• Couleur du Feu et du Sang, le rouge est "considéré comme un symbole fondamental du principe de vie avec sa force, son éclat, sa puissance".

    Étant l’attribut de Mars, dieu de la guerre, c’est une couleur masculine, donc brûlante et violente. Elle est

    "débordante d’une vie ardente et agitée". Van Gogh écrit : "j’ai tenté d’exprimer les terribles passions humaines par le rouge et le vert".

    En Égypte c’est la couleur de Seth et de ce qui est maudit et nuisible. Les scribes écrivaient en rouge les notes de mauvais augure.

    En Grèce elle représente "l’amour sanctificateur", mais aussi l’innocence et la virginité.

    En Inde ancienne Vishnu qui représente l’amour divin était habillé de pourpre.

    A Rome, les généraux, les patriciens et empereurs étaient vêtus de rouge. Le manteau des centurions, comme celui de Saint Martin, était rouge.

    De même à Constantinople le code de Justinien condamnait tout vendeur ou acheteur de tissu pourpre, réservé aux empereurs.

    Pour le couronnement les rois portaient souvent le manteau rouge pourpre.

    Au Moyen Age le Christ fût souvent représenté vêtu de rouge comme les prêtres ; il en reste la robe des cardinaux, la "capa magna". En pratique, actuellement, les cardinaux ont simplement une ceinture rouge en dehors des grandes cérémonies.

    Le rouge, couleur du feu et du sang, est (pour l’Église catholique) couleur de l’Esprit, "à cause des flammes de la Pentecôte".

    L’ambivalence est permanente avec cette couleur : le rouge éclatant centrifuge est diurne, mâle, tonique, incitant à l’action.... le rouge sombre tout au contraire nocturne, femelle, secret et à la limite centripète. L’un entraîne, encourage, provoque, c’est le rouge des drapeaux, des enseignes, des affiches publicitaires... L’autre alerte, retient, incite à la vigilance et à la limite, inquiète : c’est le rouge des feux de circulation, la lampe rouge interdisant l’entrée d’un bloc radiologique, ou opératoire, d’un studio photographique... C’est le signal de marche de tous les appareils ménagers et autres, et le signal d’alerte du dysfonctionnement...

    La culture de la garance, plante qui sert à teindre les draps en rouge, a eu une importance essentielle au Moyen Age et encore au début du XXe siècle. Le poids des élus du midi et l’agitation sociale motivèrent le choix par le gouvernement français, pour l’uniforme militaire, de pantalons rouges de sinistre mémoire, signant l’insouciance politique. Mais au Japon les conscrits portent une ceinture rouge le jour de leur départ en symbole de leur fidélité à la patrie.

    En Chine et au Japon le rouge est bénéfique, donneur de vie ; il éloigne les démons, d’où les portes des enceintes des temples shintoïstes et des portes d’entrée des maisons, ainsi que des palanquins transportant les jeunes mariés. Un ruban rouge autour du poignet porte chance et protège des mauvais esprits. Autour d’une patte il protège les vaches du sorcier, les poules du renard... De même pour la maladie au Moyen Age un ruban rouge autour du cou protégeait de la peste. Au Pays de Galles la flammèche rouge protège de la fièvre et des rhumatismes. La ceinture des zouaves a la même explication.

    Le rouge est matriciel : la mer Rouge relève de ce symbole, représentant le ventre où mort et vie se transmettent l’une et l’autre. Pour les alchimistes d’ailleurs, la régénération, "l’oeuvre rouge", produit l’homme universel. C’est la couleur de la science, de la connaissance ésotérique.

    En héraldique rouge "de gueule" se rapporte d’abord à la férocité et au combat, au courage que la couleur de la Légion d’honneur, reprenant la croix de Saint Louis, officialise.

    L’ambivalence existe dans toutes les civilisations : le feu brûle, éclaire, brille, réchauffe, protège.


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  • L’orange symbolise le point d’équilibre de l’esprit et de la libido, à mi-chemin entre le rouge et le jaune donc entre la raison et la tempérance.

    Si l’équilibre tend à se rompre vers le jaune, il y a révélation de l’amour divin.

    C’est à cette conception que se rattachent la robe safranée des moines bouddhistes et la croix orangée des chevaliers du Saint Esprit. Le voile des fiancés, le flammuneum, est " l’emblème de la perpétuité du mariage ". Les muses étaient vêtues de safran, comme le voile d’Hélène.

    L’orange symbolise aussi la fidélité.

    Mais dans son déséquilibre vers le rouge elle indique infidélité et luxure. Dyonisos était vêtu d’orange ; "né du feu (Zeus), il fut élevé par la pluie" (Nymphas Hyades que Zeus remercia en les transformant en étoiles qui amènent la pluie). Son culte débridé correspond à l’ivresse provoquée par le vin ou rouge ou "blanc"- aune, dans le cadre d’une orgie rituelle, mais en vue de la recherche divine "puisque l’âme est incorruptible et immortelle".

    Dans son traité de l’Homme Parfait (Insan-ul-Kâmi) Jili décrit 7 cieux, puis 7 limbes de la terre dont la Terre de la nature, couleur jaune safran, habitée par les Jins incroyants.

    L’orange signifie l’union de l’homme à Dieu, "symbole des noces mystiques", mais paradoxalement le jaune et l’orange sont l’attribut des maris trompés...

    Toujours ambivalent, l’orange chez les Anglo-saxons indique la santé et l’émotion.


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  • Le jaune est la couleur du soleil, de la lumière et du métal le plus précieux, l’or. Cette couleur possède une vertu magique.

    C’est le symbole de Jeunesse et de Force. Dans pratiquement tous les peuples l’or fût lié à la richesse, donc à la noblesse, au pouvoir. C’est la couleur de Dieu (on ne peut regarder le soleil). Couleur de l’immortalité, elle est couleur divine, donc celle de l’Empereur et des rois aussi bien en Europe qu’en Chine, Inde ou Égypte.

    C’est une couleur chaude, associée souvent à l’air. Mais elle éblouit et a la dureté du métal. Elle correspond à la richesse, à la foi.

    En Égypte le jaune d’or symbolisait "le char du Soleil et ses dieux" ; de nombreuses chambres funéraires sont peintes en jaune (et bleu) pour assurer la survie de l’âme.

    Chez les Aztèques Huitzilopochtli le Dieu du soleil de midi est peint en jaune et bleu.

    En Perse Mithra est en jaune d’or comme Apollon en Grèce.

    En Inde le jaune correspond au centre racine et à l’élément lumière. C’est la couleur de la robe des moines bouddhistes.

    En Chine c’est la couleur de l’Empereur qui est au centre de la terre, comme le soleil est au centre du ciel. Le jaune émerge du noir comme le soleil de la nuit, la pépite d’or de la terre. Il assure la fertilité. Pour cela on orne la couche nuptiale de draps, oreillers, voiles de soie et gazes jaunes. Tout doit être jaune.

    Pour les chrétiens le jaune est couleur d’éternité et l’or est son métal. Nous retrouvons ainsi le jaune dans le drapeau du Vatican avec l’or du ciboire et la croix de la chasuble.

    Mais il y a ambivalence car, couleur des grains mûrs (blé, mais, millet ... ), la couleur jaune annonce l’automne. Elle dessèche comme l’or qui entraîne envie et jouissance.

    Dans la mythologie grecque, les pommes d’or du jardin des Hespérides sont symbole d’amour et de concorde, mais la guerre de Troie fut déclenchée par une pomme d’or, pomme d’orgueil et de jalousie.

    Pour l’Islam le jaune est lié à la trahison et la déception.

    En Chine les sources jaunes mènent au royaume des morts. Dans le théâtre de Pékin, le maquillage jaune des acteurs signifie cruauté, dissimulation, cynisme.

    Chez les Chrétiens, le jaune signifiait aussi trahison : Judas est représenté avec une robe jaune ainsi que les Juifs. C’est pourquoi en 1215 le Concile de Latran leur imposa une rouelle jaune sur leur vêtement, ancêtre de cette triste étoile jaune de sinistre mémoire. Vers la fin du Moyen Age, le jaune est lié au désordre, à la folie : les bouffons et les fous sont habillés en jaune (le nain jaune). Le jaune est associé à Lucifer, au soufre, et aux traîtres. Paradoxalement il correspond aux maris trompés alors qu’originellement il indiquait le trompeur.

    Si le jaune correspond à la richesse, à la gloire, le jaune pâle signifie trahison, hypocrisie, avarice, envie : on rit jaune.

    C’est une des couleurs les plus ambivalentes.

    On ne peut dissocier le jaune de l’or. L’or est le métal le plus pur connu depuis l’antiquité, donc considéré comme le plus précieux. Il a l’éclat de la lumière et du soleil, donc de Dieu. En Inde on dit qu’il est lumière minérale, on représente donc Bouddha en or, car c’est le signe de l’illumination, de la perfection absolue, de l’immortalité.

    L’or vient de la terre (pépites) mais évoque le soleil. Il est une arme de lumière, ce qui explique les couteaux sacrificiels en or et la faucille d’or des druides.

    Au Moyen Age la recherche alchimique visait la transmutation des métaux en or.

    On a cru aussi à la valeur de l’or comme cordial ou fortifiant. On raconte que "Diane de Poitiers devait le maintien de sa jeunesse et de sa beauté à un bouillon composé d’or potable dont elle usait tous les matins". L’utilisation de sels d’or en thérapeutique dut sa vogue autant à son symbolisme qu’à ses résultats. La charge spécifique de l’or dans les aiguilles d’acupuncture de la médecine chinoise procède des mêmes concepts.


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  • Le vert est la couleur de la nature au printemps. Cette couleur est associée à l’eau.

    Elle correspond à la renaissance de la nature, à la croissance, à la jeunesse, à l’expérience. C’est à la fois l’éveil de la vie ("verte Jeunesse") et sa pérennité "il est encore vert").

    C’est une couleur féminine, centripète, réflexive (différente du rouge masculin) aussi bien chez les Chinois que chez les Barbares.

    Elle est donc tiède, accueillante, comme la nature printanière.

    Elle génère la connaissance, donc la justice.

    Cette notion de croissance et de justice expliquait au Moyen Age le chapeau des évêques, pasteurs qui guidaient vers les verts pâturages, mais aussi les chapeaux verts des médecins et apothicaires car ils utilisaient des plantes, et cette couleur est restée celle des pharmaciens dans l’Armée.

    Dans la mythologie celtique, l’île des bienheureux, l’Irlande, était la Verte Erin.

    En Chine, elle correspond au Tschen - ébranlement - ce qui correspond au jaillissement de la nature au printemps et aussi au bois, à l’espérance, à la force, à la longévité, donc à l’immortalité.

    En Inde, les eaux primordiales vertes donnèrent la vie et Vishnu, porteur du monde, est une tortue au visage vert. La déesse de la matière philosophale qui naît de la mer de lait a le corps vert.

    Pour l’islam, vert est le salut, d’où le drapeau vert car le manteau du prophète Mahomet était vert. L’homme vert ou Khidrn Khisr ou al Khidir patron des voyageurs incarne la providence divine. Il trouva la source de vie, fait trouver l’eau et protège les navigateurs. En Inde on l’appelle Khawadja Khidir et on le représente assis sur un poisson et générant les fleuves.

    Au paradis musulman les saints sont vêtus de vert comme le prophète car ils sont la connaissance. Dans son traité de l’homme parfait (Insam-ul-Kâmil) Jili attribue la couleur de l’émeraude à la Terre des dévotions, un des sept limbes de la terre, habité par les Jins qui croient en Dieu.

    Pour le christianisme le vert représente la régénération de l’âme, la charité, la sagesse, c’est la couleur de la Vierge et de L’Enfant Jésus et du Christ après sa crucifixion. La croix et les instruments de la passion étaient représentés en vert au Moyen Age. Les vêtements liturgiques de la messe sont verts pour certaines fêtes.

    Dans l’Apocalypse, Saint Jean décrit la vision de Dieu : "ce qui siège est comme une vision de jaspe et de cornaline, un arc-en-ciel autour du trône est comme une vision d’émeraude".

    Dans le cycle arthurien, le Graal est un vase d’émeraude ou de cristal vert le plus pur, car il contient le sang de Dieu. La vision de Saint Jean est vraisemblablement l’origine du Graal.

    Le vert est donc manifestation de l’Amour et de la Sagesse divine dans la création, origine de la vie, donc

    beauté, jeunesse, vigueur, force vitale. Il s’identifie à la régénération de la nature et aussi à la régénération spirituelle avec l’espérance de l’immortalité.


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  • Le bleu est la couleur de l’azur, du ciel, donc du paradis. Il symbolise la vérité et la sagesse divine. Les dieux sont issus de cette couleur : Osiris, Krishna, Vishnu, Bouddha, Jupiter, Zeus et Yavhé tiennent les pieds posés sur l’azur. Ce voile céleste azuré cache "l’autre côté, l’inconnu divin", c’est le manteau qui "couvre et voile la divinité". Le bleu attire l’homme vers l’infini, a écrit Kandinsky. Dans mes miniatures indiennes Krishna, Civa, Rudra... sont de couleur bleue. Dans les peintures qui représentent l’Assomption, le voile de Marie est bleu.

    Mais le bleu a aussi une certaine ambivalence. Au bleu d’azur diurne succède le bleu profond nocturne tirant vers le noir.

    C’est une couleur immobile, froide, incitant à la méditation et au repos orienté vers Dieu. Au bleu de la nuit succède l’or du soleil dans l’azur, d’où le blason de la maison de France : bleu (céleste) avec trois fleurs de lys d’or (pureté divine). Il était inutile que le soleil de Louis XIV s’y ajoute, tout le symbolisme y était déjà.

    Dans le combat du ciel contre la terre, le bleu et le blanc s’opposent au rouge et au vert. On les retrouve dans les couleurs des quatre factions de chars qui s’affrontaient à Byzance dans l’hippodrome. Pendant la Révolution les Bleus (chouans) s’opposent aux Rouges (républicains). Cette connotation rouge est d’ailleurs restée, diffusée sur le plan international, s’opposant aux autres couleurs...

    Le bleu des turquoises est chez les Aztèques à la fois signe de sécheresse et d’incendie ; c’est aussi la pierre qui ornait la déesse du renouveau et la pierre que l’on mettait à la place du coeur d’un prince mort avant de l’incinérer.

    Dans le bouddhisme tibétain le bleu est couleur de la sagesse transcendante et de la vacuité qui ouvre la voie de la libération.

    Le bleu est la couleur du Yang,

    La couleur de nos veines et la congestion veineuse expliquent la "peur bleue" mieux que le "sang bleu" (qui suppléait au "sang Dieu", juron condamné). "N’y voir que du bleu" = on ne voit rien car le ciel est optiquement vide. En Allemagne "être bleu" signifie avoir perdu conscience dans l’ivresse. En France, le "bleu" est celui qui ne voit pas (vacuité du ciel), qui est naïf.

    Par contre les couleurs des chambres des morts en Égypte étaient le bleu et le jaune ; pour les Juifs la cité bleue" est le séjour d’immortalité.

    En Orient le bleu conjure le mauvais sort avec des accumulations de pierres bleues (oeil de verre méditerranéen ou oeil peint sur les bateaux) ; en Occident le bleu porte chance.


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