• Comparatif entre les mythologies concernant la fin du monde

    Les mythes du monde entier se ressemblent souvent sur des thèmes tel que la création du monde, les origines de l’humanité ou la fin du monde.
    De nombreux chercheurs se sont intéressés aux mythes principalement parce qu’ils possèdent des points communs alors qu’il s’agit de cultures différentes et surtout distantes géographiquement.
    Le mythe du déluge est l’une de ces histoires que l’on retrouve dans de nombreuses mythologies.
    Le schéma conducteur est identique et cette coïncidence est assez troublante. On y parle d’un dieu ou de dieux mécontents des hommes qui détruisent le monde par une bonne inondation. Cependant, à chaque fois, il y a deux survivants qui permettent à l’humanité de repartir à zéro.
    Pour illustrer ce comparatif, j’ai choisi sept mythologies : la mythologie égyptienne, grecque, nordique, babylonienne, chinoise et amérindienne.
    Il est également intéressant de comparer ces mythologies propres aux religions polythéistes avec la mythologie biblique qui, bien que fondée sur un dieu unique, reprend largement le mythe du déluge.

    La destruction du monde selon la mythologie égyptienne


    Après la création du monde physique et de l’être humain, les dieux se multiplient et entretiennent des liens étroits, comparables à ceux des douze dieux de l’olympe dans la mythologie grecque.

    Cette fois encore, l’homme est devenu orgueilleux et pense qu’il est l’égal des dieux. Trop infatué de lui-même, il ignore les mises en garde et devient avare d’offrandes.

    Rê, chef de tous les dieux, réunit ces derniers afin de décider d’une punition. Ils décident d’envoyer sur terre la déesse à tête de lionne, Sekhmet, qui symbolise la vigueur du soleil.

    Ne craignant pas de tuer des hommes, Sekhmet se livre à un effroyable carnage et boit le sang de ses victimes.

    Les dieux s’inquiètent de la fin proche de l’humanité mais n’arrivent pas à endiguer la fougue de cette déesse vengeresse.

    Pour sauver ce qui peut encore l’être, ils inondent un champ d’un liquide rouge sang. Attiré par ce liquide, Sekhmet le boit jusqu’à la dernière goutte et s’effondre « saoulée » par cette boisson concoctée à base de bière.

    Mais lorsqu’elle se réveille de son coma éthylique, l’humanité est sauvée et les hommes ont compris une leçon : ne jamais négliger les dieux.

    Dans la mythologie égyptienne, le mythe du déluge est, si je peux dire, légèrement « aviné ». Cependant, les motifs de l’inondation sont les mêmes que pour les autres mythes : l’homme ne répond plus aux attentes de ceux qui les ont créés. C’est son orgueil qui le mène à une quasi-destruction.

    La fin du monde selon la mythologie nordique

    Pour les peuples nordiques, nul ne peut échapper à son destin. Le concept de Ragnarök (mort des dieux) est lié à cette idée.
    La destruction du monde est donc inéluctable.

    Ragnarök doit être annoncé par trois années de guerre suivies d’un terrible hiver de trois ans, sans été.
    Un immense tremblement de terre brisera alors tous les liens. Fenrir le loup se retrouvera délivré de ses chaînes ainsi que son père Loki.
    Jormungand, le serpent cosmique, provoquera un immense raz de marée qui inondera la terre entière.
    Les eaux tourbillonnantes emporteront le bateau Naglfar rempli de géants.

    Fenrir et Jormungand marcheront vers la plaine de Vigrid, lieu de l’ultime bataille, tous comme les dieux, conduits par Odin.

    Odin sera tué par le loup Fenrir et Thor succombera à ses blessures après avoir tué le serpent cosmique, Jormungand.

    A l’issue de ce combat final, des flammes, de la fumée et de la vapeur s’élèveront et le ciel s’obscurcira.
    Les étoiles disparaîtront et la terre sombrera dans la mer.

    Cependant, Ragnarök ne constituera pas la fin du monde. En effet, le monde ressurgira, vert et fertile et ce sera l’avènement d’un nouvel âge.

    Le monde des humains sera repeuplé par deux personnes, Lif et Lifthrasir. L’homme bénéficiera donc d’un nouveau départ et le cycle pourra recommencer.

    La mythologie nordique fait référence au déluge mais également à l’arche de Noé et au repeuplement de la terre grâce à un couple épargné par les dieux.

    Le déluge selon la mythologie chinoise

    Il existe quatre versions principales du mythe du déluge. Dans la première, le dieu-ouvrier Gong-Gong remue les eaux du monde entier à tel point qu’elles se précipitent contre la barrière du ciel.

    Le mythe de la double catastrophe du feu et du déluge met en vedette la déesse Nugua, qui met un terme au désastre.

    La version majeure narre comment le héros Yu maîtrise les eaux. Des créatures surnaturelles, le dragon aquatique et la tortue, l’aident dans sa mission.
    Après avoir canalisé les flots, il partage le monde en neuf régions et devient ainsi le fondateur de la dynastie mythique des Hia, la première de l’âge d’or.

    Si le mythe du déluge est omniprésent dans la fin du monde et sa renaissance, par contre, la mythologie chinoise ne fait pas référence à une punition divine, ni à un nouveau départ grâce à quelques survivants qui bénéficient de la faveur des dieux.

    On retrouve bien par contre, cette notion du retour à l’ordre naturelle après les catastrophes universelles ainsi que le concept de l’âge d’or.

    Les mythes du déluge dans la mythologie amérindienne

    Selon la mythologie du peuple cañari de l’Equateur, deux frères échappent à un déluge en se réfugiant en haut d’une montagne, l’Huacaynan.
    Lorsque le niveau des eaux baisse, les deux frères doivent survivre. Un jour qu’ils rentrent sans avoir pu trouver la moindre nourriture, ils voient un repas dans leur hutte accompagné de chicha (bière de maïs).
    Ce miracle se reproduit 10 jours d’affilée. Le frère aîné décide alors de se cacher pour savoir qui leur laisse cette nourriture.
    Il voit alors deux aras préparer le repas. Les deux oiseaux ont des visages de femme. Ils essayent de les attraper mais les oiseaux s’envolent et ne reviennent plus pendant trois jours.

    Le frère cadet se cache, à son tour, pour observer les curieux oiseaux. Alors que les oiseaux reviennent, il arrive à attrape le plus petit.

    Cet étrange couple vit de nombreuses années ensemble et a six enfants.

    Le mythe nous raconte que les Cañari descendent de ces enfants. La montagne, symbole de fertilité, est sacrée.

    Ce mythe mélange les métaphores de l’humanité et du monde animal qui exprime un thème andin universel.
    La mythologie andine et le panthéon incas particulièrement étaient gouvernés par de puissants dieux qui demeuraient au sommet de pics montagneux.
    Ils envoyaient pluie, grêle, foudre ou sécheresse pour tourmenter les hommes. Le seul moyen d’apaiser leur colère était de leur faire des offrandes ou des sacrifices.

    Le déluge dans la mythologie grecque

    Il existe plusieurs versions du mythe de déluge chez les Grecs.

    La version la plus aboutie du mythe du déluge nous vient du poète Ovide, un Romain qui a vécu au Ier siècle avant notre ère.

    Selon ce mythe, Zeus descendit sur Terre pour vérifier si les hommes étaient encore contrôlables.
    Il rendit visite au tyran Lycaon et se fit invité à dîner. Le peuple s’inclina devant ce dieu mais Lycaon ne lui voua aucune vénération.

    Il tua un prisonnier de guerre, un homme du peuple des Molosses et le fit cuire. Il le servit comme repas à Zeus. Il se dit que si cet invité était un faux dieu, il ne remarquerait pas qu’il mangeait de la chaire humaine.
    Manque de chance pour lui, Zeus en vrai dieu désintégra aussitôt Lycaon et son palais puis retourna sur l’Olympe.

    Très en colère, Zeus demanda à Poséidon, dieu de la Mer, de créer un gigantesque ras de marée pour submerger la Terre.
    Poséidon créa donc un colossal orage et la pluie ne cessa de tomber pendant neuf jours et neuf nuits.
    Ce déluge noya l’humanité toute entière.

    Cependant, seul le sommet du mont Parnasse dépassait encore des eaux. Alors, Prométhée qui avait protégé sa famille dit à son fils Deucalion de construire une arche en bois, de la remplir de nourriture, puis d’y faire monter son épouse Pyrrha, la fille d’Epiméthée et de Pandore.

    Le couple accosta au sommet du Parnasse. Enfin, les eaux se retirèrent et ils purent descendre pour se rendre jusqu’à un temple.
    Là, ils entendirent une voix leur ordonner de se voiler la face et de jeter les os de leur mère derrière eux.

    Cet acte aurait été un sacrilège. Le couple réfléchit, se disant qu’aucun dieu, ne pouvait exiger d’eux une telle chose.
    Ils comprirent alors que leur mère était Gaïa, la Terre. Donc, ses « os » étaient des pierres. Ils jetèrent donc quelques pierres et celles-ci se transformèrent en hommes et en femmes qui purent repeupler la terre.

    Il y a bien sûr, une ressemblance frappante entre le mythe grec et le mythe biblique.

    Mythologie babylonienne : Le déluge de Ninive (11e tablette de l’épopée de Gilgamesh)

    La Mésopotamie (Irak actuelle) est la source de nombreux mythes qui comptent parmi les plus anciens que l’on connaisse.

    Le récit est conté à Gilgamesh par le héros Utanapishtim. Les similitudes avec le déluge biblique sont frappantes.
    L’épopée de Gilgamesh date de plus de 4 000 ans avant notre ère.

    Utanapishtim, citoyen de la cité babylonienne de Shuruppak, reçoit un message secret du dieu Ea l'avertissant que les dieux sont sur le point de noyer la terre sous un déluge.

    Ea ordonne à Utanapishtim de construire un bateau.

    Sur le vaisseau terminé, Utanapishtim embarque de l'or et de l'argent, les membres de sa famille et un représentant de chaque espèce animale. À l'heure dite, les digues se rompent et la pluie tombe. La tempête est si terrible que même les dieux en sont effrayés.

    Au septième jour, les eaux se retirent et Utanapishtim constate que son bateau s'est échoué. Il libère la colombe et l'hirondelle mais celles-ci reviennent au bateau. Seul le corbeau consent à s'installer sur la terre ferme. Utanapishtim fait débarquer sa famille et célèbre son salut par un sacrifice au cours duquel il verse des libations et brûle de l'encens.

    Attirés par l'agréable senteur, les dieux se rassemblent autour d'Utanapishtim et de sa victime. Lorsque vient la déesse-mère, elle pleure la destruction de ses créatures et jure de ne jamais oublier. Elle accuse Enlil de la destruction presque totale de l'humanité. Enlil est furieux qu'une famille humaine ait réussi à échapper au déluge, mais Ea lui avoue qu'il a organisé lui-même le périple d'Utanapishtim.

    Apaisé, Enlil bénit le héros et son épouse et leur accorde la vie éternelle.

    La mythologie biblique et le déluge

    Dieu voit que l’homme ne pense qu'au mal et se repent de l'avoir créé. II décide d'effacer de la surface de la terre tous les hommes et les animaux. Seul Noé, homme juste et parfait, trouve grâce à ses yeux.

    Dieu dit à Noé qu'il a résolu de faire périr tous les hommes en les soumettant à un déluge qui détruira tout sur la terre. II commande à Noé de construire une arche en bois de pin, d'y aménager des cellules et d'en enduire la coque de poix, puis il lui ordonne de monter à bord de l'arche en compagnie de sa femme, de ses fils, d'un couple d'animaux de chaque espèce, et d'assez de vivres pour les nourrir tous.

    Noé fait ce que Dieu lui a commandé. Sept jours plus tard, les eaux du déluge s'abattent sur la terre pendant quarante jours et quarante nuits. Les eaux soulèvent l'arche et submergent tout, tuant les créatures restées sur terre. Après quelque temps, Dieu se souvient de Noé et de l'arche. II ferme les sources de l'abîme et les écluses des cieux, et la pluie cesse de tomber. Lentement, les eaux se retirent de la terre.

    Après quarante jours, Noé libère la colombe mais, ne trouvant aucun endroit pour se poser, elle revient sur l'arche. Après sept jours, il envoie à nouveau l'oiseau, qui revient le bec chargé d'un rameau d'olivier. Sept jours plus tard, Noé libère à nouveau la colombe, qui cette fois ne revient pas.

    Noé comprend que la surface de la terre a séché et Dieu lui commande de sortir de l'arche avec sa femme, ses fils et tous les animaux.
    Noé construit un autel et sacrifie à Dieu plusieurs des bêtes pures et des oiseaux purs. Sentant une odeur agréable, Dieu décide de ne plus maudire la terre pour le salut de l'homme car c'est dans le coeur de l'homme que réside le mal.

    II bénit Noé et ses fils et décrète que les animaux doivent vivre dans la crainte de l'homme, puis il fait apparaître un arc-en-ciel dans le ciel.

    Que doit-on en conclure ?

    Il semble y avoir un mythe original qui s’est propagé à travers le monde. Les mythes expliquent souvent des phénomènes naturels qui ont réellement existé.
    Ils symbolisent également l’anxiété et les peurs propres à l’homme.

    Des mythologies aussi éloignées géographiquement que celles de la Grèce et du Japon comportent des similitudes. Pourquoi ?

    Dans toutes les cultures, quatre grandes questions, sont posées et les mythes tentent de répondre aux interrogations des hommes :

    La création du monde
    La cosmogonie : description du monde, des étoiles, du ciel et des Enfers
    Les origines de l’humanité
    La fin du monde et surtout celle de l’humanité
    Ces questions sont aujourd’hui traitées de manière scientifique mais le progrès est loin d’avoir résolu toutes ces énigmes.

    On ne peut que penser que la coïncidence est étrange. Comment des cultures ont-elles pu posséder des mythes aussi ressemblants.

    Il serait tentant de penser qu’un savoir universel réside dans la mémoire humaine ; savoir qui nous viendrait d’un lointain héritage.
    Cette théorie nous ramène à une première humanité qui aurait disparu pour laisser un maigre héritage aux rares survivants.

    Les esprits plus rationnels penchent tout simplement pour une communication orale d’un mythe du fait que l’homme, de tous temps, a toujours voyagé.
    Avant l’invention de l’écriture, l’homme communiquait. Il y a-t-il eu emprunt de ces mythes qui sont venus se greffer sur les croyances locales ?

    Quelle que soit nos convictions dans ce domaine, une question reste posée : d’où le mythe original provient-il ?


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  • CHASSE AUX SORCIERES - Les grandes dates

      

    1184

    Mise en place de l'inquisition qui trouve son origine dans un décret du Concile de Vérone relatif aux hérétiques de Lombardie.

     
    1198

    Apparition des deux premiers Inquisiteurs connus, deux moines de l'ordre de Cîteaux, désignés par Innocent III lors de l'hérésie Cathare.


     

    1215

    L'Inquisition a été transformée en établissement permanent par les Conciles du Latran (idem pour les Conciles de Toulouse en 1229).


     

    1233

    La sorcellerie assimilée à l'hérésie, le pape Grégoire IX confie aux Dominicains, le soin de pourchasser les hérétiques en utilisant la répression et en multipliant les bûchers.


     

    1252

    Apparition des tortures pour obtenir l'aveu des inculpés.


    1326

    Vivant dans la crainte des poisons et sortilèges, le pape Jean XXII promulgue la bulle « Super Illius Specula » qui fait de la sorcellerie une hérésie. Pratiques magiques,sorcellerie et hérésie désormais ne font plus qu'un.


    1484

    Le pape Innocent VIII promulgue la bulle « Summis Desiderantes Affectibus » où il exhorte les prélats allemands à réprimer encore plus durement la sorcellerie. Il confieà Henri Institor et Jacob Sprenger, deux inquisiteurs Dominicains de Cologne, la tâche d'éradiquer le mal dans la vallée du Rhin.


    1486

    Publication, à Strasbourg, du fameux « Malleus Malleficarum », le « Marteau des sorcières » rédigé par Henri Institor et Jacob Sprenger. L'ouvrage, véritable bible du chasseur de sorcières, assimile la magie populaire à l'hérésie. Il diabolise littéralement la femme, capable et coupable de tous les forfaits. Désormais, on dispose d'une procédure claire et nette pour agir. Non seulement tous les crimes sont méthodiquement recensés, mais on sait comment interroger et quelles ruses utiliser, comment se protéger, comment faire avouer (la torture aidant) et quelles peines infliger (presque toujours la mort). L'ouvrage connaît un tel succès, grâce à l'imprimerie, que quinze éditions se succèdent de 1486 à 1520.


    1582

    Parution (à Paris) de l'ouvrage « La Démonomanie des Sorciers » écrit par Jean Bodin. Véritable code pénal des sorcières, cet ouvrage, aussi nommé « Fléau des Démons et des Sorciers », se compose de quatre livres traitant de la divination des démons, de la définition des sorciers et des moyens diaboliques qu'ils utilisent, de la recherche de « ce qu'est la magie », des moyens de protection pour empêcher les maléfices, des moyens de reconnaître les sorciers, de faire la preuve du crime de sorcellerie et des moyens de tortures à employer.


    1599

    Le temps des longs procès de l'inquisition est révolu. Les laïcs prirent le pas sur les clercs en montrant encore plus de cruauté. Leur seul problème, c'est qu'il leur fallait un minimum de preuves avant d'envoyer des innocents au bûcher. La solution fut donnée par Jacques 1er d'Angleterre qui, dans son livre consacré à la Démonologie, explique que l'on peut prouver la culpabilité d'une sorcière en la piquant ou en la plongeant dans l'eau (si la piqûre ne saigne pas, c'est le signe certain que l'on est en présence d'une sorcière. De même, toute femme plongée dans l'eau est à coup sûr une créature du démon si elle s'avise de surnager).


    1602

    Sous la plume d'Henri Boguet naît « Le discours exécrable des sorciers ». Cet ouvrage, d'une cruauté et d'un fanatisme pathologiques, connut onze éditions et fît longtemps jurisprudence dans les parlements de France. L'auteur prononça et ratifia environ six cents sentences contre les sorcières.


    1609

    Conseiller au parlement de Bordeaux, Pierre de Lancre, est désigné pour s'occuper d'une enquête dans le Labourd (région de Bayonne). Pour lui, la région était la proie du démon, les sorciers étaient partout. D'arrestation en arrestation et après moult interrogatoires, une grande partie de la population finit par avouer sa dévotion au Démon. Beaucoup furent torturés et brûlés. A la fin de sa mission, de Lancre était responsable de plus de cinq cents morts.


    1612

    Mandaté par Henri IV, Pierre de Lancre, composa le « Tableau de l'inconstance des mauvais anges et démons, où il est amplement traité des sorciers et de la sorcellerie » à la suite de l'enquête menée dans le Labourd. On trouve dans cet ouvrage une compilation des témoignages de sorcières obtenus sous la menace.


    1682

    Un Edit Royal, interdit la poursuite judiciaire sur simple dénonciation et demande des preuves réelles.


    1692

    Procès des sorcières de Salem

     


    1712

    En Angleterre, le dernier procès en sorcellerie aura lieu cette année là, mettant en cause Jane Wenham, accusée de prendre la forme d'un chat pour terroriser ses victimes.


    1736

    En Angleterre, il fallut attendre cette année pour que la loi contre la sorcellerie soit abolie. En deux cents ans, 30 000 sorcières anglaises périrent sur les bûchers... (On peut sans doute tripler ce chiffre pour l'ensemble du Royaume-Uni).

     


    1779

    En Suède, la peine de mort appliquée aux sorcières fut maintenue jusqu'à cette date.


    1781

    Date à laquelle, le dernier bûcher fut allumé en Espagne.


    De manière plus générale

     

    XVème siècle

    En France, et en Europe, les tribunaux de l'Inquisition tombèrent en désuétude dans la répression de la sorcellerie, les tribunaux royaux prenant le relais. En Espagne, l'Inquisition resta cependant vigoureuse jusqu'au XVIIIème siècle.

     


    XVIIème siècle

    Une idée, qui fera son chemin dans les siècles suivants, amena à se demander si le cas des sorcières ne releva pas davantage de l'asile que du bûcher. Le rationalisme, précurseur du siècle des Lumières, commence à apporter un soupçon de raison, en France, à l'occasion du procès de la Brinvilliers (Marquise de Brinvilliers, célèbre criminelle, coupable de nombreux empoisonnements).


    XVIIIème siècle

    En France, c'est le retour en force des guérisseurs et de la sorcellerie populaire dans les villages. La chasse aux sorcières se termine, l'Eglise se tournant désormais vers de nouveaux ennemis : les Philosophes...



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  • La sorcellerie désigne souvent la pratique d'une certaine forme de magie, souvent considérée comme la plus inférieure, et dans laquelle le sorcier établit une communication avec des "entités" de caractére démoniaque. Selon les cultures, la sorcellerie fut considérée avec des degrés variables de soupçon voire d'hostilité, parfois avec ambivalence, n'étant intrinsèquement ni bonne ni mauvaise. Certaines doctrines religieuses considèrent toute forme de magie comme de la sorcellerie, la proscrivent ou la placent au rang de la superstition. Elles opposent le caractère sacré de leurs propres rituels aux pratiques de la sorcellerie.

    La sorcellerie est un terme controversé et son histoire est complexe. Selon le contexte et le milieu culturel dans lequel ce mot est employé, il désigne des idées différentes, voire opposées. Chaque société possède ses propres conceptions en matière de tradition, de croyance, de religion, de rites, de rapport à l'au-delà et à la mort et d'esprits bons ou mauvais ; il est parfois impossible de trouver un équivalent d’une culture à l’autre.

    Ce terme est également employé de façon péjorative en référence à la pratique de la magie. La sorcellerie est alors, dans cette acception, l'accusation portée à l'encontre de ceux qui utilisent des moyens surnaturels pour un usage réprouvé par une majorité de la société. Les croyances en ce type de praticiens de la magie se sont rencontrées dans la plupart des sociétés humaines. De telles accusations ont parfois mené à des chasses aux sorcières.Dans d'autres sociétés, les chamans ou les griots étaient non seulement bien acceptés en tant que praticiens des rituels traditionnels et d'intercesseurs avec les forces et les énergies de l'invisible, mais respectées, parfois craints, et souvent placés en positions socialement dominantes.

     

    Pour les religions monothéistes (principalement le judaïsme, le christianisme et l'islam), la sorcellerie fut souvent condamnée et considérée comme une hérésie. La notion de sorcellerie prit une grande importance pour les catholiques et les protestants à la fin du Moyen Âge. À cette époque la sorcellerie a progressivement été assimilée à une forme de culte du Diable. Des accusations de sorcellerie ont alors été fréquemment combinées à d'autres charges d'hérésie contre des groupes tels que les Cathares et les Vaudois. Certains groupes anciens ou modernes se sont parfois plus ou moins ouvertement réclamés d'un culte "sataniste" dédié au mal.


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  • La caractérisation européenne de la sorcière ne provient pas d'une source unique. La croyance néo-païenne suggère que les sorcières étaient simplement des femmes chaman qui ont été progressivement transformées en figures malveillantes par la propagande chrétienne. Cette vision est simpliste dans la mesure où elle suppose que l'image folklorique de la sorcière provient d'une seule source, ce qui n'est pas le cas. En effet, la caractérisation de la sorcellerie ne peut se résumer à une caricature de la prêtresse païenne ; elle a évolué au cours du temps et est une combinaison de nombreuses influences.

     

    Dans les premiers temps du christianisme en Europe, la population, habituée à l'usage de la magie dans la vie quotidienne, attendait du clergé une forme supérieure de magie par rapport à l'ancienne magie païenne. Alors que la chrétienté concurrençait le paganisme, ce problème était d'une importance cruciale pour le clergé, qui peu à peu substitua aux pratiques ancestrales le culte des reliques des saints et du Christ, reprenant ainsi l'usage populaire d'amulettes et de talismans.

     

    La vision européenne traditionnelle de la sorcellerie veut généralement que le sorcier, tel Faust, signe un pacte avec le diable, par lequel il lui vend son âme en échange de pouvoirs surnaturels. Les sorciers et sorcières furent accusés de renier Jésus et les sacrements, de se rendre au sabbat - assemblée nocturne où ils étaient supposés exécuter des rites diaboliques, parodies de messes ou d'offices de l'Eglise, d'y vénérer le « prince des ténèbres », afin d'obtenir un certain pouvoir.

     

    Suivant l'universitaire Max Dashu, de nombreux éléments de la figure de la sorcière médiévale trouvent leur source avant l'émergence du christianisme. Ceux-ci peuvent être trouvés dans les bacchanales, notamment du temps où ces pratiques étaient menées par la prêtresse Paculla Annia (de 188 av. J.-C. jusqu'en 186 av. J.-C.).

     

    En Angleterre, l’exercice de la « magie curative » revenait au guérisseur (witch doctor), aussi connu sous les termes de White Witch (Sorcière Blanche), Cunning Man (le Rusé) ou encore Wise Woman (la Sage Femme). Le terme de « guérisseur » était déjà utilisé en Angleterre avant d’être directement associé au continent africain. Le guérisseur crapuleux (Toad doctor) était crédité du pouvoir de neutraliser l’action des guérisseurs (d’autres magiciens populaires avaient leurs propres compétences ; le Girdle-measurer était ainsi spécialiste pour déceler les maux lancés par les fées, tandis que le Charmeur (charmers) pouvaient guérir de problèmes plus communs, tels que les brûlures ou les rages de dent.

    « Dans le nord de l’Angleterre, les superstitions se sont enracinées dans les mœurs avec une force incroyable. Le Lancashire est plein de guérisseurs, toute une ribambelle de charlatans qui prétend soigner des maladies et des maux lancés par le Malin… Il se font appeler cunning men ; ils sont fort influents dans les comtés de Lincoln et de Nottingham. »

    Ces « Rusés » ne se prétendaient que rarement sorciers, et rejetaient ce genre d’accusation. Certains écrits datant du Moyen Âge, pourtant, suggèrent que les différences entre les sorciers et les guérisseurs, à propos de ces « praticiens », n’étaient pas très claires aux yeux de la population. Ainsi, il apparaît qu’une partie de la population entendait également contacter les sorciers pour des requêtes de guérison comme de divination, bien que ces derniers étaient surtout reconnus pour être consultés par les gens désireux de faire maudire leurs ennemis. De fait, la majeure distinction était que les sorciers étaient bien plus souvent dénoncés aux autorités que les guérisseurs ; lorsque ces derniers étaient poursuivis, c’était généralement pour avoir soustrait de l'argent à leurs clients.

     

    Une des conséquences de cet amalgame entre les différents praticiens de la magie de l’époque est la confusion actuelle à propos de ce qu’ont réellement été les sorciers, en Angleterre. Visaient-ils à blesser ou soigner leurs contemporains ? Quel rôle (éventuellement) tenaient-ils dans leur communauté ? Ces sorciers/guérisseurs peuvent-ils être assimilés aux sorciers et sorcières dont on trouve les traces dans les autres cultures ? Ou même, leur rôle et leur présence n’est-il pas tout simplement né de l’imaginaire des gens ? Dans les certitudes occidentales contemporaines, peu de différences se discernent ainsi entre guérisseurs, charmeurs, cunning men et wise women, astrologues et devins ; ils se retrouvent tous, plus ou moins, affublés des attributs du/de la sorcier(e).

     

    Les sorciers et sorcières européens furent généralement supposés empoisonner les puits, les sources, le bétail et la nourriture, ou de la rendre immangeable, voler dans les airs à l’aide d’un balai, jeter des sorts maléfiques et répandre la peur et le chaos dans les communautés


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  • Croyances anciennes du Proche- et Moyen-Orient

     

    Comme le montrent certains textes antiques, la sorcellerie a joué un rôle aussi bien dans l’Égypte ancienne qu'en Mésopotamie, comme à Babylone. Cet extrait du Code d'Hammourabi (environ 2000 Avant J.-C.) : "si un homme en accuse un autre de sorcellerie, sans justification, celui qui est accusé doit aller à la Rivière Sainte ; Il doit plonger dedans, et si la Rivière Sainte le vainc, l’accusateur pourra prendre la maison du sorcier pour sienne" en témoigne.

     

    La sorcellerie dans le Tanakh (Bible hébraïque, Ancien Testament)

      

    Dans la Bible, les références à la sorcellerie sont nombreuses ; les fermes condamnation de la pratique n’y sont pas tant basées sur la suspicion de supercherie, mais bien sur la notion que la magie en elle-même est une pratique abominable. (cf. Deutéronome 18:10–11 « Qu'on ne trouve chez toi personne (…) qui exerce le métier de devin, d'astrologue, d'augure, de magicien, d'enchanteur,  personne qui consulte ceux qui évoquent les esprits ou disent la bonne aventure, personne qui interroge les morts. », Exode 22:18, « Tu ne laisseras point vivre la magicienne. »).

     

    Le récit de Saul rendant visite au sorcier de En Dor (I Samuel 28) nous montre qu’il croit fermement en l’évocation, par le sorcier, de l’ombre de Samuel. Enfin, d’après le Lévitique 20:27, « Si un homme ou une femme ont en eux l'esprit d'un mort ou un esprit de divination, ils seront punis de mort ; on les lapidera : leur sang retombera sur eux. »

     

     La sorcellerie dans le Nouveau Testament

    L’interdiction de la sorcellerie dans le Nouveau Testament semble similaire (Épître aux Galates 5:20, comparé à Apocalypse 21:8, 22:15 et Actes des Apôtres 8:9, 13:6).

    À supposer que la croyance en la sorcellerie relevait de la superstition populaire, il est étrange de ne rien trouver suggérant que l’aspect maléfique de ces pratiques ne reposait que sur le fait de prétendre être en possession de pouvoirs qui n’existent pas.

    Quelques interrogations s’élèvent de nos jours, quant à savoir si le mot pharmakeia, utilisé dans l'Épître aux Galates, trouve une traduction juste avec le terme « sorcellerie ». En effet, ce terme était communément utilisé pour parler de l'usage maléfique de drogues comme les poisons, les contraceptifs ou les substances permettant d'interrompre les grossesses.

     

     Selon le judaïsme

    Les juifs ont souvent été perçus comme sorciers dans l'Europe du Moyen Âge, et persécutés à ce titre durant les siècles de chasse aux sorcières. Mais la grande majorité d'entre eux, perçoivent la pratique de la sorcellerie comme une forme d'idolâtrie, et donc une offense au judaïsme et à son Dieu.

     

    Cependant, un petit groupe de juifs orthodoxes, qui étudient la Kabbale, croit en la magie. Dans la pratique, les rituels sont très différents de la sorcellerie « traditionnelle », mais le fondement (utiliser des forces surnaturelles pour influer sur le monde physique) reste identique. Depuis le siècle des Lumières, la plupart des juifs ont cessé de croire en la Kabbale, et considèrent ces pratiques comme ridicules.

     

    Certains néopaïens pratiquent une forme de magie, syncrétisme du mysticisme juif classique et de sorcellerie moderne. Une référence notable de ce sujet est le livre d'Ellen Cannon Reed : The Witches Qabala: The Pagan Pat hand the Tree of Life. Ce livre ainsi que le Zohar ont été une source d'inspiration pour plusieurs sectes comme par exemple le centre de la Kabbale.

     

     Selon l'islam

    L'islam, nombreux versets du Coran à l'appui, condamne fermement la sorcellerie, qui fait partie du grand shirk. Les sorciers et sorcières doivent être exécutés selon la charia.

    Cependant, les Mille et Une Nuits, avec leurs djinns (génies), se transformant en colonne de fumée rentrant ou sortant d'une fiole, leurs tapis volants et leurs îles enchantées, foisonnent de mages et de magiciennes et reflètent l'univers magique de l'Orient.

    Ils reflètent également un monde préislamique, les djinns étant une réminiscence des esprits des religions polythéistes antérieures.

    Aujourd'hui, nombre de croyances populaires attribuent un grand pouvoir aux marabouts.

     

     Sorcellerie africaine

    Le continent africain recueille un large éventail de religions traditionnelles. Les Africains chrétiens reconnaissent généralement le dogme chrétien, tout comme leurs frères asiatiques et latino-américains. Le terme deguérisseur, souvent proposé pour traduire inyanga, a été mal interprété, et est devenu « celui qui soigne en ayant recours à la magie », loin de son sens originel de « celui qui diagnostique et soigne les maux causés par la magie ».

    Les combinaisons de croyances et pratiques de l’Église catholique romaine et des traditions, croyances et pratiques religieuses ouest-africaines ont directement contribué à l’émergence du syncrétisme religieux que l’on remarque en Amérique latine, avec des pratiques, entre autres, comme le Vaudou, l’Obeah, le Candomblé ou la Santeria.

    Dans les traditions sud-africaines, il y a trois différents types de personne qui pratiquent la magie. La thakatha est habituellement traduit comme la « sorcière », et est considérée comme un personnage malveillant qui pratique secrètement afin de nuire à autrui. Le sangoma est un devin, parfois un diseur de bonne aventure, dont les services sont requis pour détecter la maladie, prédire le futur, voire identifier le coupable d’un méfait. Il a également quelques notions de médecine. Enfin, le inyanga est souvent traduit par le terme guérisseur (bien que de nombreux Sud-Africains remettent en cause cette traduction, puisqu’elle perpétue l'idée erronée d’un guérisseur recourant à la magie). La tâche du inyanga est de conjurer le mauvais sort et de fournir à ses clients les gris-gris nécessaires. Parmi ces trois personnages, la thakatha est presque toujours femme, le sangoma est habituellement une femme, tandis que le inyanga est presque toujours un homme.

     

    Répression de la sorcellerie

    De nombreux pays, notamment en Afrique, punissent les pratiques de sorcelleries.

     

    Au Cameroun

    Le code pénal, dans son article 251, réprime les pratiques de sorcellerie :

    « Est puni d'un emprisonnement de deux à dix ans et d'une amende de 5 000 à 100 000 francs celui qui se livre à des pratiques de sorcellerie, magie ou divination susceptibles de troubler l'ordre ou la tranquillité publique, ou de porter atteinte aux personnes, aux biens ou à la fortune d'autrui même sous forme de rétribution. »


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