que, selon le mot d’un rabbin, "aucune oreille n’a entendu et aucun oeil n’a vu" (cf. Is. 64,3). À cet ordre de choses qui transcende la Nature et l’histoire sont associées les doctrines de la résurrection des morts et de l’universel Jugement Dernier, quand la fin de toutes les voies de Dieu sera manifestée et que la parfaite consommation de Son dessein sera accomplie. (Epstein, pp.131-132)


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  • J'ai rêvé ce matin que demain tous les hommes
    Enfin se lèveront en ayant bien compris
    Qu'ils sont faits, qu'ils sont nés pour vivre ensemble en frères;
    J'ai rêvé ce matin d'une foule qui prie.

    J'ai rêvé ce matin que bientôt chaque noir,
    Chaque humain de couleur pourra faire valoir
    Son savoir, son labeur, toute sa dignité;
    La couleur de sa peau ne pourra le juger.

    J'ai rêvé ce matin que le mot fraternel
    N'aura plus jamais cours pour gonfler les discours :
    Il sera façonné par les lois éternelles;
    Il sera vérité, en tout lieu, chaque jour.

    J'ai rêvé ce matin que partout sur la terre
    Les épées serviront comme outils de labour.
    Jamais plus les nations ne choisiront la guerre;
    Pour unique armement, on n'aura que l'amour.

    J'ai rêvé ce matin que soudain les vallées
    Se seront élevées et les monts abaissés;
    Quand seront aplanis les chemins rocailleux,
    Enfin nous le verrons, le visage de Dieu.

    J'ai rêvé ce matin que bientôt notre foi
    Nous rendra audacieux et ouverts à l'action.
    Les enfants du seigneur marcheront dans la joie,
    L'espérance et la paix fleuriront l'horizon.

    Jean-Jacques DELORME


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  • Le vrai tombeau des morts, c'est le cœur des vivants. » Cette célèbre citation de Jean Cocteau contient à elle seule deux des questions les plus épineuses auxquelles ont dû faire face les mortels : que faire du corps du défunt et comment accepter sa mort, lui rendre hommage ?
    Dans nos sociétés modernes, « concernant la mort, seul un tabou premier et essentiel demeure encore immuable : celui de la putréfaction, estime Henri Duday, paléoanthropologue et directeur de recherche CNRS au laboratoire « De la préhistoire à l'actuel : culture, environnement et anthropologie »1. On continue d'enterrer ou de réduire le corps en cendres, mais jamais on ne laisse un défunt pourrir sans protection. » Même pendant les périodes de morts massives, pandémies ou grandes catastrophes, il y a malgré tout une tombe, commune et sans épitaphe. « Car l'inhumation fournit aussi une légitimité à occuper un territoire, indique le chercheur. Elle fonde la propriété, celle de la terre des ancêtres. » Violer une tombe devient alors de fait sacrilège. Un véritable acte de guerre. « À Carcassonne, on a retrouvé un dolmen qui servait de sépulture à la fin du néolithique, poursuit-il. À cette même époque, des hommes avaient « vidangé » de façon brutale les restes humains dont certains encore en décomposition, avant d'abattre le monument, d'en ériger un autre au même endroit et de l'utiliser pour une centaine d'individus. Cette appropriation brutale était une conquête du sol par les morts. »
    Toutefois, l'horreur inspirée par le cadavre se décomposant à l'air libre n'est pas universelle, comme en témoignent les rites des chasseurs de Sibérie ou des pasteurs nomades Dörvöd du Nord-Ouest de la Mongolie. « Malgré l'introduction de l'inhumation dans les années 1950, nombre de ces pasteurs nomades rechignent encore aujourd'hui à enfermer les restes de leurs défunts sous la terre », précise Grégory Delaplace, anthropologue au laboratoire « Groupe sociétés, religions, laïcités »2. Chez eux, les cadavres sont déposés à même le sol sur le flanc des montagnes et mis à la disposition des animaux, qui dévorent la chair et dispersent les os jusqu'à ce que rien ne reste de la dépouille. « Loin d'être barbare, le rite célèbre le cycle éternel où l'homme rend à la nature ce qu'elle lui a donné, décrypte Grégory Delaplace. Mourir devient un échange permanent entre les humains et les gibiers. » On retrouve cette pratique du don et de la sépulture de l'air chez les peuples bouddhiques sédentaires d'Himalaya et du Tibet, où le corps, généralement disséqué sur un rocher sacré, est ensuite laissé en pâture.

    Et après l'église…
    Reste que ces rites religieux qui permettent d'apprivoiser notre angoisse face à la mort évoluent. En Occident, depuis la déchristianisation, « rien de satisfaisant n'a été prévu pour remplacer l'Église et donner un accompagnement personnalisé aux citoyens », analyse Fabienne Duteil-Ogata, membre associée au Laboratoire d'anthropologie urbaine3 et membre du programme ANR Funérasie4. Certes, il existe des enterrements civils mais ces cérémonies laïques se résument souvent à des gestes techniques. Une déritualisation qui n'adoucit pas la mort.
    A contrario, au Japon, l'adaptation à marche forcée des moines bouddhistes et d'autres acteurs sociaux face à la nouvelle donne familiale moderne, a permis de faire évoluer les traditions. « Avant, le fils aîné, chargé d'entretenir le culte des ancêtres, devait accomplir les rites jusqu'à 33 ans après leur mort », resitue Fabienne Duteil-Ogata. En cas de manquement, un malheur pouvait s'abattre sur la famille indigne. Mais avec la désintégration du noyau familial, la baisse de la natalité et l'urbanisation, le culte des ancêtres s'est trouvé menacé. « Les religieux se sont donc adaptés, poursuit la chercheuse. Ils ont proposé des “tombes collectives aux cultes éternels” pour lesquelles ils exécutent les rites à la place des éventuels héritiers.Tandis que parallèlement, émergeait une nouvelle tendance : l'appropriation du mort. Les proches, s'ils ne rendent plus de culte, veulent paradoxalement toucher le disparu dont les cendres étaient auparavant enterrées. » Aujourd'hui, elles peuvent être partagées entre les membres de la famille et même les amis, transformées en diamant synthétique à porter en bijoux ou incorporées dans un objet représentant une divinité. Certains tabous de l'inhumation sont en train de tomber.D'autres viendront peut-être prendre le relais.

    Camille Lamotte

    1. Unité CNRS / Université Bordeaux-I / Ministère de la Culture et de la Communication / Inrap.
    2. Unité CNRS / EHESS.
    3. IIAC / LAU (unité CNRS / EHESS / Ministère de la Culture et de la Communication).
    4. Le projet « FunérAsie, expansion de l'industrie funéraire en Asie du Nord-Est, enjeux économiques, spatiaux et religieux » est coordonné par Natacha Aveline.

    Suicide : l'ultime tabou
    Se donner la mort est mal perçu dans nos sociétés. L'acte véhicule une forte valeur négative et est considéré comme une erreur, un gaspillage, un drame, parfois une lâcheté et même un péché. Pourquoi une telle réprobation ? D'abord, parce que le suicide subit un interdit très fort dans la plupart des religions. Par son geste, le suicidé s'oppose à la justice divine… et à la justice des hommes. La société ne s'y est d'ailleurs pas trompée : malgré la fin de l'emprise religieuse, le suicide reste un tabou prégnant, une menace pour son organisation : même en démocratie, un citoyen ne s'appartient pas vraiment. Son suicide est vécu comme un gâchis pour la communauté dans laquelle il doit s'impliquer, pour sa construction ou sa défense.
    Mais le suicide n'a pas toujours été rejeté. Les premières grandes civilisations de Chine et d'Égypte pratiquèrent de nombreux suicides d'accompagnement, un rituel où la loyauté érigée en convenance sociale obligeait les esclaves, fidèles compagnons et épouses, à suivre le défunt dans l'au-delà pour continuer de l'y servir. Les traditions japonaise et romaine voyaient dans le suicide un acte positif dès lors que l'acte était mû par une notion de sacrifice ou d'honneur. Une fidélité sans faille à la mort d'un supérieur ou un acte philosophique pour échapper à un tyran. « Mais ces morts sont davantage dictées par les codes et rituels de la société dans laquelle le suicidé évolue, que par des motifs personnels indépendants comme le désespoir », considère Charles MacDonald, directeur de recherche émérite CNRS, à l'unité d'Anthropologie bioculturelle1. En réalité, aucune société n'encourage ce dernier type de suicide. Sans doute parce que, radicalement contraire aux règles de la vie en commun, la tolérance au suicide remet en cause l'organisation sociale et la survie même des autres. On préfère alors l'entourer de silence, pour protéger le groupe de la contagion.
    C. L.

    extrait du "journal du CNRS"


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  • (image nouweo.com)

    Se demander si la vérité est relative à chacun, exige d’abord que l’on définisse ce que l’on entend par « vérité ». Dans un sens général, c’est la représentation mentale ou l’expression de ce qui est vrai, un accord de nos jugements avec la réalité, une affirmation de ce qui existe ou la négation de ce qui n’existe pas. Aujourd’hui, dans ce monde où plus de six milliards d’individus se côtoient, avec plus de deux cents langues parlées, tellement de croyances, de religions, de philosophies différentes… il semble légitime de s’interroger sur la relativité ou non de la vérité, de tenter de savoir si elle est relative à chacun, si chacun en a une conception différente ou si la vérité vraie ne peut être qu’absolue, universelle, commune à tous.
        Ici, la vérité est considérée comme relative, comme si chacun pouvait disposer d’une vérité qui ne serait que la sienne, on peut donc se demander si une vérité qui n’est que vraie pour moi est encore une vérité ? Faut-il considérer comme vérité que ce qui est universel, scientifiquement prouvé ? Est-ce que la vérité peut être différente selon les individus ?
        Pour tenter de répondre à cela, nous verrons dans un premier temps que chacun peut avoir sa conception de la vérité, puis nous nous pencherons sur le fait que cependant la relativité de la vérité semble nier le concept de vérité lui-même et enfin, dans un dernier temps nous analyserons l’importance de l’universalité de la vérité.
       
    Dans un premier temps, nous allons donc montrer que chacun peut avoir « sa » conception de la vérité. En effet, celle-ci peut être subjective à chacun et diffère selon les perceptions, les sentiments ou encore les opinions de chacun. Prenons l’exemple de deux individus, l’un trouve que les fraises sont bonnes et l’autre non. Dans ce cas là, deux vérités sont énoncées : « Les fraises sont bonnes » et « les fraises ne sont pas bonnes ». Ce n’est pas parce que ces deux personnes ne partagent pas leur opinion sur les fruits que l’un d’entre eux dit plus la vérité que l’autre. Cela dépend simplement des goûts de chacun de dans ce cas là, ce qui peut sembler vrai à l’un peut paraître faux pour l’autre. C’est une question de perception, et donc ici il semblerait bien que la vérité puisse différer dans l’esprit des individus selon leurs préférences et pourrait donc être considérée comme subjective, relative à chacun.

        La relativité de la vérité peut aussi être démontrée par la constante évolution dont elle fait l’objet. Ce qui était considéré comme vrai il y a des centaines d’années par exemple peut soudainement être nié aujourd’hui suite à de nouvelles découvertes. Ce qui semble être la vérité pour les darwinistes par exemple, sur la création du monde, c’est-à-dire la théorie du Big-Bang et le fait que les hommes descendent du singe paraît totalement dénué de sens pour les créationnistes pour qui, la vérité de la création du monde repose sur l’œuvre de Dieu et la naissance des hommes, sur l’existence d’Adam et Eve. Chacun appuyant de nombre de découvertes différentes pour prouver la vérité de sa théorie.
    Nous avons donc bien ici, un nouvel exemple de vérité subjective, relative à chacun selon ses croyances, ses convictions qui est régulièrement remise en cause par de nouvelles découvertes des chercheurs qui seraient prêts à nier une vérité qui semblerait pourtant réelle et logique, en un instant. On ne peut donc pas conclure ici qu’il y aurait des vérités indéniables et communes à tous, que personne ne pourrait bouleverser.

        Cependant, il semblerait que la relativité de la vérité nierait le concept de vérité lui-même. Si nous observons les « propriétés » de la vérité, il est vrai que par définition, elle exclu toute idée d’approximation et donc, l’idée qu’elle pourrait être autre qu’elle ne l’est.  Une vérité qui n’engage que moi, dont je suis le seul à soutenir l’existence peut-elle être encore réellement appelée vérité ? La vérité a un caractère qui doit être commun à tous et par conséquent il semble aberrant qu’elle puisse partager la subjectivité de nos sens. La vérité doit être observée dans son sens strict et dans ce cas précis elle doit posséder une vision qui doit être partagée par tous et non pas simplement par une seule personne.

        La vérité peut par ailleurs être indéniable lorsqu’elle provient de l’empirisme, c’est-à-dire de l’expérience. En effet, il est difficilement concevable que lorsque l’on affirme que « l’eau boue à 100°C » que quelqu’un nie cette vérité. Celle-ci est commune à tous et ne dépend pas de la conception de chacun ou de la différence de sensibilité. Il y a encore bien d’autres exemples de vérité indéniables partagées par chacun dont la négation semblerait être invraisemblable. On peut affirmer par exemple que tous les fondements vrais, de la vie, du monde, sont des illustrations de vérités communes à tous dont on ne peut imaginer qu’elles puissent être considérés comme relatives à chacun. Ces vérités semblent indubitables, et les nier consisterait à remettre en cause des centaines voire des milliers d’années de recherches auxquelles la découverte de ces vérités universelles répondent.

        Il serait donc intéressant de s’interroger dans cette troisième partie sur l’importance de l’universalité de la vérité. Certes, certaines vérités peuvent être conçues différemment selon les individus mais il semble évident que l’on ne peut pas tout relativiser.

        Prenons l’exemple des mathématiques. Il est logique et basique de dire que 2+2=4. Cela est vrai en dehors de toute expérience et tenter de relativiser cela à chacun semble invraisemblable. Il est de nombreuses vérités telles que celle-ci, difficilement compréhensibles et pourtant dont la réalité est indubitable. Certes, la chaleur du vent qui souffle dehors ou de la mer sera par exemple chaud pour l’un et froid pour l’autre. Tous les deux seront convaincus de dire la vérité puisqu’elle leur est dictée par leur propre corps et les sensations qu’ils ressentent. Elle semble donc être une vérité relative, que chacun peut déterminer selon son envie, mais il est également des vérités dont le caractère universel ne peut être nié.

        Nombre de vérités ont nécessairement besoin de rester universelles et non relatives à chacun. En effet si l’on se met à relativiser la loi ou encore les règles de bienséance, qui sont justes par définition et qui ont été établies comme de « vraies » règles a respecter pour le bon fonctionnement et que chacun les considère à « sa » manière peut rapidement devenir dangereux pour la société. Ou encore, si l’on apprend à des enfants par exemple, que toutes les vérités peuvent être relativisées, nous risquons vite d’avoir un monde où le mensonge sera devenu universel puisqu’on ne le considérera plus comme tel mais simplement comme des « vérités » relatives à chacun.

       
    On peut donc en conclure que certaines vérités peuvent être relatives à chacun puisqu’elles correspondent à des perceptions, croyances…qui diffèrent selon les individus. Cependant, dire « à chacun sa vérité » semble oublier le caractère premier de la vérité qui est le principal de beaucoup de vérités : son caractère commun. Une vérité doit être partagée par plusieurs personnes pour être reconnue comme tel. Il ne faut pas non plus omettre l’importance de l’universalité de certaines vérités pour tenter de préserver notre monde d’une hypocrisie totale qui consisterait à relativiser toutes les vérités.

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