• (carte de l'atlantide exécutée à l'époque classique d'après Platon et Diodore)

    L’Atlantide a-t-elle existé ?


    Le mystère de l’Atlantide est entré dans l'histoire par quelques phrases d'un dialogue de Platon. Les premières références connues de l’Atlantide apparaissent dans deux de ces dialogues, le Critias et le Timée.

    L'énigmatique empire des Atlantes défie la sagacité des chercheurs depuis vingt-cinq siècles. Des milliers de volumes lui ont été consacrés. A peu prés autant d'hypothèses ont été formulées sur la localisation de l’Atlantide. Trois sont sérieuses.

    Le témoignage de Platon

    Vers 355 avant notre ère, le Timée et le Critias fondent le mythe de l’Atlantide. Comme les autres œuvres du philosophe, les textes se présentent sous forme d’entretiens entre plusieurs personnes :
    Socrate, le maître de Platon
    Timée, philosophe pythagoricien 
    Critias, politicien sans scrupule 
    Hermocrate, ancien général syracusien

    «Oui, Solon, il fut un temps, avant la plus grande destruction par les eaux, où la cité qui est aujourd'hui celle des Athéniens était, de toutes, la meilleure dans la guerre (..) En ce temps-là, on pouvait passer par cette mer (l'océan Atlantique?) Elle avait une île, devant ce passage que vous appelez les Colonnes d'Hercule (..) Or, dans cette île Atlantide, des rois avaient formé un empire grand et merveilleux (..) Cette puissance, ayant une fois concentré toutes ses forces, entreprit en un seul élan, d'asservir votre territoire et le nôtre, et tous ceux qui se trouvent de ce côté-ci du détroit. C'est alors, ô Solon, que la puissance de votre cité fit éclater aux yeux de tous son héroïsme et son énergie. Car elle l'a emporté sur toutes les autres par la force d'âme et par l'art militaire (..) Mais, dans le temps qui suivit, il y eut des tremblements de terre effroyables et des cataclysmes. Dans l'espace d'un seul jour et d'une nuit terrible, toute votre armée fut engloutie d'un seul coup sous la terre, et, de même, l'île Atlantide s'abîma dans la mer et disparut. Voila pourquoi, aujourd'hui encore, cet océan est difficile et inexplorable, par l'obstacle des fonds vaseux et très bas que l'île, en s'engloutissant, a déposés."
    Timée, traduction 1925

    Ce passage du Timée, détaillé et confirmé dans le Critias (ou l'Atlantide), un autre des dialogues de Platon, entretient le « mystère atlante » depuis prés de vingt-cinq siècles.

    Ces renseignements rapportés par Platon proviennent d'une tradition recueillie en Égypte par Solon, un des sages qui ont donné á Athènes ses premières lois. Les prêtres de Sais auraient communiqué au voyageur grec ce qu'ils savaient de la mystérieuse île et de l'empire qu'elle commandait.

    Selon ces Égyptiens, neuf mille ans avant la venue de Solon, les ancêtres des Athéniens auraient repoussé des envahisseurs venus de l'Ouest, depuis un vaste continent «plus grand que la Libye et l'Asie réunies », situé en face des colonnes d'Hercule, nom antique du détroit de Gibraltar. (Pour les Grecs, la « Libye » était une vaste région de l'Afrique.)
    Selon les prêtres de Sais, les Athéniens auraient réussi à triompher de cette redoutable puissance, mais au prix de terribles sacrifices. En fait, leur victoire finale n'aurait été acquise qu’après le cataclysme qui aurait détruit l'Empire atlante.
    Si le Timée évoque la fin de l'île atlante, le Critias fournit davantage de renseignements sur son histoire, son organisation et ses ressources.

    L’Atlantide selon Platon


    Poséidon, le dieu des flots, aurait confié un titre royal à Atlas. Celui-ci aurait alors donné son propre nom et des lois au grand empire occidental.

    D'après le récit de Platon, la richesse minière de l'île atlante était considérable. On y trouvait de l'or, mais on y fabriquait surtout de l'orichalque, que plusieurs historiens, dans ce cas précis, identifient à l'ambre des côtes baltiques de l'Europe.
    Le sol était recouvert de forêts, qui fournissaient d'importantes quantités de bois pour la construction des bateaux. Bétail et gibier abondaient, ainsi que champs de céréales et vergers. Bref, l'île atlante était une sorte de pays de cocagne.
    On y voyait, toujours selon le récit de Platon, de nombreux éléphants. La pierre y était de bonne qualité et permettait la construction de monuments impressionnants. L'ami de Socrate précise : « Les Atlantes tiraient cette pierre de dessous la périphérie de l'île centrale. Il y en avait de la blanche, de la noire et de la rouge. »
    La force militaire des Atlantes était à la mesure des richesses de leur contrée : une flotte de mille deux cents navires, une armée de dix mille chars...

    Bien entendu, les chiffres rapportés par Platon doivent être considérés avec méfiance. Ils n'en traduisent pas moins un ordre de grandeur impressionnant. Malheureusement, le Critias est resté inachevé et son auteur n'a pas eu le temps de nous raconter, en détail, la fin de l'Empire atlante.

    A la recherche de l’Atlantide

    Curieusement, l'existence d'un tel État n'a pas été confirmée par les autres récits qui nous restent de l'Antiquité. Dans les textes homériques, on trouve bien le nom d'Atlas, et l'île d'Ogygie, où règne la redoutable Calypso, qui pourrait éventuellement être l'Atlantide. Mais elle n'offre que peu de ressemblances avec le récit platonicien.

    La lutte de Zeus contre les Titans, évoquée dans la cosmogonie écrite par Hésiode, pourrait également rappeler la guerre entre les Athéniens et les Atlantes. C'est une hypothèse risquée.

    Déjà, á l'époque de Platon, on tend á mettre en doute l'authenticité du récit transmis par Solon.
    Crantor de Soles, le premier commentateur de Platon, se serait rendu en Égypte pour vérifier, auprès des prêtres de Sais, la véracité des événements contés au Grec Solon au VIe siècle avant notre ère.
    Il n'a pas dû trouver beaucoup de preuves : il n'existe aujourd'hui aucune source égyptienne pour confirmer le Critias et le Timée. Sauf, bien entendu, si l'on identifie les Atlantes à ces mystérieux Peuples de la mer et du nord venus déferler en Égypte vers la fin du IIe millénaire.

    Par la suite, de nombreux géographes et philosophes antiques refuseront de prendre au sérieux l'existence de l'île atlante.

    Aristote, Strabon, Ptolémée ou Pline s'en moqueront ouvertement, tandis que Philon le Juif, Jamblique ou Proclus, philosophes de l'école néo-platonicienne d'Alexandrie, se contenteront de reprendre les propos de Platon, mais sans rien y ajouter.

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  • (Les peuples de la mer illustrés sur les murs du templs de Medinet Habou en Egypte)

    Pour Jürgen Spanuth, le texte de Platon est à respecter. Les indices qu'il contient peuvent être précieux pour localiser enfin l'Atlantide. Le Timée et le Critias n'ont qu'un seul défaut : ils situent la chute de l'Atlantide dans les flots prés de neuf mille ans avant l'époque de Solon, soit cent quinze siècles avant la nôtre. Pour lui, ce n'est pas raisonnable. 

    Ce docteur en théologie et en archéologie préfère situer l'engloutissement de l'Empire atlante au XIIe siècle avant l'ère chrétienne, soit á une époque compatible avec l'hypothèse crétoise et égéenne.

    Des vagues d’envahisseurs 

    Jürgen Spanuth a été frappé de constater que, douze cents ans avant notre ère, des vagues d'envahisseurs venus du nord ont déferlé sur le bassin méditerranéen, à la fois par la terre et par la mer.  C'est á cette époque-là que les Doriens arrivent en Grèce et détruisent la civilisation mycénienne. C'est à cette époque-là que les Phrygiens rayent de la carte l'Empire hittite. C'est à cette époque-là que les Philistins s'emparent de la Palestine et donnent leur nom à ce pays. 

    Au même moment, en Égypte, les attaques des « Peuples de la mer » font courir un danger mortel á la civilisation des pharaons. Ramsès III devra engager toutes ses forces pour les repousser et les dissuader pour longtemps de revenir dans le delta du Nil.

    Des bouleversements géologiques

    Le XIIe siècle avant notre ère est également une période cruciale pour le paysage méditerranéen lui-même : le Sahara entre alors dans sa phase finale et définitive de désertification. 
    Le relief des côtes du nord de l'Europe se modifie. De nombreux séismes ravagent le bassin oriental de la Méditerranée. Le volcan de l'île de Santorin explose.
    Sur les parois du temple de Médinet Habou, Ramsès III a fait graver le récit de sa campagne victorieuse contre les Peuples de la mer. Sur ces bas-reliefs, on peut voir comment l'océan a submergé les îles et la capitale des envahisseurs venus du nord. 
    La Bible aussi conserve un souvenir précis du Déluge : peut-être s'agit-il d'un même souvenir d'engloutissement de cités humaines par les eaux, transmis de génération en génération jusqu'au peuple hébreu, par l'intermédiaire des savants mésopotamiens.
    En tout cas, deux choses sont certaines les habitants de Delphes se sont toujours présentés comme les descendants des « Hyperboréens » ; et l'étude géologique des littoraux danois a confirmé que, au cours du IIe millénaire avant notre ère, une partie de la côte s'est abîmée dans les flots.

    Vestiges égyptiens

    Sur les bas-reliefs de Médinet Habou, les guerriers venus du nord sont représentés avec des casques á cornes et de curieuses coiffures en forme de couronnes. Les sculpteurs du pharaon ont également transmis le dessin de leurs chars, de leurs navires et de l'organisation de leur armée.
    A l'époque de ces combats pour la possession du riche delta du Nil, aux greniers débordants de céréales, il est probable qu'une autre vague d'envahisseurs venus du nord, par la terre cette fois, ait dû se heurter aux guerriers de l'Attique.
    Ce qui pourrait expliquer que la région d'Athènes soit longtemps restée imperméable à l'influence dorique.

    Les Peuples de la Mer

    Dans Le Secret de l'Atlantide (Éditions Copernic, 1977), Jürgen Spanuth rappelle que, pour évoquer le pays des Peuples de la mer, les textes égyptiens parlent du « pays de l'obscurité ». On peut voir là une allusion aux brumes du nord et á l'interminable hiver qui obscurcit le ciel sous les latitudes septentrionales.
    De plus, par une subtile exégèse, le pasteur archéologue affirme qu'il faut traduire le texte de Platon d'une manière un peu plus rigoureuse : quand Platon parle d'un pays « à l'abri des vents du nord », Jürgen Spanuth avance qu'il faut comprendre que les envahisseurs viennent d'un pays « en direction des vents du nord ».

    A Médinet Habou, les artistes du pharaon ont très précisément reproduit les armes des Peuples de la mer : on y reconnaît, entre autres, les fameuses épées à sole plate et à rivets, caractéristiques des cultures indo-européennes, et qui ont été retrouvées, en grand nombre, dans le nord de l'Europe, et des boucliers ronds, eux aussi caractéristiques de ces cultures. 
    Même la forme des bateaux, absolument comparables à ceux qui sont reproduits sur certaines pierres gravées du sud de la Suède, est un indice sérieux en faveur de l'hypothèse « nordique » de localisation de l'Atlantide. 
    Platon parlait d'un « rocher dominant la mer à pic » et de « pierres blanches, noires et rouges ». 

    Pour Jürgen Spanuth, Basileia, la ville royale et la capitale des Atlantes, peut ainsi être située à Héligoland, une île de la mer du Nord, au large des côtes allemandes et danoises. Une colline, submergée depuis, aurait pu être l'oppidum dont parlait Platon.

    En 1953, des plongeurs sous-marins ont découvert des restes d'enceintes, á 9 km d'Héligoland, l'« île sacrée » des anciennes cultures nordiques. Faute de moyens, ces fouilles sous-marines n'ont pas été poursuivies. On ne peut que le regretter...Platon parlait beaucoup de l'orichalque, un mystérieux minerai dont les Atlantes auraient fait la base de leur commerce et la source de leur richesse. Peut-être s'agit-il, si la démonstration de Jürgen Spanuth est juste, de l'ambre, cette résine fossile que les anciens peuples européens appréciaient autant que l'or, notamment pour faire des parures, et qu'on ne trouvait que sur les côtes des mers nordiques.

    Arguments et contre arguments

    Chercheur « parallèle », en tout point comparable á Schliemann, l'homme qui a découvert le site de Troie, Jürgen Spanuth a vu sa thèse très contestée.   

    On lui a beaucoup reproché son amateurisme. Il est vrai que, souvent, il s'arrange pour tourner ou pour écarter certains faits gênants.>On pourrait s'étonner, en effet, de voir des éléphants s'ébattre sur les côtes danoises. Le texte de Platon est pourtant formel. Jürgen Spanuth évoque alors une confusion entre elephas « l'éléphant » et elaphos « le cerf ».

    Faut-il alors placer l'Atlantide du côté d'Héligoland et faire des Peuples de la mer les descendants des Atlantes qui auraient survécu à l'engloutissement de leurs terres ?La prudence s'impose. Une seule certitude : l'effondrement, dans la mer, il y a plus de trente siècles, d'une partie des côtes du Jütland. Tous les autres indices (les bas-reliefs de Médinet Habou, les armes nordiques, l'ambre, etc.) ne sont pas des preuves.

    L'archéologie a pourtant donné un nouvel atout á Jürgen Spanuth : on a retrouvé, sur le site même d'Héligoland et dans différents gisements sous-marins, des lingots de cuivre et de nombreuses traces d'une exploitation très ancienne de minerai. Or, le texte de Platon mentionnait la présence, parmi les richesses du sous-sol atlante, de « cuivre sous une forme dure et malléable ».

    Le texte de Platon est-il fiable ?

    Mais faut-il croire au texte de Platon ? Il se peut que plusieurs traditions se soient mêlées, au cours de centaines d'années de récits et de légendes orales, pour donner naissance au mythe de l'Atlantide.L'invasion des Peuples de la mer, chassés de leurs terres par un cataclysme marin naturel et l'explosion du volcan de Thêra, lui aussi destructeur d'une civilisation, ont ainsi pu se confondre, avec d'autant plus de facilité que les Grecs anciens ignoraient à peu prés tout de leur histoire.Vouloir á tout prix prouver la cohérence du texte de Platon est sans doute faire une mauvaise approche du problème de l'Atlantide.

    On sait qu'un texte littéraire peut « transformer » la réalité : très prés de nous, La Chanson de Roland en est un exemple parfait. Les récits homériques de L'Iliade et de L'Odyssée, longtemps considérés comme légendaires, ont fini par être reconnus comme vrais et « décodés », au sens strict du terme.La vérité sur l'Atlantide sortira probablement d'une critique serrée du texte de Platon et de sa « généalogie », qui devront être confrontées aux données historiques et géologiques disponibles.

    Un jour, l'Empire atlante cessera peut-être d'être promené sur tous les continents ou même sur toutes les planètes, puisque certains auteurs ont même soutenu que les Atlantes, vaincus par les Athéniens, n'étaient, en réalité, que des ... extra-terrestres !


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  • Une religion est un ensemble de rites, croyances généralement théistes, composée de règles (éthiques ou pratiques), de récits, de symboles ou de dogmes adoptés comme conviction par une société, un groupe ou une personne. Par métonymie, la religion peut désigner l'ensemble des croyants, l'éventuelle institution en découlant ou « la religion » en tant que vue d'ensemble des différentes religions. Une religion peut être polythéiste ou monothéiste.

    La religion occupe une place importante dans la culture des sociétés humaines. Les relations réciproques entre religions et composantes de la société sont souvent complexes, voire inextricables.

    Par extension, certaines pratiques générant des cultes, des adorations ou des dogmes, prennent une valeur de religion et entraînent l'usage d'un vocabulaire religieux, par exemple « le temple du football », le culte de l'Être suprême.

    Définitions

    La religion a pu être définie dans des formes très diverses voire se voir refuser une définition pour ne pas enfermer la religion dans une vue monolithique. La plupart des définitions actuelles tentent de trouver un point d'équilibre entre définitions strictes et généralisation excessive.

    L'un des principaux obstacles à la définition est de savoir s'il faut y inclure la notion de divinité. Le second, si des pratiques que des peuples ne considèrent pas comme religieuses doivent être prises en compte et incorporées. Enfin, troisième obstacle, la prise en charge ou non de la nature du sacré à laquelle se sont rattachées de nombreuses approches théologiques.

    Dans la diversité des recherches en sciences humaines, la religion recouvre plusieurs acceptions. Ainsi, comme le remarque Jonathan Z. Smith, le mot religion « est un terme créé par les chercheurs pour leur propre besoin. » En anthropologie culturelle, une religion est une approche organisée de la spiritualité humaine qui a recours usuellement à une série d'explications mythologiques, de symboles, de croyances et de rituels, dans une dimension souvent surnaturelle ou transcendante, qui procure ainsi un sens aux expériences et à l'existence du pratiquant, lui prodiguant une assurance de « Vérité ». On retrouve cet élément de définition culturelle chez les philosophes de la religion, ainsi chez Paul Tillich. La sociologie a pu donner donner des définitions fonctionnalistes. La psychologie s'est appuyée sur l'expérience émotionnelle du croyant sur son rapport intime avec le sacré.

    Le concept de religion et ses limites

    Les concepts qui nous servent à décrire les phénomènes religieux contemporains ne sont pas forcément adaptés à l'analyse de ce qu'ils étaient pour les peuples anciens. Dans les langues anciennes (hébreu, grec et latin) le mot « religion » désignait les cultes ou les pratiques cultuelles propres à chaque civilisation. Son sens actuel est différent par sa prétention à l'universalisme. Ainsi, la notion de religion a pu apparaître comme une « invention » occidentale des temps modernes. Au-delà, pour des auteurs tels que Timothy Fitzgerald, la « religion », est une catégorie intellectuelle inopérante, née d'un désir d'affirmer le caractère transcendant d'une culture mondiale idéale ; en définitive, « il n'y a pas de fondement théorique non-théologique cohérent pour l'étude de la religion comme une discipline universitaire » à l'exception de définitions qui en dernier ressort renvoie à un théisme chrétien.

    Si le terme apparaît au XIe siècle, la théorisation du phénomène, son étude et sa définition moderne apparaissent à la Renaissance, avec les grandes découvertes qui amènent les Européens à s'interroger sur la spécificité du christianisme et sur ses ressemblances par rapport aux religions non monothéistes.

    Étymologie

    Une hypothèse lie le terme à la racine *leig et par là au terme latin religio, dont le nuage sémantique est très riche. Cependant, l'étymologie demeure incertaine et controversée depuis l'Antiquité. Querelle philologique, le questionnement engage aussi le sens même du terme religio. Est-elle ce qui relègue et éloigne ou ce qui relie et permet la communion ?

    Au sens propre, le terme religio signifie « scrupule », « conscience », « engagement », « obligation », puis par sens dérivé, « crainte des dieux », « sentiments religieux », « croyances », « superstitions », « pratiques religieuses » ; enfin « caractère sacré », « objet » ou « chose sainte » (ou « de culte »), « signe sacré », « sainteté ». On trouve cette double étymologie chez Cicéron qui évoque le respect et la crainte face aux forces surnaturelles et le souci d’être scrupuleux dans l'observation des rites. Ainsi le sens latin du terme religio désigne plus une religion objective qu'une foi. Il semble lié à l'aspect ritualiste voire anxieux de la pratique religieuse romaine publique.

    L'étymologie du terme « religion » reste un débat polémique de linguistes et de spécialistes des religions. L'étymon ligare est proposé par les auteurs chrétiens antiques tels Augustin d'Hippone, Lactance (Divinae institutiones), Tertullien ou Isidore de Séville. Ainsi, religio viendrait de religare, « rejoindre » ou « relier », compris généralement comme indiquant la relation de l'humain au divin, mais aussi des humains les uns aux autres, lien à la fois sur le plan de la cohésion sociale et sur celui de l'attachement affectif. Il s’agit d’une signification tardive probablement fondée sur la confusion entre « religo » (de , avoir égard à quelque
    chose) et « religo » (de « ligo », « lier »). Les auteurs romains d'obédience chrétienne comme Tertullien, Saint Augustin, Lucrèce, Isidore de Séville ou Lactance citent l'opinion de Cicéron qui, dans De la nature des dieux, fait remonter le mot au latin religio, dont la racine est un verbe : ligare, donnant religare, soit en français respectivement « lier » et « relier ». Pour Cicéron, le sens du mot contient l'idée de scrupule et d'attention à porter aux actes et aux rites. Le mot est ainsi une création latine tardive et d'origine chrétienne. Avant le christianisme, les langues anciennes, et même le grec antique, ne possédaient pas de mots signifiant le sens actuel de religion. J Rudhart dans Notions fondamentales de la pensée religieuse et actes constitutifs du culte dans la Grèce antique a montré que « notre mot religion n'a pas d'équivalent grec », et que ce constat vaut pour le sanscrit et pour l'hébreu enfin. La « religion » est donc une attache ou une dépendance, un assujettissement du croyant à son culte et à sa divinité. Toutefois, Cicéron note l'autre sens du mot « religio » qui proviendrait du verbe « legere », soit « cueillir, ramasser », dans cette hypothèse « religere » signifierait « recueillir » et « recollecter ». D'après le linguiste Émile Benveniste, le mot renverrait au verbe « religere » qui, dans cette acception, signifierait « revenir sur ce qu'on fait» ou « ressaisir par la pensée ou la réflexion ».

    Les deux étymons ne sont pourtant pas antagonistes. Pour Michel Serres : « Le religieux [est] ce qui nous rassemble ou relie en exigeant de nous une attention collective sans relâche telle que la première négligence de notre part nous menace de disparition. (...) Cette définition mélange les deux origines probables du mot religion, la racine positive de l'acte de relier avec la négative, par l'inverse de négliger. ». Une troisième voie est indiquée par Augustin d'Hippone (De Vera religione), qui suggère l'étymologie archaïque suivante : relegere, « relire », « reprendre », par opposition à neglegentia, « négligence ». Pierre Legendre, s'appuyant sur les travaux de Émile Benveniste et J. Scheid[19], argumente à son tour dans le sens d'une telle interprétation : « Le sens originaire du latin religio se situerait du côté du verbe legere (recueillir, qui a donné lire), non pas ligare (lier).» En d'autres termes, une telle sédimentation du terme indiquerait que religio constitue une figure herméneutique magistrale de la société, un mode d'intelligibilité de la société sur le monde et sur elle-même.

    Le philosophe Jacques Derrida dans Foi et savoir étudie le rapport et la sémantique des deux étymologies. La première filiation, du verbe « relegere », de « legere » signifiant « cueillir et rassembler » renvoie pour lui à l'expérience de la sacralité et de la sainteté, essence même de la religion. Par extension, ce sens renverrait aux traditions écrites et aux enseignements aux sources des cultes, comme les mythes, les textes fondateurs à vocation didactique ou édifiante :

    en hébreu, le mot « Torah » signifie « enseignement » ;

    en arabe, « Coran » signifie « récitation » ;

    au savoir, c'est le sens en sanskrit du mot « Véda » ;

    aux écritures saintes, « Biblia » en grec signifie « livres compilés » ;

    et enfin à la loi, « Dharma » dans l'hindouisme.

    L'autre filiation, du verbe religare, de ligare signifiant lier et relier est elle inventée par les chrétiens et véhicule l'idée d'une religion comme lien social, croyance partagée et universelle dette entre hommes ou entre l'homme et Dieu, pacte entre la divinité et la communauté.

    En Chine et au Japon

    On comprend ainsi qu'il s'agit à la fois des croyances et des cultures d'un groupe humain et des pratiques qui en découlent.

    L'étymologie semble indiquer que la religion relie l'homme à la divinité, et à ses racines originelles, et à la société où il évolue. Ces dimensions (ainsi que le rapport à la mort, implicitement présent dans les cultes des Lares) se retrouvent effectivement à l'origine des religions. Historiquement, dans les sociétés primitives, il n'y a pas de séparation entre le sacré et la société elle-même : la société n'a pas « une religion », c'est la nature même de la société qui est religieuse, la religion est coextensive à la société, et toutes les activités de l'homme qui prennent un aspect transcendant.

    Foi, sens et croyances

    L'expérience religieuse s'articule autour de mythes, de rites, de pratiques et repose sur un assentiment que la théologie chrétienne désigne sous le terme de foi. Cette notion, que l'on peut transposer aux autre formes religieuses, est centrale dans de nombreux cultes. Certaines sociologues, dans la lignée d'Henri Hubert ont pu voir dans la notion de sacrée, un pivot à l'organisation de la religion et en définitive l'élément central de toute explication religieuse du monde : « C'est l'idée mère de la religion. Les mythes et les dogmes en analysent à leur manière le contenu, les rites en utilisent les propriétés, la moralité religieuse en dérive, les sacerdoces l'incorporent, les sanctuaires, lieux sacrés, monuments religieux la fixent au sol et l'enracinent. La religion est l'administration du sacré. » Les religions prennent en charge les questions essentielles, permanentes et récurrentes propres à la condition humaine, au sens de la vie, proposant en particulier des récits mythologiques, cosmogoniques et des espérances face à l' angoisse de la mort et à l'ignorance naturelle relative à l'existence et à l'univers. Elle peut apparaître dans sa recherche de sens comme un élément de cohésion sociale qui se manifeste par une géographie du sacré ou être considéré d'un point de vue personnel et intime comme une expérience spirituelle.

    Conscience de la mort et sentiment religieux

    Pour les anthropologues, la conscience de la mort est constitutive de l'humanité : le rite funéraire est l'indice qui signale l'émergence d'une certaine forme de culture, mais aussi - de manière hypothétique - du sentiment religieux, qui permet de distinguer l'humain des autres anthropoïdes.

    La relation des sociétés humaines à la mort engagent tant des systèmes de valeurs et de croyances, qu'un ensemble de rites, de symboles, de pratiques et de traditions qui inscrivent la confrontation des groupes humains à la mort dans une perspective éminemment religieuse. Si la religion apparaît comme la principale réponse des vivants à la morts, la forme que prend cette réponse peut se manifester avec plus ou moins d'intensité selon les cultures. L'inhumation volontaire peut indiquer l'importance accordée à certains membres de la communauté mais manifeste de même l'apparition de sentiment religieux. Les premières sépultures proprement dites font leur apparition au cours du Moustérien (Paléolithique moyen), il y a environ 100 000 ans . Elles sont liées à l'Homme de Néandertal en Europe et aux premiers homo sapiens au Proche Orient comme l'indiquent les découvertes récentes de la grotte de Es Skhul. Les rites funéraires sont des rites de séparation qui permettent de se détacher du mort par la mise en place d'une image, d'un souvenir (masque mortuaire, effigie, etc.) qui détache le mort de sa dépouille pour lui permettre de trouver une place dans l'imaginaire des vivants. Néanmoins, les rituels ne retiennent pas le mort. En gardant une trace, un souvenir, ils visent aussi à l'exclure de la communauté des vivants. Beaucoup de rites funéraires servent à accompagner l'âme du défunt hors du monde des vivants. Tout est fait pour que le mort ne puisse pas revenir tourmenter les membres de la communauté. Au Sénégal, les Diola lui crèvent les yeux et lui cassent une jambe pour être sûr qu'il ne revienne pas. Toujours au Sénégal, les Senufo insultent le cadavre, le miment en le caricaturant. Tous ces rites cherchent à exclure le mort, à le « congédier » hors du monde des vivants. Pour Louis-Vincent Thomas, les rites funéraires opèrent une double fonction :

    Sur le plan du « discours manifeste », ils règlent le devenir du cadavre, tout en prenant en charge les survivants au travers d’une codification et d'une réglementation rituelle précise.
    Sur le plan du discours latent, « même si le cadavre reste toujours le point d'appui des pratiques, le rituel ne prend en compte qu'un seul destinataire : l'homme vivant, individu ou communauté ; sa fonction fondamentale est de guérir ou de prévenir, fonction qui revêt d'ailleurs de multiples visages : déculpabiliser, réconforter, revitaliser, etc ».

    Explication du monde et récits primordiaux

    La plupart des religions - en partage avec les mythologies - proposent des récits cosmogoniques, voire de la naissance, des combats, des actions ou des dieux et des esprits. Ces récits s'inscrivent dans un temps sacré, volontiers circulaire, réversible ou d'apparence cyclique[33]. Le monde s'organise alors autour d'une figure centrale qui ordonne et sépare le monde du chaos primordial. Ces récits évoquent, en des sens variés la naissance du monde, la cosmologie, l'apparition de l'homme, l'immortalité ou sa quête, l'éternité, la fin du monde. Elle serait l'expression organisée d'un besoin de sens de l'être humain et son désir de comprendre et d'expliquer ce pour quoi aucune explication ne semble se présenter.


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  • Ce site constitue un véritable mystère, affirment les archéologues, qui auraient juré, avant la découverte de Mohenjo-Daro, qu’aucune véritable civilisation n’avait pu exister dans la vallée de l’Indus, au Pakistan, il y a environ 4 500 ans.
    Depuis 1921, une succession de découvertes dont la cité d’Harappa puis celle de Mohenjo-Daro ont prouvé l’existence d’une culture jusqu’alors inconnue.
    La civilisation de la vallée de l’Indus a inventé une écriture à ce jour indéchiffrée et a manifestement marqué la culture indienne.
    Mais, le plus grand mystère reste l’abandon de ces cités et la disparition de cette civilisation.

    La civilisation de la vallée de l’Indus

    En 1921, des fouilles débutèrent à Harappa. Les archéologues mirent au jour les maigres vestiges d’une grande cité.
    En 1922, un archéologue indien qui cherchait les vestiges d’un ancien temple bouddhiste mis au jour à 640 km d’Harappa les ruines d’une civilisation protohistorique. C’est une véritable métropole qui sortit de terre.
    Mohenjo-Daro, la « colline des morts », fait toujours l’objet de recherches mais aussi de vives controverses.
    Mais qui était cette civilisation restée si longtemps dans l’ombre ?

    Il faut imaginer un peuple qui a vécu sur un immense territoire. Ce peuple parlait une langue qui nous est inconnue et utilisait une écriture que nous n’avons toujours pas réussi à déchiffrer.

    Cette civilisation a construit de grandes villes divisées en quartiers mais avec une logique qui nous échappe.
    En effet, nous n’avons retrouvé ni temples, ni palais. Les premiers habitants de la vallée de l’Indus ont commencé à édifier des villages vers le VIIe millénaire avant notre ère.

    Puis, entre 3 200 et 1 800 ans avant notre ère, de grandes villes s’épanouirent. C’est entre 2 700 et 2 600 ans avant notre ère que furent édifiés les imposants murs d’enceinte d’Harappa.

    Les chercheurs ont d’abord pensé que cette civilisation était constituée de colonies provenant de Mésopotamie. Mais, les fouilles ont révélé que ce peuple avait ses caractéristiques propres. Pour l’instant, faute de nouveaux indices, officiellement la plus ancienne civilisation indienne est née sur les rives de l’Indus tout comme l’Egypte s’est développée sur les rives du Nil.

    Depuis la découverte de Mohenjo-Daro, d’autres cités antiques de l’Indus ont été retrouvées comme Dholavira ou Ganweriwala.

    Apparemment, ce peuple était un peuple de marchands. Tout porte à croire qu’ils ne disposaient d’aucune supériorité militaire. Tout atteste le caractère pacifique de ce peuple qui possédait une supériorité culturelle.

    On se perd en hypothèses sur leur système social et sur leur religion. Il ne s’agit nullement comme c’est le cas pour la civilisation égyptienne d’avancée technologique subite. L’évolution semble avoir été progressive.

    Après près de 100 ans de recherches, on commence à mieux comprendre l’évolution de cette civilisation. Schématiquement, les périodes sont les suivantes :

    Entre 8 000 et 5 000 ans avant notre ère : les techniques de la métallurgie se diffusent dans toute l’Eurasie. L’agriculture et le commerce apportent la richesse. Les villages croissent et deviennent de véritables villes.

    Entre 4 000 et 2 600 ans avant notre ère : les archéologues parlent d’une « époque de rationalisation ». Les régions du bassin de l’Indus commencent à constituer une identité culturelle spécifique.
    A cette époque apparaît un nouveau modèle d’urbanisme. Les agglomérations sont divisées en deux secteurs. Il est probable que les secteurs étaient habités par des classes sociales distinctes.

    Entre 2 600 à 1 900 ans avant notre ère : c’est « l’époque de l’intégration ». Cette période désigne la manière dont les cultures régionales ont conflué en une seule grande civilisation.
    Toutes les villes dispersées dans un rayon de milliers de kilomètres utilisent la même écriture et les mêmes sceaux en stéatite. Ils décorent leurs vases avec les mêmes dessins et les poids utilisés sont les mêmes partout.
    Ce processus d’unification sur un territoire aussi immense reste inexpliqué.

    Entre 1 900 à 1 600 ans avant notre ère : c’est « l’époque de la localisation ». Au cours de ces deux siècles, les villes sont progressivement abandonnées, l’écriture est négligée et des techniques tombent en désuétude.

    Mohenjo-Daro : une cité très évoluée

    Le caractère le plus stupéfiant des villes harappéennes est la complexité de leur urbanisme. Ces villes s’étendaient sur un périmètre de 100 à 200 ha au minimum.
    Mohenjo-Daro est très bien conçue. On peut la comparer aux grandes villes américaines. D’ailleurs, les archéologues ont surnommé cette cité« le Manhattan de l’âge de bronze ».

    En effet, on peut voir une douzaine d’artères tracées au cordeau traverser la ville du nord au sud, coupées d’est en ouest par des rues plus étroites qui délimitaient des pâtés de maisons.
    Cela évoque le quadrillage du prestigieux quartier new-yorkais.

    Les rues étaient pavées avec des centres administratifs imposants. Il y avait des rangées de petites maisons en briques dotées de toilettes privées et d’égouts.

    Au centre de Mohenjo-Daro se dressait la citadelle, vaste édifice abritant des salles de fêtes et des bureaux.

    A proximité, des bains publics avaient été construits. Mohenjo-Daro abritait également ce qu’on a baptisé le « Grand Bain ». C’est une piscine de 12 m de long sur 7 de large et 2,40 m de profondeur. On pense qu’elle servait pour des cérémonies d’immersion car on retrouve les bains rituels dans la religion de l’hindouisme.

    Les rues étaient bordées de magasins. A l’intérieur des maisons, il y avait généralement un puits et même quelque fois une salle de bain avec un bac à douche.

    En l’absence de canalisations, ces maisons ne disposaient pas bien sûr de l’eau courante. Par contre, il existait un système d’évacuation des eaux usagées utilisant des conduits d’argile.
    Ces tuyaux rejoignaient les égouts amovibles, en pierre, à chaque croisement, facilitant l’entretien du système.

    Ce peuple était apparemment épris d’ordre et d’hygiène. Dans les ruines du site de Mehrgarh, les archéologues ont découvert l’équivalent de nos décharges industrielles. On y mettait les rebus du travail des peaux, du cuivre, du talc, des coquillages etc…

    D’autres bâtiments restent énigmatiques. A Harappa et Mohenjo-Daro, il existe deux édifices étranges avec un socle divisé en blocs, qui supportait probablement une construction en bois. On a cru qu’il s’agissait de greniers mais finalement ils restent un mystère.

    De même, n’ayant retrouvé aucun édifice religieux, on suppose que cette civilisation adorait ses divinités en plein air.

    Pourquoi une civilisation aussi évoluée a-t-elle abandonné ces villes ?

    Des cités abandonnées

    A partir de 1 600 ans avant notre ère, les villes étaient à l’abandon. De nombreuses théories ont été émises pour expliquer ce déclin.

    On a tout d’abord pensé que la civilisation de l’Indus avait été renversée par une invasion indo-européenne. Mais aucune preuve n’est venue étayer cette théorie.

    L’eau est peut-être la cause de cet abandon. En effet, des recherches archéologiques ont révélé que la civilisation de l’Indus devait lutter constamment contre les inondations. Certains quartiers de Mohenjo-Daro auraient été reconstruits huit fois. Mais, il n’y a aucune trace d’une catastrophe naturelle qui aurait touché l’ensemble des cités.

    Parallèlement à ce problème, des squelettes portent la trace de blessures à l’arme blanche. Il y aurait donc bien eu un conflit. Les fouilles relatives à cette époque ont révélé des destructions, des incendies et des squelettes sans sépulture.
    On constate en parallèle un retour en arrière dans la technique de céramique par exemple. Cependant, les squelettes sont fort peu nombreux et on a retrouvé aucun fragment d’armes.

    Une explosion nucléaire ?

    Plus récemment, une théorie assez révolutionnaire a été énoncée. Les scientifiques Davneport et Vincenti ont déclaré que la ville de Mohenjo-Daro avait été ravagée suite à une explosion nucléaire.
    Ils ont trouvé de grosses strates de glaise et de verre vert. Les archéologues supposent qu’une très forte température a fait fondre de la glaise et du sable qui ont durci immédiatement après.
    De semblables strates de verre vert ont été retrouvées dans le désert du Nevada après chaque explosion nucléaire.

    L’analyse moderne a confirmé que des fragments de la ville avaient fondu au contact d’une très haute température. Les douzaines de squelettes qui ont été trouvés dans la région de Mohenjo-Daro présentent une radioactivité excédant la norme de presque 50 fois.

    Ces analyses scientifiques nous ramènent à la grande épopée indienne, le Mahabharata. Elle contient des mentions d’une arme prodigieuse aux effets dévastateurs. Un des passages parle d’une « coquille », qui étincelait comme le feu, mais sans dégager de fumée.

    « Quand la coquille a touché le sol, le ciel est devenu obscur, les tornades et les tempêtes ont ravagé les villes. Une horrible explosion a brûlé des milliers de gens et d’animaux, les réduisant en cendres. »

    Bien sûr, on a du mal à imaginer qu’à une époque aussi lointaine des armes nucléaires ont pu être utilisées. Le texte est troublant quand on le met en parallèle avec les dernières découvertes. Pourrait-il s’agir d’un phénomène naturel qui aurait provoqué un cataclysme ? L’épicentre du choc a été détecté au centre de la ville. A cet endroit, toutes les maisons ont été nivelées. A la périphérie, les destructions sont moins importantes.

    L’énigme de Mohenjo-Daro reste entière pour le moment. Cependant, si l’on suppose qu’une catastrophe s’est abattue sur cette cité, cela n’explique pas l’abandon des autres villes. Mohenjo-Daro et Harappa sont les métropoles les plus connues mais il existait au moins trois autres villes aussi importantes. Il y en avait d’autres mais de moindre importance.

    Eléments de réflexion

    Il existe quelques rares cas de réacteurs nucléaires naturels

    À ce jour, sur les 1052 sites qui ont été découverts, plus de 140 d'entre eux se trouvent sur les rives du cours d'eau saisonnier Ghaggar-Hakra.

    En fait, le peuple indusien n'a pas disparu.

    Au lendemain de l'effondrement de la civilisation de l'Indus, des cultures régionales émergent qui montrent que son influence se prolonge, à des degrés divers. Il y a aussi probablement eu une migration d'une partie de sa population vers l'est, à destination de la plaine gangétique. Ce qui a disparu, ce n'est pas un peuple, mais une civilisation : ses villes, son système d'écriture, son réseau commercial et, finalement, la culture qui en était son fondement intellectuel.

    Une des causes de cet effondrement peut avoir été un changement climatique majeur. Autour de 1800 av. J.-C., nous savons que le climat s'est modifié, devenant notablement plus frais et plus sec. Mais cela ne suffit pas pour expliquer l'effondrement de la civilisation de l'Indus. Une catastrophe tectonique pourrait avoir détourné les eaux de ce système en direction du réseau gangétique.

    Une autre cause possible de l'effondrement de cette civilisation peut avoir été l'irruption de peuples guerriers au nord-ouest de l'Inde, qui auraient provoqué la rupture des relations commerciales avec les autres pays.

    Plusieurs facteurs sont sans doute intervenus et ont conjointement provoqué ce déclin. A vrai dire, la raison de la chute de ce peuple et ce qu’il est devenu ensuite est très floue et sujet à polémique. Cependant, le fleuve et les changements climatiques ont certainement joué un rôle dans le déclin de cette civilisation.

    La civilisation de la vallée de l’Indus a en tout cas marqué l’Inde. Bien des aspects de l’Inde d’aujourd’hui puisent leurs racines dans la civilisation de l’Indus.


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  • Mystère du Grand Serpent de l’Ohio

    Parmi les bâtisseurs de mounds aux Etats-Unis, la culture d’Adena a laissé un tertre connu sous le nom de Grand Serpent.
    Ce tumulus se situe près de l’actuelle ville de Peebles dans l’Ohio.
    Nous connaissons les trois cultures indiennes qui ont bâti les mounds mais par contre un mystère demeure. En effet, nous ignorons toujours pourquoi ils ont construit ces sculptures de terre.
    Il n’est d’ailleurs pas certain que le Grand Serpent est l’œuvre de la culture Adena.

    Les bâtisseurs de Mounds

    Les archéologues distinguent trois cultures principales chez les bâtisseurs de mounds :

    Culture Adena: cette culture avait son foyer dans le haut centre-ouest de l’Amérique, entre 1000 avant notre ère et 200 de notre ère. C’était un peuple de chasseurs-cueilleurs puis d’agriculteurs.
    Ce peuple a bâti des tertres funéraires et réalisé des sculptures zoomorphes. La culture Adena a bâti beaucoup d’autres sculptures aux formes géométriques. Certaines sont des alignements.

    Culture Hopewell: cette culture est en partie contemporaine avec celle d’Adena et a fini par la remplacer. Elle s’est épanouie entre 200 avant notre ère et 550 de notre ère, soit à peu près à la même période que celle de Nazca.

    Cette culture amérindienne s'est développée le long des cours d'eau du nord-est et du midwest des États-Unis.
    Artisans et commerçants, les Indiens de Hopewell et leurs successeurs immédiats construisirent la plupart des mounds et des « forts » en terre.

    Culture du Mississippi : c’est la plus grande culture indienne ancienne. Les archéologues parlent actuellement plutôt de période Mississippi. Elle a commencé vers l’an 600 ou 700 de notre ère. Cette civilisation précolombienne s’est développée dans la basse et la moyenne vallée du Mississippi.
    Sa plus grande réalisation est la métropole précolombienne de Cahokia, sur le site actuel d’East St. Louis ou a été érigée une immense colline artificielle tronquée, ressemblant à la base d’une pyramide d’Egypte.
    C’est elle qui a assisté à l’arrivée des Européens. En 1539, Hernando de Soto et ses conquistadors traversèrent la région et ne laissèrent derrière eux que mort et désolation.
    En une seule génération, toute la population indienne de la région fut décimée par la variole et d’autres maladies.
    La culture du Mississippi disparut.

    Le Grand Serpent

    Il s’agit d’une sculpture en argile jaune qui ressort sur le sol plus sombre. Ce « serpent » ondule sur plus de 400 mètres.
    Comme toutes les autres masses de terre sculptées, celle-ci s’apprécie mieux vue du ciel.

    Le serpent déroule ses sinuosités le long d’une crête. Il possède 7 anneaux et sa queue est enroulée.
    Sa gueule est ouverte et semble avaler un objet ovale.

    Le psychologue Thaddeus M.Cowan de l’Université du Kansas a remarqué que le Grand Serpent s’inscrit dans une tradition culturelle mondiale selon laquelle le serpent est le symbole d’événements célestes.
    En Asie, par exemple, l’image d’une éclipse de Lune est un serpent qui avale un œuf. C’est exactement ce que fait le serpent de l’Ohio.

    Selon sa théorie, le serpent représente la Petite Ourse (Petit Chariot), dont le timon se termine par l’étoile Polaire.
    En effet, les courbures du serpent correspondent aux étoiles du timon, et la queue de l’animal s’enroule dans le sens des aiguilles d’une montre, qui est aussi celui de la rotation du Petit Chariot autour de l’étoile Polaire.

    Ce n’est bien sur qu’une hypothèse car les bâtisseurs ne nous ont laissé aucune indication. La plupart des tumulus sont des sépultures. On y a retrouvé de nombreux objets qui accompagnaient les défunts : bijoux, armes, poteries …
    Mais, le Grand Serpent ne rentre pas dans cette catégorie.

    Comme pour les tracés de Nazca, on se demande comment ces hommes ont réussi à dessiner à même le sol une forme aussi parfaite alors qu’ils ne pouvaient prendre aucun repère en s’élevant au-dessus du sol.

    Le Grand Serpent semble avoir été édifié vers la fin de la période Adena. Cependant, d’après des analyses au carbone, cette thèse communément acceptée pourrait être remise en cause.
    Il se pourrait que le Grand Serpent soit plus récent, vers 1050 de notre ère.
    Ce ne serait donc pas l’œuvre de la culture Adena mais de celle du Mississippi.

    Des sépultures ont été retrouvées à proximité et datent de la période Adena. C’est pourquoi, le Grand Serpent leur a été attribué à l’origine.

    Le débat reste ouvert car les différentes analyses effectuées sont contradictoires.

    Il est également à souligner que d’après plusieurs études géologiques, cet endroit serait un ancien site d’impact d’une météorite. Elle se serait écrasée sur Terre au Permien.

    Aujourd’hui restauré et protégé, le site est devenu une destination touristique.


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