• Les muses grecques


    Les Muses étaient filles de Jupiter et de Mnémosyne ou Mémoire. Au même titre que les Grâces, elles ont leur place dans l'Olympe, dans les réunions, les festins, les concerts, les réjouissances des dieux. Toutes sont jeunes, également belles, quoique différentes dans leur genre de beauté. Selon Hésiode elles sont au nombre de neuf, et, sur la Terre, comme dans l'Olympe, chacune a ses attributions, sinon distinctes, du moins déterminées :

    CLIO, nom formé d'un mot grec qui signifie gloire, renommée, était la muse de l'Histoire. On la représente sous la figure d'une jeune fille couronnée de lauriers, tenant en sa main droite une trompette, et de sa main gauche un livre qui a pour titre Thucydide. A ces attributs on joint parfois le globe terrestre sur lequel elle pose, et le Temps qui se voit près d'elle, afin de montrer que l'Histoire embrasse tous les lieux et tous les temps. Ses statues tiennent quelquefois une guitare d'une main, et un plectre de l'autre, parce que Clio était aussi considérée comme l'inventrice de la guitare.

    EUTERPE (en grec, qui sait plaire) avait inventé la flûte ou suggéré son invention ; elle présidait à la Musique. C'est une jeune fille couronnée de fleurs et jouant de la flûte. Des papiers de musique, des hautbois et autres instruments sont auprès d'elle. Par ces attributs, les anciens ont voulu exprimer combien les lettres ont de charme pour ceux qui les cultivent.

    THALIE (ainsi nommée du mot grec qui signifie fleurir) présidait à la Comédie. C'est une jeune fille à l'air enjoué ; elle est couronnée de lierre, chaussée de brodequins, et tient un masque à la main. Plusieurs de ses statues ont un clairon ou porte-voix, instrument dont on se servait pour soutenir la voix des acteurs dans la comédie antique.

    MELPOMÈNE (d'un mot grec signifiant chanter) était la muse de la Tragédie. Son maintien est grave et sérieux : elle est richement vêtue, et chaussée d'un cothurne ; elle tient d'une main un sceptre et des couronnes, de l'autre un poignard ensanglanté. Parfois on lui donne pour suivantes la Terreur et la Pitié.

    TERPSICHORE (en grec, qui aime la danse) était la muse de la Danse. C'est une jeune fille, vive, enjouée, couronnée de guirlandes, et tenant une harpe au son de laquelle elle dirige en cadence tous ses pas. Des auteurs la font mère des Sirènes.

    ÉRATO (d'Éros, amour) présidait à la poésie lyrique et anacréontique. C'est une jeune nymphe vive et folâtre, couronnée de myrte et de roses. De la main gauche elle tient une lyre, et de la droite un archet ; près d'elle est un petit amour, et parfois des tourterelles se becquètent à ses pieds.

    POLYMNIE (ou POLYHYMNIE, nom composé de deux mots grecs qui signifient beaucoup et hymne ou chanson) était la muse de la Rhétorique. Elle est couronnée de fleurs, quelquefois de perles et de pierreries, avec des guirlandes autour d'elle, et habillée de blanc. Sa main droite est en action comme pour haranguer, et elle tient de la main gauche tantôt un sceptre, tantôt un rouleau sur lequel est écrit le mot latin suadere « persuader ».

    URANIE (du grec Ouranos « ciel ») présidait à l'Astronomie. On la représente vécue d'une robe de couleur d'azur, couronnée d'étoile, et soutenant des deux mains un globe qu'elle semble mesurer, ou bien ayant près d'elle un globe posé sur un trépied, et plusieurs instruments de mathématiques. Selon Catulle, Bacchus la rendit mère de l'Hyménée.

    CALLIOPE (nom composé grec qui signifie un beau visage) était la muse de la poésie héroïque et de la grande éloquence. Elle est représentée sous les traits d'une jeune fille à l'air majestueux, le front ceint d'une couronne d'or, emblème qui, selon Hésiode, indique sa suprématie parmi les autres muses. Elle est ornée de guirlandes, tient d'une main une trompette, et de l'autre un poème épique. Les poètes la disent mère d'Orphée.

    Non seulement les Muses furent considérées comme des déesses, mais on leur prodigua tous les honneurs de la divinité. On leur offrait des sacrifices en plusieurs villes de la Grèce et de la Macédoine. Elles avaient à Athènes un magnifique autel ; à Rome elles avaient plusieurs temples. Ordinairement le temple des Muses était aussi celui des Grâces, les deux cultes étaient communs ou rarement séparés.

    On ne faisait guère de festins sans les invoquer et sans les saluer la coupe en main. Mais personne ne les a tant honorées que les poètes qui ne manquent jamais de leur adresser une invocation au commencement de leurs poèmes.

    Le Parnasse, l'Hélicon, le Pinde, le Piérus étaient leur demeure ordinaire. Le cheval ailé, Pégase, qui ne prête son clos et ses ailes qu'aux poètes, venait paître habituellement sur ces montagnes et aux environs. Parmi les fontaines et les fleuves, l'Hippocrène, Castalie et le Permesse leur étaient consacrés, ainsi que, parmi les arbres, le palmier et le laurier. Quand elles se promenaient en chœur, Apollon, couronné de laurier, et la lyre en main, ouvrait la marche et conduisait le cortège.

    On les surnommait, à Rome, Camènes, expression qui signifie « agréables chanteuses ». Leur surnom de Piérides vient de ce qu'elles fréquentaient le mont Piérus en Macédoine. Mais certains poètes donnent à ce mot une autre explication.

    Piérus, roi de Macédoine, disent-ils, avaient neuf filles. Toutes excellaient dans la poésie et la musique. Fières de leur talent, elles osèrent aller défier les Muses jusque sur le Parnasse. Le combat fut accepté, et les nymphes de la contrée, désignées pour arbitres, se prononcèrent pour les Muses. Indignées de ce jugement, les Piérides s'emportèrent en invectives et voulurent même frapper leurs rivales. Mais Apollon intervint, et les métamorphosa en pies. À cause de leur victoire dans ce concours, les Muses auraient pris le nom de Piérides.

    Le surnom de Libéthrides, donné aussi aux Muses, leur vient soit de la fontaine Libéthra, en Magnésie, soit du mont Libéthrius, lesquels leur étaient consacrés.


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