• Mythes de la fin du monde


    Comparatif entre les mythologies concernant la fin du monde

    Les mythes du monde entier se ressemblent souvent sur des thèmes tel que la création du monde, les origines de l’humanité ou la fin du monde.
    De nombreux chercheurs se sont intéressés aux mythes principalement parce qu’ils possèdent des points communs alors qu’il s’agit de cultures différentes et surtout distantes géographiquement.
    Le mythe du déluge est l’une de ces histoires que l’on retrouve dans de nombreuses mythologies.
    Le schéma conducteur est identique et cette coïncidence est assez troublante. On y parle d’un dieu ou de dieux mécontents des hommes qui détruisent le monde par une bonne inondation. Cependant, à chaque fois, il y a deux survivants qui permettent à l’humanité de repartir à zéro.
    Pour illustrer ce comparatif, j’ai choisi sept mythologies : la mythologie égyptienne, grecque, nordique, babylonienne, chinoise et amérindienne.
    Il est également intéressant de comparer ces mythologies propres aux religions polythéistes avec la mythologie biblique qui, bien que fondée sur un dieu unique, reprend largement le mythe du déluge.

    La destruction du monde selon la mythologie égyptienne


    Après la création du monde physique et de l’être humain, les dieux se multiplient et entretiennent des liens étroits, comparables à ceux des douze dieux de l’olympe dans la mythologie grecque.

    Cette fois encore, l’homme est devenu orgueilleux et pense qu’il est l’égal des dieux. Trop infatué de lui-même, il ignore les mises en garde et devient avare d’offrandes.

    Rê, chef de tous les dieux, réunit ces derniers afin de décider d’une punition. Ils décident d’envoyer sur terre la déesse à tête de lionne, Sekhmet, qui symbolise la vigueur du soleil.

    Ne craignant pas de tuer des hommes, Sekhmet se livre à un effroyable carnage et boit le sang de ses victimes.

    Les dieux s’inquiètent de la fin proche de l’humanité mais n’arrivent pas à endiguer la fougue de cette déesse vengeresse.

    Pour sauver ce qui peut encore l’être, ils inondent un champ d’un liquide rouge sang. Attiré par ce liquide, Sekhmet le boit jusqu’à la dernière goutte et s’effondre « saoulée » par cette boisson concoctée à base de bière.

    Mais lorsqu’elle se réveille de son coma éthylique, l’humanité est sauvée et les hommes ont compris une leçon : ne jamais négliger les dieux.

    Dans la mythologie égyptienne, le mythe du déluge est, si je peux dire, légèrement « aviné ». Cependant, les motifs de l’inondation sont les mêmes que pour les autres mythes : l’homme ne répond plus aux attentes de ceux qui les ont créés. C’est son orgueil qui le mène à une quasi-destruction.

    La fin du monde selon la mythologie nordique

    Pour les peuples nordiques, nul ne peut échapper à son destin. Le concept de Ragnarök (mort des dieux) est lié à cette idée.
    La destruction du monde est donc inéluctable.

    Ragnarök doit être annoncé par trois années de guerre suivies d’un terrible hiver de trois ans, sans été.
    Un immense tremblement de terre brisera alors tous les liens. Fenrir le loup se retrouvera délivré de ses chaînes ainsi que son père Loki.
    Jormungand, le serpent cosmique, provoquera un immense raz de marée qui inondera la terre entière.
    Les eaux tourbillonnantes emporteront le bateau Naglfar rempli de géants.

    Fenrir et Jormungand marcheront vers la plaine de Vigrid, lieu de l’ultime bataille, tous comme les dieux, conduits par Odin.

    Odin sera tué par le loup Fenrir et Thor succombera à ses blessures après avoir tué le serpent cosmique, Jormungand.

    A l’issue de ce combat final, des flammes, de la fumée et de la vapeur s’élèveront et le ciel s’obscurcira.
    Les étoiles disparaîtront et la terre sombrera dans la mer.

    Cependant, Ragnarök ne constituera pas la fin du monde. En effet, le monde ressurgira, vert et fertile et ce sera l’avènement d’un nouvel âge.

    Le monde des humains sera repeuplé par deux personnes, Lif et Lifthrasir. L’homme bénéficiera donc d’un nouveau départ et le cycle pourra recommencer.

    La mythologie nordique fait référence au déluge mais également à l’arche de Noé et au repeuplement de la terre grâce à un couple épargné par les dieux.

    Le déluge selon la mythologie chinoise

    Il existe quatre versions principales du mythe du déluge. Dans la première, le dieu-ouvrier Gong-Gong remue les eaux du monde entier à tel point qu’elles se précipitent contre la barrière du ciel.

    Le mythe de la double catastrophe du feu et du déluge met en vedette la déesse Nugua, qui met un terme au désastre.

    La version majeure narre comment le héros Yu maîtrise les eaux. Des créatures surnaturelles, le dragon aquatique et la tortue, l’aident dans sa mission.
    Après avoir canalisé les flots, il partage le monde en neuf régions et devient ainsi le fondateur de la dynastie mythique des Hia, la première de l’âge d’or.

    Si le mythe du déluge est omniprésent dans la fin du monde et sa renaissance, par contre, la mythologie chinoise ne fait pas référence à une punition divine, ni à un nouveau départ grâce à quelques survivants qui bénéficient de la faveur des dieux.

    On retrouve bien par contre, cette notion du retour à l’ordre naturelle après les catastrophes universelles ainsi que le concept de l’âge d’or.

    Les mythes du déluge dans la mythologie amérindienne

    Selon la mythologie du peuple cañari de l’Equateur, deux frères échappent à un déluge en se réfugiant en haut d’une montagne, l’Huacaynan.
    Lorsque le niveau des eaux baisse, les deux frères doivent survivre. Un jour qu’ils rentrent sans avoir pu trouver la moindre nourriture, ils voient un repas dans leur hutte accompagné de chicha (bière de maïs).
    Ce miracle se reproduit 10 jours d’affilée. Le frère aîné décide alors de se cacher pour savoir qui leur laisse cette nourriture.
    Il voit alors deux aras préparer le repas. Les deux oiseaux ont des visages de femme. Ils essayent de les attraper mais les oiseaux s’envolent et ne reviennent plus pendant trois jours.

    Le frère cadet se cache, à son tour, pour observer les curieux oiseaux. Alors que les oiseaux reviennent, il arrive à attrape le plus petit.

    Cet étrange couple vit de nombreuses années ensemble et a six enfants.

    Le mythe nous raconte que les Cañari descendent de ces enfants. La montagne, symbole de fertilité, est sacrée.

    Ce mythe mélange les métaphores de l’humanité et du monde animal qui exprime un thème andin universel.
    La mythologie andine et le panthéon incas particulièrement étaient gouvernés par de puissants dieux qui demeuraient au sommet de pics montagneux.
    Ils envoyaient pluie, grêle, foudre ou sécheresse pour tourmenter les hommes. Le seul moyen d’apaiser leur colère était de leur faire des offrandes ou des sacrifices.

    Le déluge dans la mythologie grecque

    Il existe plusieurs versions du mythe de déluge chez les Grecs.

    La version la plus aboutie du mythe du déluge nous vient du poète Ovide, un Romain qui a vécu au Ier siècle avant notre ère.

    Selon ce mythe, Zeus descendit sur Terre pour vérifier si les hommes étaient encore contrôlables.
    Il rendit visite au tyran Lycaon et se fit invité à dîner. Le peuple s’inclina devant ce dieu mais Lycaon ne lui voua aucune vénération.

    Il tua un prisonnier de guerre, un homme du peuple des Molosses et le fit cuire. Il le servit comme repas à Zeus. Il se dit que si cet invité était un faux dieu, il ne remarquerait pas qu’il mangeait de la chaire humaine.
    Manque de chance pour lui, Zeus en vrai dieu désintégra aussitôt Lycaon et son palais puis retourna sur l’Olympe.

    Très en colère, Zeus demanda à Poséidon, dieu de la Mer, de créer un gigantesque ras de marée pour submerger la Terre.
    Poséidon créa donc un colossal orage et la pluie ne cessa de tomber pendant neuf jours et neuf nuits.
    Ce déluge noya l’humanité toute entière.

    Cependant, seul le sommet du mont Parnasse dépassait encore des eaux. Alors, Prométhée qui avait protégé sa famille dit à son fils Deucalion de construire une arche en bois, de la remplir de nourriture, puis d’y faire monter son épouse Pyrrha, la fille d’Epiméthée et de Pandore.

    Le couple accosta au sommet du Parnasse. Enfin, les eaux se retirèrent et ils purent descendre pour se rendre jusqu’à un temple.
    Là, ils entendirent une voix leur ordonner de se voiler la face et de jeter les os de leur mère derrière eux.

    Cet acte aurait été un sacrilège. Le couple réfléchit, se disant qu’aucun dieu, ne pouvait exiger d’eux une telle chose.
    Ils comprirent alors que leur mère était Gaïa, la Terre. Donc, ses « os » étaient des pierres. Ils jetèrent donc quelques pierres et celles-ci se transformèrent en hommes et en femmes qui purent repeupler la terre.

    Il y a bien sûr, une ressemblance frappante entre le mythe grec et le mythe biblique.

    Mythologie babylonienne : Le déluge de Ninive (11e tablette de l’épopée de Gilgamesh)

    La Mésopotamie (Irak actuelle) est la source de nombreux mythes qui comptent parmi les plus anciens que l’on connaisse.

    Le récit est conté à Gilgamesh par le héros Utanapishtim. Les similitudes avec le déluge biblique sont frappantes.
    L’épopée de Gilgamesh date de plus de 4 000 ans avant notre ère.

    Utanapishtim, citoyen de la cité babylonienne de Shuruppak, reçoit un message secret du dieu Ea l'avertissant que les dieux sont sur le point de noyer la terre sous un déluge.

    Ea ordonne à Utanapishtim de construire un bateau.

    Sur le vaisseau terminé, Utanapishtim embarque de l'or et de l'argent, les membres de sa famille et un représentant de chaque espèce animale. À l'heure dite, les digues se rompent et la pluie tombe. La tempête est si terrible que même les dieux en sont effrayés.

    Au septième jour, les eaux se retirent et Utanapishtim constate que son bateau s'est échoué. Il libère la colombe et l'hirondelle mais celles-ci reviennent au bateau. Seul le corbeau consent à s'installer sur la terre ferme. Utanapishtim fait débarquer sa famille et célèbre son salut par un sacrifice au cours duquel il verse des libations et brûle de l'encens.

    Attirés par l'agréable senteur, les dieux se rassemblent autour d'Utanapishtim et de sa victime. Lorsque vient la déesse-mère, elle pleure la destruction de ses créatures et jure de ne jamais oublier. Elle accuse Enlil de la destruction presque totale de l'humanité. Enlil est furieux qu'une famille humaine ait réussi à échapper au déluge, mais Ea lui avoue qu'il a organisé lui-même le périple d'Utanapishtim.

    Apaisé, Enlil bénit le héros et son épouse et leur accorde la vie éternelle.

    La mythologie biblique et le déluge

    Dieu voit que l’homme ne pense qu'au mal et se repent de l'avoir créé. II décide d'effacer de la surface de la terre tous les hommes et les animaux. Seul Noé, homme juste et parfait, trouve grâce à ses yeux.

    Dieu dit à Noé qu'il a résolu de faire périr tous les hommes en les soumettant à un déluge qui détruira tout sur la terre. II commande à Noé de construire une arche en bois de pin, d'y aménager des cellules et d'en enduire la coque de poix, puis il lui ordonne de monter à bord de l'arche en compagnie de sa femme, de ses fils, d'un couple d'animaux de chaque espèce, et d'assez de vivres pour les nourrir tous.

    Noé fait ce que Dieu lui a commandé. Sept jours plus tard, les eaux du déluge s'abattent sur la terre pendant quarante jours et quarante nuits. Les eaux soulèvent l'arche et submergent tout, tuant les créatures restées sur terre. Après quelque temps, Dieu se souvient de Noé et de l'arche. II ferme les sources de l'abîme et les écluses des cieux, et la pluie cesse de tomber. Lentement, les eaux se retirent de la terre.

    Après quarante jours, Noé libère la colombe mais, ne trouvant aucun endroit pour se poser, elle revient sur l'arche. Après sept jours, il envoie à nouveau l'oiseau, qui revient le bec chargé d'un rameau d'olivier. Sept jours plus tard, Noé libère à nouveau la colombe, qui cette fois ne revient pas.

    Noé comprend que la surface de la terre a séché et Dieu lui commande de sortir de l'arche avec sa femme, ses fils et tous les animaux.
    Noé construit un autel et sacrifie à Dieu plusieurs des bêtes pures et des oiseaux purs. Sentant une odeur agréable, Dieu décide de ne plus maudire la terre pour le salut de l'homme car c'est dans le coeur de l'homme que réside le mal.

    II bénit Noé et ses fils et décrète que les animaux doivent vivre dans la crainte de l'homme, puis il fait apparaître un arc-en-ciel dans le ciel.

    Que doit-on en conclure ?

    Il semble y avoir un mythe original qui s’est propagé à travers le monde. Les mythes expliquent souvent des phénomènes naturels qui ont réellement existé.
    Ils symbolisent également l’anxiété et les peurs propres à l’homme.

    Des mythologies aussi éloignées géographiquement que celles de la Grèce et du Japon comportent des similitudes. Pourquoi ?

    Dans toutes les cultures, quatre grandes questions, sont posées et les mythes tentent de répondre aux interrogations des hommes :

    La création du monde
    La cosmogonie : description du monde, des étoiles, du ciel et des Enfers
    Les origines de l’humanité
    La fin du monde et surtout celle de l’humanité
    Ces questions sont aujourd’hui traitées de manière scientifique mais le progrès est loin d’avoir résolu toutes ces énigmes.

    On ne peut que penser que la coïncidence est étrange. Comment des cultures ont-elles pu posséder des mythes aussi ressemblants.

    Il serait tentant de penser qu’un savoir universel réside dans la mémoire humaine ; savoir qui nous viendrait d’un lointain héritage.
    Cette théorie nous ramène à une première humanité qui aurait disparu pour laisser un maigre héritage aux rares survivants.

    Les esprits plus rationnels penchent tout simplement pour une communication orale d’un mythe du fait que l’homme, de tous temps, a toujours voyagé.
    Avant l’invention de l’écriture, l’homme communiquait. Il y a-t-il eu emprunt de ces mythes qui sont venus se greffer sur les croyances locales ?

    Quelle que soit nos convictions dans ce domaine, une question reste posée : d’où le mythe original provient-il ?


  • Commentaires

    1
    je reviens de loin
    Dimanche 13 Décembre 2009 à 21:53
    on oublie souvent que les etre humains effleurent la r?it?t que rarement on saisit le sens veritable il est surement trop tard pour se tromper de voix
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