• Les babioles - Coventry Patmore


    Mon petit garçon avec ses yeux pensifs
    Ses gestes et ses mots tranquilles de grande personne
    M’a désobéi pour la septième fois,
    Et je l’ai frappé, je l’ai renvoyé
    Durement sans l’embrasser,
    Car sa mère qui était patiente est morte.
    Puis j’ai eu peur que le chagrin l’empêche de dormir
    Et j’ai été le voir dans son lit,
    Il était dans un profond sommeil
    Paupières battues et cils encore mouillés
    De son dernier sanglot.
    Alors, ému, je l’ai embrassé
    Et mes larmes remplaçaient les siennes
    Car sur une table tirée à son chevet,
    Il avait mis à portée de sa main
    Une boîte de jetons et une pierre veinée de rouge,
    Un bout de verre usé par la plage
    Et six ou sept coquillages,
    Une bouteille avec des campanules
    Et deux sous français, le tout rangé avec soin
    Pour consoler son pauvre cœur.
    Et ce soir là, dans ma prière,
    J’ai pleuré, j’ai dit à Dieu :
    Ah, quand à la fin nous serons couchés sans un souffle
    Et que, morts, nous ne te blesserons plus,
    Tu te rappellera de quelles babioles
    Nous avons fait nos joies
    Et comme nous avons peu compris
    Ta grande loi de bonté.
    Alors tu ne seras pas moins père
    Que moi dont tu as pétri l’argile,
    Tu laisseras ta colère, tu diras :
    Voyons, ce sont des enfants !


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