• Le futhark a su s’adapter à l’évolution de la langue qu’il représentait. Le premier est celui connu sous le nom d’« Ancien Futhark ». Il semble être le premier qui désigne vraiment les symboles runiques. Par contre, avec le temps et l’évolution de la langue étrusque, ces symboles qui représentent les sons émis dans le langage courant ne semblent plus satisfaire les peuples qui l’utilisent. Et différents Futhark selon les régions et époques apparaissent dans le monde.

    Le Futhark Anglo-Saxon a 28 runes au lieu des 24 de l’Ancien Futhark. C’est la langue frisonne et son évolution rapide qui entraîna ce changement pour mieux correspondre aux sons qui s’ajoutèrent. Ces runes frissonnes furent introduites en Grande-Bretagne par les colons frisons, angles, saxons et jutes venus du continent. Les runes northumbriennes quant à elles sont au nombre de 33. Elles semblent avoir été influencées par les Celtes et sont datées vers l’an 800 de l’Ère Chrétienne.


    Le nouveau Futhark vit le jour suite à des changements linguistiques importants survenue entre le VIIe siècle et VIIIe siècle. Les érudits scandinaves choisirent une voie différente des Anglo-Saxons et brisèrent l’ancien Futhark de 24 runes pour le construire sur 16 runes.

     

    En Suède, autour du XIIe siècle, une nouvelle rangée runique apparaît. Il s’agit des runes dites pointées. Ces runes étaient surtout utilisées comme support à l’écriture et non dans le domaine ésotérique.

    Puis, vers 1930, Guido von List, fondateur de la plus grande école runique allemande du XXe siècle, crée les runes armanistes. Ces runes sont composées de 18 caractères basés sur les 18 charmes du poème vieux norrois Hàvamàl. List va d’ailleurs laisser croire que ces runes sont les plus anciennes au détriment de l’Ancien Futhark.

    Aujourd’hui, beaucoup s’accordent sur le fait que l’Ancien Futhark est le plus intéressant à étudier et utiliser tant pour la divination, la magie que la recherche spirituelle.


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  • L’alphabet runique est utilisé en divination et en magie. Mais ces petits caractères anguleux gravés dans le bois ou la pierre sont aussi porteurs d’une sagesse extraordinaire, d’un message philosophique profond qui exprime parfaitement les différents états de conscience de l’homme et ses relations spirituelles avec ses semblables et les dieux.
    Les 25 runes nous racontent l’histoire de l’homme, nous allons vous la conter.

    Tout commence avec la rune Féoh (ou féhu) qui représente Frey le dieu de la fertilité. C’est le feu actif, l’étincelle de vie qui embrase l’univers pour lui donner la vie et ouvrir le cycle. Féoh nous invite à reconnaitre la source d’énergie fondamentale qui est en nous et dialoguer avec elle pour mieux nous connaitre et mieux utiliser notre potentiel.

    Toutefois Féoh serait inutile sans Uruz (Ur) qui est son réceptacle. Cette seconde rune est l’image du buffle sauvage, puissant et instinctif, mais aussi du ventre de la mère que vient ensemencer l’étincelle de vie de Féoh. Uruz est donc la vie et l’énergie en puissance, en attente de l’impulsion qui va l’animer et dispenser la vie dans le monde. Cette rune nous indique que les meilleures capacités dorment au coeur de notre être et que notre devoir est de les découvrir et de les exploiter.

    De l’union de Féhu et Uruz naît une vie primaire et instinctive représentée par Thorn (Thurisaz). C’est Mjôllnir, le marteau du dieu Thor, le bon colosse. C’est aussi l’épine de la vie qui réveille et stimule par l’expérience, amenant peu à peu la conscience. A chaque fois que nous nous blessions aux épines de la vie et que nous luttons, nous nous éveillons, nous faisons croître notre expérience.

    C’est à ce moment qu’Odin, représenté par Os (Ansuz), intervient. Il est le père vénérable des dieux, le maître de la sagesse suprême, celui qui se sacrifia deux fois pour attiendre le savoir absolu. Il a créé les premiers humains, Ask, l’homme, et Embla, la femme, et leur a insufflé l’esprit. La rune Os (Ansuz) représente donc la conscience qui fait de l’être instinctif un homme et l’élève vers le monde spirituel.

    Cette conscience nouvellement acquise provoque un élan vers l’avant, une progression vers la sagesse, les vérités révélées sont codifiées en règles , en lois. C’est Rad (Raidho) qui représente ce mouvement. Elle nous apprend que les expériences acquises n’auront de valeur que si elle sont transformées en règles de vie et appliquées quotidiennement.

    La discipline de Raidho entraine un développement de la créativité en Kenaz. Cette sixième rune représente le feu maîtrisé, la torche. C’est la flamme du forgeron, le feu qui transforme et qui crée par l’intermédiaire de l’artisan, c’est aussi l’inspiration du poète ou de l’artiste. Kenaz nous conseille de développer nos facultés par des réalisations concrètes, de maitriser notre énergie.

    Gyfu (Gebo) quant à elle symbolise le partage, sa forme en croix évoque l’interaction de deux forces. L’homme offre ce qu’il a créé et donne ainsi un sens à ses créations. Le don permet d’expérimenter l’harmonie au sein du groupe. Cette harmonie dans la famille, le clan, est découverte par Wynn. Elle induit la joie. L’individu est reconnu et intégré dans le clan.

    Mais une crise va intervenir dans l’oett de Hagel. L’homme ayant expérimenté le partage et la vie sociale revient sur lui-même et découvre son moi intérieur, c’est une crise car il n’est pas toujours capable de le comprendre. Cette rune nous pousse à nous connaitre nous même et baser notre vie sur notre être, mais cela peut nous pousser à aller à contre courant du mouvement de la société et provoquer des évennements inattendus que certains vont attribuer au Wyrd(destin) et que d’autres vont attribuer à la non adéquation entre le monde extérieur et le monde intérieur.

    Cette crise intérieure va nous conduire à assumer cette structure et la vivre en sacrifiant certaines habitudes. Nyd est la rune des besoins spirituels et matériels. L’homme doit apprendre à trouver le juste milieu entre ces deux types de nécessités pour vivre en harmonie avec le monde et lui meêm. Ce juste milieu est découvert en Isa, la rune de la glace, de la concentration et du retour sur soi même. C’est le moment où il faut retrouver son unité et valoriser ce qu’il a d’unique en nous.

    Ayant reconstitué son égo, l’homme réintègre le cycle naturel de la vie. Ce cycle est représenté par Gar (Jera), la douzième rune. Elle représente les saisons, les moissons, la récompense après les efforts. Ces cycles peuvent être sécurisants quand l’homme a besoin de stabilité, mais ils peuvent devenir une véritable prison lorsqu’il a soif de liberté. Nous devons apprendre à connître et à maîtriser ces cycles pour nous épanouir.

    La 13e rune est Eoh, c’est la rune de la mort, elle a la forme d’un double crochet qui unit le monde des cieux à la terre. C’est aussi l’if où Odin fut pendu pour découvrir le secret des runes. Elle représente la mort initiatique, qui est le changement, la rupture qui permet l’évolution. Elle rompt le rythme de Gar pour permettre le passage à un autre niveau d’expérience. Cette rune nous enseigne que pour découvrir de nouveaux horizons il faut accepter de changer, de partir.

    Ensuite avec Peorth l’homme s’arrête et s’interroge sur son destin et peut découvrir qu’il en est la source par la loi de cause à effet. Cette rune symbolise par extension le savoir caché, la découverte du destin par la divination.

    Eolh, quant à elle, montre que le véritable destin de l’homme est la voie spirituelle, le monde de l’âme et que le chemin le plus ardu est celui qui doit être suivi et que rien ne doit le détourner de sa quête. C’est également la rune de la protection, celui qui a découvert le chemin de la vérité est protégé par les dieux. La forme de cette rune est à rapprocher du geste ancestral de protection qui consiste à tendre l’index et l’auriculaire, tandis que le majeur et l’annulaire sont repliés.

    La 16è rune est Sigal. C’est la rune du soleil, source de vie et lumière spirituelle. C’est la lumière que le chercheur veut trouver. Quand l’homme a atteint ce but, il peut fusionner avec le monde divin, trouver l’harmonie en liant le ciel et la terre, le matériel et le spirituel.

    Sigel nous conseille de considérer toutes choses par rapport aux buts que nous nous fixons, afin de pouvoir nous détacher plus facilement de certaines nécessités qui pourraient entraver notre élévation.

    Une fois que la lumière est atteinte, l’homme détient un savoir et en est responsable car il a retrouvé son origine divine et doit agir avec sagesse. C’est ce que représente Tyr avec sa forme de pointe s’élevant vers les cieux. C’est aussi le dieu Tyr, dieu de la guerre, courageux et vertueux, qui sacrifia sa main pour emprisonner le loup Fenris. La ténacité et l’honneur sont les deux vertus indispensables pour assumer cette connaissance.

    Le conseil de sagesse que nous donne cette rune est que nous devons traduire ce que nous savons en responsabilité tangible et que la volonté doit exercer son pouvoir sans despotisme.

    Une fois cette étape franchie, l’initié doit redescendre sur terre avec Beorc, la rune de la naissance, pour renaître à la vie terrestre avec ses nouveaux acquis. C’est aussi le prcessus de vie et de mort que le sage intègre et accepte. Il faut accepter les transformations, les multiples naissances qui jalonnent notre existence, et exercer notre pouvoir créateur, car c’est un attribut de notre nature divine.

    Lorsque l’initié a rejoint la vie terrestre il oscille entre le ciel et la terre. Eh est la rune de cette dualité, c’est le cheval fougueux qui rue et qu’il faut dompter, l’opposition entre le ciel et la terre qu’il faut harmoniser en nous. Cette dualité pousse aussi l’homme à se mouvoir, à découvrir, à explorer, nous devons reconnaitre notre propre dualité et utiliser son pouvoir de stimulation.

    En Man l’harmonie est enfin découverte, les pôles ont fini par s’harmoniser pour donner naissance à l’homme sur le plan cosmique, l’humanité toute entière.

    Lagu quant à elle nous aprend que la quête de la perfection n’est jamais achevée, que l’homme idéal en tant que pont entre le plan terrestre et le plan céleste n’est qu’une étape, elle évoque la poursuite de l’évolution après Man. Lagu est aussi l’eau, la vague à laquelle il faut parfois s’abandonner. Cette eau est en fait le flux vital qui contient le potentiel de l’évolution, mais on ne sait jamais où il peut nous emporter.

    Ing symbolise ensuite l’oeuf, la gestation du flux vital et créateur de Lagu concentré et prêt à éclore. C’est aussi la rune de la cohérence, de l’organisation. L’accomplissement total est presque achevé.

    Daeg est cette ultime éclosion, la dernière naissance de l’initié. Cest l’aube, moment d’harmonie entre le jour et la nuit, les deux axes évoquent l’équilibre des opposés. C’est un réveil après un long sommeil de préparation évoqué en Ing. On se prépare à bénéficier des bienfaits acquis.

    Enfin le terme du parcours runique apparait en Odal. Elle symbolise l’héritage et les acquis. Nous sommes propriétaires de tout ce que nous avons découvert pendant le voyage. Le carré fermé signifie que le savoir est bien conservé et l’angle ouvert nous indique que l’initié reste tout de même ouvert au monde et partage son savoir , apportant ainsi sa pierre à l’édifice spirituel du genre humain. Elle est également associée au passé et aux ancêtres, Odal nous rappelle qu’il faut tenir compte de toutes ses expériences pour progresser, et que ce que nous subissons aujourd’hui est la conséquence de nos actes passés, tout comme nos actes présents influenceront notre avenir.

    Une 25è rune intervient, c’est le Wurd, le destin. Il agit à l’improviste et peut bouleverser notre vie. C’est l’intervention des dieux ou la conséquence de nos actes. A nous de l’apprivoiser et de nous accomoder, voire de nous en faire une alliée.

    Ceux qui veulent travailler avec les runes doivent apprendre à connaitre le symbolisme.
    Il ne suffit pas d’apprendre par coeur ces quelques lignes, il faut absolument pratiquer un travail de profonde méditation sur chacune d’entre elle et apprendre à les considérer comme des objets vivants doués d’un caractère propre. Il faut les apprivoiser, et c’est seulement à cette condition qu’elles livreront et partageront leurs secrets et leur sagesse, que ce soit lors de séances de divination ou de magie rituelle.


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  • Les trois alphabets

    Il semble que des artéfacts portant des inscriptions runiques datant de 250 ans avant J.C., ont pu être retracés dans des régions de l’ancienne Europe (Suède et Norvège principalement). Ces trouvailles historiques laissent penser que les runes furent tout d’abord utilisées dans des objectifs divinatoires. C’est seulement plus tard qu’elles servirent pour écrire. C’est grâce à la transmission orale aux travers des siècles que nous pouvons aujourd’hui encore profiter de cette fantastique tradition.

    Les runes sont apparues plus tard en Angleterre et en Scandinavie. Avec la propagation du Christianisme, l’alphabet runique divinatoire fût accusé de pratiques paiennes et vu d’un mauvais œil. Cette mauvaise image des runes a perduré pendant très longtemps. Vous trouverez plus loin un complément sur ce sujet.

    Le premier alphabet runique et le plus répandu est le Elder Futhark. C’est celui que nous étudierons et utiliserons. Il existe deux autres types d’alphabet runique qui se sont développés par la suite, basés sur le Elder : le Futhorc anglo-saxon et le Younger Futhark.

    Elder Futhark ou Futhark germanique
    Cet alphabet est composé de 24 symboles, divisés en trois familles.
    Pourquoi Futhark ? les runes de la première famille commencent par les sons F - U- TH -A- R- et K.
    Contrairement à notre alphabet, chaque rune est plus un son qu’une lettre.
    Les 24 runes sont des signes sacrés que les druides et les celtes utilisèrent pendant plusieurs millénaires. On les retrouve d’ailleurs dans l’histoire de Merlin l’enchanteur. En divination, on ajoute une 25ème rune dite blanche (sans symbole).

    Futhorc anglo saxon
    Autour du cinquième siècle, un changement typographique des runes a été remarqué dans les Pays-Bas et dans les régions nord-ouest de l’Allemagne. Ces changements coïncident avec l’invasion des Anglo-Saxons et avec l’apparition d’un système runique similaire dans les îles britanniques. La forme de plusieurs runes a été changé, notamment A/O, C/K, H, J, S, et Ng. Des changements linguistiques ont aussi menés à l’ajout de signes à neuf runes pour compenser les nouveaux sons et plusieurs runes se sont vues associées à différentes lettres.

    Younger Futhark
    Contrairement au Futhorc Anglo-Saxon, qui a ajouté des runes, le Younger Futhark lui est passé de 24 à 16 runes. Plusieurs runes représentent donc le même son. Il y a plusieurs formes de Younger, on voit par exemple ici la forme danoise. Cette forme d’alphabet runique s’est répandue du Danemark jusqu’en Suède et Norvège et fut apporté en Islande et au Groenland par les Vikings. On croit également qu’il est possible que les expéditions viking l’auraient également apporté en Amérique du Nord.

     

    Les différents supports

    Considéré comme un matériau noble et vivant, c’est le bois qui fut le plus souvent utilisé comme support.
    Mais on retrouve aussi de nombreuses inscriptions gravées dans la pierre et en particulier dans la pierre des menhirs. Ces pierres, dressées vers le ciel, utilisées au cours des cérémonies religieuses et funéraires, avaient des vertus surnaturelles.
    Les runes furent aussi gravées sur de minces disques en métal.
    Des inscriptions runiques étaient aussi inscrites sur les épées ou autres équipements, afin d’augmenter leur efficacité. C’était une façon pour ces peuples de communiquer avec les dieux et d’invoquer ainsi leur protection.


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  • Tout d’abord, et très rapidement la signification du mot « rune » : secret, écriture secrète, signe magique, chuchotement. Les runes sont à la fois un alphabet, un outil divinatoire mais aussi un outil magique. Chaque rune représente une idée, un concept, un objet, un animal ou même un dieu.
    Les runes permettaient aux peuples de Gaule et d’Europe du Nord de communiquer avec les dieux et d’essayer de contrôler les phénomènes naturels comme les tempêtes et la foudre. Utilisées comme outil de divination, on consultait les runes pour essayer de déchiffrer les messages envoyés par les dieux. On interrogeait aussi les runes pour essayer de comprendre le mystère de la vie et de la mort. Cette croyance sans faille dans le pouvoir des runes était pour ces peuples la preuve de leur soumission aux dieux et la garantie en retour, après leur mort, d’être accepté et de connaître un bonheur éternel au royaume des dieux.

    L’origine des runes reste encore assez mystérieuse. Il existe plusieurs théories pour lesquelles les spécialistes ne parviennent à se mettre d’accord.
    Certains avancent que des runes ont été retrouvées qui dateraient de la période néolithique. Mais une majorité affirme que les runes sont apparues au 5éme siècle de notre ère.
    On n’arrive pas non plus à déterminer quel peuple en est à l’origine.

    La légende d’Odin

    Dans la mythologie nordique, l’alphabet celtique runique(ancien Elder Futhark) a été découvert par Odin. Voici brièvement sa légende.

    Odin est un dieu nordique, fils du dieu Bor et de la déesse Bestia, il est le chef des dieux et roi de l’univers, patron de la guerre, de la mort, de la poésie et de la liberté. Il est l’époux de Frigg, déesse du mariage, de la famille, de l’amour et de la fertilité. Odin est aussi la version scandinave du dieu germanique Wottan ou Wodan (Suède, Norvège et Danemark), du dieu romain Mercure, du dieu égyptien Thot et du dieu grec Hermès.

    On représente Odin comme étant un vieillard à la barbe grise et borgne. Il n’a qu’un seul œil, car il a donné l’autre en sacrifice à la déesse Mimir pour boire à la Source de la Sagesse et ainsi acquérir une partie de ses connaissances. Il cache cette mutilation sous un chapeau à large rebord. Il porte un manteau, tient à la main un bâton de coudrier (noisettier), et est toujours accompagné de deux corbeaux familiers, ou selon la version deux loups nommés Freki et Geri. On le représenta parfois aussi sur le dos d’un cheval pouvant se promener aussi bien dans les ténèbres que dans les airs.

    Ainsi, la légende dit qu’Odin se pendit la tête en bas à l’arbre sacré (l’if ou Yggrdasil l’arbre du Odin-Cheval ), tel que représenté dans le tarot par l’arcane du Pendu. Il resta aisni suspendu pendant neuf jours et neufs nuits. Il eût alors l’illumination, apprenant de merveilleuses musiques et perçant le secret des runes. Pour transmettre son message, il trouva les seize premières runes parmi les racines de l’arbre. Grâce à sa connaissance des runes, Odin qui est guerrier et chaman, a des dons de guérisseur et peu ramener les morts à la vie. C’est pourquoi les runes ont toujours été associées à la magie et utilisées à des fins magiques.


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  • (Pierre runique)

    Employé par des peuples germaniques entre le IIe et le XIVe siècle de notre ère, l’écriture runique a été employée pour un grand nombre d’inscriptions retrouvées sur des poinçons, des anneaux, des fers de lances mais aussi et surtout sur pierre. Il s’agit en général de textes très courts. L’une des inscriptions les plus longues, celle de la pierre d’Eggjum en Norvège, ne compte que 200 signes. La plupart des textes a avoir été conservés ont été rédigés sur des stèles funéraires pour honorer un disparu.

    Le terme "rune" semble indiquer qu’au départ l’écriture runique a dû être l’apanage d’une élite. On peut en effet le rapprocher du vieil islandais runar (secret), du vieux saxon runa (chuchotement) mais aussi de l’irlandais run et du gallois rhin (secret, mystère). On peut aussi songer à la complexité de la poésie scaldique dont l’objet explicite était d’en réserver la compréhension à quelques initiés.

    Les lettres de l’alphabet runique (ou fuþark d’après ses 6 premières lettres) sont généralement constituées d’un trait vertical (et donc orthogonal à la direction générale de l’écriture) auquel on ajoutait un ou plusieurs traits obliques (non parallèles par conséquent à la direction horizontale de l’écriture). Tout ceci suggère qu’au départ les runes ont été réalisées par gravure sur bois : l’absence de traits horizontaux pouvant correspondre à un souci de ne pas fendre le support d’écriture en inscrivant des traits parallèles aux fibres de la planche. Sans doute il ne subsiste pas d’inscriptions runiques sur bois mais des sources en attestent l’existence. Saxo-Grammaticus rapporte l’usage du bois comme support pour la correspondance. Au VIe siècle, Venantius Fortunatus évoque des textes peints sur bois mais qui pourraient avoir été gravés avant d’avoir été peints. Le fait que la quasi-totalité des inscriptions à avoir résisté à l’action du temps et du climat soient sur pierre ne doit pas nous surprendre : le bois est en effet un matériau bien plus périssable que la pierre.

    Dans sa version la plus ancienne qui soit connue et qui demeure quasi inchangée du IIe au IXe siècle de notre ère, l’alphabet runique ou fuþark (du nom de ses 6 premières lettres), possède 24 lettres réparties en trois groupes (aettir) de 8. Chacune de ces lettres est associée à un nom dont la prononciation fixe la valeur phonétique de la rune. f se note ainsi fehu, bétail. Ce nom n’est pas un simple moyen mnémotechnique car si jamais sa prononciation varie, la valeur phonétique de la rune associée change avec lui. C’est ainsi qu’on a constaté d’assez fortes variations dans le temps comme dans l’espace pour les valeurs phonétiques des runes.

    Contrairement à beaucoup d’autres alphabets descendant des modèles gréco-phénicien, le fuþark utilise un ordre des lettres qui lui est particulier. Précisons cependant que, dans le domaine anglo-saxon, les abécédaires fuþark sont en concurrence avec les alphabets hrabaniques qui contiennent les mêmes lettres mais dans l’ordre latin. Ces cas particuliers mis à part, l’ordre spécifique des lettres du fuþark se maintient jusqu’à l’abandon de l’écriture runique. Il en va de même pour les trois parties du fuþark (les aettir) qui étaient en place dès le VIe siècle (fuþark de Vadstena en Suède) et sans doute bien avant.

    L’origine du fuþark demeure mystérieuse. La tradition germanique qui désigne en Odin l’inventeur des runes ne nous éclaire guère.

    On a voulu rapprocher les runes alphabétiques des runes divinatoires employées par les germains à l’époque romaine. Dans sa Germanie, Tacite rapporte que l’utilisation par les germains de bâtonnets pour la divination. Sur ces bâtonnets on gravait certains signes symbolisant des idées générales. Ces signes et ces idées se regroupaient par catégories. Tout ceci fait penser à certaines des caractéristiques du fuþark : il aurait d’abord utilisé le bois pour support, chaque signe est associé à un mot correspondant à une idée et les signes sont regroupés en trois aettir. Il est donc possible que le fuþark soit le résultat d’une évolution à partir des runes divinatoires.

    Du point de vue de la graphie, en tout cas, une parenté avec les alphabets de la famille gréco-phénicienne est évidente. La question qui se pose est de savoir quelle est l’écriture qui a servi de modèle aux germains. Plusieurs hypothèses ont été défendues sans qu’aucun argument n’ait permis de les départager de manière décisive.

    Certaines des lettres (u, f, h et r) pourraient provenir de l’alphabet latin. Avec l’extension de sa domination, Rome a imposé son alphabet à toute la partie occidentale de son Empire qui, à ses frontières, était en contact avec des tribus germaniques. L’hypothèse latine n’est donc pas à rejeter.

    Ce n’est cependant pas la seule possibilité. La découverte à Negau d’un casque du IIe siècle avant notre ère et contenant une inscription en graffiti nord-étrusques mentionnant un nom propre germanique prouve l’existence de lien entre le monde tyrrhénien et celui des germains. L’un des alphabets nord-étrusque pourrait donc également avoir servi de modèle au fuþark.

    Une autre hypothèse a été envisagée : les lettres du fuþark proviendraient des Goths qui les auraient empruntées aux colonies grecques du bord de la mer noire qui employaient un alphabet grec oriental. Le g noté X proviendrait dans ce cas du Khi de l’alphabet grec oriental et non de la lettre de même graphie employé en alphabet grec occidental. L’existence de liens entre les Goths et les colonies helléniques du Pont Euxin est en tout cas attestée car au IIIe siècle de notre ère ce sont des Goths qui vont piller Olbia et d’autres cités helléniques de la région.

    On le voit, la question de l’origine des runes est encore bien loin d’être élucidée. On est mieux renseigné, en revanche, sur l’évolution du fuþark.

    Dès le IIIe siècle on trouve des inscriptions runiques, d’une part dans le monde Goth (pointe de lance de Kovel) et d’autre part en Scandinavie (inscription de Torsbjerg). A partir du VIe siècle on commence également à connaître des inscriptions en Germanie continentale (fibule de Freilauberheim) et en Angleterre (couteau de la Tamise).

    Vers 800, les runes cessent d’être utilisées en Europe continentale mais on continue à y avoir recours en Scandinavie et en Angleterre.

    Au IXe siècle, le fuþark évolue en Angleterre par l’ajout de nouveaux caractères. Le fuþark passe de 24 à 28 puis 33 lettres. On introduit de nouveaux sons tels que A, OE, EA, IO, Q et ST.

    A la même époque, le fuþark connaît une évolution en Scandinavie en passant de 24 à 16 lettres. Cette diminution du nombre de signes a été rendue possible en confondant les occlusives sourdes et sonores. T et D sont désormais notés par une même rune ainsi que P et B ou K et G. Au niveau des voyelles une même rune sert désormais à noter 4 sons : u, o, y et ö. On note l’existence de deux versions de ce nouveau fuþark : la version suédo-norvégienne et la version danoise moins anguleuse. Au Xe siècle le fuþark scandinave est de nouveau réformé afin d’éviter les confusions introduites par l’abandon de plusieurs runes au siècle précédent : on met alors en place un alphabet à 27 caractères capable de noter tous les sons des langues scandinaves. Les nouvelles runes sont créées à partir des anciennes auxquelles on ajoute des points : ce sont les runes pointés. En général les inscriptions réalisées dans cette écriture sont gravées entre deux lignes parallèles formant un ruban parfois terminé d’un côté par une tête et de l’autre par une queue de serpent.

    Au cours des siècles suivants ces alphabets sont peu à peu évincés par l’écriture latine. Les derniers textes runiques connus sont des manuscrits rédigés entre le XIIe et le XIVe siècle.


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